Hussard du Landret, le guerrier populaire se retire
Toutes les meilleures histoires ont une fin. Celle d’Hussard du Landret s’est soudainement accélérée ces dernières semaines. Après avoir annoncé qu’il devait faire une croix avec son pensionnaire sur le meeting d’hiver 2025-2026 une quinzaine de jours avant le début de celui-ci, Benoît Robin a dû se résoudre à l’inéluctable : la fin de carrière d’Hussard du Landret. À l’automne de ses 8 ans après une carrière débutée six ans plus tôt, dont ses succès dans le Critérium des 5 Ans et le Prix de Paris Marathon Race sont les emblèmes, le cheval élevé par Jean Daniel quitte la scène sportive en laissant l’image d’un guerrier populaire. Un hommage lui sera rendu dimanche à Vincennes à l'occasion du Prix de Bretagne-Amérique Races Q1 dont il a remporté les deux dernières éditions.
Alors que l’on connaissait depuis quelques heures seulement les premiers forfaits du Prix de Bretagne-Amérique Races Q1, Benoît Robin nous a confirmés mercredi que le double tenant du titre, Hussard du Landret (Bird Parker), ne serait plus revu en compétition. "Il souffre d’un problème osseux au niveau du genou et du boulet de l’antérieur droit, explique-t-il. Il a toujours eu des douleurs à ce genou mais cela se tenait. Et puis, d’un coup, en deux boulots, il n’était plus souple du tout. C’est pourquoi on avait pris la décision de faire l’impasse sur le meeting d’hiver. Les derniers examens, dont une IRM, ont montré que ce n’était pas opérable. Ce serait par ailleurs trop risqué pour le cheval. S’il reprenait une activité physique, il ne supporterait pas la douleur. C’en est donc fini de sa carrière sportive d'autant que retrouver son niveau à son âge serait très complexe."
S’il reprenait une activité physique, il ne supporterait pas la douleur. (Benoît Robin)
Comme un signe du destin, cette annonce est intervenue à quelques jours d’un Prix de Bretagne avec lequel
Hussard du Landret a tissé un lien particulier du fait de ses victoires dans les deux dernières éditions après s’être classé deuxième en 2022 avant sa rétrogradation à la cinquième place. Breton,
Hussard du Landret l'est puisqu'il est né en Ille-et-Vilaine où élève
Jean Daniel depuis bientôt quarante ans.
"J’espère que j’en croiserai un autre au cours de ma carrière, mais je peux déjà dire que c’est le cheval d’une vie", confie Benoît Robin.
Hussard du Landret
◆ Né le 20/04/2017
◆ Par
Bird Parker et
Anakine du Bellay (
Look de Star)
◆ Éleveur : Jean Daniel
◆ Propriétaires : Benoît Robin / Écurie du Landret / Écurie Sidère
◆ Entraîneur : Benoît Robin
◆ Drivers : Benoît Robin (x 59) / Yoann Lebourgeois (x 14) / Éric Raffin (x 1) / Matthieu Abrivard (x 1)
◆ 75 courses
◆ 11 victoires
◆ 2 Groupes 1 = Critérium des 5 Ans et Prix de Paris Marathon Race
◆ 2 Groupes 2 = Prix de Bretagne-Amérique Races Q1 x 2
◆ 6 Groupes 3
◆ 1’09’’3 (2.100m.-auto. Vincennes)
◆ 1.205.543 € (3ème cheval le plus riche de sa génération)
Depuis que l'éleveur et l'entraîneur s'étaient entendus sur la vente de la moitié du poulain,
Hussard du Landret avait rejoint les boxes du professionnel mayennais. "
Quand je l’ai qualifié, je l’estimais déjà beaucoup, raconte ce dernier.
Il avait quelque chose de plus que les autres, le truc des bons chevaux. C’est le premier "vrai" que j’ai entraîné. Il manquait peut-être d’un poil de vitesse jeune, mais il avait la dureté dès le début. Il avait de la classe. Comme je n’avais que lui de ce niveau, je ne l’ai pas travaillé très fort. Je l’ai laissé venir avec les courses. Il a toujours bien progressé et est arrivé au top au cours de son année de 4 ans avant d’exploser au plus haut niveau, terminant deuxième du Critérium Continental avant de gagner le Critérium des 5 Ans."
Au Panthéon de son champion, Benoît Robin accroche ses deux succès de Groupe 1 dans le Critérium des 5 Ans en 2022 et le Prix de Paris Marathon Race en 2024.
"Dans le Critérium, je le menais. C’était mon premier Groupe 1 comme entraîneur et driver, qui plus est avec ma casaque même s'il était en copropriété, rappelle-t-il avant de détailler ce qui faisait sa force selon lui.
C’était un cheval très dur à l’effort. Cela ne le dérangeait pas d’avoir des parcours le nez au vent. Il n’était pas avare de ses efforts. C’était un guerrier. Un vrai guerrier ! Il m’a fait vivre les émotions des grandes courses, tout ce dont je rêvais quand j’étais gamin et que je commençais le métier. C’est pourquoi je lui en serai à jamais reconnaissant. L'arrêt de sa carrière laisse forcément un peu triste. Je pense à son éleveur qui traverse une mauvaise période." Charge aux produits d'
Hussard du Landret dont les "
N" sont issus de sa première année de production de prolonger son histoire. À ce jour, il compte déjà une vingtaine de qualifiés dans cette génération et plusieurs placés prometteurs. Il sera stationné en 2026 au Haras de Vaiges (53).
Un éleveur comblé et touché
Jean Daniel retient en premier de celui qu'il a fait naître sa capacité à ne jamais dire non.
"C'est un cheval à la qualité exceptionnelle. Je ne l'ai jamais vu renoncer. Avoir des difficultés oui mais jamais renoncer", dit-il admiratif tout comme il l'est du travail de Benoît Robin et son équipe pour faire d'
Hussard du Landret l'un des tout meilleurs trotteurs de ces dernières années, au départ de trois Prix d'Amérique Legend Race consécutifs dont le dernier en janvier où il se classait cinquième.
"Pour Benoît, il était hors de question de lui faire mal. Dès lors, la décision d'arrêter sa carrière s'imposait, dit-il.
Pour bien comprendre, la relation qui est la leur, Benoît m'a dit qu'il voulait que le cheval monte à Grosbois cet hiver pour l'avoir à ses côtés."
Je ne l'ai jamais vu renoncer. (Jean Daniel)
L'éleveur breton, qui nous a appris qu'
Anakine du Bellay avait avorté la semaine dernière et qu'il n'était pas sûr de la faire resaillir, a aussi été touché par les commentaires sur les réseaux sociaux qui ont suivi l'annonce de la retraite sportive :
"Ça veut dire beaucoup de choses pour moi. "Hussard" renvoie une image positive de lui et des courses plus généralement. Grâce à lui, j'ai fait beaucoup de rencontres. Trois années de suite, on a fait venir 70 personnes pour le Prix d'Amérique. Que du bonheur ! J'aurais aimé être présent dimanche pour l'hommage qui va lui être rendu à Vincennes, mais ma santé ne me permet malheureusement de faire le déplacement".
Sur les réseaux sociaux
L'annonce mercredi de la retraite sportive de Hussard du Landret a suscité beaucoup de réactions sur les réseaux sociaux, qui sont autant de témoignages de sa popularité. Alors que beaucoup lui souhaitaient une bonne retraite, nous avons fait une petite sélection des plus touchants publiés sur Facebook :
"Une belle histoire se termine. J'espère que Benoît va en vivre d'autres avec les produits d'Hussard."
"Bonne retraite Hussard. Tu as beaucoup donné, maintenant il est venu le temps du repos. Bravo à toi, Benoît et ton propriétaire pour cette sage décision."
"Sage décision, bravo a son entourage et bravo champion. Bonne retraite."
"Que d’émotions grâce à ce "petit" champion. Merci à toute l’équipe pour ces beaux moments. Bonne retraite à Hussard".
© Aprh