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Richard Denécherre
Actualité - 21.06.2025

Richard Denécherre, entre passé et présent

Richard Denécherre ne figure pas au palmarès de l'un des cinq Groupes 1 de la Journée des Champions à Vincennes. Dimanche, il pourrait voir son nom apparaître dans la colonne des propriétaires et des éleveurs gagnants du Prix du Président de la République - Étrier 4 Ans Finale grâce à L'Ecrin d'Or, confié à Laurent Abrivard depuis la fin d'année dernière. L'homme de Fan Idole au palmarès XXL, cinq fois tête de liste des drivers, a néanmoins une histoire singulière avec le Prix René Ballière, l'un des Groupes 1 de cette réunion, dans lequel il a drivé le légendaire Ourasi en 1989.

Ce n'est forcément pas un bon souvenir mais ni franchement un mauvais que Richard Denécherre garde de ce jeudi 15 juin 1989. C'est jour de Prix René Ballière (Groupe 1) à Vincennes. Il a été appelé par les frères Gougeon pour driver Ourasi (Greyhound), l'idole du trot français, le cheval aux trois Prix d'Amérique, qui gagnera le quatrième cinq mois plus tard. L'avant-course va prendre des airs de chemin de croix. "En remontant l’allée des boxes, depuis l'hippotel où il stationnait toujours, pour aller faire son heat, je ne sais pas s’il a senti une jument en chaleur qui était là, se souvient-il très bien, mais toujours est-il qu’il s'est mis à ruer."

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Richard Denécherre
L'incident ne peut être évité. "L'une de ses jambes est passée par-dessus le brancard et il s’est couché dans l'allée, poursuit Richard Denécherre. Heureusement, que je n’avais pas ma jambe dans le cale-pied sinon elle aurait été broyée." Aussitôt dételé et relevé, Ourasi ne semble pas souffrir et repart faire son heat. "Celui-ci s’est passé normalement. Le cheval ne boitait pas et était souple. Au retour, on a appelé Jean-René Gougeon pour savoir si on courait ou pas. Comme tout semblait aller, la décision a été prise de courir."

Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Peut-être s’était-il contrarié dans l’avant-course… Pourtant, il n’avait pas de blessure. On n’a jamais su. (Richard Denécherre)

Mais le champion de Raoul Ostheimer ne sera que l'ombre de lui-même dans cette épreuve dont il était le tenant du titre après un succès d'anthologie deux ans plus tôt. Cette édition 1989 fut remportée par Rêve d'Udon (Ejakval) et Ourasi termine à la cinquième place, l'un de ses moins bons résultats sur le mâchefer de Vincennes. "Il ne s’est pas traîné, il n’avançait pas derrière la voiture et, dans le parcours, il n’avait pas d’allant, fait toujours le même constat Richard Denécherre trente-six ans après. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Peut-être s’était-il contrarié dans l’avant-course… Pourtant, il n’avait pas de blessure. On n’a jamais su. Il ne devait pas être bien, car il n’a pas recouru ensuite jusqu’à l’hiver suivant. Je n’ai jamais su vraiment la raison de cette contre-performance et son entourage non plus. Je garde le souvenir d’un cheval qui n’était pas bien ce jour-là et qui aurait pu me broyer la jambe."
Ce sera la première et dernière fois qu'il sera assis au sulky de celui dont la statue trône en bord de piste à Vincennes. "Sincèrement, je n’avais pas de pression particulière. J’étais concentré comme d’habitude. Sinon, il faut rester chez soi, commente-t-il. Je connaissais bien les frères Gougeon car j’avais aussi mes chevaux l’hiver à Moissy-Cramayel. Je ne considère pas que ce soit un rendez-vous manqué. Je n’ai pas de regrets. Vous savez, les courses c’est comme ça, vous ne pouvez pas les refaire."
Près de quinze ans plus tard, Richard Denécherre ne garde pas non plus un souvenir impérissable de sa "ballerine" dans le Prix René Ballière 2003 dont Fan Idole (Le Ham) se classe modeste huitième. "Ce n’était pas une jument d’été, l'excuse-t-il bien volontiers. On l’arrêtait souvent au mois de mai ou juin avant de la reprendre à la fin de l’été. Dès qu’il commençait à faire chaud, cela n’allait plus et on faisait du mauvais travail."


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Ourasi le 15 juin 1986 lors de son heat avec Richard Denécherre

L'Ecrin d'Or, son nouveau joyau ?

L'homme aux milliers de victoires ne sera pas présent à Vincennes, dimanche, pour la Journée des Champions où L'Ecrin d'Or (Bird Parker) va permettre à sa casaque verte et rouge d'être pour la première fois au départ d'un Groupe 1 dans le Prix du Président de la République - Étrier 4 Ans Finale. "Dans ma carrière, beaucoup de mes bons chevaux l’ont été en association et ne couraient pas sous ma casaque, précise-t-il. Avoir sa casaque et son élevage représentés lors de la Journée des Champions est fabuleux. Vous savez, vous pouvez très bien passer toute une vie entière d’éleveur ou de propriétaire sans avoir cette chance. Moi, je l’ai cette année." Et puis, Richard Denécherre préfère être acteur que spectateur : "En règle générale, je suis plus stressé quand je vois une course de L’Ecrin d’Or par exemple que lorsque je courais avec Fan Idole, surtout avant la course".
Il ne doute pourtant pas des qualités du mâle qu'il a élevé avec son ami et associé Francis Picoulet (lire encadré) et qu'il a confié à Laurent Abrivard en fin d'année dernière. "Je pensais qu’il ferait un très bon cheval sous la selle, rappelle-t-il même si je ne l'avais pas essayé. J’avais dit à Laurent Abrivard que je lui enverrai à la fin de son année de 3 ans pour le courir monté. Ce que j'ai fait début décembre avec l'idée qu'il débute dans les quinze jours. Laurent qui a carte blanche l’a d’abord couru attelé où il a gagné et ce n’est qu’après quelques mois qu’il l’a débuté sous la selle. Il a l’allure pour réussir au monté, sait démarrer et a de la tenue. Et puis, sa mère a fait beaucoup de chevaux montés."
Cette souche, Richard Denécherre la connaît très bien. "On l'a développée à partir d'Astérie d’Or, (Gi - 1966) que mon père avait achetée à Gaston Roussel, le père d’Alain, décrit-il. Avec mon ami, Charles Fournier, elle nous a donnés Harpie d'Or (Rex Grandchamp - 1973), une vraie pur-sang qui s'était qualifiée le plus vite cette année-là et a gagné à Vincennes. Au haras, elle a bien reproduit. Je m'Envole, gagnant de Groupe 1 au monté, est un descendant de Harpie d’Or tout comme L'Ecrin d'Or." C'est une facette que certains connaissent peut-être un peu moins du personnage : Richard Denécherre est un éleveur et un éleveur raisonné : "J’ai toujours élevé. J’ai ainsi acheté la grand-mère de Fan Idole à la vente Moreau. Je l’ai faite saillir à Vasco qui m’a donné Ton Idole, la mère de Fan Idole. Mais je n’ai jamais dû avoir plus de quatre juments à la fois, parce que je n’ai que dix hectares. Je me suis limité aussi parce que cela a un coût quand vous êtes installés comme moi dans le Sud-Ouest pour emmener vos juments en Normandie où sont stationnés les meilleurs étalons. Or, si vous n’allez pas à ce qui se fait de mieux dans ce domaine, cela ne sert à rien de faire de l’élevage selon moi". L'Ecrin d'Or pourrait être son nouveau joyau. "Quand il a été disqualifié, il était muni de bracelets qui lui ont fait mal aux paturons. L’autre jour, j’aurais signé pour être dans les cinq premiers. Il est battu tout à la fin. Dimanche, il sera déferré des quatre pour la première fois au monté et je pense qu’il aura un débouche-oreilles. Je suis confiant pour qu’il termine dans les cinq premiers. Plus, ce ne sera que du bonus", juge-t-il.

Vincennes et Auteuil
Richard Denécherre et Francis Picoulet, co-éleveurs et co-propriétaires de L'Ecrin d'Or, ont eu aussi en commun avec Guillaume Macaire et Didier Broucaret le sauteur Kapgarde, devenu l'un des grands étalons de la discipline. "On l'a acheté foal au sevrage chez Mme Thoreau. De six mois à 2 ans, je l'ai élevé au même endroit où a grandi L’Ecrin d’Or."
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L'Ecrin d'Or lors de ses débuts victorieux à l'Étrier

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