Face Time Bourbon, c'est qui le patron ?

Le Prix Ready Cash (Groupe 1) dimanche s’annonce particulièrement relevé. Son statut international en a fait la cible désignée des deux meilleurs trotteurs de 3 ans italiens, First of Mind et Frank Gio. Une autre candidate étrangère, la suédoise L’Amourpourblanca, sera au départ. Le point commun entre ces trois-là : leur père, Face Time Bourbon. Si on ajoute encore sur la feuille de match la présence de Lotta Bourbon, la sœur du crack, le Groupe 1 dominical se dispute sous son haut patronage.

Le phénomène des pistes se mue en top étalon. Seulement précédé par son père et monument international Ready Cash (Indy de Vive) dans les classements des étalons au sein des générations de 4 ans (les "K") et de 3 ans (les "L"), Face Time Bourbon réussit avec ses deux premières promotions une entrée parfaite dans sa seconde vie, celle de transmetteur de talent. Et son potentiel immense en course n’a pourtant pas été au bout de ses possibilités quand on évoque Face Time Bourbon à celui qui fut son entraîneur Sébastien Guarato qui nous confie : "Sans prétention, je pense qu’il aurait pu gagner quatre Prix d’Amérique et, au moins, égaler Ourasi !" Mais quelles nouvelles de Face Time Bourbon ? "Il va bien" nous dit Thomas Bernereau qui supervise son activité au haras. Merci pour lui. C'est à une nouvelle rencontre avec le crack, d’hier et d’aujourd’hui, que nous vous invitons.

24h au Trot.- Qui est vraiment Face Time Bourbon pour son entraîneur Sébastien Guarato ?
Sébastien Guarato.- Quand on évoque Face Time Bourbon, c’est d’abord plein de souvenirs. Son palmarès aurait pu être encore plus important vu la classe qui était la sienne. Sans prétention, je pense qu’il aurait pu gagner quatre Prix d’Amérique ! L’année où il a dû arrêter sa carrière, c’est Davidson du Pont qui gagne. Or, il l’avait devancé à chaque fois ou quasiment. L’année suivante, Hooker Berry s’impose. Là encore, il n’y avait pas course quand Hooker Berry courait avec Face Time Bourbon. C’est pour cela que je dis que le nôtre avait la moelle de gagner quatre Prix d’Amérique et, au moins, d’égaler Ourasi. On n’a pas pu le faire… C’est le cheval d’une vie. J’aurai du mal à en retrouver un autre comme lui.

Qu’est ce qui faisait que Face Time Bourbon était différent ?
S.G.- Il voulait tout bien. Quand j’étais à son sulky, il se dégageait un sentiment de puissance que je n’ai jamais trop ressentie depuis. Son fils Franck Gio a quelque chose comme ça. Il est beaucoup plus grand et plus tardif mais possède cette faculté d’une double accélération quand on baisse les "carreaux" qu’avait aussi son père.

Vous avez beaucoup de produits de Face Time Bourbon dans vos boxes. Votre impression ?
S.G.- Face Time Bourbon produit bien, il ne fait que des chevaux trotteurs, assez faciles d’allures, avec un peu de caractère aussi parfois. Lui-même en avait un peu. Par exemple, il ne faisait jamais de promenade et travaillait deux fois la semaine. À Vincennes, il fallait faire simplement deux tours à l’envers avant les courses, sans quoi il se mettait à tirer. En course, il ne savait que trotter. Je suis heureux de son succès au haras. Ses poulains qu’il signe beaucoup gagnent partout dans le monde.

En charge de la carrière d’étalon de Face Time Bourbon, Thomas Bernereau nous parle de la vie du crack au haras. "Face Time Bourbon va bien ! Actuellement, il est prélevé pour des semences congelées à l'exportation. Il vit sa vie d'étalon entre son box, son paddock, les prélèvements et les soins réguliers d'osthéopathie histoire de lui donner un maximum de confort. Sa pathologie (N.D.L.R. : Face Time Bourbon a quitté la compétition pour des problèmes de pied) n'a pas connu d'évolution depuis son arrêt de carrière. Du 15 février au 15 juillet, il se consacre uniquement à la saison de monte française. Durant l'intersaison il est prélevé pour faire du congelé et alterne avec des périodes de repos complet. Il a énormément de demande à l'international pour les Etats-Unis, la Suède, l'Australie et l'Italie. Il reste à l'année au haras de la Meslerie où il a ses habitudes."
Sur son succès d’étalon, Thomas Bernereau nous apprend encore : "Il est complet en France et pour le moment il fait une centaine de juments à l'export. Aux États-Unis, il a déjà deux poulains qui ont performé et les demandes ont depuis augmenté à la hauteur de 30 juments. Il est assez demandé également en Suède et en Italie. Il croise bien avec les juments étrangères à l'image des résultats de ses produits italiens Frank Gio et First Of Mind."


Dans le match franco-italien qui se profile dimanche, dans le Prix Ready Cash (Gr.1), le fait de jouer à domicile ne sera pas le moindre des avantages. Sachant que la délégation arrive en force avec l'ensemble des premiers de la classe des 3 ans en lice, la mission italienne n'a rien d'une sinécure pour Frank Gio (Face Time Bourbon) et First of Mind (Face Time Bourbon). Le premier est bien connu chez nous, dès lors qu'il est entraîné par Sébastien Guarato, et connaît Vincennes sur le bout de ses sabots. Il vient de mettre d'ailleurs à la raison, et avec brio, Lombok Jiel (Enino du Pommereux) et Loulou de Mye (Clif du Pommereux) dans le Prix Pierre Plazen (Gr.2). La leçon a été donnée sur le parcours classique parisien, celui des 2.700 mètres de la grande piste. Le passage sur le créneau des 2.100 mètres autostart ne devrait pas décontenancer le fils de Face Time Bourbon, en dépit du fait qu'il va découvrir ce tracé parisien dimanche. Ceci est d'ailleurs un point commun à la majorité des protagonistes. Pour eux, le programme de sélection passe ici, une première fois, par l'exercice des 2.100 mètres lancés. Battu par Luciano Menuet (Feliciano) durant l'été à Enghien, Frank Gio exhibe toutes les références nécessaires pour s'imposer ce dimanche.
Moins connu à Vincennes qu'il vient de découvrir dans le précité Prix Pierre Plazen, avec une 4ème place à la clé, First of Mind déroule des titres encore supérieurs à son compatriote en Italie. Ce vainqueur du Derby italien (Gr.1) en octobre, aux dépens de... Frank Gio et sur la distance de 2.100 mètres, n'a échoué que face à Falco Killer Gar (Varenne) dans le Prix Paolo e Orsi Mangelli (Gr.1) le 1er novembre à Turin. Il s'annonce d'autant plus redoutable qu'il propose une double ligne gagnante sur Lovino Bello (Village Mystic) qu'il a précédé par deux fois (en batterie et finale) dans le "Orsi Mangelli".

Lovino Bello, l'atout vitesse
On en arrive opportunément à Lovino Bello. On attend du chef de file tricolore sur la foi de son titre dans le Critérium des 3 Ans (Gr.1) de jouer un tout premier rôle, d'autant plus que son expérience dans le registre de l'autostart devrait faire merveille. Faut-il encore rappeler qu'il est devenu depuis l'été le 3 ans européen le plus rapide de l'histoire avec un chrono d'1'09''7 signé sur le mile d'Enghien.

La première derrière autostart pour Lombok Jiel
On l'a déjà écrit, cette génération n'a pas eu encore beaucoup d'occasions de se produire derrière l'autostart. Liza Josselyn (Ready Cash) ne l'a fait qu'une fois en début de carrière (à Caen), Loulou de Mye une fois en début d'année (lors de son succès dans le Prix Léopold Verroken, Gr.3). D'autres seront totalement novices ce dimanche. Ce sera en particulier le cas du ténor Lombok Jiel, de la sœur de Face Time Bourbon Lotta Bourbon (Prodigious) et du propre frère de Bold Eagle Light My Fire (Ready Cash).

La brève histoire du Prix Ready Cash

Créé en 2022, en remplacement du Prix de l’Etoile (Gr.1), le Prix Ready Cash est une rencontre internationale pour 3 ans. Disputé sur 2.100 mètres autostart (alors que le Prix de l’Etoile, épreuve intergénérationnelle, se disputait sur 2.200 mètres avec avantage de 50 mètres aux 3 ans), il compte comme vainqueur initial Just A Gigolo (Boccador de Simm). Kana de Beylev (Express Jet) lui a succédé en 2023. Cette dernière détient actuellement le record de l’épreuve en 1’10’’9. Quant au record du Prix de l’Etoile, il restera à jamais l’apanage de… Face Time Bourbon, auteur d’1’09’’4 en 2020.