... (© APRH)
Actualité - 20.03.2022

Jean-Marie Roubaud prend de plus en plus de place

Il n’est pas possible de parler de révélation pour une écurie qui ne cesse de monter en puissance depuis 2016 et a même passé par deux fois la barre des cent gagnants annuels au cours des trois derniers exercices. Pour autant, la réussite en ces premières semaines de l’année des chevaux entraînés par Jean-Marie Roubaud ne passe pas inaperçue. Avec plus de trente gagnants, l’entraîneur méridional, dont les premiers partants remontent à moins de dix ans dans la structure qu’il a montée avec Sylvain Roubaud, son cousin, se fait une place de plus en plus conséquente, non seulement régionalement mais aussi nationalement où il occupe la deuxième place du classement des entraîneurs au nombre de victoires depuis le début de l’année.

24 Heures au Trot. Après deux mois et demi de courses, vous êtes l’entraîneur n°1 au nombre de victoires en région (34) et deuxième au niveau national. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Jean-Marie Roubaud. Ce que ça m’inspire ? C’est que cela va être dur de se maintenir à cette place dans ces classements ! Bien sûr, cela fait toujours plaisir. On a commencé l’année avec des chevaux en forme qui ont profité de bons engagements. Tout s’est bien enchaîné. Maintenant, on va rentrer dans une période un peu creuse, une sorte de temps mort même si l’on va continuer à prendre des allocations car j’ai beaucoup de chevaux.

Pourquoi ?
Parce que les chevaux de Cagnes sont fatigués et ceux que j’avais arrêtés pour la province ne sont pas encore prêts. En plus, j’ai des éléments qui sont un peu malades, ayant mouché et un peu de fièvre. Là tout de suite, ça ne se goupille pas bien. Le temps de tout remettre en route, je pense qu’on sera de nouveau bien au mois de mai. J’ai des chevaux qui sont restés en forme mais on ne sera pas sur la même lancée qu’en janvier où on a gagné vingt courses et en février où on en a gagné dix.

Trente gagnants en deux mois, est-ce un résultat escompté ?
Je n’avais pas envisagé de gagner autant de courses au cours des deux premiers mois de l’année. Je pensais bien que des chevaux comme Evariste du Bourg (Jasmin de Flore) et El Presidente (Password) allaient gagner leur course. Mais des chevaux comme Electric Blue (Vanishing Point) ou Furioso A Quira (Sam Bourbon), par exemple, que j’arrêtais l’hiver je ne sais pas pourquoi ont bien fait. Une jument comme Grace Memories (Roc Meslois) a gagné trois courses.

Vous étiez-vous particulièrement concentré sur le meeting de Cagnes ? Aviez-vous mis en quelque sorte tous vos œufs là-bas ?
Non, pas du tout ! Il s’est trouvé que les chevaux ont été super bien, avec des engagements tout aussi bons. Certaines écuries ont aussi été moins en forme que d’autres hivers. C’est un ensemble de choses qui a fait que nous avons obtenu ces résultats. Vous savez, c’est difficile à expliquer. Il y a eu d’autres meetings où je pensais être bien équipé et ça n’avait pas trop marché. Cette année, alors que je pensais que je n’étais pas trop armé, ça a fonctionné. C’est pareil pour Nicolas (Ensch) avec qui j’avais parlé en début de meeting, il n’était pas confiant mais, au final, il n’a jamais fait un aussi bon meeting.

Les chiffres de Jean-Marie Roubaud entraîneur depuis 2013
Années / Gains (€) / Victoires / Partants / Chevaux / % 3ers
■ 2022 / 671 015 / 34 / 193 / 68 / 41,5
■ 2021 / 1 712 700 / 109 / 818 / 120 / 31,2
■ 2020 / 1 165 005 / 71 / 767 / 130 / 23,5
■ 2019 / 1 738 880 / 109 / 998 / 137 / 26,5
■ 2018 / 1 555 745 / 87 / 890 /136 / 25,5
■ 2017 / 1 437 725 / 72 / 872 / 132 / 22,9
■ 2016 / 1 437 725 / 72 / 872 / 103 / 25,7
■ 2015 / 748 760 / 35 / 488 / 72 / 24,4
■ 2014 / 377 490 / 25 / 319 / 50 / 20,1
■ 2013 / 104 900 / 8 / 136 / 30 / 16,2


De tels résultats représentent on imagine une forte motivation pour l’ensemble de l’écurie, non ?
Au début, ils me chambraient en m’appelant « meilleur entraîneur de France ». Je leur disais de bien en profiter car cela n’allait pas durer. Mais j’ai une équipe qui est toujours motivée et n’a pas besoin pour cela que l’écurie soit tout en haut des classements.

Depuis 2016, votre entraînement connaît une montée en puissance assez remarquable avec des années phares en 2019 et 2021 avec 109 gagnants, plus de 1,7 M€ de gains. Quel regard portez-vous sur vos résultats ?
C’est la suite logique des choses. Au tout début, il y a huit ou neuf ans, j’avais quelques chevaux seulement. Aujourd’hui, j’en ai quatre-vingts. Forcément, plus vous avez de chevaux, plus vous gagnez de courses. L’établissement s’est aussi développé au fil des années, on l’a encore agrandi récemment d’une vingtaine de boxes supplémentaires et de paddocks. Surtout, cela quatre ou cinq ans maintenant que nous avons notre propre piste d’un peu plus de 1000 mètres. Avant, on allait trotter tous les jours chez Yannick-Alain (Briand) notre voisin car notre piste ne faisait que 600 mètres et on ne pouvait pas aller vite dessus. Il est arrivé un moment où ce n’était plus possible car on n’avait trop de chevaux entre lui et nous. C’était Grosbois (sourire)…

Il y a eu d’autres meetings où je pensais être bien équipé et ça n’avait pas trop marché. Cette année, je pensais que je n’étais pas trop armé et ça a fonctionné.
Jean-Marie Roubaud

(© APRH)
Cette piste est pour beaucoup dans nos résultats depuis. J’y ai mes repères même si je m’adapte à chaque cheval. Et puis, ça fait dix ans que j’entraîne et il y a des conneries que je faisais au début que je ne fais plus.

De qui êtes-vous inspiré dans votre façon d’entraîner ?
J’ai été formé chez Philippe Mortagne pour lequel j’ai travaillé deux ans comme salarié après mon apprentissage avant d’aller chez Yannick-Alain (Briand). Ce dernier et Nicolas Ensch, avec lequel on a toujours eu des chevaux, m’ont beaucoup conseillé. Après, je sais aussi regarder ce qui se passe autour de moi et je fais à mon idée. L’ensemble des trois fait que ça marche. C’est un métier où l’observation et la transmission sont importantes. Je ne cours pas, donc je regarde beaucoup aux courses ce qui se fait. Du bord de la piste, on arrive aussi à bien juger les chevaux, on voit des choses qu’on ne voit pas quand on est au sulky.

Mention bien mais peut faire mieux
Quand Jean-Marie Roubaud regarde en arrière le chemin parcouru depuis son installation, voici ce qu'il dit : "C’est bien, c’est même très bien mais on peut toujours faire mieux. Je n’ai encore jamais gagné une étape du Grand National du Trot par exemple, ce serait bien. Jamais je n’avais pensé remporter le Grand Prix de la Ville de Nice à Cagnes et on l’a fait l’été dernier avec « Evariste » qui est le meilleur cheval que j'ai entraîné. Il me reste le Prix de la Côte d’Azur et une étape du Grand National. Après, je ne peux pas me plaindre quand je regarde ce que l’on a fait".

Est-ce alors un plus de ne pas driver en course ?
Je ne dirais pas ça. Steve (Stefano) et Kévin (Devienne) sont meilleurs que moi, Pierre (Repichet) aussi sûrement. Je suis aussi bien à entraîner mes chevaux. Moi, ce que j’aime c’est de préparer une course de longue date. Quand vous arrivez à amener un cheval comme il faut pour le jour J, c’est une satisfaction, même si vous n’êtes pas à l’abri ensuite d’un aléa de course. Je me concentre sur l’entraînement en m'adaptant à chaque profil. Certains travaillent la veille de la course, d'autres à quatre jours. Cela dépend comment vous sentez les choses.

Comment fonctionne le tandem que vous formez avec Sylvain, votre cousin ?
C’est bien simple. Sylvain fait beaucoup de relationnel, car je ne suis pas spécialement fort pour ça. Il a un bon relationnel avec tout le monde. Il cherche les chevaux, il est le recruteur de l’écurie. Il les connaît tous, il a pris untel en note à tel endroit, etc. L’après-midi, on s’occupe ensemble des soins.

Vous avez aussi cette réputation de la qualité des soins que vous apportez aux chevaux qui ont des problèmes de jambes, n’est-ce pas ?
C’est-à-dire que les bons chevaux que l’on a eus, on les a retapés. Après avoir appliqué des vésicatoires, on les reprend doucement mais très longtemps. De plus, on a une rivière qui passe sur notre terrain. Dès que ces chevaux-là travaillent, ils vont à la rivière pour refroidir les membres. Après, ça ne marche pas à chaque fois. Mais vous pouvez tomber sur un Viking d’Hermès (Sancho Pança) pour qui l’eau a été essentielle pour soigner ses tendinites ou un Evariste du Bourg (Jasmin de Flore), même si, pour celui-ci, ce n’était pas le même problème tendineux. Il y en a d’autres même si ce n’est pas magique.

Pour revenir à votre association avec Sylvain, vous semblez former un tandem complémentaire, chacun dans sa partie. On est toujours plus fort à deux, peut-on résumer comme ça votre association ?
Ah oui. Parfois, je fais des erreurs qu’il rectifie et inversement. Ça fonctionne bien, il faut être à l’écoute de l’autre. La réussite de l’écurie vient beaucoup de là. Après, on est un peu têtus tous les deux - d'ailleurs les gars à l'écurie me surnomment le mulet - mais on se connaît bien et on se complète bien. C’est Sylvain qui m’a fait connaître et m’a fait confiance pour l’entraînement quand je suis revenu dans les chevaux après avoir coupé pendant deux ans. Vous revenez toujours aux chevaux.

Au sein de votre écurie, le nombre est une force ?
Oui à condition d’arriver à bien s’en occuper. Aujourd’hui, nous sommes au maximum de nos capacités, surtout que j’insiste un peu trop parfois quand j’essaye des chevaux. J’ai toujours envie d’y arriver. Il faut que j’arrive à progresser là-dessus. Je fais encore des erreurs mais je pense que même le plus vieux des entraîneurs continue à en faire. Je pense savoir dans quels domaines je dois progresser, à commencer par moins m’entêter avec certains chevaux et par courir peut-être un peu moins souvent un cheval qui est bien.

Une partie de la team Roubaud après un succès à Cagnes-sur-Mer (© A. Viguier)

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