... ©ScoopDyga
Actualité - 06.10.2020

Décès de Pierre-Désiré Allaire Une page des courses se tourne

Pierre-Désiré Allaire est décédé dimanche matin, à l’âge de 88 ans. C’est une figure des courses aux multiples facettes qui s’en va. Le breton laisse derrière lui une vie aux allures de roman et aussi une continuité par l’intermédiaire de son fils Philippe et de sa fille Elisabeth.

en photo ci-dessus : Pierre-Désiré Allaire face à Ready Cash au Haras de Bouttemont de son fils Philippe.

Il aura tout connu. Les sommets, notamment avec une victoire dans le Prix d’Amérique grâce à Grandpré, en 1978, et la disgrâce, concrétisée par une interdiction d’hippodrome pendant plus d’une décennie.
Il était l'homme de cheval par excellence, avec un œil expert exceptionnel et une connaissance encyclopédique des petites et grandes histoires du trot, notamment des anecdotes d’élevage et de certains mystères de la génétique du XXe siècle.
Pierre-Désiré Allaire est né en Bretagne au début des années 1930, à Pleslin, à quelques kilomètres seulement de Quévert où verra le jour quelques années plus tard un certain Jean-Pierre Dubois. Pierre-Désiré Allaire est décédé dimanche matin, à l’âge de 88 ans, à l'hôpital où il avait admis pour un œdème pulmonaire.
La carrière de Pierre-Désiré Allaire a été jalonnée de tant et tant de champions qu’il est difficile d’en dresser une liste exhaustive. Citons le premier Toscan, l’archi championne Une de Mai ensuite, puis Equiléo, Fakir du Vivier, Grandpré, Hillion Brillouard et plus récemment Kiss Melody, Gobernador ou encore Look de Star pour le compte de l'Écurie des Charmes.
Tout au long de l'après-midi, les messages d'hommage en la mémoire de Pierre-Désiré Allaire se sont multipliés, notamment sur les réseaux sociaux : "un orfèvre", "le vrai boss", "un grand", a-t-on pu lire.
Mais aussi : "sa vie est un long métrage co-écrit par Sautet et Verneuil, son titre : "le génie flamboyant"." (message de Guillaume Covès)
Après les premiers grands succès, lesquels s’enchaînaient dans les années 70, Pierre-Désiré Allaire se retrouve mêlé à une affaire de courses truquées en 1978 et se voit par la suite privé de ses licences d’entraîneur et de driver. Ce n’est qu’à la fin du siècle dernier qu’il effectue son retour sur les programmes. Au début des années 2000, il s'installe au Haras de Retz et prend les commandes de l’Ecurie des Charmes lancée par l’entrepreneur Lucien Urano (Tati, Pizza Pino notamment). Il connaît encore de grands succès avec Gobernador (Prix de France et de Paris), Jain de Béval (Critérium des 3 ans), Kiss Melody (Prix Capucine, Prix de l’Etoile, Grand Prix de l’UET), Look de Star (Critérium des Jeunes), Leda d'Occagnes (Prix d'Essai, Prix Orsi Mangelli) ou Nelson de Vandel (Critérium des Jeunes).

Jacques Pauc : « un personnage avec une double facette »
Journaliste hippique désormais à la retraire, Jacques Pauc a très bien connu Pierre-Désiré Allaire. Il a accepté de nous parler du professionnel mais aussi de l'homme qu'il était : « Quand j'étais jeune et que j'habitais à Joinville, j'allais souvent à son écurie. C'était un personnage et un grand homme de cheval. Il était fils, petit-fils et arrière-petit-fils de marchand de chevaux en Bretagne où il était voisin de Jean-Pierre Dubois. J'ai souvent dit que Pierre Allaire et Jean-Pierre Dubois était les deux faces de la même pièce. Pierre Allaire est parti de rien. Il a gagné au trot, en plat et en obstacle avant de devoir arrêter sa carrière de jockey car il a été victime d'un pneumothorax. Il s'est ensuite installé entraîneur au trot. Avant les autres, il a cherché à acheter des produits de Kerjacques dont bien sûr Toscan et Une de Mai. Il avait acheté cette dernière à Hippolyte Bernereau et avait été essayé la pouliche chez Michel Lemelletier. Sur la petite piste de celui-ci, il avait juste fait faire 200 mètres à Une de Mai mais il avait été impressionné. Elle avait eu les jarrets ponctionnés car elle était cagneuse mais elle allait droit. Or, il rappelait que l'on disait que si un cheval cagneux allait droit, c'était un crack. Il est l'un des seuls entraîneurs avec Henri Levesque, Charley Mills et, plus récemment, Jean-Michel Bazire, à avoir été premier et deuxième du Prix d'Amérique avec deux chevaux de son entraînement, en 1978 avec Grandpré et Fakir du Vivier. Il aimait acheter et vendre. Il savait surtout juger les chevaux. C'était aussi évidemment un personnage avec une double facette. Le matin, il était le premier levé, le premier dans la cour. Il travaillait beaucoup et améliorait les chevaux par le travail. L'après-midi, c'était le jeu, les manteaux de fourrure, les cigares. C'était un flambeur. Il disait d'ailleurs que le jeu lui a coûté la vie. C'est vraiment une page qui se tourne. »

Il est l'un des seuls entraîneurs avec Henri Levesque, Charley Mills et Jean-Michel Bazire, à avoir été premier et deuxième du Prix d'Amérique avec deux chevaux de son entraînement,
Jaccques Pauc à propos de Pierre-Désiré Allaire (ici en photo avec Django Riff)

©ScoopDyga
Acheteur et vendeur
Comme le dit Jacques Pauc, Pierre-Désiré Allaire « aimait acheter et vendre ». C'est d'ailleurs à la suite d'une vente de tout son effectif que le professionnel croisera la route d'Une de Mai, la championne internationale aux 74 victoires, qui a tout gagné dans le monde sauf... le Prix d'Amérique. C'est ainsi qu'il avait confié à Trot Informations en 2014 : « À l’époque, venant de vendre tous les chevaux de mon écurie à Me Delarue, je cherchais à en acheter d’autres. Mon ami, Marcel Vaudoit, m’avait alors appris qu’il y en avait à vendre chez Michel Lemelletier à Carentan. J’y suis vite allé et j’ai choisi dix chevaux pour dix millions d’anciens francs. Jack Lemelletier arrivant ce jour-là chez son frère m’en a proposé deux autres, deux fils de Kerjacques, Tonton Jean L et Toutouche, que j’ai aussi achetés pour un million d’anciens francs chacun (N.D.L.R. : un million d’anciens francs en 1965 correspond à environ 12 720 € aujourd’hui, soit un total de 152 640 € pour les douze chevaux). Une de Mai faisait partie du lot. »

Un oeil exceptionnel
Pierre-Désiré Allaire avait repéré Ourasi très jeune, lorsque celui-ci se produisait à 2 ans à Vincennes sans avoir encore gagné. C’est Homéric qui rapporte l’épisode dans son récit « le Roi Fainéant » : « Interdit d’hippodrome, il [Pierre Allaire] assiste à chaque réunion depuis son grillage. Interdit d’entraîner, c’est son fils qui lui succède. Et on a beau l’évincer, il n’a pas son pareil pour dénicher les chevaux de talent. Quand Ourasi passe devant lui avec cet air de jogger alors que les autres sprintent, il dit à ses amis, une cour d’inconditionnels : « Celui-ci, c’est un pur. » Lorsque le 29 décembre, il voit qu’Ourasi est engagé dans le Prix des Glaïeuls, il demande à son fils de se rendre aux écuries de Vincennes. « Demande-lui s’il est vendeur et dis-lui que je suis intéressé. » » La suite, on la connaît : il n’y aura jamais de transaction.

Un homme au contact de célébrités
L'homme était connu pour avoir amené des célébrités du cinéma et du showbiz dans les courses dans les années 1970. On l'a vu notamment entouré d'Alain Delon, de Mireille Darc ou Michel Sardou.

La continuité du nom
Aujourd'hui le nom d'Allaire est porté haut dans le trot (et également au galop) par son fils Philippe évidemment, mais aussi sa fille Elisabeth, compagne de Jean-François Mary, dont les couleurs bleu et jaune ont brillé récemment au plus haut niveau avec les champions Bird Parker et Django Riff. La génération suivante, notamment avec Elisabeth, la fille de Philippe, et Clélia, celle d'Elisabeth, s'est également emparée de la flamme hippique.

A toute sa famille et à ses proches, 24 Heures au Trot présente ses plus sincères condoléances.

À l’époque, venant de vendre tous les chevaux de mon écurie, je cherchais à en acheter d’autres.
Pierre-Désiré Allaire

©ScoopDyga

A voir aussi :
...
Debrief du lundi : le quasi sans-faute de Robin Lamy

Àvec plus de 83 % de réussite sur le podium et 50 % à la gagne, Robin Lamy ne pouvait pas beaucoup mieux faire au cours du week-end. Entre Cabourg samedi et Graignes dimanche, sa bonne moins performance lors de ses six courses est ...

Lire la suite
...
Au-delà des qualifications et du podium

S'ils n'ont pas accroché l'une des quatre places qualificatives du Prix du Bourbonnais - Amérique Races Q#2 (Groupe 2) ou ne sont pas montés sur le podium du Prix Ready Cash (Groupe 1) lors de la réunion de dimanche à ...

Lire la suite
...
Josh Power-Go On Boy
deux possibles frères d'Amérique

La victoire de Josh Power dans le Prix du Bourbonnais-Amérique Races Q#2 (Gr.2) lui octroie son ticket sur la grille de départ du Prix d’Amérique Legend Race (Gr.1), le 26 janvier prochain. Le double vainqueur de Crité...

Lire la suite
...
Jason Du Conroy avec assurance

A l'aise dans les deux disciplines, Jason Du Conroy (Booster Winner) confirme sa forme du moment et sa capacité à performer avec ou sans sulky. Bénéficiant de la décharge de son apprentie Tamara Mathias-Maisonnette, il réalise une ...

Lire la suite