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En bref - 10.03.2022

Les femmes du trot (#3/6) "Le reflet de la société"

Suite de notre série sur les femmes et les courses. Après Virginie Boudier Cormy, Carole Thomas et Gabrielle Mombourg dans nos précédentes éditions, voici la rencontre d'Emma Callier. La fille de l'entraîneur Pierre Callier nous parle de son parcours et de ses engagements pour les courses.

24H au Trot.- Pour quelles raisons avez-vous choisi le domaine hippique (animal, compétition, sport). Êtes-vous issue du milieu des courses ?
Emma Callier.- C’est assez simple, mon papa est entraîneur. Depuis toute petite je monte à cheval chez lui mais aussi au poney-club pour apprendre les codes de l’équitation. Sur ce point, mon père n’avait pas forcément le temps, ni la patience de me former. Ensuite j’ai commencé assez tôt à trotter les chevaux, les plus gentils, les vieux au début. Puis j’ai travaillé des chevaux au monté et mon père m’a proposé de débuter en course. J’ai commencé à monter à 16 ans pour lui en compétition tout en continuant mes études (BAC général économique puis École de Commerce). Et depuis août, je peux monter pour l’extérieur. Cela me permet de m’améliorer car je monte plus de chevaux, avec des profils différents. En fait, aussi que je me retourne, j’ai toujours eu cette passion pour les chevaux.





Comment pourriez-vous définir votre métier de jockey avec le statut d’apprentie ?
C’est un métier très prenant. Le matin, on s’occupe des chevaux, les entraîne dans l’optique de les amener dans les meilleures conditions possibles aux courses. L’après-midi, si je suis appelée par d’autres entraîneurs, je me rends aux courses. J’ai la chance que mon papa me libère pour monter pour l’extérieur, dès que j’ai besoin. J’ai aussi assez régulièrement des montes pour l’écurie familiale.

La gent féminine prend de plus en plus de place au sein des écuries et sur les bancs des écoles. Votre avis ?
Je vois cela comme le reflet de la société. Dans n’importe quel domaine, en politique par exemple, on voit que les femmes prennent de plus en plus de place et d’importance. Comme femme je le vois forcément positivement. Je pense que, dans nos métiers, on a besoin autant de femmes que hommes parce que les unes ont des qualités que les autres n’ont pas. Il n’y a pas de raisons qu’on ne soit pas à égalité.

REPÈRES SUR EMMA CALLIER
■ 20 ans
■ Jockey/driver depuis 4 ans / propriétaire
■ 15 victoires : 12 au monté et 3 à l'attelé
■ Salariée lad-jockey de l’écurie familiale (Écurie Pierre Callier)
■ Vit à Limas (69)

Le fait d’être une femme a-t-il été ou est-il un frein ou un accélérateur ? Si vous aviez été un homme pensez-vous que votre carrière aurait-été la même ?
Pour moi, le fait d’être une femme dans ce métier n’a été ni un frein, ni un accélérateur. J’ai été traitée à égal avec un homme. Dans nos métiers, il faut faire ses preuves et cela n’a rien à voir avec le sexe. J’ai le sentiment que cela n’a rien changé pour moi, que tout se serait déroulé de la même façon en étant du sexe opposé.

Quel est le petit plus d’une femme dans ce métier ?
J’en détacherais deux. Tout d’abord, la douceur, on n’a pas forcément la même main que l’homme. C’est une qualité adaptée pour certains chevaux et moins pour d’autres. Ensuite, il y a aussi la question du poids. Les femmes est généralement plus légères que les hommes. Pour moi qui monte, c’est quand même très avantageux.

Qu’est ce qui est le plus difficile dans votre métier ?
La dimension physique et la nécessité d’avoir de la force. Ce point dépend du gabarit de chacune bien sûr mais les femmes ont un peu moins de force que les hommes pour certaines tâches ou certains chevaux et cela peut compliquer nos métiers.

Si c’était à refaire, referiez-vous le même parcours, les mêmes choix de vie ?
Je referais le même parcours, je prends énormément de plaisir à l’heure actuelle dans ce que je fais donc je ne changerais rien.

Quel est votre meilleur souvenir lié aux courses ?
Mes meilleurs souvenirs restent mes victoires. S’il fallait en détacher une des autres, ce serait ma victoire avec Docker de Joux lors d’un Prix en hommage à mon grand-père (Henri Callier). Ce fut beaucoup d’émotions, autant pour moi que pour le reste de ma famille. C’est une victoire que je n’oublierai jamais.

Selon vous quelle femme a été une pionnière dans le milieu hippique et pour quelles raisons ?
La première femme à laquelle je pense est Florence Lecellier. Elle est malheureusement décédée trop tôt. Elle a été la première à remporter un Quinté+, a été jockey, entraîneur. Elle s’est battue pour réussir, à une époque où il était sûrement moins facile de rivaliser avec les hommes qu’aujourd’hui. C’est grâce à des femmes comme elle que nous on en est là aujourd’hui, qu’on a notre place à part entière dans le métier. Je pense également actuellement à Séverine Raimond, la première femme française à présenter un cheval sous son entraînement dans le Prix d’Amérique. Ce sont, je pense, deux femmes qui ont beaucoup de points communs et qui se battent pour réussir.

Quel serait votre rêve aujourd'hui ?
Je n’ai pas forcément de rêve à proprement dit parce que, dans les chevaux, je pense qu’il ne faut pas être trop rêveuse/rêveur. Il faut garder les pieds sur terre. Dans une carrière, rien n’est jamais tout rose. Ce que je souhaite avant tout, c’est continuer à prendre beaucoup de plaisir en course, continuer d’évoluer et gagner des courses comme tout jockey je pense.

Quels conseils pourriez-vous donner aux jeunes femmes voulant faire ce métier ?
Je ne sais pas si je suis la meilleure personne pour donner des conseils. J’ai été beaucoup aidée par le fait que mon père soit entraîneur. Cela m’a permis de continuer mes études en parallèle. Mais je leur conseillerais de s’accrocher et surtout de se donner les moyens de réussir, de ne pas faire les choses à moitié.

Face aux incertitudes sur l'avenir du modèle des courses, quelles propositions vous tiendraient le plus à cœur ?
Le manque de public sur les hippodromes est un problème majeur. Je remarque qu’il n’y a pas beaucoup de jeunes dans mes âges dans le public. Il faut donc essayer d’attirer cette jeunesse. Alors, pourquoi ne pas coupler des évènements extérieurs aux courses, comme des afterworks sur les hippodromes, les soirs de courses en nocturne, en été quand il fait beau ?

Mes meilleurs souvenirs restent mes victoires.
Emma Callier

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