Diable de Vauvert, le Paris dans la peau
Le dernier grand volet international de l'hiver est déjà là. Le Prix de Paris Marathon Race (Gr.1) véhicule avec lui un parfum de fin de meeting. Dimanche, ils seront 14 à s'expliquer sur la plus longue course de l'hiver. La distribution réunit tous les protagonistes les plus attendus et le pitch est double. D'une part, l'épreuve se donne à voir comme une possible revanche du Prix d'Amérique Legend Race avec ses trois acteurs principaux en piste dans le "marathon". D'autre part, le Paris est aussi l'objectif prioritaire de l'hiver pour d'autres. Dans ce cas, il faut penser à Etonnant et Diable de Vauvert, les deux premiers de l'épreuve l'an dernier. On peut même dire que Diable de Vauvert a le Paris dans la peau.
Les deux tours de la grande piste de Vincennes sont un exercice particulier. Encore que cela dépend aussi de la manière dont l'épreuve se dispute. C'est en fait le premier tour qui écartera ou non les candidats limités en tenue. S'il se cantonne à un round d'observation, chacun pourra conserver force et ambitions pour le final. S'il demande aux organismes de piocher tôt dans leurs réserves, seuls les costauds sortiront au mieux d'un exercice de sélection. Etonnant (Timoko) et Diable de Vauvert (Prince d'Espace) ont formé le couplé gagnant de la précédente édition. Pour être juste, il faut ajouter à leurs noms celui de Flamme du Goutier (Ready Cash), deuxième avant d'être disqualifiée pour ses allures. Tous se retrouvent cette année.
UNE VÉRITABLE REVANCHE DU PRIX D'AMÉRIQUE
Dès lors que l'on savait que Vivid Wise As, le vainqueur du Prix de France Speed Race (Gr.1) ne serait pas au rendez-vous du Prix de Paris, la distribution sera sans fausse note dimanche. Tour d'horizon.
Troisième Groupe 1 du grand triptyque international hivernal, le Prix de Paris Marathon Race (Gr.1) n'accueille pas toujours le vainqueur du Prix d'Amérique (Gr.1). Cela n'avait pas été le cas ces deux dernières années, marquées du sceau de
Face Time Bourbon (
Ready Cash) dans la Legend Race. Le crack avait à chaque fois - après une défaite dans le Prix de France - conclu son meeting sur un succès dans le Prix de Sélection (Gr.1), devenant au passage recordhorse de l'épreuve avec
Jamin (Abner) grâce à ses trois titres - le nombre maximum possible pour une épreuve ouverte aux 4 à 6 ans. Il faut donc remonter à 2019, avec
Bélina Josselyn (
Love You) pour retrouver une gagnante de Prix d'Amérique au départ du Prix de Paris. Mieux, la partenaire de Jean-Michel Bazire avait réussi le doublé cet hiver-là. Entre les deux, elle avait échoué dans le Prix de France (disqualifiée). Voilà la plus belle des inspirations pour
Davidson du Pont (
Pacha du Pont) dans la quête d'un doublé majeur cet hiver.
Le Prix d'Amérique sera très présent dans le troisième volet hivernal en déléguant le trio de son podium. Outre
Davidson du Pont,
Galius (
Love You) et
Flamme du Goutier (
Ready Cash). Ce scénario est rare et il faut remonter à 2017 pour le retrouver. Les quatre premiers de la Legend Race s'étaient même alors retrouvés dans le Paris. Tous y avaient joué un rôle et on attend de même cette année.
Richard Westerink voit vert cette fois avec Etonnant
C’est la grande déception des deux premiers volets du grand triptyque hivernal.
Etonnant (
Timoko) a manqué son Prix d’Amérique Legend Race et son Prix de France Speed Race. Il avait pourtant commencé sur les chapeaux de roues son meeting, devenant même dans le Prix du Bourbonnais (Qualif#2), le premier trotteur à battre
Face Time Bourbon sur longue distance – et à poteau égal. En dernier lieu, dans le Prix de France, il a été disqualifié dès le départ, où il était positionné à la corde en deuxième ligne au départ (avec le n°10). Il n’a donc pas pu défendre ses chances, sans vraiment surprendre Richard Westerink qui a déclaré à ce sujet sur Equidia :
"Dans le Prix de France avec le numéro qu’il avait, j’étais sûr que cela n’irait pas. Le numéro 10 derrière l’autostart pour lui qui est délicat à partir était impossible. C’est pour cela que je lui avais mis un émoji rouge." Quant à sa prestation précédente dans le Prix d’’Amérique, le professionnel reconnaît :
"Très déçu du Prix d’Amérique. Il y a eu les circonstances de course et on a peut-être sous-estimé Galius. Il a fallu le contourner sur le pied d’1’05 et il a eu les jambes lourdes pour finir."
Tenant du titre du Prix de Paris Marathon Race, les choses devraient se présenter différemment dimanche. L’entraîneur du Sud-Ouest a d’ailleurs cette fois mis un émoji vert à son représentant et l’annonce en grande forme :
"Le cheval est au top à l’exercice. Il a travaillé mercredi matin, était très souple, très gai avec beaucoup de gaz. Il faut maintenant que la chance tourne de notre côté. Dimanche, il devrait évoluer près de la tête mais il n’ira peut-être pas en tête. L’an dernier, il était le seul à pouvoir aller devant, cette année, il y a Galius. Il ne faudra pas faire la guerre, surtout pendant le premier tour. On essaiera d’être sur le podium."
Prince d'Espace, deux fois représenté
Avec ses produits Diable de Vauvert et Décoloration sur la grille de départ, Prince d'Espace (Himo Josselyn) sera le seul père de deux partants dans cette édition.
TROIS QUESTIONS À BERTRAND LE BELLER
Deuxième l'an dernier du Prix de Paris, Diable de Vauvert peut-il faire aussi bien cette année ? Son entraîneur Bertrand le Beller nous dit oui.
24H au Trot : Votre analyse concernant l'hiver de Diable de Vauvert ?
Bertrand Le Beller.- Mon analyse est plutôt positive. Dans les deux premières épreuves Qualificatives, le cheval n’était pas là mais il n’y a qu’à regarder les chronos. Ils étaient très très bons. Cela s’est couru comme un Prix d’Amérique et il y en a peut-être qui y ont laissé des plumes. Dans le Bourbonnais (Qualif#2), il est à deux dixièmes de son record qui était aussi le record du parcours il n’y a pas si longtemps (1’11’’7). Il réalise 1’11’’9 dans une course où les premiers font 1’11’’4. Cela n’a rien d’anormal. Il était quasiment au mieux de sa forme. Je ne l’ai pas condamné. On est passés à travers ces courses-là parce que le cheval aurait dû franchir encore un cap mais il n’était pas loin de son meilleur niveau. Il avait gagné une course en tout début de meeting (N.D.L.R. : en fait dans les réunions qui précèdent le meeting officiel).
Si on compare ses deux derniers hivers, était-il aussi bien cette année dans le Prix d’Amérique ?
L’an dernier, on l’avait qualifié tôt, dès le Prix de Bretagne en début de meeting. Mais ensuite, la route est longue vers le Prix d’Amérique. Cette année, il s’est qualifié "ric-rac" à la fin, dans la toute dernière qualificative. Du coup, je pense que je l’ai amené encore mieux cette année car il a couru quinze jours avant l’objectif, ce qu’on ne fait pas habituellement. Dans le Prix d’Amérique, il s’est passé ce qu’il s’est passé avec beaucoup d’aléas de parcours, un mauvais dos dès le départ et le cheval qui se retrouve dernier après quasiment deux-cents mètres de course. Dans une telle course, c’est fatal. Au tracking, il fait encore une belle performance.
Et le Prix de Paris ? Comment le placeriez-vous par rapport à son Prix d’Amérique ? Un mot sur l’opposition ?
Le Prix de Paris est son objectif n°1 du meeting. On l’a annoncé depuis longtemps et cela a toujours été notre priorité.
Diable a toutes les aptitudes pour le tracé du Prix de Paris. L’an dernier, il y a réalisé sa meilleure performance. On va essayer de répéter. Il a l’expérience et l’aptitude pour réussir. Sur ce qu’il me montre à l’entraînement, il est très bien. On l’amène dans les mêmes conditions que l’an passé. Il est totalement opérationnel. Notre objectif est d’être dans les trois premiers. L’opposition est différente cette fois. Je pense à
Galius, un sacré cheval. Dans les années à venir, s’il ne lui arrive rien, ce que je lui souhaite, il sera "imbattable". C’est un crack qui a franchi un palier énorme cet hiver. Il y a aussi
Davidson du Pont qui reste toujours capable de faire une grande performance.
Etonnant sera le point d’interrogation. On sait qu’il a le "cardio-respiratoire" pour gagner mais, ces derniers temps, il a été en demi-teinte.
Diable de Vauvert, le cheval du dernier kilomètre
Sa signature, c'est le dernier kilomètre. Diable de Vauvert est en général l'auteur du meilleur chrono du dernier kilomètre et/ou des 500 derniers mètres. La preuve en a encore été apportée lors de ses deux ultimes sorties. Dans le Prix de Belgique - Qualif#6 (Gr.2), où il conclut deuxième de Feydeau Seven (Rédéo Josselyn), il est le seul à être en moins de 1'10 (1'09''7 exactement) dans les 500 derniers mètres, réalisant un dernier kilomètre en 1'11''5, là encore le plus rapide du peloton (avec le lauréat). Dans le Prix d'Amérique (Gr.1) depuis, dont il a conclu septième, il est encore le seul à avoir réalisé ses 500 derniers mètres en moins de 1'10 (1'09''9) signant le top chrono du dernier kilomètre en 1'10''5 (ex aequo avec Flamme du Goutier (Ready Cash)).
Diable de Vauvert, le cheval du dernier kilomètre
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