Disparition de Jean Ballière

C'est une personnalité importante du trot qui vient de nous quitter. "Il est parti de sa belle mort, à la maison et à l'âge de 97 ans", nous a appris ce samedi son fils Michel. Jean Ballière a porté haut un patronyme qui a marqué l'histoire des courses au trot françaises. C'est avec son grand-père Raoul (1857-1912) que les Ballière deviennent célèbres. L'année de sa mort, son représentant Jussy (Beaumanoir) remporte le Prix du Président de la République (réservé alors aux meilleurs 3 ans sous la selle).
Raoul Ballière a deux fils, René et Henri. René sera le grand administrateur que l’on sait, présidant aux destinées du trot pendant 35 ans, de 1935 à 1970. Des deux, Henri, mort en 1975, sera l’éleveur, en prélude à ses fils, Jacques, né en 1920, et Jean, né en 1927.
Jean Ballière eut de probants résultats en tant qu’éleveur et propriétaire, principalement grâce à deux juments de grande classe, Vismie (Nivôse) et Dame de Carreau (Fandango), que prépara et driva son neveu, François Ballière, fils de Jacques. Elevée par Louis Darondel et achetée par Jean Ballière, Dame de Carreau gagna, sous ses couleurs, le Critérium des 3 Ans, ainsi qu’une demi-douzaine de semi-classiques.
Même si elle n’a pas tout à fait le même palmarès, Vismie, petite-fille d’une poulinière pur-sang, élevée par Jean Ballière et courant sous les couleurs de son père, puis les siennes, avait davantage de classe encore.

Elle est gagnante de sept Groupes 2 d’aujourd’hui et quadruple placée de Groupe 1, notamment des Prix d’Amérique (cinquième de Tidalium Pélo, en 1972, après avoir été victime d’un accrochage, avec Une de Mai, dans le dernier tournant, alors que c’est elle qui avait l’avantage…) et de Paris (quatrième de Tony M, la même année).
Si Dame de Carreau était une fille de Fandango, Vismie en était une petite-fille. Il faut dire que Fandango fut le pilier du haras des Ballière toute sa longue et prolifique carrière d’étalon durant, après avoir été rejeté par les Haras Nationaux, au prétexte du vice du cornage considéré comme rédhibitoire…
Jean Ballière fut l’animateur du Haras du Bois, à Touffreville dans le Calvados, l’un des deux sites hérités de la famille, où stationna, du reste, Fandango. Parmi ses élèves des années 1980, il faut rappeler Raguse (Képi Vert) et Un Beau Matin (Buffet II) qu'il entraînait. Il a également eu la charge de Schloss (Igor du Beauvoisin), bon performer monté auteur d'une série de huit victoires consécutives en 1989/1990, toutes sous la selle de Jean-Pierre Thomain.
Jean Ballière fut également un institutionnel et un gestionnaire de la Société du Cheval Français, dans les pas de son oncle. Entré au Comité en 1961, il fut ensuite le vice-président de la Société, jusqu’à la limite d’âge. Dévoué à la cause de l’Institution, il occupa de nombreux autres postes, notamment à la tête de la Société des Courses de Cabourg, pendant 22 ans (1975-1997), et de la Fédération de Basse-Normandie. Dans les années 1970, il a participé à la généralisation des commentaires de course en direct, par micro, sur les hippodromes de province après avoir lancé la démarche à Cabourg avec notamment Pierre-Joseph Goetz.
Son fils, Michel, a lui aussi embrassé la profession, entraînant par exemple la classique Bouba (Marpheulin) ou le bon Aiguillon (Képi Vert), un élève familial.
La fille de Michel Ballière, Anne, pharmacien de profession, est la compagne de l’entraîneur Arnaud-Gilles Maillard et monte en course dans la catégorie amateur.

À la famille et aux proches de Jean Ballière, la rédaction de 24h au trot/Province Courses présente ses plus sincères condoléances.