Suite de notre série sur les femmes et les courses. Après Virginie Boudier Cormy, Carole Thomas, Gabrielle Mombourg, Emma Callier et Cécile Martineau dans nos précédentes éditions, voici Marie-Annick Sassier.
24H au Trot.- Pour quelles raisons avez-vous choisi le domaine hippique (animal, compétition, sport) ? Êtes-vous issu du milieu des courses ?
Marie-Annick Sassier.- Je suis née dans le milieu du cheval, passionnée depuis toute petite. Au moment du décès de mon papa, à mes 18 ans, je me suis occupée des chevaux, je suis devenue professionnelle très rapidement. Pour conserver le haras, ma maman a continué l’élevage et moi, avec un petit effectif et l’équipe qui était en place, j’ai assuré la partie entraînement. Aujourd’hui je gère avec Arthur Boudier, mon salarié, l’élevage et je loue mes poulains à mon fils Marc qui les met en valeur ensuite en piste. Je suis fière d’avoir pu donner une continuité au travail de mes parents.
Comment pourriez-vous définir votre métier ?
Pour le métier d’éleveur, on a eu la chance en France d’avoir un système de Stud-Book protégé, qui a eu une ouverture du sang américain, apportant de la vitesse et de la maniabilité. La race du trotteur français n’a rien à envier à son homologue américain. Ce système a permis de protéger nos éleveurs et surtout nos entraîneurs. Grâce à cette protection qu’il faut maintenir, on dispose d’une grande variété de taille d’élevage.
Le fait d’être une femme a-t-il été ou est-il un frein ou un accélérateur ? Si vous aviez été un homme pensez-vous que votre carrière aurait-été la même ?
Au début cela a peut-être été un frein, j’ai dû par la force des choses prendre le relais de mon papa à l’entraînement et il m’est arrivée de douter de mes capacités. J’ai préféré travailler sur la qualité, en privilégiant un petit effectif. J’ai eu la chance de faire partie de la première génération de femmes à pouvoir dire "je suis entraîneur, jockey". Maintenant je fais partie des plus anciennes. J’ai ouvert les portes aux femmes jockeys. Aujourd’hui les mentalités ont évolué, il y a beaucoup de femmes qui montent. La profession s’est énormément féminisée. Il y a quelques années je disais : "Vous verrez, bientôt il y aura plus de femmes dans le métier" et mon hypothèse est en train de se vérifier. Cependant les femmes ne doivent pas chasser les hommes. On a besoin des femmes et des hommes comme nos deux mains se complètent.
Quel est le petit plus d’une femme dans votre métier ?
Je ne dirais ni plus, ni moins. Femmes comme hommes ont des qualités, c’est tout. Je connais des hommes qui ont le sens du cheval et la patiente. À l’inverse, certaines femmes sont moins patientes. Une écurie mixte femme-homme apporte une harmonie et je trouve ça bien. Cependant, dans ma génération, je regrettais de ne pas être un garçon, certaines portes se sont fermées parce que j’étais une fille.
Je souhaite que les petits éleveurs continuent à pouvoir rêver.
Marie-Annick Sassier
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