La lutte contre le dopage est au centre d'une séquence de déclarations importantes lors des dernières soixante-douze heures. Vendredi soir à Enghien, l'entraîneur Mickaël Dollion annonce qu'il se retire des courses lassé par les méfaits du dopage dans les courses. Dimanche, les présidents des deux sociétés-mères des courses, Jean-Pierre Barjon et Edouard de Rothschild, signent une tribune dans le Journal du Dimanche intitulée "Pour des courses hippiques propres". Dans les deux cas, les propos sont ceux, chacun à leur échelle, de lanceurs d'alerte.
La lutte contre le dopage est au cœur des préoccupations des courses. Depuis toujours mais le sujet a pris des proportions nouvelles ces derniers mois. Au galop, l'affaire dite de Calas en décembre dernier, toujours en instruction, avait mis en pleine lumière, et dans les médias grand-public, le sujet du dopage dans les courses. Au trot, le malaise n'a fait que monter en puissance l'an dernier (lire notre édition du 28 octobre).
Les réactions existent. LeTROT communique ainsi des bilans mensuels sur la lutte anti-dopage depuis décembre de dernier. Ses dirigeants ont débuté le vendredi 11 mars une tournée de réunions d'information et d'échanges sur le sujet en région. Mais dimanche, dans leur tribune, les présidents de LeTROT et de France Galop vont plus loin en se tournant vers la puissance publique en réclamant : "Nous sommes lanceurs d'alerte aux côtés des services de l'Etat qui luttent contre la fraude organisée. Avec le développement de certaines pratiques (...), il faut intensifier les enquêtes policières et les analyses scientifiques". Il faut y comprendre deux messages : l'un à destination des pouvoirs publics, l'autre pour les professionnels.
Ne pas relâcher la pression
La tribune des présidents de LeTROT et de France Galop est donc premièrement un appel aux élus qui sortiront des urnes lors des prochaines élections (présidentielle et législative) à soutenir la filière des courses dans sa lutte pour "des courses propres". "Nous aimons les chevaux. Au galop et au trot, le cheval est au cœur de nos attentions. (...) nous le voulons sain. (...) À la faveur des élections, nous appelons les candidats à soutenir notre démarche."
Si le texte défend les démarches actuelles de lutte contre le dopage et en démontre l'ampleur avec "25.600 prélèvements (annuels), deux fois plus que dans l'ensemble des disciplines sportives" et les actions judiciaires réalisées ("la justice confirme toujours nos sanctions, voire les accentue"), il rappelle aussi le rôle prépondérant des pouvoirs publics dans la gestion globale des affaires de dopage. C'est une question de co-responsabilité sur le sujet avec les sociétés-mères qui, dans un même temps, saluent la situation actuelle, de total échange entre les services, et alertent sur la nécessité de maintenir le niveau de moyens développés et de temps consacré pour le service central des courses et jeux, lequel n'a justement pas que les courses dans son champ d'action.
Les présidents des sociétés-mères font le constat du développement de nouvelles infractions difficilement détectables et donc non punissables : c'est toute la panoplie de lutte contre le dopage qui doit être renforcée par des techniques et des méthodes d'investigation propres au travail de la police et uniquement la police ("il faut intensifier les enquêtes policières et les analyses scientifiques"). Or ces enquêtes prennent du temps et représentent souvent un travail de fourmis, basé sur le recoupement d'informations, la diligence d'enquête passant parfois par des écoutes téléphoniques. Le temps de la justice est long, ce qui est aussi l'assurance d'un état de droit, et souvent trop long au goût de ceux qui se sentent les premiers lésés. C'est la seconde partie du message des sociétés-mères sur la thématique "on ne lâche rien" en faisant appel à toutes les actions possibles dont certaines demandent du temps. La réalité du moment place ainsi la filière courses en demande de nouveaux relais publics afin de trouver un support des instances étatiques pour combattre le "développement de certaines pratiques (le détournement de la médecine régénérative, l'importation de produits illégaux, etc.)".
Ce sont au final les moyens et les règles de la lutte contre le dopage en concertation avec les administrations publiques que propose de remettre à plat la filière des courses elle-même, relayant les inquiétudes exprimées par les lanceurs d'alerte du terrain, les acteurs des courses eux-mêmes, comme l'a fait Mickaël Dollion vendredi soir (lire la suite). Les élus placent par ailleurs leur combat contre le dopage sur le terrain le plus vaste et audible pour la société et ses élus, celui de la maltraitance animale : "Nous appelons les futurs élus à s'engager à développer ce partenariat dans la lutte contre la maltraitance des chevaux."
Après la victoire d'Hello Paname (Let's Go Along) vendredi soir à Enghien, l'émotion est palpable dans le camp vainqueur. Mickaël Dollion annonce qu'il arrête son activité d'entraîneur. Non par obligation économique mais par conviction personnelle. Aux écuries, il nous expliquait sur les raisons de sa décision : "C’est fini. J’arrête, je pense que dans deux semaines, tout sera clos. Mon entreprise est petite mais fonctionnait bien car je faisais beaucoup de débourrage pour des grandes maisons. Mais je veux quitter les courses car il y a plein de choses qui ne me plaisent pas actuellement dans le milieu du cheval. Il y a un gros problème sur le dopage. Mon arrêt est un choix de raison."
Un constat frustrant d'impuissance
À l'appui de sa décision, Mickaël Dollion ajoute encore : "La semaine dernière lors d’une réunion d’information avec plusieurs représentants de la société-mère (N.D.L.R. : LeTROT), ils reconnaissent qu’ils ont des doutes sur certains mais qu’ils n’ont aucune preuve. Ils n’arrivent pas à prendre les fautifs sur le fait. Au niveau de la recherche, les sociétés-mères sont en retard. LeTROT se démène mais il y a un gros ménage à faire pour que cela bouge vraiment car il y a une bande de tricheurs qui met à mal toute une filière."
Passionné et fin connaisseur du cyclisme, Mickaël Dollion propose de s'inspirer des expériences des autres sports : "Dans le cyclisme, les gros problèmes d’il y a vingt ans ont fait énormément bouger les choses. Il faut que les courses aillent regarder dans les autres instances du sport et notamment ce qu’a fait la FFC (Fédération Française de Cyclisme) dans la lutte contre le dopage. Il faut réduire cette triche car cela fausse tout."
Les courses doivent s'inspirer d'autres instances sportives.
Mickaël Dollion
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