Paray-le-Monial au trot, rien qu'au trot
En ce week-end pascal, ce ne sont pas moins de 33 hippodromes qui sont en activité au trot, ce qui en fait l'un des plus denses du calendrier du premier semestre, avec celui de la Pentecôte. Dans cette diversité de l’offre, l’hippodrome de La Varenne à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire) attend plus de mille personnes pour sa traditionnelle journée du lundi de Pâques, la plus importante de sa saison en termes de fréquentation. Focus sur cette société de Bourgogne-Franche-Comté qui ne court plus qu'au trot depuis de cette année.
Dans cette région d’élevage s’il en est - on est en plein cœur du Charolais faut-il le rappeler -, les AQPS se taillent la part du lion dans les rangs des chevaux de course. Le trot n’en est pourtant pas moins solidement implanté, à commencer à Paray-le-Monial avec son hippodrome de La Varenne, le seul des quatre champs de course de Bourgogne-Franche-Comté à être doté depuis le milieu des années 1980 d’une piste en dur, en l’occurrence en pouzzolane, longue d’un peu plus de 1.100 mètres corde à droite. Une piste qui a été refaite en début d'année et sur laquelle ils seront plus de 130 trotteurs à évoluer en ce lundi de Pâques au cours des dix courses. C’est dire si elle est plébiscitée par les socio-professionnels, ce dont se réjouit bien évidemment la société présidée par Renaud de Villette depuis 2000 et dont la création remonte à la fin du XIXème siècle, alors que l'hippodrome de La Varenne est en activité depuis la même période. "Notre piste donne en effet satisfaction, témoigne Gérard Gordat, membre de la société depuis plus de trente ans et vice-président. La preuve encore lors de ce lundi de Pâques où nous n’avions que sept courses à la base, mais trois ont été dédoublées. C’est forcément positif, notamment pour les enjeux. Et puis, le lundi de Pâques a toujours été notre réunion la plus importante au niveau de la fréquentation."
De dix à six réunions par an
L'attente des organisateurs est d'autant plus grande - "c’est toujours difficile de prévoir la fréquentation mais, tout confondu, on attend autour de 1.200 personnes sur l'hippodrome", dixit Gérard Gordat - que 2025 est une année particulière pour l'une des trois sociétés de Saône-et-Loire avec Mâcon et La Clayette. D'hippodrome pluridisciplinaire, La Varenne est devenue un hippodrome de trot après le retrait des courses de galop. "Il nous était en effet demandé de refaire notre piste de galop. Or, nous sommes sur un terrain assez sableux et il fallait envisager un arrosage automatique si nous avions procédé à la réfection de cette piste."
Un hippodrome touché par les éléments à deux reprises
Le 21 juin 2022, le département de la Saône-et-Loire est touché par un évènement climatique d'une intensité exceptionnelle, principalement sur Paray-le-Monial et ses alentours, d'où des centaines d'interventions des pompiers. L'hippodrome de La Varenne n'est pas épargné, loin de là même. Toutes les toitures des bâtiments ont été impactées par des grêlons de la taille d'une balle de ping-pong pour certains. "Alors que nous sortions tout juste de deux années difficiles en raison de la pandémie du Covid, cet orage a endommagé tous les toits et plus de cinq kilomètres de lice en plastique, raconte Gérard Gordat. Les dégâts ont été estimés à plus de 400.000 €. Heureusement, nous avions une assurance pour les bâtiments car pas un toit n’a résisté et nous avons été indemnisés correctement. Toute la main d’œuvre pour réparer les lices et les obstacles a été assurée par des bénévoles." En juillet de l'an dernier, une mini-tornade a touché l'hippodrome, couchant au sol une dizaine d'arbres et endommageant des grillages, alors que la piste de trot a été complètement ravinée dans les tournants et le hall principal inondé.
Des travaux dans lesquels la société n'a pas souhaité s'engager.
"Vu la conjoncture actuelle avec un nombre de partants en baisse au galop, il ne nous a pas semblé opportun de réaliser de tels investissements sans avoir d'assurance quant à l'avenir, explique le vice-président.
Mais ne plus courir au galop a été un crève-cœur pour tous les membres de la société et les bénévoles."
Désormais, ce ne sont donc plus dix mais six réunions qui composent la saison sur l'hippodrome de Paray-le-Monial.
"C’est évidemment difficile pour la société, car les frais fixes étaient basés sur dix réunions et ne le sont plus que sur six, poursuit notre interlocuteur.
Cette diminution ne menace pas directement l’hippodrome dont la société est propriétaire, mais c'est forcément plus compliqué. Heureusement, la municipalité de Paray nous soutient énormément. Le conseil départemental nous aide aussi. Dans l’idéal, pour nos frais fixes, il faudrait que nous arrivions à avoir huit réunions. Lors de notre récente assemblée générale, nous avons évoqué la possibilité d'en avoir une septième l'an prochain si possible et il m'a semblé que l'on a eu une écoute attentive à ce sujet au niveau de la fédération régionale."
La réunion de Pâques est d'autant plus attendue qu'elle est un rendez-vous habituel, notamment pour les familles avec la thématique "Hippodrome en fête" qui propose des animations diverses.
"Ces animations sont notamment à destination des familles et des enfants. Maxime Busset sera aussi présent avec son sulky tandem pour faire des baptêmes. C’est important d’avoir des animations pour attirer du monde, note encore Gérard Gordat.
C’est un public régional essentiellement. On a aussi beaucoup de gens de la Loire, qui est un peu le fief des trotteurs dans notre fédération. Cette année, nos bénévoles remarquent qu’ils voient des personnes qu’ils n’avaient pas l’habitude de voir. Je l’explique par le fait que les réunions tout trot attirent plus de monde. Cela se ressent aussi sur les enjeux."
Une soixantaine de bénévoles
Autour du Président Renaud de Villette, c'est une équipe d'une soixantaine de bénévoles qui se mobilise pour permettre la tenue des réunions et l'entretien de l'hippodrome.
"Comme dans d'autres sociétés la moyenne d'âge est assez élevée parmi nos bénévoles, note encore Gérard Gordat.
Il ne faut pourtant pas moins de bénévoles car, chaque jour de courses, trente-cinq d’entre eux sont mobilisés."
Un "Président" responsable de la piste
C'est un vainqueur du Prix du Président de la République à Auteuil et non à Vincennes qui est le responsable de l'entretien de la piste de trot de Paray-le-Monial depuis l'été dernier. Son nom ? Christophe Provot, vainqueur du plus gros handicap de l'année sur le steeple d'Auteuil en 2000 en selle sur Graal de Chalamont (Riverquest) pour l'entraînement du regretté Marc Boudot, dont l'écurie a été construite en face de l'hippodrome. "C'est un travail à mi-temps qui me permet en parallèle de m'occuper de mes trois chevaux car j'ai un permis d'entraîner, nous apprend celui qui a gagné toutes les principales courses d'obstacle de la région. Je connais bien l'hippodrome et plus particulièrement ses pistes de galop sur lesquelles on s'entraîne, mais j'ai découvert le travail de la piste de trot. Celle-ci a été refaite en début d'année sur les conseils de Romain Garin, le régisseur des hippodromes de Lyon. Il a aussi conseillé la société pour l'achat du matériel et est venu plusieurs fois m'expliquer comment la travailler. Depuis, la piste est bonne et n'est plus fouillante comme elle l'était dans les tournants. C'est toujours difficile d'avoir l'unanimité des professionnels, mais je dirais qu'aujourd'hui plus des trois quarts sont satisfaits." La piste de l'hippodrome est ouverte deux matins par semaine à l'entraînement.
Repères
◆ 21hectares
◆ 6 réunions au trot dont les prochaines sont le lundi 21/04, le dimanche 01/06 et le dimanche 16/11
◆ Piste de trot en pouzzolane de 1.147m. corde à droite
◆ 1 restaurant hall de 120 couverts
◆ Plus de 40 partenaires