Un rapport qui fait tant parler
L'État et les Sociétés-Mères s'étaient mis d'accord pour garder confidentielles les conclusions de la mission de l'Inspecteur général des Finances Franck Avice. Mais en les présentant aux trois Conseils d'Administration du PMU, de France Galop et de la SETF, la confidentialité n'a pas eu plus de chance de se maintenir qu'un glaçon en terrasse en plein été. Des fuites, plus ou moins orchestrées, ont donc diffusé un certain nombre d'informations, chacun y allant de sa propre lecture.
Débutons en précisant que le rapport complet n'a pas été diffusé et, selon nos informations, n'a pas été non plus livré dans son intégralité. La semaine dernière, c'est la reproduction de ses conclusions et de ses prérogatives qui a été diffusée. Ajoutons aussi à ce sujet que trois présentations ont été réalisées avec des préconisations spécifiques à chacune des trois entités majeures de l'Institution des courses. Au total, une bonne quinzaine de proposition a été formulée : elles sont structurelles, conjoncturelles et, bien sûr, économiques. Car l'information principale à retenir est
que l'audit réalisé par le représentant de l'État évoque, à terme, un retour à la filière de 750 millions d'euros. Dès 2026. Quant à 2025, l'atterrissage sera sans aucun doute inférieur aux prévisions, même récentes.
Nous vivons un vrai tournant dans l'histoire des courses françaises. (Loïc Malivet)
Une différence de 60 à 70 millions d'euros
On est donc très loin des 820 millions annoncés par le PMU il y a encore quelques semaines et très loin des montants annoncés lors des votes des différents budgets pour cette année. Or, la construction des budgets aurait dû se faire sur des montants atteignables. L'audit de l'État annonce que ce ne sera certainement pas le cas et qu'il faudra, quoi qu'il en soit, s'appuyer à l'avenir sur une contribution nette très largement à la baisse. L'opposition menée par la SETF et son Conseil d'Administration au dernier trimestre 2024 était bien fondée et les proportions sont même encore plus importantes que celles qui pouvaient être craintes. La SETF a donc eu raison d'appliquer une politique de rigueur budgétaire, rappelée à chaque compte-rendu de Conseil d'Administration ou de Comité depuis des mois, et de constituer des réserves.
La filière-courses va par conséquent devoir apprendre à vivre avec environ 60 à 70 millions d'euros de moins que par le passé !
"Nous vivons un vrai tournant dans l'histoire des courses françaises", commentait ainsi en début de semaine le Président de la Fédération des Éleveurs de galop Loïc Malivet, reprenant un sentiment très largement répandu.
Ces chiffres impressionnants s'expliquent par la dégringolade incontrôlée (et devenue incontrôlable comme s'il n'y avait plus de pilote dans l'avion) des chiffres d'enjeux du PMU, lequel devra se réformer fondamentalement dans sa gouvernance (en donnant plus de pouvoir aux Sociétés-Mères au conseil d'administration, une proposition du rapport), être dirigé par un(e) professionnel(le) du secteur du jeu (autre proposition du rapport) et retrouver une dynamique grâce à une politique de développement et de communication à grande échelle (encore une proposition du rapport).
Le rapport revendique aussi la nécessité d'inscrire de façon pérenne une répartition de la contribution nette du PMU à 50/50 entre les deux Sociétés-Mères, sujet sur lequel des négociations menées depuis plusieurs mois par la SETF et France Galop avaient abouti sur une réponse différente de celle reçue. Depuis, cette annonce a fait l'objet de plusieurs échanges très politiques.
La mutualisation d'un certain nombre d'activités des deux Sociétés-Mères figure également au cœur des conclusions d'un rapport qui met l'accent, sans détour, sur le sujet des courses d'obstacles (en particulier en qualité de support aux événements, à savoir le Quinté+) et leur manque d'attractivité à l'égard des parieurs (et donc leur déficit de résultat en termes de retour-filière par rapport à des Quintés+ de plat ou de trot).
Et maintenant ?
Plusieurs rapports sur l'activité des courses ont été publiés ces dernières années, signés par Daniel Augereau ou encore Jean Arthuis. Leurs conclusions ont été plus ou moins suivies. Celui de Franck Avice pourrait lui changer de stratégie, le principe du passage sous la forme d'un décret ayant été expressément annoncé. Ira-t-on jusque-là ? D'après nos informations, l'option d'un "contrat cadre PMU 2030" serait aussi sur la table. Quoi qu'il en soit, la rentrée s'annonce riche en actualité et, souhaitons-le, en actions concrètes car il y a réellement urgence à enrayer un engrenage des plus inquiétants.
©ScoopdygaJ.-P. Barjon et G. de Saint-Seine