Pierre-Yves Verva : 2.000 victoires et plus encore
Cela faisait quelques jours qu'elle se faisait attendre. À Vichy, ce mercredi, Pierre-Yves Verva a remporté sa 2.000ème victoire en France. La satisfaction est d'autant plus grande qu'elle a été obtenue au sulky de son pensionnaire Lahire de Nappes. Un cap symbolique et important pour celui qui fêtera ses 50 ans dans quelques mois et qui a commencé par le meilleur. Deux titres de champion de France des apprentis pour ses deux premières années et une victoire à tout juste 20 ans dans le Prix de Cornulier (Groupe 1) en selle sur Arcadia. Trente ans plus tard d’une carrière faite de hauts et de bas, Pierre-Yves Verva est à la tête d’un palmarès XXL. Il compte désormais 2.000 victoires mais aussi beaucoup plus que cela.
Il incarne aussi parfaitement ces pilotes qui se constituent d'abord un palmarès à l'Étrier avant de devenir les futurs meilleurs pilotes français. Des pilotes que nous mettons en avant en Une de cette édition. Pierre-Yves Verva a été l'un des plus jeunes vainqueurs du Prix de Cornulier en 1996 associé à Arcadia (Jiosco), la jument de Bernard Desmontils. Pour autant, la vie d’un sportif de haut niveau comme il l'est n’est pas un long fleuve tranquille. Il pourrait en parler. Cela fait plus de trente ans que son nom figure sur les programmes des courses. Il a donc tout connu ou presque entre ce succès dans la course que tous les jockeys rêvent de gagner jusqu’à cette 2.000ème victoire sur le sol français avec Lahire de Nappes (Feeling Cash) à Vichy (il compte aussi 3 gagnants à l'étranger). Sur ce long chemin, il a longtemps attendu la consécration d’un premier Groupe 1 à l’attelé finalement obtenue avec Lombok Jiel (Enino du Pommereux) dans le Prix Albert Viel, il y aura bientôt un an jour pour jour, à l’occasion de la Journée des Champions. Durant toutes ces années, il a vécu le meilleur et n’a pas échappé aux difficultés.
Rien n’est jamais acquis. (P.-Y. Verva)
Ses premières années de pilote ont même été un condensé de ces montagnes russes.
"Ça a commencé fort, peut-être même trop fort, confiait-il dans les colonnes du numéro 15 de 360 le Magazine l’été dernier.
J’ai toujours travaillé, donc ça ne semblait pas si facile que ça, mais tout s’enchaînait. Je montais pour de supers maisons, notre écurie avait de bons chevaux. Tout allait bien. Après, il y a eu un coup de Trafalgar... Les bas et les hauts sont inhérents à une carrière."La carrière de Pierre-Yves Verva en dates
→ 23 août 1992 : débuts avec All Gy (4ème) au Touquet
→ 21 janvier 1993 : première victoire montée avec Balkora à Vincennes
→ 1er mai 1993 : première victoire attelée avec Aflosac de Vron à Saint-Omer
→ 1994 et 1995 : champion de France des apprentis
→ 21 janvier 1996 : première victoire dans un Groupe 1 au monté (Prix de Cornulier) avec Arcadia à Vincennes
→ 8 septembre 2012 : premier partant sous son entraînement avec Thalys Saint Juvin à Amiens
→ 16 septembre 2012 : premier gagnant sous son entraînement avec Vulcain d'Harcouel à La Capelle
→ 10 novembre 2014 : 1.000ème victoire avec Amazone du Dollar à Vincennes
→ 23 juin 2024 : première victoire dans un Groupe 1 l’attelé (Prix Albert Viel) avec Lombok Jiel à Vincennes
→ 2024 : record en une année avec 147 gagnants (129 attelé / 16 monté)
→ 11 juin 2025 : 2.000ème victoire en France comme pilote avec Lahire de Nappes à Vichy
Près de trente ans plus tard, ces moments sont encore bien présents dans son esprit :
"Franchement, après le "Cornulier", tu ne t’attends pas à ça. À cette époque, les chevaux de l’écurie ont été malades et on s’est retrouvés sans rien. Prendre des claques comme ça n’est jamais très bon, mais ça te forge. Ça remet les pieds sur terre. Rien n’est jamais acquis".
Peu importe les événements, Pierre-Yves n’a jamais cherché à fuir ses responsabilités dans les bons moments comme dans les moins bons, forcément plus nombreux quand vous avez couru plus de 22.820 fois comme c’est son cas. La gloire, symbolisée aussi avec ses autres victoires de Groupe 1 en selle sur
Prince Gédé (Sancho Pança) dans le Prix de Normandie 2008 et
Saphir de Morge (Guénor) dans le Prix des Centaures 2012, comme les doutes sont inhérents à la compétition Sa persévérance, sa remise en question permanente, comme lorsqu’il lui a fallu se mettre à la monte en avant au sein d’une génération où beaucoup n’ont pas franchi le pas, et son attachement viscéral à sa passion devenue son métier lui valent de vivre depuis trois ans ses saisons les plus fertiles en victoires, chacune à plus de cent gagnants, quand cela ne lui était arrivé qu’une seule fois auparavant.
"À presque 50 ans, on est dans la pleine force de l’âge, non ?", disait-il l’été dernier pour commenter ses résultats.
Un être à part à double titre
Car Pierre-Yves Verva va fêter ses 50 ans le 6 octobre prochain. Si, si… On a du mal à le croire tant sa silhouette longiligne ne trahit nullement le poids des ans. Il ne monte plus autant qu’avant, la faute à un genou atteint d’arthrose et d’une fissure du ménisque. Mais il a ce besoin quasi-viscéral de se mettre à cheval.
"Ça me tient en condition. J’aime profondément ça", avance-t-il même s’il sait qu’il n’a jamais été aussi proche d’une échéance qu’il ne fait que repousser. Preuve d’une condition athlétique hors norme, il n’a jamais autant couru au cours des trois dernières saisons, passant la barre des mille courses en 2022 et 2023 et poussant même au-delà de 1.200 départs l’an dernier, ce qui en faisait le septième pilote à avoir le plus couru.
Dans le top 10 du classement du Combiné de 2024, le fils de Philippe Verva, le frère de Laurent et Matthieu, est un être à part pour ne pas dire une exception à double titre. Il est le plus âgé et est l’un des seuls à avoir la responsabilité à l’entraînement d’un effectif qui compte entre trente et quarante pensionnaires. Quand son père et son oncle, Guy, ont décidé de se séparer, Pierre-Yves a décidé de racheter une partie de l’écurie. Là encore avec réussite puisque l’an dernier pour la première fois les gains de ses pensionnaires ont dépassé la barre du million d’euros. Dès lors, c'est aussi tout un symbole que cette 2.000ème victoire, à défaut d'être obtenue sur l'un des hippodromes du Nord auxquels il est très attaché, soit le fait d'un cheval de son entraînement.
"C'est magnifique et c'est une étape, en plus avec un cheval de mon entraînement", a-t-il d'ailleurs réagi à chaud sur Equidia Racing après le succès de
Lahire de Nappes mercredi à Vichy.