Figure bien connue du Centre-Est, Jean-Philippe Ducher affiche un palmarès enviable avec évidemment au sommet de celui-ci les victoires de son champion L’Amiral Mauzun dans quelques-unes des plus belles épreuves européennes. À 55 ans, il a décidé de prendre un tournant dans sa vie professionnelle. Il a levé le pied, avec un effectif désormais réduit, et prépare sa transition. En pleine semaine du Festival du Trot du Centre-Est, il nous a accueilli chez lui, à Villeneuve-les-Cerfs, avec une vue imprenable sur le Puy-de-Dôme et les Monts du Forez. Rencontre.
24h au Trot.- Vous n’avez pas encore l’âge de la retraite mais certains signes pourraient inciter à dire que vous allez stopper rapidement votre activité. Vrai ou faux ?
Jean-Philippe Ducher.- Faux. J’ai encore la passion des courses et je souhaite poursuivre pendant quelques années mais plus de la même façon. La retraite n’a pas encore sonné mais c’est vrai que, depuis le mois de juin, je suis désormais seul à l’écurie avec six chevaux. Cela me permet de travailler sereinement et de me dégager du temps pour ma famille, mes loisirs et un nouveau projet. Je suis arrivé dans ce métier sur la pointe des pieds et je partirai de la même manière.
24h au Trot.- Vous pouvez nous en dire plus ?
J.-Ph.D.- Avec ma femme Adelise, nous avons pour projet de développer un gîte sur le haras. Le déclic a eu lieu lors de la crise du Covid. Nous avons alors commencé à réhabiliter une dépendance pour en faire un gîte. Et cela fonctionne bien. L’idée est de poursuivre sur la lancée et d’aménager des logements atypiques. Le fait de baisser mon activité hippique me permettra d’avoir du temps pour ce nouveau projet.
24h au Trot.- Quel regard portez-vous sur votre parcours ?
J.-Ph.D.- J’ai eu la chance de côtoyer durant mon apprentissage Patrick Mottier à ses débuts d’entraîneur avant de rejoindre l’écurie de Philippe Legavre. J’ai aussi travaillé avec Philippe Allaire à Grosbois et Dominik Cordeau.
Ces entraîneurs m’ont permis de voir différentes façons de travailler et ont enrichi mon expérience. Je me suis installé en 1994 avec quelques chevaux sur l’hippodrome de Vichy et je n’ai plus quitté la région. Au fil des rencontres et des victoires, mon écurie s’est étoffée mais toujours avec un effectif de 35 chevaux maximum. Puis, j’ai pu acheter mon établissement en 2003, juste avant l’éclosion de L’Amiral Mauzun.
24h au Trot.- L’Amiral Mauzun est le cheval de votre vie ?
J.-Ph.D.- Oui, même si, au départ, il nous a donné du fil à retordre (rires). Dès son arrivée, j’ai senti un certain potentiel mais j’étais loin d’imaginer la carrière qu’il allait réaliser. Il était assez désagréable puis la castration l’a canalisé. Il nous a fait vivre des moments magiques. Je me souviens de m'être dit, après son succès dans l’Elitloppet en 2007, que si ma carrière devait s’arrêter là, ce n’était pas un problème.
24h au Trot.- C’est difficile de poursuivre après avoir connu un tel sommet ?
J.-Ph.D.- Non, car j’ai toujours eu des chevaux qui ont répondu présent à côté. J’aurais pu augmenter mon effectif durant cette période mais j’ai toujours souhaité avoir une écurie à taille humaine. Je ne me voyais pas entraîner plus de 35 chevaux. L’Amiral a été et restera le cheval de ma vie mais j’ai connu une réussite constante durant toute ma carrière. Je suis proche des 500 victoires en France comme entraîneur (N.D.L.R. : il en compte 498 au 5 juillet 2024) et je suis fier de la régularité de mes résultats depuis mon installation.
24h au Trot.- Quelles nouvelles de L’Amiral ?
J.-Ph.D.- Il va bien. Du haut de ses 24 ans, il garde la forme et un poil de souris même s’il commence à grisonner. Il est dans son paddock avec son fidèle shetland Moussaillon. Ils sont ensemble depuis ses 4 ans et se connaissent par cœur. Il a toujours bon pied bon œil.
24h au Trot.- Quel regard portez-vous sur votre profession ?
J.-Ph.D.- Je fais ce que j’aime et n’ai aucune amertume. Je suis heureux d’avoir mon âge. Je ne veux pas passer pour un vieux c... mais c’est vrai que j’ai connu une période où aller aux courses était synonyme de convivialité et de partage. Une époque où nous nous retrouvions pour pique-niquer avant les courses. Désormais tout cela est révolu. La multiplication des réunions et les horaires atypiques ne permettent plus ces échanges. Le monde change.
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