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Actualité - 03.03.2022

Georgica Gédé la candidate de la filiation

Elle porte un nom illustre par la signature de son élevage, Gédé, et une racine sémantique qui renvoie à un des grands noms du trot français. Georgica Gédé est candidate au Prix des Centaures (Gr.1) ce samedi et transporte avec elle les souvenirs de Georges Dreux et de toute l'épopée de la famille, orchestrée par la suite par sa veuve Annick. Georgica Gédé illustre aussi la réussite d'Alexandre Pillon son entraîneur, petit-fils de Georges et Annick Dreux justement. Voilà la candidate de la filiation par excellence.

Il est grand par la taille et n'a pas suivi le cursus traditionnel des courses. Alexandre Pillon (à gauche sur la photo), 35 ans, est installé entraîneur depuis 2016. Le fils de Didier et Isabelle Pillon (à droite sur la photo), cette dernière étant née Dreux, fille de Georges et d'Annick, a embrassé une carrière dans les courses après un commencement d'études de médecine. En quelques années, Alexandre Pillon a "monté les tours" réalisant sa meilleure saison l'an dernier avec 24 victoires et plus de 450.000 € de gains cumulés. Il exploite les chevaux de l'élevage familial estampillés du label historique Gédé et vit avec Georgica Gédé (Atlas de Joudes) une grande histoire. La 6 ans vient de lui offrir son premier Groupe dans le Prix Indienne (Gr.3) et tente sa chance au niveau ultime samedi dans le classique Prix des Centaures (Gr.1). Rencontre.

Repères sur la famille de Georges et Annick Dreux
Décédé tôt, en 1980, Georges Dreux a laissé une forte empreinte dans le trot français, pour son palmarès, notamment avec des chevaux montés, et pour avoir posé les bases d'un élevage qui a été continué et magnifié par sa femme Annick Dreux (disparue en 2011) sous l'appellation Gédé. Leurs trois filles ont continué leur oeuvre. Isabelle Pillon est la mère d'Alexandre et anime un effectif d'élevage d'une vingtaine d'éléments toujours sous le label Gédé. Marie-Annick Sassier est la mère de Marc, entraîneur, et poursuit l'élevage familial sous la griffe Géma. Quant à Florence Dreux, elle continue aussi à élever avec les souches familiales sous la signature Gédé.
Sur cette génétique familiale, Alexandre Pillon nous a déclaré : "Certains disent que les Gédé sont des chevaux un peu compliqués car ils ont été sélectionnés par et pour le trot monté au début par mon grand-père. Mais il y a eu aussi des très bons chevaux à l’attelage. Ce qui est sûr c’est qu’on dispose des qualités génétiques, de cœur et de poumons, qui font des chevaux de tenue et c’est plus facile de doubler avec ceux-là."

24H au Trot.- Votre nom n’apparaît dans les courses qu’en 2010. Quel est votre parcours ?
Alexandre Pillon.- Je suis arrivé assez tard dans les chevaux, à l’âge de 20 ans. J’avais d’abord fait un bac S (scientifique) avant d’essayer de prolonger mes études en médecine. Après avoir manqué médecine, j’ai fait six mois de kiné. En fait au même moment, j’ai eu un coup de foudre pour les courses en voyant travailler Tony Le Beller chez ma grand-mère. C’est un peu comme quand on regarde jouer au foot un Messi ou un Ronaldo. On a l’impression que tout est facile. Avec Tony, tout était simple et brillant. J’allais sortir des chevaux chez ma grand-mère. Il m’a très vite fait trotter. Je n’avais que le bon côté du métier et j'ai arrêté mes études.

Cela fait peu d’expérience. Et par la suite ?
Pendant un an, je me suis frotté aux bases du métier : faire les boxes, sortir les chevaux à la promenade. J’ai continué en allant voir ailleurs, notamment chez Christian Bézier, Yves Dreux, Christian Bigeon. J’ai fait des rencontres comme Guy Verva, chez lequel j’ai passé trois mois d’abord puis six mois, et j’ai senti que cela marchait. J’ai gagné ma première course pour Guy. Quand je suis revenu à la maison, ma grand-mère décédait peu après pendant l’été (2011) et je me suis quasiment installé directement. Je n’avais que deux victoires et n’avais jamais débourré un cheval !

Avec le recul, on peut dire que c’était osé ?
Je ne réalisais sans doute pas toutes les difficultés du métier, ni des risques financiers. Je n’avais pas encore 23 ans, n’avais pas encore passé mon stage d’entraîneur et ne possédais pas les années d’expérience suffisantes pour être entraîneur. Mes parents en étaient conscients et m’ont beaucoup soutenu au début. Notre premier entraîneur a été notre premier garçon Pascal Blanchouin. Dans l’héritage de ma grand-mère, on avait à disposition une piste et des boxes et un tiers de son élevage. On a alors aussi choisi de conserver Grosbois.

Quel rôle a joué Grosbois dans votre trajectoire ?
Cela a été très bénéfique pour moi car cela m’a permis de voir comment les autres travaillaient sur un site avec des super pistes. Grosbois m’a aussi permis d’apprendre à connaître les gens, d’échanger. J’y ai vécu un apprentissage rapide, de façon accélérée. L’autre point fort est la qualité des pistes du centre. C’est facile de travailler ici. Notre piste de Bonchamp n’était pas bonne. C’est pourquoi Grosbois nous a sauvés. Aujourd’hui, je suis installé sur un site qui était au départ une ferme d’élevage de ma grand-mère, la Houanardière. On a une quarantaine d’hectares et de bonnes infrastructures.

L’élevage Gédé dans les Centaures : ne pas oublier Fanacques
Si aucun Gédé n'a gagné le Prix des Centaures, Georges Dreux est bien au palmarès en 1977 avec son champion monté Fanacques (Kerjacques), double vainqueur du Prix de Cornulier.


J'ai eu un coup de foudre pour les courses en voyant travailler Tony Le Beller. C'est un peu comme quand on regarde jouer au foot un Messi ou un Ronaldo. Tout semble facile.
Alexandre Pillon

Zoom sur l'effectif
Alexandre Pillon : "En fait, avec mes parents, on a tous réinvesti dans nos infrastructures et dans l’élevage. Notre domaine est de mieux en mieux équipé et on arrive aujourd’hui à une vingtaine de poulinières. Je ne travaille qu’avec nos chevaux. Nos quelques achats se sont plutôt bien passés. Avec les poulains, j’arrive à une quarantaine de chevaux à l’entraînement. Nos origines ne sont pas précoces et je n’hésite pas à exploiter vite mes chevaux au monté."
Une quinzaine de "J" ont été débourrés, 9 ont été conservés dont 7 sont qualifiés. Jelyson (Timoko), un achat, est deuxième du Prix Edouard Marcillac (Gr.3). Jolystar Gédé (Scipion du Goutier) et Jaguar Gédé (Séduisant Fouteau) vont courir dans les prochaines heures.

Quel bilan tiriez-vous de votre apprentissage de l’entraînement ?
Tout s’est bien passé la première année avec les "V" et des chevaux parisiens comme Vamp Gédé, Vaniflosa Gédé. Puis rien chez les "A". C’est reparti dans la génération suivante avec Benjamine Gédé, Byrh Gédé. J’ai eu la chance d’avoir le soutien amical de pilotes comme Eric Raffin, Damien Bonne qui m’ont aidé à changer des choses que je n’avais pas vues, d’évoluer et progresser. J’ai traversé des moments de doutes en pensant ne plus rien comprendre et ne plus savoir travailler les chevaux. D’autres fois, tout roule. L’apprentissage de ce métier est très empirique. Il y a cent entraîneurs et cent façons d’entraîner. Il faut aussi se connaître, s’adapter à de nombreux paramètres.

Une jeunesse hors des courses
Alexandre Pillon : "Je n’ai pas eu la chance de connaître mon grand-père Georges Dreux, un grand spécialiste du trot monté qui a pas mal aussi œuvré pour la SECF. C’était quelqu’un d’important. Ma grand-mère était une éleveuse reconnue. Mes parents par contre n’étaient pas dans les chevaux. Ma mère (Isabelle Pillon) a d’abord eu en charge une entreprise et s’est mise très tard dans les chevaux quand elle a aidé ma grand-mère après avoir vendu son entreprise. Je n’allais pas beaucoup aux courses quand j’étais jeune. Je me souviens avoir vu Insert Gédé ou avant Queila Gédé. Il fallait vraiment des belles courses de Groupe pour qu’on aille aux courses. On n’allumait même pas Equidia un jour de Prix d’Amérique... J’ai eu une jeunesse hors des courses."


GEORGICA GÉDÉ VUE PAR ALEXANDRE PILLON

Son caractère
"Georgica Gédé est venue sur le tard. Elle était très compliquée à la base. Je l’avais qualifiée à l’attelé mais on l’a vite orientée au monté avec Mathieu Mottier. Elle est délicate et, dès qu’il y a un grain de sable, cela la dérègle. Je suis resté fidèle à Mathieu qui avait accepté de la monter très tôt, lors de sa première course montée (N.D.L.R. : qu’ils ont gagnée). Georgica a eu d’autres jockeys par la suite mais je me suis rendu compte que cela matchait très bien avec Mathieu. Un article de presse disait qu’il est comme un passager clandestin. Et Georgica a besoin de cela. Il faut la laisser aller. D’ailleurs, c’est comme cela que je l’entraîne. Je ne cherche plus à la canaliser. C’est un peu elle qui fait comme elle veut. Il ne faut pas la contrarier. Mathieu la connaît et arrive à la comprendre mais c’est souvent elle qui décide."
Une jument de tenue
"Elle manque un peu de vitesse et a un peu de mal à s’élancer. Elle progresse dans ce domaine mais ne peut pas faire des bouts très très vite. Elle possède en revanche beaucoup de tenue, ce qui est aussi un avantage sur les courtes distances quand cela va très vite. J’espère qu’elle va pouvoir progresser en terme de maniabilité et qu’on va pouvoir lui donner des parcours cachés dans les autres, qu’elle pourra partir le long du rail. À haut niveau, c’est important. Mon rêve serait de courir le Cornulier."

Georgica Gédé appartient à la descendance de Qalabcheh (Atus II), née en 1960 et mère de la championne Champenoise (Kerjacques), une gagnante du Prix du Président de la République dont sont issus nombre de premiers plans comme Prince Gédé, Oasis Gédé, Réédite Gédé, Vaflosa Gédé, Niflosac, etc.
Ready Cash 1'10''3 Indy de Vive 1'11''9
Atlas de Joudes 1'13''4 Kidea 1'18''2
Queschua Love 1'15''0 Love You 1'10''2
GEORGICA GEDE Horsaca 1'17''7
Quadrophenio 1'13''9 Dekeel
Quaroline Gede 1'14''3 Halte A La Biche
Favorite Gede 1'16''7 Jiosco 1'15''8
Tiflosa Gede 1'17''5
PRIX DES CENTAURES 2022 : OÙ SONT LES MÂLES ?

La parité est loin d’être respectée dans le Prix des Centaures (Gr.1), édition 2022. En tout et pour tout, trois mâles s’aligneront dans l’épreuve de sélection, doublée d’une dimension poursuite entre les 5 et 6 ans et leurs cadets de 4 ans. Mais alors d’où vient l’absence de parité, surtout si l’on considère que les mâles sont bien présents dans les rangs des benjamins de l’épreuve (deux des trois "I" sont des mâles) avec Ici C'Est Paris (Dollar Macker) et Isildur Paulois (Scipion du Goutier) ? C’est bien dans la délégation des aînés que le mâle se fait rare ou a même quasiment disparu. Seul Héros de Fleur (Ludo de Castelle) défend la masculinité des "vieux" ce samedi, soit un sur neuf candidats ou un contre huit juments.

Qu’en était-il les précédentes années ? L’entité mâle se faisait-elle déjà rare dans les rangs ?
■ En 2021 (14 février) : un partant chez les aînés (Freeman de Houelle) contre trois juments (3 sur 5 chez les 4 ans)
■ En 2020 (9 février) : un partant chez les aînés (Feeling Cash) contre deux juments (2 sur 6 chez les 4 ans)
■ En 2019 (10 février) : trois partants chez les aînés (Ekeren, Easy des Racques et Dragon du Fresne) contre trois juments (2 sur 3 chez les 4 ans)
La suprématie des juments se déclinent dans le récent palmarès du Groupe 1 : sept des dix dernières éditions ont été remportées par des juments.

Hirondelle du Rib et Granvillaise Bleue : deux géantes
Les deux candidates les plus riches possèdent les meilleurs titres. Ce sont deux vraies pointures de la discipline montée. Hirondelle du Rib (Rolling d'Héripré) est, depuis son succès dans le Prix du Président de la République (G.1), la leader des "H". Moins vite en jambes que Granvillaise Bleue (Jag de Bellouet), elle ne possède par les références de sa rivale sur courte distance. Titulaire de quatre premiers accessits de Groupe 1, la dernière possède beaucoup d'arguments en sa faveur pour décrocher un premier grand titre. Elle vient notamment de réaliser 1'10''4 sur le même parcours dans le Prix de l'Île-de-France (Gr.1) derrière Freeman de Houelle .

Mission compliquée pour les 4 ans
Avec un record personnel d'1'12''4 sur le parcours, Ici C'Est Paris pourrait être un peu court et devrait avoir besoin de l'améliorer pour jouer un premier rôle. 1'12''4 sur 2.175 mètres, c'est 1'11''6 sur 2.200 mètres (l'exercice imposé aux aînés). Or Granvillaise Bleue affiche 1'10''4 sur le parcours et Galipette Pierji 1'11''3. Galla de Manche a fait pour sa part 1'11''1 à l'attelé. On imagine aisément qu'Hirondelle du Rib puisse descendre en moins d'1'11''0 désormais.

Le pari de Dominique Lemétayer avec Garincha Sport
Récente lauréate sur plus long, Garincha Sport (Quincy Boy) monte de plusieurs catégories mais ne le fera pas pour autant sans certaines ambitions. Son entraîneur Dominique Lemétayer nous explique en effet : "C’est une très bonne jument pour laquelle j’ai dû chercher les bons réglages. Je pense qu’on a trouvé l’embouchure qui lui convient désormais. Il a fallu la remettre en confiance (N.D.L.R. : Garincha Sport a débuté pour Dominique Lemetayer en juin 2020 après un début de carrière sous les couleurs de l’Ecurie Bruni). C’est la vraie jument de courte distance et elle a passé un palier récemment. Vu ses chronos de l’hiver, elle peut être quatrième ou cinquième."
PARTANTS VINCENNES - Samedi 05 Mars
4 PX DES CENTAURES - (15H50)
Premium - Monté - (1) - 240 000 € - 2 200m
1. IENA DODVILLEG. Lenain
2. ISILDUR PAULOISJ. Y. Ricart
3. ICI C'EST PARISD. Thomain
4. GARINCHA SPORTB. Rochard
5. HERA DE BANVILLEE. Raffin
6. GALLA DE MANCHEP. Ph. Ploquin
7. GEORGICA GEDEM. Mottier
8. GALIPETTE PIERJIM. Herleiksplass
9. HYTTE DU TERROIRA. Abrivard
10. HEROS DE FLEURY. Lebourgeois
11. HIRONDELLE DU RIBJ. L. Cl. Dersoir
12. GRANVILLAISE BLEUEC. Levesque

Galipette Pierji et Georgica Gédé, les croqueuses de victoires

Avec respectivement trois et quatre victoires durant ce meeting, Galipette Pierji (Tucson) et Georgica Gédé (Atlas de Joudes) essaieront de finir en apothéose. Hirondelle du Rib s'est imposée trois fois durant l'hiver.

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