Jean-Pierre Barjon : créer de La valeur est sa boussole
Les élections socioprofessionnelles de la Société d'Encouragement à l'Elevage du Trotteur Français (SETF) se clôtureront mardi 31 octobre à 14 heures. Ils sont 51 candidats dans les cinq collèges nationaux et 221 candidats dans ces mêmes cinq collèges déclinés dans chaque fédération régionale [lire notre édition du 6 octobre]. Parmi eux, quatre ont fait acte de candidature à la présidence de la SETF. Nous leur avons donné la parole pour qu'ils présentent leur projet et développent en quelque sorte leur programme. Premier* entretien avec Jean-Pierre Barjon.
Président en fonction de la Société d’Encouragement à l’Elevage du Trotteur Français (SETF), Jean-Pierre Barjon est candidat à sa propre succession. Il aura signé sa mandature actuelle par plusieurs grandes réformes, notamment celle sur les statuts de la société mère, et introduit des pratiques de marketing des produits de grande distribution dans le monde du trot. Entrepreneur, cet ex patron des limonades Lorina, dont il a orchestré avec succès la relance industrielle, a la création de valeur pour retour aux allocations comme boussole permanente. Egalement adepte de la rigueur budgétaire, épaulé en la matière par Patrick David, administrateur et gestionnaire désigné, Jean-Pierre Barjon a, de par sa position, voulu adosser ses réponses sur son bilan.
Dossiers à l’appui, il nous a répondu en visioconférence d’un aéroport, entre deux avions, la semaine dernière. Il avait reçu les mêmes informations préparatoires [lire notre méthode en page 5] que les trois autres candidats à la présidence de la SETF et a accepté, comme les autres, de bonne grâce notre règle du jeu. *Le tirage au sort lui a attribué la première place dans notre ordre de passage. Candidat dans le collège national des Propriétaires (5 sièges pour 19 candidats), il y sera opposé à deux autres candidats à la présidence : Gilles Jeziorski et Caroline Sionneau. Le quatrième candidat déclaré, Stéphane Provoost, se présente de son côté dans le collège des entraîneurs (4 sièges pour 15 candidats).
Fiche d’identité
▪️ Jean-Pierre Barjon | ▪️ 64 ans
▪️Profession : gérant du haras de la Source et des Chênes (17ème au classement des éleveurs), gérant de l'Ecurie Jean-Pierre Barjon (6ème propriétaire en 2023)
▪️ Mandat : président de la SETF
▪️Candidat dans le collège national des Propriétaires et le collège régional des Propriétaires (Île-de-France et Haute-Normandie)
ELEVAGE
24hautrot - Quelle est la place de l’élevage dans la mission régalienne de la SETF ?
Jean-Pierre Barjon - La mission d’élevage de la SETF est écrite noir sur blanc dans ses statuts et consiste en l’amélioration de la race du Trotteur Français. Je dirais que c’est la raison d’être de la société, qui passe par l’élaboration d’un programme de courses et fait, finalement, référence à tout. Améliorer une race de cheval de courses, c’est aussi en assurer sa croissance et sa diffusion. Pour cela, l’Etat nous a donné le monopole de l’organisation des courses et le monopole de la prise de paris dans les points de ventes pour générer des ressources qui servent à rémunérer les socioprofessionnels et motiver les investisseurs. Je dirais finalement que l’élevage est le point de départ d’un ensemble complexe pour lequel l’objectif est d’améliorer la race. Un objectif qui se réalise ensuite par un entraînement de plus en plus performant.
Quelle est votre analyse de l’élevage actuel ?
Le constat est qu’aujourd’hui le Trotteur Français, comme filière, est leader dans le monde sur la base de la race du Trotteur Français. C’est l’ensemble de nos moyens qui nous donne ce leadership avec les plus belles courses, les plus beaux hippodromes, le plus grand nombre de partants, un programme de courses extrêmement bien construit pour faire durer le cheval de 2 à 11 ans, la plus importante filière de professionnels qualifiés, etc. Je fais la différence entre le résultat obtenu sous la marque Trotteur Français par la société mère (l’acquis) et l’élevage à proprement dit qui a fait naître un cheval (l’inné). Quand on parle du succès du Trotteur Français, on doit parler de l’inné et de l’acquis.
Lors de la dernière mandature, la SETF a organisé les premières Assises de l’Elevage. On a alors publié des contenus importants avec de nouveaux outils pour l’élevage basés sur les apports génomiques – identifiant notamment 39 gênes impliqués dans les performances au trot. C’est le prolongement d’une étude commandée par le président Dominique de Bellaigue à l’INRAe. Cette étude est un élément de réponse à la problématique de l’éleveur qu’on pourrait définir comme vouloir ouvrir un coffre-fort sans les clés. C’est très, très complexe. C’est à la fois de l’intuition et de la chance mais aussi, bien sûr, un savoir-faire. Lors de ces Assises, la SETF a aussi fourni une étude importante, en partenariat avec l’IFCE, sur la contribution des ancêtres majeurs dans tous les pedigrees. Prochainement, la représentation de la composition raciale sera disponible. Elle permettra de différencier le jeune sang américain à partir de
Star’s Pride, via
Florestan, du vieux sang américain introduit dans les années 1930 et 1940. Nous avons aussi présenté une étude montrant l’évolution de la consanguinité dans le livre généalogique. Nous avons aussi parlé du transport de semence avec un représentant du Ministère de l’Agriculture qui a expliqué qu’il n’y avait aucun lien entre le transport de semence et l’ouverture des courses. La société mère est dans du régalien mais aussi du support pour donner un maximum d’outils et de supports aux éleveurs. Côté économique, on a réévalué de 21,3 % le budget de la prime à l’éleveur entre 2019 et 2023. Si on parle d’espérance de gains d’élevage par cheval, on passe même à +29 % par cheval. C’est important pour un métier aux forts investissements, tout comme le sont les résultats en hausse des ventes de yearlings 2023. Quelque part, la confiance est retrouvée dans la gestion du Trotteur Français et l’éleveur obtient des résultats tangibles.
Quel est votre projet/vision pour l’élevage dans 10 ans, en 2035 ?
Valoriser au mieux le meilleur de notre élevage. On a déjà simplifié les règles opposables aux éleveurs avec l’autorisation de la mise à la reproduction à 3 ans des pouliches de 1re catégorie. On s’aligne ainsi sur les règles internationales de l’élevage. Le projet est de continuer à lever le maximum de contraintes associées à l’élevage pour lui permettre de s’épanouir dans les règles sociétales actuelles, comme le bien-être animal dont on reparlera.
Quelle serait la mesure phare en matière d’élevage de votre mandature ?
Il va falloir collectivement apporter une réponse au problème de la consanguinité du Trotteur Français. Un consensus semble se dégager autour de l’introduction temporaire de courants de sang complémentaires. Ce serait de la rétro-innovation en recourant à une méthode utilisée dans les années 1980 avec les apports de
Workaholic,
Mickey Vicking,
Viking’s Way,
Coktail Jet,
And Arifant, etc. La société mère pourrait proposer à tous, sous principe de tirage au sort régulé et d’un prix maîtrisé, comme cela avait été fait à l’époque par les Haras Nationaux, l’accès à des courants de sang complémentaires. Plusieurs scénarios sont possibles. Une idée me semble intéressante : sélectionner quatre chefs de race standardbreds – les quatre meilleurs – et la SETF pourrait acheter pendant deux ou trois ans 25 saillies (ou plus) de chacun qu’elle mettrait donc à disposition des éleveurs français comme je l’ai précisé juste avant pour des juments de 1re catégorie. L’avantage est qu’on ne défendrait pas des intérêts particuliers à vouloir acheter tel ou tel étalon et qu’on ne prendrait pas le risque d’acheter un ou deux étalons qui ne reproduiraient pas à la hauteur escomptée.
Il me semble aussi important de créer une fédération nationale des éleveurs. Aujourd’hui, les éleveurs ne sont pas assez entendus, et pas assez équipés pour se défendre ou communiquer.
© ScoopDyga LE MODÈLE DE LA SETF
Quel modèle structurel prônez-vous pour la SETF ?
D’abord je tiens à préciser que la SETF, en cogestion avec France Galop, est vraisemblablement la plus grande association loi 1901 du monde. Présider une telle association, c’est assurer des coresponsabilités autour d’une architecture industrielle de société. Les chiffres pour illustrer cela : 233 hippodromes à fédérer ; 4 hippodromes à gérer dont le navire amiral Paris-Vincennes ; le plus grand ensemble d’entraînement de trotteurs du monde (Grosbois) ; une chaine hippique tv numéro 1 en Europe sur les temps d’émission en direct ; un pôle média avec un budget associé de 57 millions d’euros ; la Fédération Nationale des Courses Hippiques (FNCH) ; un laboratoire de contrôle anti-dopage unique au monde ; une structure d’emploi et de formation, l’AFASEC, avec 5 établissements ; une entreprise GTHP regroupant les 57 métiers nécessaires à l’organisation des courses ; le GIE PMU avec 1.080 collaborateurs, 14.000 points de ventes, une des capacités informatiques les plus puissantes de France et un budget de charges de 322 M€. Au total, cela représente plus de 3.000 collaborateurs et un budget de charges globales de 430 M€ en cogestion et coresponsabilité. La SETF gère en direct pour son propre compte 60 M€ soit un total près de 500 M€ de charges. Des dimensions qui impliquent une réelle maîtrise des enjeux financiers. La SETF génère 1 Md€ de marge brute (avant fiscalité) et sa gestion est attribuée à un Comité. En résumé, c’est une taille de multinationale avec des outils et des moyens exceptionnels au service d’une association pour développer la filière agricole. C’est une architecture gigantesque. On travaille à tous les niveaux : local, régional, national et international. Et l’organisation de la SETF est exceptionnelle avec les apports des travaux des commissions. Cela permet à la fois transparence et expertise. Ces dossiers sont proposés au Conseil d’Administration qui les valide et les passe ensuite au Comité. À ce sujet, être président de la SETF, c’est disposer d’une voix sur 52 au Comité. Pour faire passer nos propositions, nous devons réunir 27 voix. Et je tiens vraiment à démystifier les choses car le président n’a qu’une voix sur 52. Le fonctionnement de la SETF est à la fois transparent et associatif.
Quel positionnement du trot imaginez-vous au sein de la filière course ?
On a staffé l’organigramme de la société pour avoir des cadres capables de prendre leurs responsabilités sur la cogérance. On a demandé cette année pour la première fois à nos structures de construire un budget qui répond à nos attentes alors que, par le passé, elles nous envoyaient un budget et nous le consolidions. L’ordre est désormais complètement inversé. Arnaud Barentin, directeur de la transformation et des services supports, est en première ligne sur ce sujet.
Comment concevez-vous le fonctionnement SETF/France Galop/PMU ?
Les deux sociétés mères ont deux monopoles décrits dans notre mission : celui d’organiser les courses et celui de pouvoir organiser une prise de paris. Ces deux monopoles nous sont donnés avec une obligation en retour : celle de développer et redistribuer de la valeur pour la filière. On doit donc être jugés sur notre capacité à développer de la valeur. Pour cela, on peut agir par des baisses de charges, par une meilleure organisation et des meilleurs produits pour nos clients, les parieurs. La valeur créée est, au trot, distribuée par les membres du Comité. C’est là où le milieu associatif est fantastique et exclut tout intérêt particulier. Quant au discours dans l’air du temps qui dit qu’il y a une concentration des ressources vers moins de professionnels est battu en brèche par les chiffres. La part des gains des 10/100 et même 200 premiers entraîneurs de 2022 a en moyenne deux fois moins progressé que les allocations. Concernant la répartition Paris/province, je tiens à rappeler que, aujourd’hui, 86 % de nos 11.000 courses annuelles sont organisées en province, les 14 % restants étant à Paris. 162 M€ d’allocations sont distribués en province et 84 M€ à Paris. Il y a vraiment un cercle vertueux avec la distribution de la valeur créée par les courses Premium qui est redistribuée dans les courses PMH, lesquelles représentent 55 % en nombre.
Quel rôle pour le PMU ? Qu’attendez-vous du PMU dans votre modèle ?
Le PMU est une structure sous forme de Groupement d’Intérêt Économique et un outil technique créé très intelligemment par les sociétés mères, il y a longtemps, pour mutualiser la prise des paris. On attend que le PMU soit une structure avec un savoir-faire et une équipe de professionnels animée par une vraie ambition dans le cadre d’un plan à trois ans pour développer de la valeur. L’arrivée de Richard Viel et son expérience managériale ont enrichi le PMU. Celui-ci répond désormais peut-être plus aux questions des grandes entreprises privées : comment délivrer plus de valeur en année N, tout en travaillant la croissance nécessaire des années N+1 et N+2. C'est ainsi qu'un plan à trois ans a été présenté l'année dernière et constitue notre fil rouge lors de nos échanges. Dans ce contexte, notre diagnostic est très clair : il y a les paris hippiques qu'il faut continuer à développer, avec une famille de produits qui existe depuis déjà longtemps. Toutefois, il y a différentes pratiques de jeux et la cible des jeux hippiques a été clairement identifiée et doit être développée. Notre souhait est qu'elle participe activement à la croissance de nos ressources.
FORMATION/ EMPLOI
Préambule et constat : la filière est confrontée à un problème sur les sujets de la formation et de l’emploi. Tous les socioprofessionnels font face à des difficultés dans le recrutement.
D’où vient le problème ?
Le défi le plus important aujourd’hui est l’emploi. Il est même dans l’urgence devenu plus pressant que la formation. On connaît aujourd’hui un déficit de salariés qui met en danger notre capacité à produire des partants. Il y a deux ans, avec Patrick David, nous avions identifié ce problème et modifié la recherche du profil du nouveau directeur de l’AFASEC en l’orientant sur l’emploi. C’est comme cela que nous avons recruté Guillaume Herrnberger. Depuis, l’AFASEC est devenue une structure d’emploi et de formation. Un autre nouveau pôle de l’AFASEC est le recrutement de collaborateurs formés et prêts à l’embauche. La structure a ainsi permis le recrutement de 150 candidats depuis le 1er janvier.
Quelles sont vos solutions pour y remédier ?
Il est nécessaire d’améliorer la phase de recrutement et de sélection des élèves. Dans son activité formation, l’école des courses affiche 23 % d’élèves en plus en deux ans. On est à 720 élèves cette année pour une capacité maximale de 1.000. Surtout, le taux d’abandon a baissé de 30 %, ce qui signifie que la sélection est plus efficace. Notre filière connaissait aussi une absence de formation continue pour ses métiers dont celui d’entraîneur. Un programme de formation continue, incluant marketing, juridique et gestion, est à présent disponible. Je rappelle que l’AFASEC, c’est un budget de 35 M€ avec 270 salariés. On a désormais des outils dans la filière et on commence à avoir des résultats.
Il faut aussi travailler sur deux grandes actions : attirer et fidéliser. Pour attirer, il faut que l’AFASEC prône la bonne parole et anime un réseau plus dense avec des structures externes pour répondre à tous les besoins de formation au niveau national. On a demandé à l’AFASEC d’élargir son rôle auprès d’autres établissements de formation comme les MFR ou des établissements publics comme le CFA de Laval.
Un autre axe d’intervention est le renforcement du partenariat entre la SETF avec les associations de poneys trotteurs. Il y a l’exemple réussi de la Suède.
Par ailleurs, pour fidéliser et mieux retenir les salariés, je proposerais que chaque centre d’entraînement entre dans le programme de labellisation EquuRES Bien-être au travail.
Il faut aussi aborder un volet très important pour attirer et retenir les jeunes : la promotion d’une politique pour augmenter le nombre de jockeys montés. La discipline de l’Etrier est importante dans ce volet recrutement et formation. C’est là que beaucoup de professionnels ont appris leur métier. Regardez les leaders actuels comme Eric Raffin, Alexandre et Matthieu Abrivard, Yoann Lebourgeois. Ces grands drivers viennent tous de l’Etrier. Il faut aussi proposer une vie professionnelle aux femmes jockeys, à l’image par exemple de ce qui a été fait avec succès au galop il y a quelques années (en réservant des courses aux femmes jockeys et en accordant des décharges aux femmes après 50 victoires). Et on constate qu’on manque de jockeys pour aller aux courses et soutenir la croissance de la discipline de l’Etrier. De jeunes entraîneurs ont actuellement conscience qu’il faut encourager leurs apprentis et salariés et réclament plus de programme monté pour les faire courir. Parmi les autres mesures à étudier, il y a la restauration à un coût minimum voire gratuit des personnels sur les hippodromes Premium et la création de récompenses des employés les plus méritants, dans l’esprit des Trophées du Personnel du galop.
Quelle place pour les courses dans la société (notion d’attractivité) ?
Je constate que l’attractivité du cheval en milieu urbain reste très élevée. Quand on se donne les moyens, comme récemment à Vincennes (N.D.L.R. : lors de la réunion des Critériums), on a fait 15.000 spectateurs au lieu de 9.000 un an plus tôt mais, une fois qu’on a fait cela, on a fait 8 % de PMH en moins. Il y a donc plusieurs attractivités. Celle du jeu est de son côté très connectée à Equidia. Sans direct des courses, les paris baissent. Et c’est bien cette attractivité du jeu qui crée de la valeur. On investit aujourd’hui 57 M€ dans notre pôle médias et c’est déjà beaucoup. On ne peut pas vraiment aller au-delà.
BIEN-ÊTRE ET DOPAGE
Bien-être équin et du cheval de course. Peut-on parler de contrainte ou d'opportunité ?
C’est un enjeu social majeur et une prise de conscience inévitable. Le bien-être équin est au cœur des préoccupations. Les courses se sont dotées du programme RaceAndCare dans le domaine. Il faut aussi ajouter que la SETF anime des projets de recherche, notamment sur l’impact du déferrage. Ce sont vraiment des innovations. Au-delà de défendre les bonnes pratiques, on va plus loin. On a demandé au professeur Denoix, une sommité mondiale sur le sujet, de nous rejoindre au sein des membres associés au Comité. La pression des courants animalistes est énorme. Interdiction des animaux dans les cirques, fin des balades à poneys à Paris en 2025. Cette année, il y a eu une proposition de loi pour changer le statut du cheval et le passer en animal de compagnie et non plus de rente. On sait aussi qu’il y a interdiction de la cravache dans certains pays. Mon message est de dire que chaque professionnel doit assurer la pérennité de la filière par ses actions sur le sujet du bien-être équin. Ce n’est pas que le sujet du président de la SETF. Chaque acteur de la filière doit s’impliquer dans l’avenir des trotteurs après leur carrière sportive ou de reproducteur. Au niveau de la société mère, je propose d’étendre les actions vers les acteurs de la reconversion. Il s’agit aussi de développer une veille sur les décisions des autres pays concernant le bien-être équin pour mieux encadrer nos réglementations, par exemple sur le déferrage et l’usage de la cravache. Les hippodromes doivent devenir la vitrine du bien-être équin avec l’objectif que 100 % des hippodromes adhèrent à la démarche RaceAndCare. Il y en a actuellement 40 %.
Fait-on assez et assez bien dans la lutte contre le dopage ?
Ces dernières années, des actions ont encore conforté la lutte anti-dopage. Il y a eu 18 % de prélèvements à l’entraînement en plus entre 2022 et 2019. On a effectué 235 prélèvements avant courses l’an dernier, il n’y en avait pas en 2019 (les 1ers ont été lancés en 2021). Ajoutons encore 22 % d’opérations bicarbonate en plus en 2022 sur 2019. En concertation avec le galop, la SETF a mis en place des opérations coup de poing sur des hippodromes. Depuis juin 2023, il y en a eu cinq au trot. On a refait tester aussi les prélèvements effectués dans les Groupes importants en 2014 et 2015. C’est par exemple la technique qui a permis de confondre Lance Armstrong au vélo. Tous ces tests ont été négatifs. En 2019, on recherchait 1.158 molécules, dorénavant, on est passés à 1.510. Le spectre de recherche s’est agrandi de 352 molécules supplémentaires. Cela représente 13 M€ pour ces opérations.
Qui doit être le garant des règles ?
Il y a une architecture mondiale des laboratoires agréés pour faire ces contrôles. Le laboratoire des courses qui nous appartient fait partie de ce réseau et effectue ainsi des contrôles d’échantillons étrangers suivant la logique d’un échantillon A et d’un échantillon B contrôlés par un laboratoire tiers si le premier est positif. Notre laboratoire possède cette reconnaissance mondiale. S’il n’était pas bon, il la perdrait. Il faut bien comprendre que ce n’est pas la SETF, France Galop ou la FNCH qui font ce qu’ils veulent de ce laboratoire puisqu’il y a une organisation mondiale qui intervient aussi pour contrôler ses process. Il faut arrêter de penser qu’il y a un petit village gaulois où l’on fait des choses, ce n’est pas le cas. Ajoutons encore que, dès lors que l’Etat a donné le régalien aux deux sociétés mères, il a toujours refusé de rentrer dans un financement du contrôle anti-dopage. Impossible encore de privatiser le contrôle anti dopage car on est le plus gros donneur d’ordre. Si le laboratoire était privatisé, les courses resteraient en situation de quasi monopole comme client ultra majoritaire. Quant à dire que le laboratoire ne trouve rien, c’est faux. Il a mis en évidence la présence de cobalt dans certains échantillons contrôlés par exemple. Ce qu’on peut dire, c’est que dans l’état de l’art aujourd’hui, et dans un environnement de contrôle mondial, le Trotteur Français est clairement sous contrôle avec très peu d’échantillons positifs : 0,2% en France contre plus de 4% identifiés quand il s'agit d'échantillons hippiques internationaux. Notre laboratoire est donc bien en capacité de chercher et de trouver.
NOTRE LIGNE ÉDITORIALE ET LA MÉTHODE RETENUE
Un éclairage s'impose à notre séquence "présidentielle". Notre ligne éditoriale est construite sur l'équité des espaces de paroles donnés à chaque candidat(e). Une exigence d'équité que nous avons concrétisée dans un questionnaire identique soumis aux quatre candidat(e)s. L'ordre de passage de nos grands entretiens avec les candidat(e)s a été tiré au sort.
Les cinq thématiques proposées à tou(te)s:
1️⃣. L'élevage
2️⃣. La SETF (modèle et rôle)
3️⃣. Formation / Emploi
4️⃣. Bien-être équin et dopage
5️⃣. Votre vision d'avenir
Sur ce point, il s'agira de nous projeter en 2030 en nous décrivant le Prix d'Amérique tel que vous l'imaginez (partants, allocations, lieu, conditions, etc.)
Carte blanche : un thème/sujet sur lequel chaque candidat(e) souhaite s'exprimer en complément
VOTRE VISION D’AVENIR
Décrivez-nous le Prix d’Amérique 2030 ou 2040 : quelle vitrine représente-t-il de votre vision d'avenir ?
En 2030, le Prix d’Amérique n’est plus seulement la course la plus prestigieuse du monde mais c’est aussi l’événement sportif mondial de référence. Bien au-delà du seul milieu des courses, un peu comme l’est le Super Bowl dans le football américain. Le Prix d’Amérique redevient la course la plus dotée au monde. Le plateau de partants, pouvant accueillir des chevaux prestigieux, renforce l’attractivité commerciale de l’épreuve. Le nouveau Paris-Vincennes, ou le nouvel hippodrome, accueille 80.000 personnes grâce à des tribunes éphémères avec, par exemple, la tribune dans le virage Ready Cash ou la ligne droite Bold Eagle. On découvre des gradins de type Formule 1 offrant des points de vue inédits dans la course. Un assistant personnel, véritable intelligence artificielle dédiée à l’événement, permettra à chaque spectateur d’être plus engagé sur l’événement : paris, parcours client. En ouverture de la réunion sera organisé le Prix d’Amérique Explorer, une course de gala entre influenceurs et personnalités internationales qui enflammera la cendrée et les réseaux sociaux. En fin de journée, chacun pourra fouler la célèbre cendrée de Paris-Vincennes lors d’un défilé festif ouvert à tous les spectateurs. La course sera suivie dans le monde entier et en ligne par plus de 10 millions de personnes grâce aux plateformes de streaming et l’apport du métavers. Les fans pourront y vivre un spectacle enrichi au plus près des acteurs même à l’autre bout du monde. Grâce à la réalité virtuelle, chacun pourra découvrir les coulisses de ce moment unique et choisir son angle de vue (des drivers, des chevaux) et jouer en ligne sur eux grâce au web3. Pour les fans, il sera possible, comme dans d’autres sports, de choisir en direct la caméra pour vivre la course encore plus intensément au cœur du peloton. La caméra travelling au raz du sol permettra de suivre la dernière ligne droite comme en athlétisme et mesurer centimètre par centimètre les foulées des champions. Lors de cette épreuve, les revenus des jeux hippiques dépasseront ceux des paris traditionnels. Et plus de 20 M€ seront collectés. Le Prix d’Amérique sera un nouveau spectacle avec des nouveaux jeux pour de nouveaux clients en vitrine de la modernité d’un trot plus fort, plus innovant et plus puissant. Cette épreuve sera dans les conditions de course actuelles et l’idéal serait qu’elle ait lieu à Paris-Vincennes. Toutefois, il s’agira d’être encore en conformité avec les contraintes environnementales qui pèsent sur notre activité. En quelques mots : être capable d’insérer notre activité rurale dans un monde urbain en 2030.
Au sujet de Paris-Vincennes, aujourd’hui, je ne suis pas certain que le site puisse répondre aux contraintes à venir (30 années de concession). Par exemple, Paris va passer en zone ZFE (Zone à Faibles Emissions) suivant un calendrier précis. À terme, il n’y aura que très peu de camions, plus de diesel. Dans le cahier de charges actuellement étudié par un groupe de travail de 11 membres du Comité, il y a plusieurs nouvelles contraintes : réduction du parking, ouverture à de nouvelles activités, circulation dans le Bois de Vincennes réduite, etc. Et encore plus engageant, la remise en conformité environnementale pour un coût de 40 M€ sans parler d'un loyer indexé multiplié par 15 à 20. Nous attendons en tout état de cause les résultats du travail de notre commission et le comité devra se prononcer ensuite.
CARTE BLANCHE sur un sujet de votre choix
(dans le respect d’une non dénonciation des autres candidats)
Notre projet est de conserver l’organisation solide mise en place depuis quatre ans, qui a permis de construire des super fondations, pour entamer une ère nouvelle. Je souhaite ainsi rappeler que, lors de la mandature en cours, les espérances de gains par cheval affichent + 29 % pour les éleveurs entre 2019 et 2023 et + 19 % pour les propriétaires. Ma candidature, c’est assurer la présidence d’une seconde mandature avec la confiance renouvelée de 9 des 12 administrateurs actuels. Ils répondent présents et sont prêts à accélérer la création de valeur. Les projections budgétaires réalisées nous permettent d’envisager entre +2,5 et 3% de progression des encouragements en 2024. Notre objectif sera d’avoir le plus haut niveau d’encouragements versées de notre histoire.
Tout ceci se fera dans la protection du modèle français des courses. Aujourd’hui, l'équilibre province (86 % des courses et 162 M€ d’allocations) / Paris (14 % et 84 M€) doit être préservé. Notre projet est de garantir des revenus à l’ensemble des acteurs régionaux et nationaux, petites ou grandes structures. Les moyens passeront par la modernisation, la digitalisation qui devra intégrer l’Intelligence Artificielle, une nouvelle offre de jeux qui doit permettre d’aller chercher de nouveaux clients. Il s’agira d’adapter nos hippodromes à de nouveaux modes de consommation. Et il y aura la mise en place de ce nouvel hippodrome phare pour la SETF. Il faudra, avec le Comité, le définir pour qu’il réponde aux enjeux du développement durable et de la modularité, pour accueillir les 80.000 personnes du Prix d’Amérique de 2030 mais aussi pour recevoir les réunions de tous les jours.