... ©DR
Actualité - 08.10.2020

Retraite des chevaux de courses Galop / trot : deux réalités

La « Promesse de l’Arc » a réuni plus de 60 000 € de dons lors du grand week-end du galop français, celui du Qatar Prix de l’Arc de Triomphe. C’est un succès indéniable pour une opération lancée par l’association « Au Delà des Pistes », qui œuvre au galop à la reconversion des chevaux de courses. Au trot, une structure animée par plusieurs cavalières se met en place. Présentation de « Je Trotte donc Je Suis ».

Créée en 2016, l’association Au Delà des Pistes (ADDP) est devenue ces dernières années un véritable acteur du paysage français du galop. Sa levée de dons dans le cadre de son opération spéciale « Arc de Triomphe », d’un total de 60 000 €, est un succès et couronne son activité désormais reconnue dans la reconversion des galopeurs au terme de leur carrière de course. Soutenue par France Galop, ADDP a vu le jour à l’initiative de représentants de deux grands propriétaires/éleveurs, sensibilisés à la fin de vie des pur-sang du galop : Son Altesse l’Aga Khan et Cheikh Mohammed Al Maktoum (Godolphin).

L’organisation et son fonctionnement
C’est aujourd’hui Aliette Forien, (Haras de Montaigu) qui en est la présidente alors que le fonctionnement quotidien est assuré par deux permanentes, épaulées par un comité de pilotage de professionnels du milieu des courses hippiques, comme Alix Choppin (Directrice marketing et business développement - Arqana), et Henri Bozo (Haras des Monceaux) entre autres. Le financement est assuré par des dons et des contributions volontaires.

Lors de l’opération « Promesse de l’Arc », de nombreux propriétaires, éleveurs, entraîneurs, jockeys, agents de jockeys ainsi que de l’agence de ventes Arqana ont donné au regard des leurs résultats, souvent en offrant des pourcentages des primes et allocations reçues par leurs représentants/partenaires. On peut citer le Haras des Monceaux (30 % des primes à l’éleveur du vainqueur de l’Arc Sottsass), les Aga Khan Studs, Godolphin SNC, le Haras de la Gousserie, Wertheimer et Frère, les jockeys Christophe Soumillon et Mickaël Barzalona, les entraîneurs Francis-Henri Graffard et Alain de Royer-Dupré, des agents comme Bruno Barbereau et Steve Obry. Arqana a offert 1 000 € par gagnant du week-end acheté à ses ventes, ce qui représente un total de 6 000 €.

Le financement est donc de nature volontaire mais la présidente d’Au-Delà Des Pistes, Aliette Forien, a déclaré ce week-end vouloir aller plus loin encore : « L’élan de générosité en faveur des chevaux réformés a été extraordinaire et nous fait vraiment chaud au cœur. C’est avec une grande émotion que je tiens à remercier tous les donateurs qui ont apporté leur soutien à cette initiative. Les fonds récoltés vont nous permettre de faire vivre notre réseau de structures de reconversion en apportant un soutien financier à celles qui accueillent des chevaux en convalescence. La plupart des blessures que rencontrent les chevaux de course dans l’exercice de leur métier sont réversibles – tendinites, fractures – mais nécessitent d’observer une longue période de repos. Il nous paraît absolument légitime que la filière course supporte la charge financière de cette convalescence, mais il faut être conscient que cela engendre des coûts importants qui rendent ces levées de fonds nécessaires. Nous avons toujours été convaincus que le mécanisme de financement le plus vertueux est de solliciter une petite fraction des gains plutôt que d’ajouter des frais à la déception que cause la blessure d’un cheval. Nous continuons d’espérer qu’une contribution automatique de tous les socioprofessionnels sous forme de prélèvement sur les gains puisse être validée par le Conseil d’Administration de France Galop. »

Un rôle de facilitateur et médiateur
Le rôle de l’Association est de faciliter la reconversion des pur-sang. En contact direct avec les entraîneurs, elle organise les démarches administratives (pour les titres de propriété, les restrictions d’exploitations, etc.) et les placements adaptés pour chaque cheval. ADDP accompagne près d’une trentaine de structures équestres, professionnelles et passionnées, référencées dans un réseau sur tout le territoire, permettant la reconversion des pur-sang sortis de l’entrainement, et s’assure du bon rétablissement des chevaux convalescents en restant en contact permanent avec ces structures. Une aide forfaitaire financière est également apportée en fonction des soins et du repos nécessaires. De plus en plus de cavaliers sont intéressés par ces pur-sang, que ce soit pour le saut d’obstacles, le concours complet, le polo, le horse-ball ou même le dressage de haute école. Certains brillent dans des compétitions de haut niveau toutes disciplines confondues grâce à des ambassadeurs tels qu’Astier Nicolas (concours complet), Clara Loiseau (concours complet), Brieuc Rigaux (polo), Tom Dupau (horse-ball), Nicolas Touzaint (concours complet).


AU TROT : L’INITIATIVE « JE TROTTE DONC JE SUIS »

Rien de similaire au trot n’existe encore. A l'exception d'une démarche de nature individuelle qui a pris ces derniers mois de "l'épaisseur" : "Je trotte donc Je suis". C'est Astrid Saviez qui est à l'origine du projet dont l'objectif est explicité par ce slogan en accueil du site (https://jetrottedoncjesuis.com/) : « Pour la valorisation des trotteurs réformés des courses ». La jeune femme nous explique le pourquoi de la démarche : « Je suis partie du constat que les cavaliers de trotteurs réformés étaient un peu perdus avec leurs chevaux par manque d’encadrement. J’ai donc commencé il y a six ans maintenant à écrire sur un blog des articles à visée plutôt biomécanique pour l’aide au travail d’un trotteur français lors de sa reconversion. Et, de fil en aiguille, le projet s’est étoffé et agrandi. Les idées se sont élargies et je me suis rendu compte que ce que le galop faisait, avec « Au-Delà Des Pistes », pour la valorisation de ses chevaux, n’existait pas du tout dans le monde du trot. »

je me suis rendu compte que ce que le galop faisait, avec « Au-delà des Pistes », pour la valorisation de ses chevaux, n’existait pas du tout dans le monde du trot.
Astrid Saviez

©DR
La démarche a fait des émules comme poursuite Astrid : « Je me suis entourée de cavalières d’équitation classique qui sont comme des ambassadrices. Par leurs résultats en compétition elles montrent que le trotteur a sa place parmi les chevaux de sport et de loisir et qu’on peut faire des choses avec un trotteur réformé et pas seulement de la balade. » Le site Jetrottedoncjesuis.com dresse ainsi les portraits de cavalières qui performent avec des trotteurs dans différentes pratiques équestres et autres (CSO, CCE, Dressage, Hunter, Endurance, Trec, Horse-Ball, Equithérapie).

Sortir la reconversion de l'isolement
Parallèlement, une rencontre va ouvrir le monde des courses à Astrid Saviez qui continue : « Une de mes amies appartient au milieu du trot : Anaïs Michel. Elle m’a ouvert les yeux sur les courses, m’y a emmenée. Je sors régulièrement des trotteurs chez elle. » La jeune femme continue : « Mon discours s’est progressivement ouvert aux deux parties concernées dans une logique de reconversion : le côté courses (comme fournisseur, ndlr) et le côté des cavaliers (comme client, ndlr) pour mettre en avant les qualités du trotteur dans cette démarche de reconversion. Aujourd’hui avec Je Trotte Donc je Suis (JTDJS) qui a été lancé en février dernier, nous cherchons à avoir une démarche plus globale et complète. » Evidemment, tout cela ne peut pas se faire à l’échelle d’Au-Delà Des Pistes puisque tout dépend actuellement de la bonne volonté de quelques femmes engagées par leur seule passion. « Nous avons monté une association officielle pour avoir un vrai statut, avoir des membres, recevoir des dons, explique encore Astrid Saviez. Je propose dorénavant des services aux professionnels du trot, notamment en passant des annonces gratuitement pour eux, via un partenariat avec Trot Annonces. Cela les soulage de toutes les démarches et ensuite on communique sur nos réseaux. » C’est d’ailleurs un des points forts de JTDJS : une forte activité sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram. « On essaie d’y avoir un discours de plus en plus orienté vers les professionnels pour les aider à sortir de l’isolement lors de la réforme de leurs chevaux. »

Un annuaire de la reconversion en projet
La présidente de JTDJS développe actuellement un annuaire de reconversion du trotteur : « Cet annuaire est en construction et sera à double lecture : d’un côté lister tous les professionnels de la reconversion – des écuries qui accueillent des trotteurs ou qui les revendent –, de l’autre des entraîneurs ou des éleveurs qui ont des trotteurs à réformer. C’est un gros projet qui est en train de s’étoffer avant d’être mis en ligne. Nous cherchons là encore à rapprocher le monde classique (celui de l’équestre) du monde des courses. On parle du même cheval, on est amoureux du même cheval. Il faut simplifier la communication entre les deux extrémités de la chaîne, entre l’éleveur ou le propriétaire et le cavalier qui cherche un trotteur en reconversion. »

L’horizon de la reconversion
Et après ? La jeune femme conclut sur le passage à une dimension plus officielle de son projet : « Toute seule, avec toutes les volontés et les petites mains qui m’entourent, je ne peux pas faire beaucoup plus que ce que je fais actuellement. Pour l’instant, les contacts avec la société mère n’ont pas reçu de retour concret. Pourtant, on a placé entre vingt et trente trotteurs depuis le confinement, sur une période compliquée. Seule, je n’ai pas les épaules pour développer un tel projet comme Au-Delà Des Pistes le fait, avec notamment un financement officiel. L’aventure est passionnante et pertinente. La reconversion des trotteurs est encore opaque et peu structurée. JTDJS voudrait aider ceux qui le font, souvent très bien et dans l’ombre, à avoir un peu plus de visibilité. » Et puis Astrid Saviez ajoute une dimension sociétale et contemporaine : « On a des forts appels du pied de toutes les associations pour le bien-être équin et quand on sait que, chez les trotteurs, on a quasiment 70 % des produits par génération qui sont concernés rapidement par la réforme, ça vaut le coup que tout le monde considère cela comme un sujet important et prioritaire. C'est un vrai enjeu pour la filière. A partir de Je Trotte Donc Je Suis, on pourrait aujourd'hui impulser un peu plus de dynamique et prendre de la hauteur. »

La reconversion est un vrai enjeu pour la filière trotteuse.
Astrid Saviez

©DR

A voir aussi :
...
Huriel Ludois tient bon jusqu'au poteau

Bien que convalescent, Stéphane Bourlier tient la forme (comme on le précisait dans notre édition de lundi). En voici une nouvelle preuve avec le succès d' HURIEL LUDOIS (Coup de Poker) dans l'étape comptant pour le ...

Lire la suite
...
Look de Valailles, le label et les couleurs Dumontier

Pierre Dumontier n'a à l'heure actuelle qu'un cheval déclaré à l'entraînement en attendant l'arrivée prochaine sur le circuit de Medith de Valaille : LOOK DE VALAILLES (Earl Simon), un poulain venant de son élevage et qui s'affirme au fil des ...

Lire la suite
...
Igrec de Celland
en lettres capitales

Trotteur en vue dans les meilleures courses de la fantastique promotion des "I", Igrec de Celland (Django Riff) fait une entrée fracassante dans le GNT en s'offrant la 4ème étape disputée à Cordemais. Il devance l'autre favori de la ...

Lire la suite
...
Olivier Peslier stoppe sa carrière

C'est une figure, qui déborde largement du seul champ du galop et du plat en particulier, qui vient d'annoncer sa fin de carrière. Olivier Peslier raccrochera définitivement ses bottes, sa selle et sa cravache ce jeudi, lors ...

Lire la suite