Quand les trotteurs prennent possession de la Côte

Une dizaine de jours après les sauteurs et un mois avant les galopeurs, les trotteurs vont donner samedi le coup d'envoi de leur meeting d'hiver sur les bords de la Méditerranée. Il s'agira de la première des vingt-neuf réunions d'un meeting qui nous emmènera jusqu'à son apothéose du 9 mars avec le Critérium de Vitesse de la Côte d'Azur (Groupe 1).

On a quitté le meeting d'hiver de trot à Cagnes-sur-Mer sur un authentique exploit sportif. Le 10 mars dernier, Vernissage Grif (Varenne) suppléait son compagnon d'entraînement chez Alessandro Gocciadoro Vivid Wise As (Yankee Glide), dans un jour sans et dominé dans sa quête d'égaler Ourasi (Greyhound) et Timoko (Imoko). Le nouvel héros italien y mettait les formes en devenant le trotteur le plus rapide de France et d'Europe en parcourant le mile azuréen dans la réduction kilométrique de 1'08''1 ! Effacé des tablettes le record de la course détenu jusque-là conjointement par Readly Express (Ready Cash) et Bold Eagle (Ready Cash) tout comme celui de France que Vivid Wise As avait porté sur cette même piste cagnoise en 1'08''6 au cours de l'été 2019. Le millésime 2024-2025 du meeting hivernal de Cagnes-sur-Mer sera-t-il de la même veine ? S'il est évidemment trop tôt pour le dire, quand bien même comme chaque année ou presque les meilleurs trotteurs d'âge de l'hiver parisien seront au rendez-vous du 9 mars prochain, les fondations de ce meeting semblent solides.
Au-delà d'un programme global ajusté à la marge avec des rendez-vous majeurs bien identifiés, la tendance quant au nombre de partants se veut optimiste, et ce pour au moins deux raisons. La première vient de l'évolution positive observée lors du précédent exercice avec une moyenne de 11,69 partants (contre 10,84 en 2022-2023 et 11,28 en 2021-2022). "C'est la conséquence d’un ensemble d’actions", avait alors avancé Thomas Roucayrol, le directeur administratif de la société présidée par François Forcioli-Conti. La seconde trouve sa source dans le nombre en augmentation des réservations de boxes. "On veut le voir comme un signe encourageant", nous dit Thomas Roucayrol dans son interview à la veille du coup d'envoi du meeting.

Directeur administratif de la société des courses de la Côte d'Azur, Thomas Roucayrol se montre confiant à quelques heures du coup d'envoi du meeting de trot sur les bords de la Méditerranée.

24H au Trot.- Que pouvez-vous dire du meeting de trot ?
Thomas Roucayrol.- Le meeting repose sur la même structuration que le précédent, avec un nombre de réunions équivalent (29 vs 28) qui sont Premium à l’exception de trois d’entre elles et une période similaire, c’est-à-dire à partir de samedi prochain (le 14 décembre) jusqu’au deuxième dimanche de mars (le 9), date du Grand Critérium de Vitesse de la Côte d’Azur qui conclut en apothéose l’hiver. On essaye de faire en sorte qu’il n’y ait pas trop de "trous" pendant ces trois mois. Mais nous sommes évidemment dépendants du calendrier national. Nous tentons de satisfaire le plus grand nombre de professionnels et de proposer un programme qui soit le plus cohérent possible, avec des ajustements à la marge. On retrouve ainsi les cinq Groupes 3, dont le Prix de la Côte d’Azur le 9 janvier dont l’allocation a été comme l’an dernier bonifiée de 10.000 € par la société pour la porter à 130.000 € afin d’attirer le plus de têtes d’affiche. C’est une course historiquement importante pour notre hippodrome mais qui l’est peut-être devenue un petit peu moins dans le calendrier national. C’est pourquoi nous voulons la dynamiser par cette bonification.

La réservation des boxes est un indicateur important d'avant-meeting. Quelle est la tendance cette année ?
Nous sommes au complet. Sans parler des sédentaires qui représentent entre cent et cent cinquante chevaux à l’année, on a 260 boxes attribués, ce qui est en augmentation sur les années précédentes, si bien que nous avons une liste d’attente d’une soixantaine de boxes. Nous n’avons malheureusement pas vraiment d’éléments d’explication. Nous avons à la fois des habitués qui reviennent souvent d'une année sur l'autre et des nouveaux qui viennent en meeting alors qu'ils ne faisaient que des allers-retours auparavant. On en est plutôt satisfaits bien évidemment. On veut le voir comme un signe encourageant pour le nombre de partants, dont on connaît l’importance pour les enjeux. Si on a les chevaux sur site, on peut en effet penser qu’on aura plus de partants. On est donc plutôt confiants. Les feux sont au vert.



Qu’en est-il cette année de la gratuité des boxes pour les entraîneurs participant au meeting ? L’an dernier, cela concernait les entraîneurs de galop mais pas de trot qui devait payer 40 € par box.
On a aligné cette année le trot sur le galop même si le meeting pour les trotteurs est deux fois plus long. Nous avons donc mis en place la gratuité à condition de fournir un certain nombre de partants. Sur la durée du meeting, ce nombre est fixé à trois partants par box attribué. On a entendu les remarques qui étaient remontées l’an dernier. Est-ce que cette décision est une des raisons de l’augmentation du nombre de réservations ? C’est possible et tant mieux si c’est cela.

Qu'en est-il enfin de la piste ?
Comme à chaque inter-saison, nous avons rechargé en sable la piste de trot. Cette année, nous avons doublé la quantité de sable et surtout on a rajouté pour cet hiver du sable de Roy fillérisé. Ce n’est pas comme une Polytrack au galop qui comprend des fibres mais le principe est un peu le même dans le sens où l’on recherche à avoir une granulométrie plus longue au lieu d’être ronde afin de permettre une meilleure accroche, d’avoir une piste encore meilleure quand on l’arrose et de pouvoir davantage la travailler en cas de fortes pluies, des épisodes que nous avons connus ces dernières années. Les premiers résultats sont assez satisfaisants. Les professionnels n'ont pas vraiment aperçu de différences, ce qui est une bonne chose. Le mois de novembre n’ayant pas été pluvieux chez nous, on a vu que la piste répondait bien à nos attentes quand elle a été arrosée. C’est un coût important, notamment au niveau du transport qui est quasiment du même ordre de prix que le sable en lui-même. Mais c’est un investissement sur lequel nous sommes très attentifs, car en dépendent la qualité et la régularité des courses, avec l’enjeu du nombre de partants mais aussi le bien-être animal.




L’an dernier, l’écurie de Mickaël Cormy avait fait son retour sur l’hippodrome azuréen après plusieurs années d’absence. "On avait arrêté de descendre car c’était difficile de gérer notre écurie à la campagne où nous avions qui plus est des travaux à terminer et une cour à Cagnes, revient l’entraîneur de la Loire. L’hiver dernier, nous avons mis en place une organisation que nous reconduisons cette année : Martin gère la campagne ce qu'il est apte à faire depuis longtemps et nous descendons avec Nathan et deux salariés."
Dans la liste des réservations de boxes faites par les entraîneurs, le contingent venu de Saint-Romain-la-Motte fait partie des plus importants, avec une vingtaine de boxes, comme ceux des frères Martens, de Romuald Mourice, de Henk Grift ou encore de Pierrick Le Moel, alors qu'Alexandre Pillon, Michaël Izzo et Bruno Marie en ont réservé chacun une petite quinzaine. "On a demandé le maximum de boxes pour éviter les voyages aux chevaux au moment où il y a le plus de courses, précise Mickaël Cormy. Il y aura une quinzaine d’éléments en permanence. Sur trois mois de meeting, que ce soit à Cagnes ou ailleurs, vous avez certains chevaux au sein d’un même effectif qui ont de belles courses et d’autres moins. Cela permettra un roulement." Dans celui-ci, les "M" ne devraient pas occuper beaucoup de place. "Je n'en ai pas encore débuté et il m'en reste encore quelques-uns à qualifier, ce qui est ma priorité, poursuit-il. Je vais peut-être emmener Mogador Bleu que je viens de qualifier correctement à Feurs (N.D.L.R. : qualifié en 1'18''9 au début du mois, il s'agit d'un fils de Booster Winner et Carla du Châtelet, multiple gagnante au monté et 4ème du Prix de Cornulier). Il a besoin que l’on s’occupe de lui et être en meeting se prête bien à cela."