Hokkaido Jiel, le pionnier
Ainsi que cela a déjà été souligné dans nos éditions d’hier, La Journée des Champions a été celle des propriétaires-éleveurs, qui ont remporté quatre des cinq plus importantes épreuves inscrites au programme. Lauréate de son premier Groupe 1 attelé, avec Hokkaido Jiel, à la faveur du Prix René Ballière, l’Ecurie Luck est de ceux-là. Elle parvient à ses fins avec un cheval aussi talentueux que méritant, dont elle exploite la lignée maternelle depuis trois générations.
Hokkaido Jiel 1’09’’ (Brillantissime) méritait cette victoire au plus haut niveau, lui qui n’avait pu, jusqu’alors, que s’y placer, sans être, toujours, très chanceux. Dans l’ordre chronologique, on le trouve, ainsi, à la quatrième place du Prix Albert Viel et du Critérium des 3 Ans ou encore à la cinquième du Prix de Sélection et du Critérium des 5 Ans. En parallèle, on pointe une dizaine de succès, mais à l’échelon inférieur. Jean-Luc Dersoir, son avisé et très posé mentor, confirme : "Dernièrement, à Caen, nous avions été battus par Hohneck, puis, à Vincennes, par Idao de Tillard. Cette fois, nous prenons notre revanche. C’est mérité et rassurant, car le cheval restait sur une disqualification dans le Prix Chambon P, où cela ne s’était pas couru pour lui. Mais cela inquiète toujours. Heureusement, il a levé tous nos doutes. Je suis enchanté de remporter, de la sorte, un premier Groupe I à l’attelage, dans le Prix d’Amérique de l’été, qui plus est. Ce n’est pas rien ! Voilà une lacune comblée pour l’écurie, titrée, dans l’autre discipline (N.D.L.R. : voir notre encadré, à ce sujet), mais qui avait besoin de briser la glace, comme l’on dit, dans celle du trot attelé."
"Je suis enchanté de remporter un premier Groupe 1 à l’attelage. Voilà une lacune comblée pour l’écurie, par ailleurs titrée dans l’autre discipline." Jean-Luc Dersoir
La formule Ready Cash-Love You
Hokkaido Jiel illustre l’alliance éprouvée du sang de
Ready Cash 1’10’’ avec celui de
Love You 1’10’’, lesquels sont ses deux grands-pères. Le croisement avec
Ready Cash est obtenu par l’entremise de l’un des plus brillants fils de celui-ci, le bien nommé Brillantissime 1’10’’, lauréat de trois Groupes 1 transalpins et multiple gagnant de Groupe 2 en France. Un
Brillantissime dont
Hokkaido Jiel est le deuxième vainqueur de Groupe 1, sur notre sol, après
Intuition 1’10’’ m. – qui a inscrit à son palmarès les Prix du Président de la République et des Elites, en 2022 –, sachant qu’il en a plusieurs autres en Scandinavie et en Italie.
Un neuvième Groupe 1 à l’actif de la casaque maison
Si les couleurs Luck sont sacrées pour la première fois dans un Groupe 1 à l’attelage, elles n’en sont pas, pour autant, à leur coup d’essai en la matière, sachant qu’elles comptent huit victoires, à ce niveau, dans la discipline du trot monté. Les artisans en ont, tour à tour, été Kitcho d’Ecajeul (Sancho Pança), qui remporta le Saint-Léger des Trotteurs, en 2001, Nobilis Jiel (Gai Brillant), vainqueur du Prix d’Essai, en 2004, puis du Prix des Centaures, en 2005, Quiléa Jiel (Diamant Gédé), lauréate du Prix de Vincennes, en 2007, Surabaya Jiel (Goetmals Wood), gagnante du Saint-Léger des Trotteurs, en 2009, Rombaldi (Lulo Josselyn), à l’honneur dans le Prix du Président de la République, en 2009, et dans le Prix de Normandie, en 2010, et Cassate (Néoh Jiel), qui se distingua dans le Prix de Normandie, en 2017. Quatre de ces succès ont, en outre, été obtenus avec des élèves maisons, ceux de Nobilis Jiel, Quiléa Jiel et Surabaya Jiel. Hokkaido Jiel vient d’en ajouter un cinquième, dans l’autre spécialité.
Sur le fait de savoir pourquoi une consécration aussi tardive dans la discipline du trot attelé, Eric Fremiot répond : "Je pense que cela tient un peu à notre élevage, qui était très français, dans les premiers temps. Et puis, à l’époque, nous travaillions avec Philippe Masschaele et, de ce fait, nous privilégiions le trot monté. Je me souviens aussi que nous avons été plusieurs fois malheureux dans les Critériums avec des chevaux, drivés, à l’époque, par Jos Verbeeck, qui semblaient disposer de bonnes chances. Sans remonter aussi loin, Détroit Castelets avait été près de faire sien ce Prix René Ballière, en 2019, se classant troisième de Bold Eagle et de Looking Superb, en terminant sur la même ligne qu’eux. Deux ans plus tard, il n’avait devant lui que Face Time Bourbon."
Hokkaïdo Jiel est le deuxième produit de sa mère,
Victory Jiel 1’15’’ m., et, à ce jour, il est son seul vainqueur. Les produits les plus récents de celle-ci sont
Kimiko Jiel, une fille de
Rédéo Josselyn qui, pour l’heure, n’est pas qualifiée, Leader Jiel, un mâle de 2 ans par
Charly du Noyer, et un autre mâle, par
Ready Cash celui-là, né cette année, où la jument a été testée pleine d’
Italiano Vero.
Luck-Allaire : d’une saga à l’autre
Victory Jiel "trottait", gagnant trois courses, sous la selle, à Vincennes et étant suffisamment estimée pour prendre part au Prix de Vincennes (Groupe 1), dans lequel elle subira les rigueurs de la disqualification.
"Nous l’avions en grande considération, lorsqu’elle était pouliche, souligne Eric Fremiot, animateur de l’écurie familiale, dans les pas de son grand-père, Jean Luck.
Mais elle a souffert de problèmes ovariens. C’est une jument qui avait beaucoup d’allures et qui convenait bien, à mes yeux, à un étalon précoce et vite comme Brillantissime, dont j’étais tombé amoureux lorsque je l’avais vu se qualifier, à Grosbois. Sa carrière de course ne m’a pas détrompé et, quand il a été syndiqué, nous avons acheté une part. Une façon aussi, pour nous, de poursuivre la saga Allaire, car mon grand-père avait été, naguère, associé avec Pierre Allaire, sur plusieurs chevaux, dont Ukir de Jemma, qui fut deuxième d’un Prix d’Amérique, sous l’entraînement de Philippe (N.D.L.R. : Allaire). De même, mon grand-père acheta Playa, l’arrière-grand-mère d’Hokkaido Jiel, à Pierre Allaire, qui fut, de surcroît, le mentor de Jean-Luc Dersoir, notre entraîneur depuis plus de quarante ans."
"J’étais tombé amoureux de Brillantissime, lorsque je l’avais vu se qualifier, à Grosbois, et, quand il a été syndiqué, nous avons acheté une part." Eric Fremiot
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Ready Cash 1'10''3
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Indy de Vive 1'11''9
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Brillantissime 1'10''6
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Kidea 1'18''2
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Ivre de Victoire 1'15''7
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Buvetier d'Aunou (US) 1'14''4
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HOKKAIDO JIEL
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April Pearl 1'17''6
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Love You 1'10''2
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Coktail Jet 1'11''2
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Victory Jiel 1'15''0
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Guilty Of Love 1'17''1
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Hiosca Jiel 1'15''8
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Jiosco 1'15''8
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Playa
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Le plus rapide en temps total
En termes de réduction kilométrique, Hokkaido Jiel a égalé, en 1’09’’1 – et son dauphin, Hohneck, avec lui –, le record général de Vincennes, que détenaient, ensemble, jusqu’alors, les deux précédents vainqueurs du Prix René Ballière, Vivid Wise As et Face Time Bourbon. Mais, si l’on prend en compte le temps total, c’est lui qui, en 2’25’’03, est le plus rapide, à deux centièmes de seconde près vis-à-vis de Face Time Bourbon. Voilà qui rajoute encore un peu à son exploit.
La dense et prolifique progéniture de Hiosca Jiel
Hiosca Jiel 1’15’’ (Jiosco), la deuxième mère, a été une poulinière prolifique et de qualité, puisque douze de ses treize produits se sont qualifiés et dix ont gagné. Au total, sa progéniture aura glané quelque 1,2 million d’euros, emmenée par trois chevaux avec plus de 200.000 euros de gains, à savoir
Draco Jiel 1’13’’ m. (Quaro),
Quairos Jiel 1’13’’ (Goetmals Wood) et
Unity Jiel 1’12’’ m. (Cygnus d’Odyssée), tandis qu’un quatrième,
Topaze Jiel 1’14’’ m. (Capriccio), a amassé jusqu’à 193.000 euros. Au sein de cette belle densité, il y a, aussi,
Silver Star Jiel 1’15’’ m. (Gai Brillant), qui s’est arrêtée autour de 65.000 euros, en compétition, mais qui, au haras, a donné la semi-classique
Eternal Star Jiel 1’12’’ m., deuxième du Prix Henri Ballière (Groupe 2), à Caen.
Playa : une petite matrone
Hiosca Jiel a elle-même gagné neuf courses et un peu plus de 90.000 euros. Elle compte au nombre des huit vainqueurs engendrés par
Playa, parmi lesquels le meilleur fut le classique
Valberg 1’14’’ (Duc de Vrie), qui, sous la houlette de… Philippe Allaire, s’imposa dans les Prix de la Haye et de Buenos Aires, deux des épreuves vedettes de l’été d’Enghien, après s’être placé dans le Critérium des 4 Ans. De
Playa, véritable petite matrone, descendent les classiques ou semi-classiques
Fairplay d’Urzy 1’11’’,
Gipsa d’Urzy 1’14’’,
Made In Urzy 1’13’’ m.,
Union d’Urzy 1’12’’,
Néoh Jiel 1’13’’ m. et autres
Ezréal Jiel 1’12’’.
Je suis enchanté de remporter un premier Groupe I à l’attelage, dans le Prix d’Amérique de l’été, qui plus est, avec Hokkaïdo Jiel.
Jean-Luc Dersoir
© Pauline Lefaucheux
© AprhUn cinglant démenti
Il fut un temps, pas si lointain, où la génération ayant actuellement 6 ans –celle des "H", donc – était sévèrement considérée par certains, qui la jugeaient d’un niveau moyen. Or, au cours de ces six derniers mois, la promotion en question vient de s’octroyer, avec trois chevaux différents –ce qui est encore plus significatif –, tant le Prix d’Amérique Legend Race, avec Hooker Berry, que l’Elitloppet, avec Hohneck, et le Prix René Ballière, avec Hokkaido Jiel. Le démenti est cinglant, à plus forte raison lorsqu’on se souvient que ce trio n’a pas ménagé sa peine, étant sur la brèche depuis l’âge de 2 ans.
L’empreinte de Fakir du Vivier et d’Héra de Bellouet
Playa, qui n’avait pu que se qualifier, était née dans la pourpre, ayant pour auteur un fameux tandem, constitué de
Fakir du Vivier 1’14’’ et d’une certaine
Héra de Bellouet (1973-Paléo). L’élève de Jean-Claude Monthéan allait devenir une exceptionnelle génitrice, à laquelle on doit, au fil des générations,
Fine Perle 1’16’’,
Full Account 1’13’’,
Gai Brillant 1’14’’,
Rolling d’Héripré 1’10’’,
Royal Dream 1’10’’,
Gu d’Héripré 1’10’’,
Ici C’Est Paris 1’11’’ m. et
Just A Gigolo 1’11’’. Pour ne citer que les gagnants de Groupe 1. Une liste que complète, aujourd’hui,
Hokkaido Jiel.
La réaction d'Eric Fremiot
Si le centre d’entraînement de l’Ecurie Luck est basé dans l’est de la France, son élevage est situé en Normandie, au Haras de la Barbotière, dans le Calvados. Le haras abrite une trentaine de poulinières et, présentement, deux étalons, à savoir Détroit Castelets 1’09’’ (Néoh Jiel) et Hokkaido Jiel. A propos de ce dernier, Eric Fremiot précise encore : "Le cheval est demandé par les éleveurs, étant liste pleine. Cela lui a fait beaucoup de bien de faire la monte. Il a pris de la force et du moral. Tout en l’ayant débuté dès l’âge de 2 ans, nous avons tout de même essayé de le ménager, le déferrant assez tardivement par exemple. Aujourd’hui, à 6 ans, il est au sommet de son art."
Cela a fait beaucoup de bien à Hokkaido Jiel de faire la monte. Il a pris de la force et du moral.
Eric Frémiot (ici après une victoire à Vincennes en amateur)
© ScoopDyga
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© Aprh 
