Tels parents, tels enfants ?

La Journée des Champions peut se décliner à l’envi, appelant toutes sortes de points de vue. Le nôtre, ici, est d’envisager ses participants –en l’espèce, ceux qui prennent part aux cinq Groupes 1 du jour– sous l’angle de leurs auteurs et autres membres de la famille –parents, grands-parents, voire apparentés un peu plus éloignés– et de l’implication de ceux-ci, en leur temps, dans les mêmes courses qu’eux. Quels sont ceux qui y ont performé, en un possible prélude à la réussite de leur descendance dans le même contexte ? Ou, au contraire, y-a-t-il de mauvais augures en la matière ? Une façon, originale, de voir et d’analyser les forces en présence.

Nous prenons les cinq Groupes 1 proposés dans l’ordre chronologique de la réunion. Le Prix d’Essai – Etrier 3 Ans Finale est, de la sorte, le premier à s’inviter dans cette chronique. Dans la perspective qui est la nôtre, deux candidatures, sur les douze recensées, y retiennent l’attention, à savoir celles de Météore de Simm (Boccador de Simm) et de Matignon (Bird Parker).
Il s’agit, d’ailleurs, de deux sujets particulièrement en vue, qui ont constitué le jumelé gagnant du Prix Gai Brillant – Etrier 3 Ans Q3 (Groupe 2), voilà deux mois. D’une certaine manière, Météore de Simm peut paraître programmé pour ce Prix d’Essai, que remporta son grand-père maternel, Gai Brillant, en 1997. Matignon, cependant, n’est guère en reste, car son père, Bird Parker, y fut le dauphin de Booster Winner, en 2014.

Ils seront huit dans le Prix René Ballière, où la moitié des participants revendiquent de solides attaches génétiques avec la course, à commencer par trois descendants, en lignée mâle, de Love You, le deuxième de l’édition 2005, derrière Jag de Bellouet. C’est son fils, Ibiki De Houelle, puis ses petits-fils, Jabalpur (Booster Winner) et Iguski Sautonne (Village Mystic). Il faut ajouter que ce dernier est apparenté de très près, du côté maternel, à Urane Sautonne, qui fut deuxième de Vivier de Montfort en 1992. Son entourage a, ainsi, une double raison de croire à une belle prestation de sa part dimanche. On en dira autant de Keep Going (Follow You), dont les grands-parents paternels, Ready Cash et Mara Bourbon, ont eux aussi leur histoire personnelle avec le Prix René Ballière. Le champion de Philippe Allaire est devenu le père ou le grand-père de sept de ses neuf derniers vainqueurs, c’est-à-dire Bold Eagle, sacré à quatre reprises, de 2016 à 2019, Face Time Bourbon, deux fois couronné, en 2020 et en 2021, et Hokkaido Jiel (Brillantissime), le héros de 2023. Et Mara Bourbon fut elle 2ème de l'édition remportée par Jardy, en 2006.

Plusieurs des dix-sept concurrents du Prix du Président de la République – Etrier 4 Ans Finale ont un différend familial avec l’épreuve. Ils seront là pour le régler. Le « Président » n’a pas porté chance, en effet, aux auteurs de Little Orélie, Feeling Cash, non partant de dernière minute dans l’édition de 2019, et Orélie de Retz, disqualifiée dans celle de 2006. Lisbonne Dry a vu également son père, Singalo, y être sanctionné pour ses allures, en 2010, de même que L’Ecrin d’Or avec Bird Parker, en 2015. Lochan (Dollar Macker), lui, a pour ancêtre Belle Touche, qui commit une incartade fatale dans la dernière ligne droite, en 1971, alors qu’un bel accessit lui était promis, derrière l’intouchable Bellino II. De même, Lucia Perrine est par Django Riff, fautif en 2017, mais, en regard, elle a pour aïeul maternel Podosis, le gagnant de 1985. Voilà une note d’optimisme, comme celle apportée par Lucas (Carat Williams), dont le père de mère, Okapi de Fael, est un fils de Gai Brillant (« Président » 2018), ou encore par Lionheart (Falcao de Laurma), dont l’arrière-grand-père maternel, Blue Dream, est le lauréat de 1993.

Des quinze participants au Prix Albert Viel émergent Maître Jacques, dont le père, Rolling d’Héripré, et le grand-père, Dahir de Prélong, se classèrent à la deuxième place, battu par Ready Cash, en 2008, pour ce qui est du premier, et par Derby du Gîte, en 1994, quant au second, et, plus encore, Magic Night, fille d’Helgafell, gagnant de la course, en 2020, et petite-fille de Quido du Goutier, troisième de Qualmio de Vandel et de Quick de la Loge, en 2007. Magic Night descend, en outre, de Ready Cash, en lignée mâle, tout comme My Princess et Maharaja Atout, qui sont directement nés des œuvres du vainqueur du Prix Albert Viel 2008, là où les deux fils d’Hohneck, Monzon Normand et Magnum du Choquel, en sont des descendants indirects. Particularité de Missandei (Village Mystic), enfin : deux de ses arrière-grands-pères ont brillé dans ce Prix Albert Viel, alors Prix Capucine, soit Capitole, qui monta sur la première marche du podium, en 1993, et Full Account, qui s’arrêta à la deuxième, en 1996.

L’incidence génétique est moindre au départ du Prix de Normandie – Etrier 5 Ans Finale, où Rêve d’Udon, deuxième de Reine du Corta, en 1988, est cependant le grand-père paternel de Kelly d’Essarts (Offshore Dream), en même temps que l’arrière-grand-père maternel de Kapaula de l’Epine (Discours Joyeux). Il y a aussi Darold II, le gagnant de 1974, sous les couleurs d’Alfred Lefèvre, inscrit dans la série des pères de mères tant de Kano (Uhlan du Val) que de Kondor (Fabulous Wood). Plus près de Kalif Landia (Un Charme Fou) est Instant Gédé, puisque celui-ci n’est autre que son grand-père maternel et fait valoir sa deuxième place de 2001, derrière Iouky du Pré.