Christophe Burlin : "C'est notre vente !"
Vendredi sur le site de l'hippodrome de Vichy, l'AETCE (Association des Eleveurs de Trot du Centre-Est) va donner le coup d'envoi de la période ô combien déterminante des ventes de yearlings. Tout au long de la semaine suivante et tout au long du mois de septembre, les vacations vont s'enchaîner en Normandie. Dans ce contexte régional, l'élevage du Loisir de la famille Burlin installé dans la Nièvre est le traditionnel premier contributeur parmi les vendeurs avec quatorze yearlings, auxquels il faut ajouter une quinzaine présentée pour des clients. Rencontre avec Christophe Burlin, le fils de Dany et Marie-Laurence.
Àquarante-huit heures de la 57ème édition de la Vente de yearlings de l'AETCE, les vendeurs et préparateurs sont bien évidemment plongés dans les ultimes préparatifs, alors que la tension commence à se faire ressentir. Au cours de cette cession, près de 90 lots passeront sous le feu des enchères à partir de 14 heures sur l'hippodrome de Vichy. Si les organisateurs scrutent le ciel et les prévisions météorologiques pour vendredi sur la région d'un œil inquiet (il faudra penser à mettre son imper et son parapluie dans le coffre de la voiture), cela ne doit pas être un frein à la réussite de cette vente qui a trouvé depuis l'an dernier ou plus exactement retrouvé sur les bords de l'Allier un cadre plus favorable. "Au Marault (N.D.L.R. : site précédent à Magny-Cours dans la Nièvre) se posait le problème de l’aspect de la sécurité des chevaux avec les boxes préfabriqués. À Vichy, nous bénéficions de boxes en dur, ce qui n’a rien à voir, avance Christophe Burlin (33 ans). Je trouve personnellement que le cadre de Vichy est plus commercial. Ça compte évidemment." Si l'impression générale avait été positive l'an dernier quant à ce nouveau cadre, le taux de vendus seulement un peu supérieur à 50 % avec un nombre important de rachats (41 sur 86 lots présentés) avait constitué un bémol, à travers lequel étaient toutefois passés les "Loisir" avec 6 vendus sur 8 et un total de 52.000 €.
Rappel :
→ Vendredi 29 août à 14 heures
→ Hippodrome de Vichy
→ 88 lots
→ 56 étalons différents
→ 40 vendeurs distincts (intégrant les associations)
→ Consulter le catalogue en ligne
ICI "Pour nous, cette vente est essentielle puisque l’on y présente bien 80 % de nos produits. C’est un rendez-vous déterminant, juge le trentenaire.
C’est notre vente ! C’est là que nous faisons une partie de notre chiffre d’affaires de l’année. De plus, mon père a toujours fait partie du bureau de l’AETCE. Cette vente chez nous nous tient à cœur. Il faut la faire perdurer. D’une année sur l’autre, la qualité des yearlings présentés s’améliore."
Les "Loisir" : un label incontournable
Comme chaque année, l'EARL du Loisir de la famille Burlin est le plus le plus important contributeur chez les vendeurs, que ce soit à titre individuel ou en association, mais aussi comme préparateur, avec un total d'une trentaine de lots.
"On est dans la dernière ligne droite. C’est le plein rush mais on est heureux et fiers d’y aller avec nos yearlings et ceux de nos clients dont on espère qu’ils seront satisfaits", se projette Christophe Burlin.
On est dans la dernière ligne droite. C’est le plein rush mais on est heureux et fiers d’y aller avec nos yearlings et ceux de nos clients dont on espère qu’ils seront satisfaits. (Christophe Burlin)
En amont de cette 57ème édition, l'éleveur-vendeur de la Nièvre, qui remplace provisoirement son père, Dany, engagé dans un combat contre la maladie depuis plusieurs mois dans lequel on lui souhaite autant de réussite que ses élèves sur les pistes, estime pouvoir compter globalement sur un bon lot :
"C'est un lot homogène, avec de beaux modèles, notamment chez les mâles. C’est le cas notamment des quatre produits de Bon Copain, qui a ramené beaucoup de taille. Il y a notamment le premier produit de Bérénice du Loisir, Océane du Loisir (lot 8), une belle pouliche par Fifty Kalouma, qui nous tient à cœur. Elle se déplace bien et est très à l’aise dans ses allures. On présente aussi Oxana du Loisir (lot 85), par Hooker Berry et la mère d’Haribo du Loisir. Elle est de taille un peu plus petite, mais elle est bien faite. Elle a déjà été remarquée par quelques entraîneurs qui sont venus la voir. La fille de notre étalon Ibra du Losisir, Odyssée du Loisir (lot 13) est une belle pouliche avec du modèle. J’aime bien encore Olympe du Loisir (lot 36), une sœur de Milord du Buy (N.D.L.R. : vainqueur à deux reprises et placé à Vincennes)
par
© P. Lefaucheux/PCAmbiance d'un jour de vente Bon Copain au très beau modèle. Les acheteurs seront ou non au rendez-vous, on verra bien, mais on part plutôt confiant".
Un marché de plus en plus sélectif
Alors que Jacques Berger, le Président de l'AETCE, regrettait au vu des résultats de l'an dernier que
"la sélectivité du marché touche aussi cette vente où les yearlings ne sont pas sélectionnés", Christophe Burlin constate aussi un marché de plus en plus sélectif.
"Le contexte global est plus compliqué, dit-il.
D’année en année, le marché devient de plus en plus difficile. Les bons papiers se vendent et ceux plus communs sont plus compliqués à vendre. C’est pourquoi on essaye de monter en gamme dans les papiers de nos poulinières et dans le choix des étalons en cherchant notamment à faire confiance à de jeunes reproducteurs." C'est le cas notamment de l'étalon-maison
Ibra du Loisir (
Booster Winner) qui a donné à son élevage son premier titre dans un Groupe 1 en remportant le Prix d'Essai-Étrier 3 Ans Finale en 2021 sous les couleurs de Jacques Cottel, avec lequel les "Burlin" collaborent en confiance depuis des années.
Pour répondre à cette sélectivité, les vendeurs peuvent aussi s'appuyer sur la présentation en vidéo des poulains. Une pratique qui ne cesse de se développer. Cette année, cette vidéo est disponible pour plus de la moitié des lots.
"C’est un plus indéniable proposé aux acheteurs. À mes yeux, c’est indispensable, estime-t-il.
Avec cet outil, les entraîneurs ont quelque chose à montrer à de potentiels investisseurs. Je veux dire par là qu'ils n'ont pas seulement une page de pedigree. Je suis proche de Loïc Lerenard par exemple. Je sais qu'il regarde toutes les vidéos avant de venir voir les yearlings."
C’était une évidence de travailler avec mes parents et poursuivre ce qu’ils ont créé. J’avais envie de le perpétuer. (Christophe Burlin)
Une continuité familiale naturelle
Christophe Burlin ne s'est jamais interrogé sur le métier qu'il voulait faire. À Saint-Pierre-le-Moutier (Nièvre), où son père s'est installé à 33 ans en reprenant un élevage de bovins, son chemin était tout tracé au sein d'une exploitation qui n'a cessé de se développer.
"La structure s’étend aujourd'hui sur 360 hectares avec un effectif de 200 bovins et un peu moins de 30 poulinières, décrit le trentenaire.
C’était une évidence de travailler avec mes parents et poursuivre ce qu’ils ont créé. J’avais envie de le perpétuer. Je me suis mis aux chevaux petit à petit, j’étais plus aux bovins au départ où mon père m’a laissé faire. Ça me tient énormément à cœur de continuer ce que mes parents ont fait en étant partis de rien."
En 2012, la création de l'EARL du Loisir scelle officiellement l'association entre Christophe, diplôme d'inséminateur en poche, et ses parents. L'année suivante, la station d'étalons se développe avec l'insémination artificielle.
"C'est l'année où le champion local Punchy a commencé à faire la monte. Ce passage nous a permis d’améliorer la gamme d’étalons que nous proposons aux éleveurs de la région, détaille-t-il.
Nous sommes situés hors secteur des grandes régions d’étalonnage et d’élevage de trotteurs que sont la Normandie et la Mayenne. Pour autant, on s’en sort. Je pense que nous avons de très bonnes terres pour élever des chevaux." Et Christophe Burlin de citer
Maitre Jacques (
Rolling d'Héripré), le dernier vainqueur du Prix Comte Pierre de Montesson - Critérium des Jeunes (Groupe 1) et prochain protagoniste du Critérium des 3 Ans (Gr. 1), le 13 septembre.
"Il a été élevé chez nous. C’est que nous disons régulièrement à M. Cottel en souriant : "Les terres de la Nièvre ne sont pas mauvaises"
. C’est forcément une fierté. On a une bonne renommée qu’il faut maintenir. C’est un travail de longue haleine. Aujourd’hui, je bénéficie de tout le travail qui a été fait en amont depuis des années et des années par mon papa", confie le fils qui s'inscrit dans la même démarche.