Just Love You, une revanche et un nouveau statut

Il y a des deuxièmes places qui valent de l'or. Et même bien plus encore. C'est le cas pour celle de Just Love You (Love You) dimanche dans le Prix d'Amérique Legend Race. Un an et deux semaines après avoir frôlé la mort dans un accident de la route, elle et Alexandre Abrivard, son complice dans les mauvais et les bons moments, ont su donner la réplique à Idao de Tillard (Severino) à l'arrivée de la plus grande course du monde. Quelle magnifique histoire de résilience, de courage et d'esprit de compétition.

"Cela ferait sans aucun doute un beau et grand film, débutant par un drame et évoluant comme un conte de fées" avait-on écrit le 22 décembre dernier dans 24h au trot pour évoquer la victoire de Groupe 1 de Just Love You (Love You) dans le Prix Ténor de Baune - Amérique Races Q4. On trouvait l'épilogue de l'année 2024 déjà superbe avec cette qualification pour le Prix d'Amérique Legend Race. Mais la réalité surpasse l'imagination et l'histoire continue de s'écrire. En finissant 2ème dimanche de la plus grande course au trot du monde, Just Love You entretient sa revanche sur la vie et devient même la meilleure jument française actuelle.

 
Et si l'histoire allait encore plus loin avec une victoire un jour dans le Prix d'Amérique ? Avec Just Love You, rien ne semble impossible, d'autant que dimanche elle est déjà passée tout près comme le rappelait Alexandre Abrivard en conférence de presse : "Je me dis que le Prix d’Amérique n’est pas si inatteignable que ça. La jument a essayé. Au niveau de la raquette de départ, j’y ai cru. Ça a failli… La jument a essayé de gagner et a grappillé un peu de chemin sur Idao de Tillard. Mais on tombe sur un Thierry Duvaldestin au-dessus de la planète courses. Son cheval n’était pas bien il y a deux mois et, aujourd’hui (lire dimanche), il était à 120 %. Si "Idao" est à 80 %, il faiblit et on vient le chercher. Mais il n’a pas faibli. La jument était parfaite."
Pour atteindre ce niveau de compétitivité, Just Love You et Alexandre Abrivard ont pu compter sur Laurent Abrivard, le metteur au point et père du pilote (à l'instar de Thierry Duvaldestin avec Idao de Tillard et Clément Duvaldestin). Acharné de travail, être sensible derrière sa carapace de dur à cuire, Laurent Abrivard a lui aussi été saisi par l'incroyable émotion d'une deuxième place aux allures de victoire. Mais les mots ont eu du mal à exprimer ce qu'il ressentait comme l'a expliqué Alexandre : "Il n'a pas réussi à me parler après la course. Il se met tellement de pression, il se lève à 5 heures tous les matins. C’est déjà beau ce que l’on fait aujourd’hui et j’espère pouvoir lui apporter un Prix d’Amérique avant sa retraite."






Finir 2ème confère parfois une grande responsabilité. C'est le cas avec Just Love You qui, en devenant la dauphine du "meilleur cheval du monde" pour reprendre les propos d'un confrère journaliste scandinave dimanche soir en conférence de presse, devient par itération la meilleure jument du monde dans un océan de mâles (il faut aller jusqu'au 8ème rang d'Inmarosa, autre pensionnaire de Laurent Abrivard pour trouver la 2ème jument dans le classement). Un titre honorifique, théorique. Selon une photographie instantanée aussi certes mais qui prend d'autant plus de relief quand on regarde le CV de la jument représentant les couleurs de Michèle Bliard, nouvelle millionnaire en gains :


En trottant justement 1'11''1 dimanche, Just Love You a réalisé son nouveau meilleur temps sur 2.700m. Pour autant, son driver avait également considéré son succès dans la qualificative de décembre comme une performance de haut niveau : "C’est difficile à dire s’il s’agit de la meilleure course de sa carrière. Mais on a essayé d’œuvrer pour qu’elle soit au top aujourd’hui (lire dimanche) comme c’était le cas pour le 'Ténor de Baune'. Elle termine entre les deux chevaux qui se détachaient au betting, c’est donc que sa performance est remarquable." Et si le meilleur était à venir ? Car Just Love You n'a que 6 ans, que son "fighting spirit" fait un parfait ménage avec sa classe intrinsèque et qu'elle a finalement très peu couru (36 courses). Le film n'est certainement pas terminé. Prochain chapitre, dans quinze jours à l'occasion du Prix de France Speed Race.

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