Des leaders qui foncent sur un drôle de pied

À quelques jours de la fin du premier trimestre, Éric Raffin et Mathieu Mottier forment le tandem de tête des pilotes depuis le début de l'année. Le premier est le sextuple tenant du titre du Sulky d'Or. Le second a remporté l'an dernier son troisième Étrier d'Or en l'espace de cinq ans. Il n'y a donc rien de très étonnant à les vois dominer encore ces classements cette saison. Ce qui est en revanche beaucoup plus intéressant tient dans le fait que l'un et l'autre n'ont jamais gagné autant de courses à cette période de la saison. Le Vendéen a déjà passé le poteau en tête à 91 reprises, quand le Mayennais totalise 54 gagnants. C'est dire si ces leaders foncent sur un drôle de pied.

Ils ont été les grands triomphateurs chez les pilotes du meeting d'hiver de Vincennes, avec respectivement 87 et 71 gagnants, dans la continuité d'une saison 2024 qu'Eric Raffin et Mathieu Mottier ont dominé comme driver et jockey. Sur leur lancée, ces deux compétiteurs ne se sont pas accordés le moindre relâchement, au contraire même. C'est bien simple, l'un et l'autre affichent une avance conséquente, voire même très conséquente, sur leurs meilleurs temps de passage : +19 pour l'aîné, +9 pour son cadet de onze ans qui réussit aussi parallèlement un premier trimestre comme metteur au point de l'écurie familiale (24 victoires). Trois mois à peine après le début l'année, ils affolent les compteurs. On peut même dire au sujet d'Éric Raffin que, jamais dans toute l'histoire des courses françaises au trot, un pilote n'a gagné autant de courses que lui à cette période de l'année : 91 !

Quatre-vingt-cinq jours se sont écoulés entre le 1er janvier et le 27 mars, date à laquelle nous avons arrêtés les chiffres. Ce laps de temps a donc suffi à faire de ce début de saison la nouvelle référence, tout au moins intermédiaire, avec 91 gagnants, dans la course au record du nombre de victoires en une année. Pour rappel, en 2021, Éric Raffin portait ce record à 351 deux ans après avoir égalé celui de Jean-Michel Bazire (345). Le 27 mars 2021, son capital de victoires s'élevait à 64 et ce n'est que le 24 avril qu'il en totalisait 90. Il a donc un mois d'avance après un trimestre seulement ! "Éric fait un début d’année spectaculaire", commente Melvin Kondritz, devenu son agent il y un peu plus d'un an à la suite d'Éric Fournier, tourné vers un nouveau projet professionnel.
"Compter un mois d'avance en termes de victoires à cette période de l'année, c'est énorme !", ajoute-t-il. Melvin Kondritz ne voit pas une explication particulière, si ce n'est d'être associé à de bons chevaux, à cette performance hors normes.
Selon lui, elle s'inscrit dans la continuité de sa saison précédente. "L'an dernier, sans son accident au cours de l'été qui lui a peut-être fait louper une dizaine de gagnants, il aurait déjà battu son record, rappelle-t-il ainsi. Pour autant, nous ne nous sommes pas fixés de challenge particulier cette année. Il prend les courses comme elles viennent. Il ne va pas faire pas n'importe quoi parce qu'il a déjà gagné autant de courses. Mais ça c'est comme d'habitude."


Preuve en est, Éric Raffin était "off" de lundi à jeudi cette semaine et va prendre une semaine de vacances le mois prochain. Pas de pression donc. Si ce n'est peut-être pour l'agent... "C’est plus à moi que cela donne un petit challenge pour continuer à rester sur cette dynamique", sourit ce dernier. La barre symbolique des 100 gagnants s'approche ainsi à grand pas quand il l'avait franchie dans la dernière semaine d'avril en 2021 comme en 2024.
Alors qu'il est sur une moyenne de plus d'un gagnant par jour depuis le début de l'année, le pilote vendéen n'a pas pour autant plus couru que les années précédentes. Tant et si bien que son pourcentage de réussite à la gagne grimpe à 21 %, alors qu'il était respectivement de 16 % en 2024 et 17 % en 2019, les deux saisons précédentes où il a gagné le plus de courses (72) à cette période.


Comme son aîné, même si les proportions sont moindres, Mathieu Mottier réussit également un début de saison comme il n'en a jamais réalisé. Au 27 mars, il comptabilise 54 succès, soit une dizaine de plus qu'en 2023, qui était jusque-là son année de référence à cette période de l'année. "Il est sur la lancée de son meeting d’hiver qui a été top, commente son agent Anthony Grueau. La forme se poursuit aussi bien comme pilote que pour son entraînement. Sur son temps de passage par rapport à l’an dernier, il a 17 victoires d’avance. Ce n’est pas mal sachant que l’an dernier il a réalisé sa meilleure saison avec 206 gagnants tout en ayant été sous le coup d’une mise à pied d’un mois. S’il continue sur ce rythme, il est possible qu’il fasse un gros score en fin de saison."
Alors qu'il a fêté ses 33 ans au mois de janvier, Mathieu Mottier semble en effet traverser une période de plénitude où il parvient parfaitement à concilier ses deux métiers, pilote de plus en plus demandé pour l'extérieur (327 courses, soit +75 par rapport à l'an dernier) et entraîneur d'une écurie familiale dont la réussite la place dans le top 10 national. Cet équilibre est l'une des clés de sa saison. "Tout fonctionne bien et il ne veut pas oublier sa vie de famille. Régulièrement, dans nos échanges, il me dit que tel ou tel jour, il n’y a pas d’obligation à courir. L’entraînement familial comme sa famille sont très importants à ses yeux, souligne son agent. Il a besoin de passer des moments en famille. Je devais donner un exemple : jeudi de la semaine prochaine il aurait une première chance à Mauquenchy dans une course monté, mais il préfère rester en Mayenne."