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- 21.03.2025

Marché des "réclamers", un pilier économique à part entière

Est-ce que les différents potentiels acheteurs des dix-huit courses à réclamer entre samedi et lundi derniers se sont dits qu'eux aussi allaient peut-être se rendre acquéreurs d'un futur ou d'une future gagnante de Groupe 1 comme Emeraude de Bais ? Fort probablement, certains ont dû y songer quand ils ont glissé leur bulletin de réclamation dans les boîtes dédiées à cet effet sur les hippodromes de Maure-de-Bretagne, Agen, Bihorel-lès-Rouen ou encore Châtillon-sur-Chalaronne. Le fait que plus de trente chevaux ont changé de mains en l'espace de soixante-douze heures montre le potentiel de ce marché des réclamers qui répond ainsi à une demande et pourrait se développer selon Rodolphe Hamon et Philippe Barbier, deux acteurs et très bons connaisseurs qui nous font partager leurs perceptions.

Économie

Quelle meilleure publicité pour les courses à réclamer que la victoire d'Emeraude de Bais (Repeat Love) dans le Grand Critérium de Vitesse de la Côte d'Azur (Groupe 1) ? "Une "Emeraude de Baie", il y en a une tous les trente ans, mais on voit que c'est possible", relativise Rodolphe Hamon (Écurie Initial) à propos d'un marché dont les chiffres publiés dans le Bilan d'activité 2024 publié en ce début d'année par la SETF (voir nos graphiques dans les pages suivantes) montrent qu'il est sur une tendance baissière - autant le nombre de courses (337 vs 351 en 2023) que le nombre de chevaux achetés (585 vs 702) - après un pic dans les saisons qui ont aussitôt suivi la crise sanitaire du Covid. En 2022, il a ainsi été acheté 772 trotteurs à réclamer, un chiffre jamais observé au cours des quinze exercices précédents.

Une tendance baissière à la suite d'un pic d'après-Covid
Mais davantage qu'un ou une potentiel(le) gagnant(e) au plus haut niveau, les investisseurs recherchent avant tout des chevaux avec lesquels ils savent qu'ils pourront aller aux courses dès la semaine suivante à un prix d'acquisition abordable. "Les réclamers sont la première porte ouverte pour devenir propriétaire, soutient Philippe Barbier. Vous avez tout de suite un cheval de course, contrairement à un yearling avec lequel il faudra attendre, passer les épreuves de qualifications, sans avoir d'ailleurs la certitude de pouvoir aller aux courses. Il y a bien sûr aussi des risques d’échec mais, au moins, vous avez une grande possibilité d’aller aux courses à très court terme et à moindre prix."
Le dynamisme de l'activité de ce marché lors du week-end dernier (32 achats avec une fourchette d'acquisition de 4.100 à 15.111 €) tient aussi en partie à sa périodicité. À la sortie du meeting d'hiver de Vincennes et alors que la saison dans les régions reprend, les potentiels acheteurs sont nombreux pour tenter de dénicher si ce n'est la perle rare, au moins le cheval avec lequel ils pourront aller aux courses régulièrement grâce à la multiplication des réunions. Pour autant, de l'avis des deux observateurs fins connaisseurs que nous avons sollicités, trouver un cheval à acheter un réclamer n'est pas si facile, avec le sentiment d'une frilosité des vendeurs beaucoup plus marquée qu'au galop. Les deux estiment que le marché mériterait de se développer pour favoriser l'arrivée de nouveaux investisseurs et d'être plus et mieux exposé. "Je vois toujours les mêmes acheteurs à réclamer et les mêmes vendeurs, note ainsi Rodolphe Hamon sur l'évolution de ce secteur d'activité. Les gens que j’ai vus dimanche à Bihorel, ce sont ceux que je vois tous les ans à cette période."

Les chiffres de 2024
337 courses
585 chevaux réclamés
12,54 partants/course
10.347 € le prix moyen de réclamation

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