François Chapdelaine, la passion en fil rouge

Jeudi prochain, au milieu d'une semaine qui s'achèvera avec le Prix de Bretagne - Amérique Races Q#1 (Gr.2), ce sera jour de Coupe pour les amateurs, à Vincennes, sous l'égide de l'Union Nationale des Amateurs du Trot (UNAT). Plus précisément jour de demi-finales avant le Prix Maurice Thévenon, la finale de la Coupe des Amateurs, qui se courra neuf jours plus tard (le 23 novembre), l'un des plus grands rendez-vous de la saison pour cette catégorie. Une perspective qui concerne à double chefs François Chapdelaine. Actuel leader du classement National Attelé qu'il se donne les moyens de remporter pour la première fois, il sera aussi en piste avec des ambitions au sulky de sa jument Equality.

Samedi à Châtelaillon-La Rochelle pour une deuxième place avec Go Garfield (Offshore Dream), avec lequel il a gagné quatre de ses dix-huit courses cette année. Ce dimanche déplacement à Vire avec Four Roses (Ni Ho Ped d'Ombrée) avant de prendre la route de Mauquenchy pour être associé à Indy des Bots (Boléro Love) avec une nouvelle victoire à la clé. Lundi à Châteaubriant pour mener Ibrahic (Repeat Love). Le rythme de l'amateur François Chapdelaine ces derniers jours-ci est quasiment celui d'un catch-driver, toutes proportions gardées évidemment. Cette fin de saison revêt en effet un caractère particulier pour ce quadragénaire originaire de la région d'Avranches (Manche). "J’essaye d’aller chercher le titre, ce qui nécessite de faire des déplacements", confie l'intéressé sur la route qui le ramène depuis la Charente-Maritime jusqu'en Normandie. Le titre ? C'est celui de champion de France des amateurs ! C'est-à-dire le gagnant ou la gagnante du classement National Attelé (voir classement ci-dessous).

"L’an dernier, j’étais en tête du classement à la fin septembre, raconte-t-il. Mais j’ai perdu toute mon avance un mois plus tard car il y a pas mal de courses d'amateurs dans le Sud à l'automne, si bien que Gisèle Ambrogio et Sophie Blanchetière sont repassées devant moi. En finissant troisième, j’ai vu que c’était jouable et je me suis dit que j’allais essayer de nouveau. Un an plus tard, je voulais voir où j’en serais à cette période et mon actuelle première place, même si l'écart est serré, fait que cela devient mon objectif. On est trois à pouvoir prétendre au titre. J’ai donc une chance sur trois d’y parvenir !"


Pour atteindre son objectif, François Chapdelaine essaye de mettre tous les atouts de son côté, à commencer donc par être le plus présent possible aux courses. Il fait d'ailleurs partie des quatre amateurs (hommes et femmes confondus) qui ont couru plus de 80 fois depuis le début de l'année, soit quasiment un rythme de deux courses par semaine. "Je le fais par passion, ça reste un plaisir avant tout", nuance celui qui compte dans cette catégorie le plus de victoires en 2024, à savoir 19 avec celle de ce dimanche contre 17 pour Gisèle Ambrogio et Kassandra Fresneau, 16 pour Sophie Blanchetière, 14 pour Charly Clozier et 13 pour Margot Trihollet et Pauline Cavanie. "Pour essayer de faire mieux que l'an dernier (22), je m’étais fixé 24 gagnants cette année, soit deux par mois. Je suis un peu en retard", juge-t-il.

Dans une catégorie où l'on compte plus de 630 licenciés pour moins 900 courses, il s'agit pour François Chapdelaine de succéder à Pascal Garreau et à Cyril Baty, les deux derniers hommes à avoir inscrit leurs noms à un palmarès dominé par les femmes, à commencer par Gisèle Ambrogio, sacrée l'an dernier pour la neuvième fois. Pour cela, il doit concilier sa vie professionnelle avec sa passion. Dans son cas, les deux se rejoignent. "Je travaille au PMU où j’occupe un poste de technico-commercial sur la Basse-Normandie (Calvados, Manche et Orne), nous apprend-il. On a à peu près 460 points de vente sur cette zone où travaille aussi Margot Trihollet avec laquelle je cours en amateurs. J’ai la chance d’avoir un manager, Philippe Morès, qui me laisse partir aux courses. Lui aussi joue le jeu du championnat." Les courses sont donc au cœur de ses parcours professionnel et amateur, et ce depuis toujours ou presque. "J’ai fait un BTS en apprentissage chez Joël Hallais, raconte-t-il. À l’époque, j’étais avec Matthieu Abrivard, David Thomain et Yoann Lebourgeois. Je suis resté trois ans chez Joël. Quand Franck Nivard, mon cousin, s’est installé à son compte en 2006 sur le domaine de Grosbois, j’ai été chez lui pendant deux ans comme apprenti. Ensuite, j’ai eu l’opportunité d’entrer au PMU." Si cette opportunité l'a privé de courir pendant cinq ans (laps de temps avant de pouvoir faire une demande de licence pour driver en amateurs), François Chapedelaine ne regrette rien : "Couper n’a pas été un problème. Quand je suis revenu en province après avoir travaillé en région parisienne, j’ai commencé à ressortir des chevaux le matin. La passion est le fil rouge de mon parcours et j'ai la chance que des entraîneurs me fassent confiance".

La Coupe des Amateurs est considérée comme l'une des trois plus importantes de l'année de la catégorie. "C’est un rendez-vous d’autant plus important cette année pour moi que je vais avoir ma jument Equality, confie François Chapdelaine, que j’ai depuis deux ans grâce aux frères Beaufils (Guillaume et Jean-Charles). J’ai gagné quinze fois avec elle. C’est ma jument de cœur !" Une jument dont il est aussi l'entraîneur depuis quelques mois. C'est en effet pour elle qu'il a pris un permis d'entraîner après que son oncle, Charles Nivard, qui l’avait à l’entraînement, a pris sa retraite. C'est d'ailleurs le seul élément déclaré sous son entraînement. "Ça serait l’apothéose d’en gagner une avec elle à Vincennes, se projette-t-il, car on a vécu déjà tellement de choses ensemble. Quand j'ai vu cet été qu’elle avait le droit de courir la Coupe, j’en ai fait un objectif."