Lâchez les champions dans le Prix de Bretagne Amérique Races Q1
Premier épisode des Amérique Races, avec le statut de Qualif1, le Prix de Bretagne (Groupe 2) nous fait entrer dans le plus grand feuilleton de trot de l’hiver. Nous en sommes à la sixième saison des Amérique Races, lancées en 2020. Celle qui a toujours été la première épreuve à mener vers le Prix d’Amérique Legend Race (Gr.1) lance dorénavant ce qui est devenu le championnat le plus prestigieux du trot français, sans équivalent dans le monde. L’histoire du Prix de Bretagne-Amérique Races Q1 est riche de presque soixante ans d’histoire. Qu’en retenir ?
Le Prix de Bretagne-Amérique Races Q1 (Gr.2) sera l’événement du week-end, dimanche prochain sur l’hippodrome de Paris-Vincennes. Inauguré en 1957, en substitution d'une autre course (le Prix A. Hervieu), il est le premier pilier d’un édifice qui en comporte quatre. L’idée d’une route menant au Prix d’Amérique empruntant sa terminologie aux régions françaises pose déjà, en germe, les bases d’un championnat menant à sa grande finale. C’est ainsi que cette route passera par la Bretagne, avant le Bourbonnais, la Bourgogne et le Béarn, appellation remplacée rapidement par la Belgique, créant dès lors une boucle qui sort aussi de France.
©DRUne dimension très franco-française
Le Prix de Bretagne a longtemps été franco-français. Uniquement ouvert aux trotteurs d’origine nationale, il a connu quelques entorses dans les années 1990 puis est passé sous label international en 2004. C’est
Jag de Bellouet (Viking’s Way) qui remporte cette vraie première édition ouverte aux étrangers en 2004 et bat d’ailleurs un concurrent suédois,
Super Light (Super Arnie), présenté par Jörgen Westholm. Depuis lors, en vingt-et-une édition, aucun candidat étranger ne s’est imposé. Outre
Super Light, d’autres ont décroché un premier accessit. Le dernier est
San Moteur (Panne de Moteur) l’an dernier. Le fait qu’aucun trotteur étranger ne figure à la première place de son palmarès lui octroie une singularité au sein des quatre épreuves similaires des Amérique Races. Les Prix du Bourbonnais (Q2), de Bourgogne (Q5) et de Belgique (Q6) comptabilisent ainsi respectivement trois, deux et cinq éditions remportées par un étranger depuis 2000.
Un cas de figure désormais impossible
En 2006, c’est un élément en grande forme qui s’impose dans le Bretagne.
Keed Tivoli (Steed James) se présente avec une victoire dans le Prix des Cévennes (Gr.3) comme plus récente performance. En vue, il s’impose à la cote de 8,5/1. Le championnat des Amérique Races n’existait pas à cette époque. La qualification pour le Prix d’Amérique se faisait alors uniquement par les gains. Avec un compte en banque de 594.648 € au moment de la clôture des engagements dans l’épreuve reine, il ne pourra y trouver sa place, faisant partie des éliminés. Comme symboliquement,
Keed Tivoli ne pourra jamais ensuite garder le cap. Il disputera 17 courses en 2007 et 2008 sans jamais s’imposer transformant son succès dans le Prix de Bretagne 2006 en dernière victoire. La règle actuelle qui accorde une priorité de participation aux quatre premiers des Amérique Races Q1, Q2, Q5 et Q6 ne permettrait plus à un tel cas de figure de se reproduire.
De génération en génération
Deux (seuls) vainqueurs du Prix de Bretagne ont pu donner au haras un gagnant de la même course. Et la transmission générationnelle est passée par un étalon et une jument. Il s’agit, d’une part, de
Ready Cash, gagnant en 2011 et père de
Face Time Bourbon, lauréat en 2021, et, d’autre part, de
Vanina B, au palmarès de l’édition 1972 et imitée, neuf ans plus tard, par son fils
Jorky. L’empreinte de
Ready Cash peut néanmoins se renforcer d’un autre vainqueur, en l’occurrence le double tenant du titre
Hussard du Landret, son petit-fils via son père
Bird Parker.
De la Q1 à la Legend Race : la preuve par 9
Combien de gagnants du Prix de Bretagne ont-ils ensuite inscrit leur nom au palmarès de la Legend Race au cours du même hiver ? En fait, ils ne sont pas si nombreux, puisqu’on n’en trouve que neuf en soixante-huit éditions. Les neuf sujets en question sont, dans l’ordre chronologique,
Toscan (hiver 1969-1970),
Tidalium Pélo (hiver 1971-1972),
Bellino II (hiver 1975-1976),
Grandpré (hiver 1977-1978),
Ourasi (hiver 1986-1987),
Queila Gédé (hiver 1988-1989),
Abo Volo (hiver 1996-1997),
Jag de Bellouet (hiver 2004-2005) et
Ready Cash (hiver 2011-2012). Voilà quatorze ans que le doublé n’a pas été réalisé.
Il y a forgé sa légende
Capitole (Passionnant) est le seul triple vainqueur du Prix de Bretagne-Amérique Races Q1. Il possède aussi comme particularité de figurer au palmarès avec deux entraîneurs différents. En 1995, à l’âge de 5 ans, c’est pour le compte de son premier entraîneur Leopold Verroken, qu’il remporte son premier opus. La fin de carrière du professionnel en 1996 concrétise le transfert de Capitole dans les boxes de Michel Lenoir. C’est donc sous la responsabilité de ce dernier que le trotteur alezan qui portait les mêmes couleurs de
Jorky, celles de Bernard Billard, a signé ses deux autres victoires dans le Bretagne, en 1997 et 1998.
→
Record victoires cheval
◆ triple vainqueur :
Capitole (1995, 1997, 1998)
● doubles vainqueurs :
Roc Wilkes (1966, 1967) ●
Toscan (1969, 1970) ●
Grandpré (1978, 1979) ●
Abo Volo (1993, 1996) ●
Olga du Biwetz (2008, 2010) ●
Davidson du Pont (2018, 2019) ●
Hussard du Landret (2023, 2024)
© ScoopDygaKeed TivoliOù en est le tenant du titre ?
Hussard du Landret (Bird Parker) est plus que le tenant du titre de l’épreuve puisqu’il a remporté les deux dernières éditions. Le représentant de Benoît Robin sera l’un des grands absents du meeting 2025/2026 en raison d’un problème à un genou diagnostiqué il y a quelques semaines, en octobre. Il ne pourra donc prétendre rejoindre
Capitole au palmarès, seul auteur d’un triplé dans le Prix de Bretagne.
L’étonnante absence
Aucun champion de la génération dorée née en 2011, qui a pourtant dominé en son temps le trot français, n’a inscrit son nom au palmarès du Prix de Bretagne Amérique Races Q1. Jamais
Bold Eagle (1 participation),
Belina Josselyn (4),
Bird Parker (3) et
Billie de Montfort (1) n’ont pu s’y imposer par exemple. Pourtant les mêmes ont marqué de leur empreinte les autres épreuves qualificatives des Amérique Races. Deux ont remporté une édition du Prix du Bourbonnais-Amérique Races Q2 (
Bold Eagle en 2016 et
Bird Parker en 2017), deux ont décroché quatre éditions du Prix de Bourgogne-Amérique Races Q5 (
Bold Eagle en 2017, 2018 et 2019 et
Billie de Montfort en 2020), quatre figurent au palmarès de cinq Prix de Belgique-Amérique Races Q6 (
Bold Eagle en 2016,
Briac Dark en 2017,
Bird Parker en 2018 et 2019,
Bélina Josselyn en 2020).
Le profil du vainqueur
Que nous apprend la dernière décennie ? Les mâles ont outrageusement dominé l’épreuve (9 gagnants) et l’âge moyen des vainqueurs est de 6,1. Deux lauréats affichaient 5 ans (
Akim du Cap Vert en 2015,
Davidson du Pont en 2018 et
Hip Hop Haufor en 2022). Le plus âgé est
Valko Jenilat en 2017, gagnant à l’âge de 8 ans.
Les femelles très discrètes
On l’a vu, une seule femelle figure au palmarès du Prix de Bretagne-Amérique Races Q1 lors de la dernière décennie. Il s’agit d’
Anna Mix (Ludo de Castelle) en 2016. Seize femelles, seulement, sont au palmarès du Prix de Bretagne –dont une à deux reprises– depuis 1957. C’est
Masina qui a ouvert le score pour elles, en 1961, immédiatement suivie par
Limelight II, en 1962, puis, de manière espacée, par Vanina B, en 1972,
Capri, en 1974,
Gadamès, en 1979,
Katinka, en 1982,
Khali de Vrie, en 1983,
Queila Gédé, en 1988,
Vourasie, en 1994 –huit ans après que son glorieux frère utérin,
Ourasi, se fut lui-même adjugé la course–,
Fiesta d’Anjou, en 1999, et
Fan Idole, en 2000. C’est
Jalba du Pont qui est la première jument au palmarès au XXIème siècle, en 2003. Elle précède
Lady d’Auvrecy, en 2005,
Olga du Biwetz, en 2008 et en 2010,
Roxane Griff, en 2012, et
Anna Mix, en 2016.
L’édition marquante des dix dernières années : 2021
L’archi crack Face Time Bourbon (Ready Cash) s’est présenté une fois au départ du Prix de Bretagne-Amérique Races Q1, en 2021. Il s’y est imposé, établissant simultanément le record de l’épreuve dans la réduction kilométrique d’1’11’’4 au terme d’une remarquable réplique offerte par Etonnant (Timoko). Il s'agira de la dernière victoire de Face Time Bourbon, contraint de mettre un terme à sa carrière quelques semaines plus tard.
Les hommes au sommet du Bretagne
Celui qui a été l’un des leaders français durant trois décennies, de 1960 à 1990, Jean-René Gougeon, demeure le professionnel le plus capé dans le Prix de Bretagne. Et ce, dans les deux tableaux, ceux des entraîneurs (5 titres) et drivers (4). Cette année, il pourrait être égalé dans le tableau des entraîneurs par
Sébastien Guarato (4 fois au palmarès), lequel devrait avoir (notamment)
Krack Time Atout (Face Time Bourbon) sur les rangs. Dans le classement des drivers, Eric Raffin (4 titres), en cas de succès cette année, deviendrait le nouveau et seul leader.
Record victoires entraîneur
→ Jean-René Gougeon (x5) :
Toscan (1969, 1970),
Capri (1974),
Katinka (1982),
Ourasi (1986)
◆ Léopold Verroken (x4) :
Tony M (1968),
Jorky (1981),
Vourasie (1994),
Capitole (1995)
◆ Séb. Guarato (x4) :
Olga du Biwetz (2008),
Roxane Griff (2012),
Valko Jénilat (2017),
Face Time Bourbon (2021)
Record victoires driver
→ Jean-René Gougeon (x4) :
Capri (1974),
Bellino II (1975),
Katinka (1982),
Ourasi (1986)
→ Eric Raffin (x4) :
Olga du Biwetz (2010),
Roxane Griff (2012),
Valko Jénilat (2017), Face Time Bourbon (2021)
● Franck Nivard (x3) :
Kool du Caux (2007),
Ready Cash (2011),
Anna Mix (2016)
© ScoopDygaFace Time Bourbon et Eric Raffin en 2021