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Actualité - 15.02.2022

2022, une année pas comme les autres pour l'élevage

La saison de monte 2022 est lancée. La date du 15 février sonne le top départ, de manière conventionnelle, de la reproduction équine. Cette année sera néanmoins différente des précédentes. Après deux éditions impactées pleinement par la pandémie de la Covid, la nouvelle saison devrait techniquement se dérouler de manière plus sereine, avec par ailleurs les expériences acquises en termes de maîtrise des gestes sanitaires et de protocole sanitaire. La saison 2022 sera aussi la toile de fond à des grands travaux sur l'élevage, avec l'organisation des Assises de l'Elevage le 15 avril prochain et de sa phase de consultation préparatoire jusqu'au 6 mars. Tout d'horizon d'une année qui s'annonce pas comme les autres pour l'élevage.

Nous sommes incontestablement dans une année où l'élevage sera un sujet d'actualité phare. Sur le fond et la forme, les Assises de l'Elevage du 15 avril devraient lancer différentes orientations et générer un certain nombre de chantiers sur l'avenir. On parle là de la politique d'élevage dans son acception la plus générale. Les représentants de la filière s'activent déjà pour être force de proposition. Le SEPT (Syndicat des Etalonniers Particuliers de Trotteurs) travaille sur le sujet. Son président Jean-Yves Lhérété nous en parle (lire en page 3). Mais d'autres nouveautés, pratiques celles-ci, vont accompagner la nouvelle saison. Nous vous les présentons page suivante.

Le 15 février, une date non officielle
D’un point de vue légal, il n’y a pas de date de début ou de fin de saison de monte. Ce sont plutôt un ensemble de variables qui font que les dates du 15 février et du 14 juillet, comme jalons de début et de fin de la saison de monte, sont des conventions de notre secteur.
Hughes Levesque, éleveur et président de la Commission d’Elevage de LeTROT, nous explique sur le sujet : "Cela renvoie en fait aux annonces des Haras Nationaux qui institutionnellement décrétaient commencer à saillir le 15 février et finir le 14 juillet. La seule chose officielle est la date de naissance et le fait de prendre un an au 1er janvier. Un poulain qui naît le 31 décembre prend un an un jour après. C’est la règle officielle qui conditionne tout. Ensuite, on peut saillir quand on veut, commencer et finir quand on veut."
Jean-Yves Lhérété, étalonnier propriétaire du Haras de Sassy et président du SEPT (Syndicat des Etalonniers Particuliers de Trotteurs) continue dans le même sens : "On peut saillir avant le 15 février. Mais cela est toujours difficile de commencer avant cette date d’une part par rapport aux cycles des juments et d’autre part par rapport à la disponibilité des étalons. Ceux qui participent au meeting d’hiver n’arrivent quelquefois que début mars au haras. À une époque pourtant, je me souviens qu'on cherchait à avoir des produits qui naissaient très tôt. Cette époque est révolue."

L’année 1 de la déclaration de nom par Infonet
Valérie Poulain-Hoyeau, du Département élevage et santé animale de LeTROT, nous apprend : "La règle cette année sera la déclaration des noms par internet, via la fonction ouverte sur Infonet. Cela était déjà possible les dernières années mais le support papier était encore utilisé. Cette fois, l’obligation est la déclaration par internet après que nous soyons allés crescendo vers cette voie."

Clôture pour enregistrer les noms : 30 septembre
Il ne faudra pas cette année dépasser la date du 30 septembre pour déclarer le nom des poulains et pouliches de l’année. Au-delà, l’éleveur déclarant sera redevable d’une amende de 50 € par produit concerné. Les déclarations de noms s’intensifient à partir d’avril et leur pic s’étale d’avril à juillet mais de nombreux poulains et pouliches sont aussi nommés lors du dernier quadrimestre nous explique Valérie Hoyeau-Poulain : "Le mois d’août de vacances est toujours calme puis cela repart en septembre. On dépasse alors les 80 % de poulains/pouliches de l’année déclarés avec leur nom. On peut dire que 15 % sont faits hors délai, après le 30 septembre, et donnent donc lieu à la pénalité de 50 €."

Prime de 500 € pour les juments primées aux concours de sélection
La prime annuelle (500 € en 2022) est attribuée aux juments titulaires du droit à la prime de sélection (soit des juments ayant obtenu 65 points ou plus lors des concours de sélection), admises à la reproduction, âgées de moins de 19 ans et ayant donné naissance à un produit TF durant l’année en cours. Cette prime ne sera versée que si la déclaration de naissance a été communiquée à l’IFCE avant le 30 septembre 2022.

Retrouvez l’ensemble des nouveautés et dates clés de la saison de monte et de déclaration des naissances 2022 par CE LIEN.

Obligation d’attribuer un nom au trot
Contrairement au galop où les éleveurs peuvent se ménager la possibilité de ne pas baptiser leur(s) produit(s) à la naissance, notamment dans une logique de vente du (des) produit(s) comme yearling(s) non nommé(s), tous les produits trotteurs doivent être dénommés lors de leur année de naissance.


Il faut remettre les cartes sur la table.
Jean-Yves Lhérété

© Haras de Sassy
LES ASSISES DE L’ÉLEVAGE, L’ÉVÉNEMENT DU PREMIER SEMESTRE 2022

Prévues le 15 avril prochain, les Assises de l’Elevage vont devenir la matrice de fond des travaux sur le secteur dans les prochaines semaines. Une consultation sur internet est ouverte à toutes et tous jusqu’au 6 mars et accessible par ce LIEN. Hughes Levesque, président de la Commission d’Elevage de LeTROT, nous met en perspective ces Assises et l’intérêt pour les éleveurs/éleveuses de s'exprimer en amont.

24H au Trot.- Qu’attendez-vous de la consultation ouverte aux éleveurs par internet avant la tenue des Assises du Trot, le 15 avril prochain ?
Hughes Levesque.- On espère que les éleveurs vont jouer le jeu et déposer leurs idées, leurs attentes, leurs souhaits. Cette consultation est dans la méthode de Jean-Pierre Barjon. C’est lui a impulsé cette initiative comme il l’avait fait pour les Assises du Trot. Son idée est de responsabiliser les gens et de leur donner l’envie d’intervenir. C’est une gestion que je dirais à l’Américaine avec une consultation de la base pour faire remonter les opinions et envies. L’idée est d’avoir le ressenti des différents éleveurs et acteurs pour essayer d’apporter les meilleures réponses. Si on fait des réformes et on prend des décisions seuls, sans consulter, on peut être à côté des attentes. Il faut inciter tous les éleveurs, qui ne sont pas si nombreux que cela, à faire entendre leurs voix dans le cadre de cette consultation sur le site des Assises de l’Elevage (https://assises-de-l-elevage.fr/).

Ces Assises devraient engendrer des décisions importantes pour l’avenir, sur un horizon de dix ans et plus ?
Tout à fait. On parle bien là de la politique de l’élevage. Est-ce qu’on veut plus, moins ou autant d’éleveurs ? Est-ce qu’on veut continuer à quadriller le territoire ? Est-ce qu’on pense que notre race peut rester compétitive en tournant en circuit fermé dans le stud-book du Trotteur Français ? Est-ce que les gens voudraient accéder à une génétique différente ou à des méthodes de reproduction différentes ?

Quelle est l’importance de la dimension internationale dans l’avenir de l’élevage ?
Aux Assises, on devrait avoir des témoignages de gens très compétents avec des expériences à l’international notamment. On peut penser à Jean-Pierre Dubois par exemple. Le principe est d’aller au-delà des simples idées préconçues. Ces Assises doivent nous permettre de vraiment mesurer l’état de notre élevage, le niveau de performances réel de nos compétiteurs à l’échelle mondiale. On dit qu’on a les meilleurs chevaux du monde. Est-ce que c’est vrai ?
On sait qu’on vit dans un système où l'on n’est pas complètement en règle avec ce qui devrait être au sein de l’Union Européenne. Si jamais on nous imposait une ouverture plus importante de nos courses, est-on sûr d’avoir les meilleurs chevaux du monde et d’être compétitifs ? Tous nos voisins ont des stud-books ouverts et peuvent faire tous les croisements qu’ils veulent, en recherchant les meilleures génétiques. Il faut piocher, analyser tout cela.

JEAN-YVES LHÉRÉTÉ : "IL FAUT REMETTRE TOUTES LES CARTES SUR LA TABLE"

Président du SEPT, Jean-Yves Lhérété nous parle de la problématique des étalonniers en 2022.

24H au Trot.- Dans quel état d’esprit abordez-vous la saison qui s’ouvre, notamment dans votre position de président du SEPT ?
Jean-Yves Lhérété.- La tendance est la même depuis quelques années avec des "petits" éleveurs qui présentent moins de juments et des "petits" étalons qui travaillent moins. Au niveau du SEPT, nous commençons à travailler à la préparation des Assises de l’Elevage. Il nous faut être force de proposition sur tous les grands sujets du moment et d’avenir comme le transport de sperme, les syndications, l’ouverture du stud-book. Mais pour cela, nous allons œuvrer pour monter une association d’éleveurs plus forte et représentative. Entre le GAET, le GETSO et autres, on n’arrive pas à un vrai pouvoir de représentation. Nous travaillons dans une logique de construction élargie, sans ligne d’opposition systématique à la SECF (LeTROT). La SECF fait des choses bien, Jean-Pierre Barjon est un bon président mais il faut être force de propositions.

Concrètement, vous avez déjà des ralliements ?
Nous travaillons sur le projet et c’est encore trop tôt pour le dire. Il nous faut faire des propositions et tenter de rallier autour d’elles le maximum de personnes. Les délais sont serrés car tout doit être bouclé dans un mois, avant le 15 mars, mais le SEPT œuvre en ce sens.

Que dire de votre métier actuel ?
Les Haras (comprendre les Haras avec des étalons) ne vendent plus de saillies aujourd’hui. Ce sont les courtiers qui le font et les éleveurs les appellent directement. Les Haras ne font plus que de la mise en place et de la prestation technique. Le modèle économique des Haras est devenu précaire. Avant, nous vendions un pool de saillies de nos étalons pour nous rémunérer, cela a quasiment disparu. De leur côté, les courtiers proposent des ristournes. C’est normal, ils ne cherchent qu’à toucher une commission et n’ont aucun frais. Ce sont les Haras qui assument aujourd’hui tous les coûts et frais : publicité, entretien des étalons, mise en place technique de l’insémination. Pas les courtiers. Il y a une concurrence anormale, sans les mêmes obligations. C’est aux Haras de reprendre la main sur les étalons. Il faut que les courtiers participent aux frais (publicité, pension) et ils seront alors plus attentifs à nos messages. Pour travailler ensemble, les Haras et les courtiers doivent avoir les mêmes contraintes tarifaires. Derrière tout cela, c’est le système de la syndication qui doit être remis à plat. On va avoir de plus en plus d’étalons sans affectation car ce n’est plus intéressant ni viable pour un Haras d’avoir un étalon totalement syndiqué. Lorsque toutes les saillies sont à des porteurs de parts, même si l’étalon fait 80 juments, le Haras rentre zéro ! Il n’a aucune rémunération. Il va falloir remettre toutes les cartes sur tables pour que notre métier dure.

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