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Actualité - 31.03.2022

Les émojis changent Pourquoi, comment

Les émojis passent en phase 2. Comme en automobile et pour en utiliser le même code sémantique, ils viennent de connaître un restylage, visible depuis ce jeudi. Le lancement des émojis durant l'été 2020, avant leur mise en place obligatoire à la fin du mois d'octobre, avait pour ambition d'apporter de la lisibilité aux courses à destination des parieurs. Pourquoi donc cette évolution après dix-sept mois de loyaux services, avec quels objectifs ? Notre dossier.

Nés des échanges des Assises du Trot du 1er juillet 2020, dont ils sont d'ailleurs la première concrétisation terrain, les émojis font figure de totem dans la volonté de mettre de la transparence entre la filière hippique (dans le seul domaine du trot en l'espèce) et les parieurs. Demander aux entraîneurs de déclarer leur niveau de confiance pour chaque participation de leurs pensionnaires relève bien d'une démarche vers plus d’informations aux joueurs, les premiers clients des courses. Après plusieurs mois, LeTROT constate que le système d'information n'obtient pas l'adhésion de tous les professionnels et travaille pour élargir son audience. C'est dans ce contexte que Jean-Pierre Barjon, président de LeTROT, lance la phase 2, expliquant dans un courrier destiné aux acteurs du trot : "Vous avez accueilli cette mesure [les émojis] avec bienveillance, une majorité d’entraîneurs se prêtant aussitôt à l’exercice. Qu’ils en soient remercié(e)s. Les remontées de terrain nous ont cependant permis de comprendre les réserves de certains d’entre vous, trouvant la catégorisation trop tranchée." Le blocage viendrait donc des définitions des émojis, présentant trois catégories distinctes.

CE QUI CHANGE : DE NOUVEAUX LIBELLÉS DES ÉMOJIS
■ Vert : tous les paramètres sont réunis pour un classement du cheval dans les trois premiers
■ Orange : plusieurs paramètres sont réunis pour un classement du cheval à la quatrième ou la cinquième place
■ Rouge : peu de paramètres sont réunis pour envisager un classement dans les cinq premiers

Précédents libellés :
■ Vert : tous les paramètres sont réunis pour envisager la victoire
■ Orange : plusieurs paramètres sont réunis pour envisager la victoire
■ Rouge : peu de paramètres sont réunis pour envisager la victoire

Un travail sur la nomenclature avec des définitions moins engageantes pour les professionnels
Dans sa présentation de la nouvelle nomenclature associée aus émojis, Jean-Pierre Barjon précise encore : "Au Conseil d’Administration puis dans le cadre du Comité, nous avons donc pris cet hiver la décision de redéfinir la catégorie de chaque émoji, accompagné de son code couleur. Cette évolution se veut plus ouverte, et en conséquence plus incitative."
Concrètement, on fait désormais référence à un niveau de places (les trois premiers, les cinq premiers) et non plus à la seule notion de victoire comme cela était le cas dans la précédente version. On peut parler de définitions moins engageantes et plus en lien avec des objectifs sur lesquels peuvent s'exprimer les professionnels.

Pierre Belloche : "Ce changement est bien accueilli par les professionnels"
Pierre Belloche est membre du Conseil d’Administration de LeTROT et consultant sur le sujet des émojis dans la Commission du Code. Il s'est engagé pour cette révision et nous explique pourquoi : "La volonté de ce changement est de gagner en adhésion de la part des professionnels. Il s’agissait notamment d’interroger les ambassadeurs du Trot, ceux qui fournissent beaucoup de partants (Jean-Michel Bazire, Patrick Terry, Jean-Michel Baudouin par exemple) et qui mettaient uniquement des émojis orange même si leurs chevaux avaient une première chance sur le papier. En fait, ils se "fétichaient" avec le terme victoire. Après les avoir écoutés, on s’est réunis avec les membres du comité et également ceux du Code pour faire évoluer la définition des émojis. Comme le terme victoire était dérangeant ou bloquant, il fallait le revoir. L’objectif est bien que les professionnels qui fournissent beaucoup de partants, ceux que j’appelle les ambassadeurs du Trot, jouent le jeu à fond. Ce sont eux qui sont le plus visibles. Les parieurs aiment voir des émojis vert. On voit que Jean-Michel Bazire met désormais des partants avec la nouvelle nomenclature et la nouvelle définition de l’information verte. Cela montre que ce changement a porté ses fruits. J’ai passé des coups de fil pour essayer de savoir pourquoi certains entraîneurs mettaient des émojis rouge à chaque fois. Les échanges ont été constructifs. Pour les courses de prestige, les professionnels jouaient plus le jeu avec les émojis que pour les courses lambda. Les professionnels sont bien conscients qu’il faut respecter les parieurs. L’idée est d’éviter de voir à l’avenir un cheval qui fait une rentrée et qui est ferré lourd avec un émoji orange. On sait que les parieurs apprécient aussi de voir des émojis rouges sur plusieurs chevaux dans un peloton. Cela aide à faire le papier."

Jean-Michel Bazire change sa pratique des émojis
Depuis le 26 octobre 2020, date d'obligation d'associer un émoji de couleurs à ses partants et jusqu'au 23 mars, Jean-Michel Bazire n'avait renseigné qu'un seul représentant avec du vert. Il mettait quasiment systématiquement orange (1.097 fois) et quelquefois rouge (150 fois). Il va désormais changer sa pratique avec les nouvelles définitions des émojis. Il a d'ailleurs mis du vert à quatre de ses cinq partants ce vendredi à Vincennes, confiant à Paris-Turf : “La modification apportée récemment est bénéfique pour le parieur. La nouvelle “appellation” lui donne plus de visibilité. Un parieur a besoin de clarté pour investir. Elle lève les ambiguïtés qui sont parfois des freins pour “investir”. Néanmoins, pour moi, il ne devrait y avoir que deux couleurs, sans le orange.”

L’objectif est que les professionnels qui fournissent beaucoup de partants jouent le jeu à fond.
Pierre Belloche

Objectif : augmenter l'adhésion au système d'information des émojis
Pierre Belloche parle d'adhésion. Dans notre édition du 25 novembre consacrée à un bilan des émojis (à retrouver par ce lien), nous avions évoqué : "Une voie de conquête de nouveaux adeptes et pratiquants chez les entraîneurs pourrait être de simplifier les définitions (...)" C'est bien le sens de la démarche avec donc déjà plusieurs réactions positives comme celle de Jean-Michel Bazire (lire page précédente).

Trois fois plus d'émojis verts par course le week-end à venir !
Le changement de nomenclature a déjà une conséquence, quantifiable sur le prochain week-end, de vendredi 1er au dimanche 3 avril. Avec 175 émojis verts déclarés, on est largement au-dessus des chiffres des précédents week-ends avec, pourtant, un nombre de courses inférieur. Le ratio de 1,65 émoji vert par course est trois fois supérieur aux deux week-ends de référence. Aucun hasard là-dedans.

18-20 mars 2022
■ émoji vert : 71 ■ courses : 132 ■ émoji vert/course : 0,54

25-27 mars 2022
■ émoji vert : 82 ■ courses : 138 ■ émoji vert/course : 0,59

1-3 avril 2022
■ émoji vert : 175 ■ courses : 106 ■ émoji vert/course : 1,65


QUEL BILAN AVEC LES ÉMOJIS (DANS LEUR PREMIÈRE DÉFINITION) ?

Répartition des émojis enregistrés sur les partants dans les courses Premium (entre le 30 avril 2021 et le 29 mars 2022)
Emoji / Nombre / Proportion
■ Vert /3.291 / 5,6 %
■ Orange / 51.660 / 87,7 %
■ Rouge / 3.958 / 6,7 %

Répartition des émojis associés aux vainqueurs des courses Premium (entre le 30 avril 2021 et le 29 mars 2022)
Emoji / Nombre / Proportion
■ Vert / 658 / 14,3 %
■ Orange / 3.871 / 84,4 %
■ Rouge / 58 / 1,3 %

L'information verte se retrouve nettement plus présente dans camp des vainqueurs (14,3 %) que sur les programmes des partants où elle ne concerne que 5,6 % des concurrents. On obtient ici une proportion quasiment trois fois supérieure.

À noter que sur les seules courses Premium parisiennes, les indications verte et rouge sont encore plus discriminantes. La proportion des vainqueurs avec un émoji vert grimpe à 16 % alors que les vainqueurs avec un rouge sont quasiment absents (4 cas, soit 0,3 % des vainqueurs). On rejoint ici le constat exprimé par Pierre Belloche (lire page précédente) : "Pour les courses de prestige, les professionnels jouaient plus le jeu avec les émojis que pour les courses lambda."

Répartition des émojis associés aux vainqueurs des courses Premium parisiennes (entre le 30 avril 2021 et le 29 mars 2022)
Emoji / Nombre / Proportion
■ Vert / 234 / 16,0 %
■ Orange / 1.222 / 83,7 %
■ Rouge / 4 / 0,3 %

Le vert qui multiplie par deux la probabilité de monter sur le podium
Selon des données du pôle digital de LeTROT, qui compile les déclarations des émojis sur l'ensemble des courses entre 26 octobre 20 (date de début d'obligation de l'émoji) et le 23 mars 2022, un partant avec un émoji vert conclut dans 40,52 % des cas sur le podium. Si on compare à l'ensemble des partants (21,1 % finissent dans les 3 premiers), on obtient une réussite multipliée par 1,91. On peut donc dire que le partant "moyen" du programme français qui reçoit un émoji vert a une probabilité presque deux fois supérieure à l'ensemble des partants de conclure dans les trois premiers.

Pascal Cordeau, l'entraîneur à suivre avec ses "verts"
Parmi les entraîneurs ayant présenté plus de 200 partants depuis le lancement des émojis, le 26 octobre 2020, et ayant mis au mois 10 émojis verts, Pascal Cordeau est celui qui affiche le meilleur taux multiplicateur avec ses partants émoji vert.
■ Sa réussite de base dans les 3 premiers : 10,5 % (23 placés sur 219 partants).
■ Avec un émoji vert = 8 dans les trois premiers pour ses 20
partants, soit 40,0 %. Yvan Lacombe multiplie sa réussite de base de 3,8 avec ses partants avec un émoji vert.
■ L'entraîneur installé dans le Berry a présenté avec succès ce mardi Hinden (Trésor Wic) à Enghien. Un Hinden qui s'est élancé avec un émoji vert.

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