Calendrier 2026 : pourquoi l'Anjou-Maine prend les devants
Anticiper et préparer en amont les arguments pour valider en bonne intelligence avec les coordinateurs et décideurs nationaux le calendrier des courses de sa zone de couverture. Voilà la démarche lancée la semaine dernière par la Fédération Anjou-Maine. Elle a ouvert et travaillé en interne sur son calendrier 2026. Une démarche originale et sans doute inédite à l’échelon national. Avec André Martin, président de la Fédération, il s’agit de comprendre le pourquoi et le comment de la démarche.
Le calendrier des courses est un véritable mille-feuille. À l’échelle nationale, il faut coordonner les agendas de plus de 230 hippodromes, assurer la place de chaque discipline, imaginer un programme cohérent pour chaque catégorie de chevaux et penser aussi au client parieur pour rendre l’offre courses incitative au jeu. Bref, c’est un dossier à entrées multiples et aux interactions plus ou moins visibles. Cette année, c’est au cœur de l’été que la Fédération Anjou-Maine a commencé à plancher sur le calendrier 2026. "L’idée derrière tout ça est de ne pas subir et d’être proactif dans les échanges qu’on aura par la suite avec les sociétés mères" nous annonce André Martin, son président. Les arguments qui alimentent une telle "démarche amont" sur le calendrier de l'année suivante sont nombreux. Nous vous proposons de les découvrir.
Interview
André Martin est président de la Fédération Anjou-Maine et président de la société des courses du Lion-d’Angers dans le Maine-de-Loire.
24h au trot.- Pourquoi vous attaquez-vous cette année, plus tôt que d’habitude, en plein été, au calendrier des courses de votre région de l’année prochaine ?
André Martin.- Parce que le contexte change dans les courses. Il y a notamment, et par exemple, des réflexions à avoir sur la forte concentration des courses durant l’été. En fait le calendrier est un dossier important et complexe qui réunit en son sein plusieurs sujets qui traversent les courses. Je vous propose de développer mon argumentation en quatre points.
Quel est le premier de ces points ?
A.M.- Le point de vue interne à la fédération. On a des moyens humains et techniques à mettre à disposition de nos hippodromes. Pour nous, il est clair qu’on ne peut accumuler trop de réunions sur une même journée. Avoir trois ou quatre réunions, c’est le maximum qu’on peut assumer. Travailler de notre côté sur le calendrier, c’est en quelque sorte un moyen d’anticiper les besoins que vont formuler les hippodromes et s’assurer qu’on n’aura pas de goulot d’étranglement sur le calendrier 2026.
On arrive au deuxième point.
A.M.- Je parlerai du point de vue national. C’est un sujet que nous avons déjà évoqué dans chaque discipline avec les deux sociétés mères, la SETF et France Galop, celui de la répartition des courses sur l’année. Il s’avère qu’on concentre les épreuves en juillet et août alors qu’en amont de l’été ou en aval, il y a des week-ends creux et des courses rares pour certaines catégories de chevaux. L’objectif est maintenant partagé depuis un an avec les sociétés mères : il s’agit de desserrer le calendrier estival pour faire en sorte de diminuer la concentration en juillet et août et qu’il y ait moins d’hippodromes à courir. Cela répond aussi à deux contraintes pour les professionnels. D’une part, ils ne peuvent envoyer leur personnel sur tous les hippodromes qui courent simultanément et, d’autre part, cela leur offre des perspectives d’un programme plus léger avec une meilleure gestion de leurs équipes.
Mais l’été, il y a aussi la question du temps. Les chaleurs récentes en donné la preuve.
A.M.- C’est mon troisième point, celui de l’enjeu conjoncturel lié à l’évolution du climat. Un autre argument qui plaide pour la baisse du nombre de réunions estivales est en effet lié au climat, à la transition écologique, au bien-être animal et au bien-être au travail. C’est de faire en sorte que sur des périodes compliquées de fortes chaleurs, on ait moins de courses. On a bien vu les aménagements d’horaires ces dernières semaines pour cause de canicule, les problèmes d’arrosage et d’entretien des pistes… Certains hippodromes ont eu des remarques pas forcément sympathiques de certains professionnels sur la qualité de leur piste. Pour moi, le but est de ne pas courir ou de moins courir à ces périodes-là.
Et quel est votre quatrième point qui motive votre démarche sur le calendrier ?
A.M.- Celui de la gestion de nos hippodromes. La plupart des sociétés de courses ont des locations et des partenariats qui permettent d’ouvrir les hippodromes à d’autres activités. Et cela est essentiel car c’est un chiffre d’affaires pas négligeable pour certaines sociétés. Et pour ces activités, mieux vaut avoir une visibilité le plus possible en amont. C’est pourquoi pour eux, il faut le calendrier « dès maintenant ». Je suis président de la société des courses du Lion-d’Angers et on organise sur l’hippodrome un salon des étalons, des séminaires d’entreprises, des sessions de formation, etc. Ce sont des clients qui vont venir nous voir dans peu de temps et qui vont nous demander de réserver des locaux, des salles. Et n’oublions que ces activités sont également essentielles dans le sens où elles font venir des entreprises et des acteurs économiques sur nos hippodromes. Au départ, ce n’est pas pour parler courses mais c’est bien une porte d’entrée importante vers les courses à un moment crucial où l’on sait qu’il faut sortir de nos univers pour recruter investisseurs, propriétaires et futur professionnels de la filière.
La question aussi des bénévoles
Franck Bézier, directeur de la Fédération Anjou-Maine, ajoute sur le sujet : "Faire le calendrier tôt permettra aux sociétés de courses de s’organiser. Pour elles, il y a souvent l’enjeu des bénévoles. Or, on sait qu’il faut réserver des dates tôt, d’une année sur l’autre, pour pouvoir compter sur le maximum de bénévoles."

Jushua Tree à Laval dimanche dans une course ressuscitée
Ce dimanche à Laval, dans la Fédération Anjou-Maine encore, une autre initiative sera concrète. Le Prix des Jacinthes réunira une affiche tout à fait exceptionnelle avec
Jushua Tree (Bold Eagle) en attraction. Le partenaire de Jean-Michel Bazire y effectuera sa réapparition après neuf mois d'absence. À ses côtés,
It's A Dollarmaker (Saxo de Vandel),
Hip Hop Haufor (Up And Quick) et
Ksar (Follow You) dont les montes sont déjà renseignées et
Just Love You (Love You) et
Josh Power (Offshore Dream), engagés, pourraient compléter un plateau royal.
"C'est évidemment très bien pour notre public de voir en piste des chevaux de Prix d'Amérique" réagit Freddy Bouton, le régisseur de Laval. La demande de bénéficier d'une course sans plafond de gains permettant aux tops chevaux sans résultats récents de se produire en compétition en douceur a été formalisée par le Comité des courses de Laval et la Fédération Anjou-Maine. Refusée en 2024, elle a été avalisée par la SETF cette année. Cette épreuve est la résurrection du Prix de Montigné-le-Brillant qui pendant plusieurs années en octobre, jusqu'en 2021, répondait aux mêmes principes. En 2017,
Voltigeur de Myrt s'y était imposé,
Akim du Cap Vert en 2018 et
Diable de Vauvert en 2021.
Est-ce que dans cette démarche, il n’y a pas aussi un changement dans le leadership jusque-là presque entièrement national, sous la coupe des sociétés mères, dans le processus de construction du calendrier des courses ? Ne s’agit-il pas en d’autres mots d’une reprise en main par le local ou le régional ?
André Martin- Ce que je sais, c’est qu’il y aura une discussion avec les sociétés mères. Mais pour discuter efficacement, il faut qu’on soit au clair de notre côté. Au clair sur notre organisation, nos hippodromes et nos calendriers. Je préfère arriver avec des propositions construites que de défendre des demandes qui ne sont, au final, par manque de recul, pas toujours défendables. C’est pourquoi en commençant tôt, on peut bâtir de notre côté quelque chose de cohérent. L’idée derrière tout ça est de ne pas subir et d’être proactif dans les échanges qu’on aura par la suite. Je peux discuter en étant force de proposition avec les sociétés mères et Franck (Bézier, le directeur de la Fédération Anjou-Maine) peut avancer de son côté les échanges avec les techniciens de la SETF et de France Galop.
© ScoopDygaAndré Martin (au premier rang au centre)