Epic Kronos et Daniel Redén : leur rêve d'Amérique
Epic Kronos figurait parmi les concurrents scandinaves les plus attendus au départ du Prix Ténor de Baune-Amérique Races Q4 (Groupe 1), disputé ce dimanche. Et pour cause : son entraîneur, Daniel Redén, avait fait de ce Groupe 1 qualificatif au Prix d’Amérique Legend Race un objectif de longue date pour le vainqueur du Grand Prix de l’UET (Gr.1) 2024. Le défi a été relevé avec le brio que l'on sait.
Toujours en quête de son premier sacre dans l’épreuve reine française, le charismatique professionnel suédois tient peut-être là, en Epic Kronos (Muscle Hill), le champion capable de transformer son rêve en réalité. La prestation dominicale du protégé de Daniel Redén a tout simplement été exceptionnelle, couronnée par un nouveau record de l’épreuve en 1’11’’2. Le champion de la Stall Zet s’affirme désormais comme l’un des prétendants les plus sérieux au sacre lors du dernier dimanche de janvier. Les propos d’après-course de son driver, Paul Ploquin, au sujet de son partenaire, sont à l'unisson : "On a vu un phénomène sur la piste. Il a avalé la bosse comme un vrai champion." Autant dire que le 5 ans suédois (qui affichera 6 ans à l'été civil en janvier) n'aura qu'un objectif en tête le jour J : la victoire. Il redonnerait aussi des couleurs au trot suédois, en retrait face aux représentants français ces dernières années.
© AprhEpic Kronos et Daniel RedénLe portrait du vainqueur
Lauréat de quinze de ses vingt-six sorties publiques,
Epic Kronos a dévoilé de très sérieux moyens dès ses premiers pas en compétition. Qualifié au mois d’avril de ses 3 ans, il fait forte impression lors de ses débuts sur l’hippodrome de Gävle, laissant son premier dauphin à nette distance, alors associé à son entraîneur. Vainqueur de cinq de ses six premières courses, il tente ensuite sa chance dans l’épreuve qualificative du Svenskt Trav-Kriterium (Gr.1) mais, seulement quatrième, il échoue aux portes de la qualification. Son année 2024 est d’un tout autre acabit. Il y décroche ses principaux titres avant son sacre dans le Critérium Continental français. Son premier est une victoire dans la finale du Grand Prix de l’UET (Gr.1) sur l’hippodrome de Vincennes, après avoir remporté sa batterie éliminatoire à Åby. Peu avant, il avait décroché la deuxième place du Svenskt Trav-Derby (Gr.1). Il était alors devancé par le champion
Fame And Glory(se) (Tactical Landing), lequel, malade, a malheureusement dû déclarer forfait pour la lutte de ce dimanche.
À la fin de la saison dernière, Daniel Redén décide de ne pas se rendre à Vincennes pour le meeting d’hiver, estimant son cheval encore trop vert et insuffisamment endurci physiquement pour un tel défi. En revanche, il avait annoncé dans une interview accordée à 24h Le Mag du vendredi 7 février 2025 (numéro 1.624), que le meeting d’hiver 2025/2026 constituerait un véritable objectif pour
Epic Kronos. Nous y sommes et Daniel Redén ne s’était pas trompé.
Un grand succès pour Daniel Redén
Daniel Redén a recueilli dimanche son deuxième succès de Groupe 1 sur notre sol, lui qui possède déjà un palmarès XXL en Suède. Son premier avait également été l’apanage d’
Epic Kronos, vainqueur l’an dernier le Grand Prix de l’UET (Gr.1). Pour cet amoureux du trot français, cette victoire a une saveur toute particulière :
"Ce succès représente beaucoup pour moi. C’est une course mythique et très difficile à gagner. Sa dernière victoire à Solvalla était superbe et le cheval était parfait à l’entraînement depuis. J’ai senti qu’il était encore monté en condition sur cette course. Il était très calme à Grosbois en compagnie de sa copine La Yuca. Il réalise une course fantastique. Dans la montée, il était entouré de très bons chevaux mais il les a, pour ainsi dire, déposés. Il adore Vincennes et est sûrement le cheval le plus dur que j’aie entraîné. Je suis certain qu’il va très bien vieillir. Il est un peu spécial dans son allure mais c’est un très grand cheval, pas précoce qui possède encore une certaine marge de progrès."
L’entraîneur suédois évoque ensuite le programme des prochaines semaines pour son pensionnaire :
"Il va repartir dès demain (lire lundi) en Suède. Il adore la piste fouillante et en a besoin pour sa musculature car c’est un très grand cheval. J’espère que la météo sera favorable afin qu’il puisse courir une ou deux fois à Solvalla avant le Prix d’Amérique. Mon objectif était de le qualifier pour l’Amérique, c’est désormais chose faite. Je voulais vraiment remporter cette course pour être serein dans sa préparation. C’est un vrai cheval de Prix d’Amérique." La couleur est annoncée.
Un duo qui fonctionne à merveille
La collaboration entre Daniel Redén et Paul Ploquin est finalement très récente. Elle remonte en effet au 15 décembre 2024, soit il y a un peu plus d’un an, lorsque le jeune professionnel se trouve associé à
Chestnut (Jocose) à Vincennes. Depuis, le redoutable tandem a été formé à 23 reprises au total, dont 18 fois en France et 5 en Suède, pour un bilan de quatre victoires (17 %), neuf podiums (39 %) et quinze places dans les cinq premiers (65 %).
La victoire de ce dimanche constitue bien entendu leur plus grand succès commun même si celle de
Don Fanucci Zet (Hard Livin) dans une batterie de l’Elitloppet, en mai dernier, suivie de sa deuxième place en finale, avait déjà une saveur particulière. Daniel Redén explique les raisons qui l’ont conduit à accorder une confiance croissante au jeune trentenaire mayennais :
"J’ai pris le temps de regarder beaucoup de courses à Vincennes. J’avais besoin d’un driver qui ne soit pas trop offensif et Paul m’a semblé être la bonne personne. Il est très attentif à ses montures. Nous communiquons généralement par SMS : il m’écrit en français et j’utilise ensuite ChatGPT pour lui répondre. Il m’écoute, fait le papier et regarde les courses que je lui transmets, ce qui me paraît extrêmement important. Il est très intelligent et n’en dit jamais trop. Il est un peu comme moi, finalement…"
© AprhDaniel Redén ce dimanche à VincennesUn nouveau crack pour Antonio Carraretto
L’Italien Antonio Carraretto est l’homme derrière le label Kronos, suffixe mondialement reconnu dans l'univers du trot. Son élevage, installé dans le nord-est de l’Italie, aux portes de Padoue, a véritablement pris son essor à la fin des années 1990 avec le champion
Viking Kronos (American Winner), qui a également laissé une empreinte majeure dans l’élevage international.
Epic Kronos a été acquis à l’amiable par Johan Arneng, homme de confiance de Daniel Redén, qui s’était rendu en Italie afin de conclure l’affaire sur place à l'amiable avec Antonio Carraretto. Comme un clin d'oeil du destin, on notera qu'
Epic Kronos est rattaché au stud-book suédois via la structure d'élevage Winged Lion Breeding AB, cadre d'une association entre Antonio Carraretto, Renato Bruni et Kjell Åke Nilsson. Présent ce dimanche, l'éleveur italien était bien sûr ravi de la prestation de son cheval :
"C’est un super cheval. Je suis arrivé d’Italie il y a deux heures (lire 13 heures dimanche) et je repars dans la foulée. Mais je devais venir car il fait partie du top-3 des champions que j’ai élevés, avec Viking Kronos et Going Kronos."
Des mots forts de la part de cet éleveur passionné, tant les champions issus de son élevage sont nombreux. Antonio Carraretto inscrit ainsi son nom au palmarès du Prix Ténor de Baune-Amérique Races Q4, lui qui s’était déjà illustré lors de cette réunion en 2016 lorsque
Treasure Kronos (Raja Mirchi) avait remporté le Critérium Continental-Amérique Races Q3.
Il fait partie du top-3 des champions que j’ai élevés, avec Viking Kronos et Going Kronos. (Antonio Carraretto)
Du classique sur du classique
Epic Kronos 1’10’’ est issu d’un croisement illustre entre père américain et mère française avec, dans chaque cas, ce qui se fait de mieux de dans chaque livre généalogique. Le père est par
Muscle Hill 1’08 et la mère une fille de
Ready Cash 1’10 dénommée
Firefly 1’13. Cette élève de Jean-Pierre Dubois, sous la bannière italienne de la Scuderia Bolgheri, a couru seize fois, en France, à 2 et 3 ans, pour une dizaine de places, y compris à Vincennes et à Enghien, sans parvenir à s'imposer. Présentée à la vente du Prix d’Amérique d'Arqana Trot 2018, au début de son année de 3 ans,
Firefly en a été le top-price, à 220.000 euros, pour le compte de Renato Bruni. Un prix justifié par une ascendance maternelle exceptionnelle. Sa mère
Topaze Bourbon (Love You) est une propre sœur de la championne
Qualita Bourbon 1’12 et une demi-sœur de la non moins douée
Mara Bourbon 1’10 (And Arifant) ainsi que de
Sam Bourbon 1’11 (Goetmals Wood) et de
Kamera Bourbon 1’13 (Cézio Josselyn), grand-mère d'un certain
Face Time Bourbon 1’09.
Le croisement d’
Epic Kronos est un classique du genre –
Muscle Hill x
Ready Cash– et celui de sa mère
Firefly –
Ready Cash x
Love You– en est un également.
Francesco Zet dans l'Amérique avec Daniel Redén ?
Autre champion entraîné par Daniel Redén, Francesco Zet (Father Patrick) poursuit sa montée en puissance en Suède. Même s'il reste sur une sortie quelque peu décevante, le 29 novembre à Solvalla (5ème), son entraîneur espère pouvoir le présenter dans le Prix d'Amérique 2026. "Il ne viendra pas à Vincennes auparavant et il faudra donc être chanceux pour obtenir une place aux gains. Il va courir à Solvalla pour entretenir sa forme et sa prochaine sortie est prévue ce vendredi (26 décembre)", explique-t-il.
L’autre information importante en vue d’une éventuelle participation au Prix d’Amérique concerne le choix du driver. "Il se peut que mon cadeau de Noël arrive en retard cette année. J’ai en effet le projet de le driver moi-même dans le Prix d’Amérique. C’est un cheval très spécial et je préfère donc être à son sulky", confie-t-il.
© AprhEpic Kronos, Daniel Redén et Antonio Carraretto à Vincennes en 2024 avec le Grand Prix de l'UET