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Actualité - 18.04.2022

Happy Valley alimente la fructueuse récolte de Fenaison

Happy Valley 1’12’’ (Royal Dream) est labellisée semi-classique depuis son brillant succès dans le Prix Henri Levesque (Groupe 2), samedi, à Vincennes. Issue d’une poulinière aussi talentueuse que prolifique, elle est le cinquième membre de la fratrie à atteindre, au moins, ce niveau. La parentèle remonte à Fenaison 1’22’’ (1971-Seddouk), la troisième mère d’Happy Valley, naguère achetée par Jean-Pierre Dubois à une vente de l’écurie Moreau et appelée à faire souche au sein de l’élevage familial.

Jean-Pierre Dubois est l’un des trois éleveurs d’Happy Valley, en partenariat avec son fils, Jean-Philippe, et avec son petit-fils, Etienne. Il se souvient très bien de Fenaison, l’arrière-grand-mère de la lauréate du Prix Henri Levesque 2022 : « C’était, à l’origine, une représentante de Georges Moreau. A cette époque, M. Moreau faisait une vente pour réduction d’effectif presque tous les ans et je l’avais achetée en l’une de ces occasions. Je crois me souvenir qu’elle avait fait le top-price de la vente en question. Je l’avais achetée pour courir, avec la perspective de l’élevage, aussi, bien sûr. À ce moment-là, j’avais besoin d’acheter des juments pour l’élevage. Je l’avais repérée parce qu’elle avait donné une bonne réplique, un jour, à Fakir du Vivier, le crack de Pierre Allaire. Avec le recul, je me suis aperçu qu’elle avait ''pris dur'' en la circonstance, y laissant, sans doute, son cœur. Mais la classe était là. En course, je n’ai jamais trop pu m’en servir, d’autant qu’elle a vite eu des problèmes de jambes. Elle n’était pas, à proprement parler, difficile, mais elle avait beaucoup de « gaz ». Il faut dire que son papier était un concentré de vieux sang américain. »
Fenaison est, effectivement, inbred tant sur Mousko Williams (3x4) que sur le père de celui-ci, Sam Williams (4x3x5). La lignée maternelle est, en outre, elle-même américaine, à partir de Lady Stately, une fille de Stately née au début du siècle dernier, en position de sixième mère dans le pedigree de Fenaison. Cette dernière a pleinement justifié l’investissement de Jean-Pierre Dubois dès lors qu’elle est entrée au haras, essaimant principalement par l’entremise de deux de ses filles, Névadara 1’20’’ m. (Caprior) et Queen d’Aunou 1’17’’ (Bellino II).

Autour d’Aunou : le chef-d’œuvre de Névadara

Névadara fut classique sous la selle, se classant cinquième de l’édition 1982 du Prix de Vincennes –celle gagnée par le champion d’Ali Hawas, Nestoriac–, montée par Jean-Philippe Dubois. Poulinière, présentée à l’américain Speedy Somolli, elle en obtiendra la championne Autour d’Aunou 1’13’’, pendant que sa contemporaine et voisine de box, chez Jean-Pierre Dubois, Nesmile, en aura Amour d’Aunou, moins douée, mais future grand-mère d’un certain Love You ; une Nesmile sur laquelle le père d’Happy Valley, Royal Dream 1’10’’, est d’ailleurs consanguin (4x3), là où sa fille a, soit dit au passage, le même inbreeding sur And Arifant. Mais revenons à Autour d’Aunou, millionnaire en euros, en monnaie transformée, voilà trente ans –ce qui situe le niveau de ses performances–, gagnante de quinze courses, dont le Championnat Européen des 3 Ans et le Prix de Sélection, deuxième de Sea Cove dans le Prix de France et d’Avenir de Sée dans le Critérium des 5 Ans ou encore troisième du Critérium des Jeunes et du Prix de l’Etoile. A 3 ans, entre le mois de mai et le mois de décembre, Autour d’Aunou aligna sept succès de Groupe 2 ou de Groupe 1, la série s’interrompant sur une malencontreuse disqualification dans le Critérium des 3 Ans. Elle fut ponctuée, notamment, par un exploit sur les 1.609 mètres de la petite piste, dans le Prix Paul Karle, où elle pulvérisa le record des 3 ans de l’époque, sur le pied de 1’13’’2. Même si elle s’est illustrée jusqu’aux 2.800 mètres du Critérium des 5 Ans, Autour d’Aunou était, avant tout, une jument de vitesse. Pour boucler la boucle familiale, en quelque sorte, c’est Jean-Etienne, le fils cadet de Jean-Pierre Dubois, qui l’entraînait et la drivait. D’Autour d’Aunou descendent, entre autres, les Africaine 1’10’’ (classique ; plus de 670.000 euros de gains), Ukrainienne 1’13’’ (gagnante de Groupe 3 ; plus de 200.000 euros de gains), Pompano Park 1’14’’ (semi-classique ; sixième du Critérium des 3 Ans), Ubanji 1’12’’ (neuf victoires et plus de 250.000 euros), etc. Ajoutons qu’après Autour d’Aunou, Névadara produisit le semi-classique et étalon Hooper 1’13’’ (Cézio Josselyn).








Happy Valley, l'hippodrome au milieu des buildings
Jument de tout premier plan et de grande naissance donc, Happy Valley porte le nom d'un des plus spectaculaires hippodromes de galop au monde. Situé en plein coeur, au sens propre du terme, de Hong Kong, Happy Valley a pour voisins directs les buildings de la cité chinoise. C'est ici que se disputent chaque année les championnats du monde des jockeys en décembre.

J’avais acheté Fenaison, l’arrière-grand-mère d’Happy Valley, à une vente Moreau, parce que je l’avais vue rivaliser avec le crack Fakir du Vivier.
Jean-Pierre Dubois

Happy Valley l'hippodrome
La branche de Queen d’Aunou

Happy Valley provient de Fenaison par une autre branche, celle de Queen d’Aunou, une fille de Bellino II 1’15’’ à laquelle Jean-Pierre Dubois fit gagner quatre courses à Paris, à 3 ans, et qu’il fit se classer troisième du semi-classique Prix Gaston Brunet (Groupe 2). Poulinière, Queen d’Aunou donnera une série de bons vainqueurs, emmenés par Le Dream 1’13’’ (Extreme Dream), gagnant de dix courses et de 230.000 euros, Play With You 1’14’’ (In Love With You), vainqueur à onze reprises, pour près de 150.000 euros de gains, Gerbo Lets 1’14’’ (Buvetier d’Aunou), huit fois victorieux, pour plus de 125.000 euros, et Mysterious Valley 1’14’’ (Goetmals Wood), sans doute la meilleure en classe pure, double lauréate à Vincennes, troisième des semi-classiques Prix Ozo et Guy Deloison et sixième du classique Prix Albert Viel, pour un peu plus de 100.000 euros de gains.

A l’élevage, Mysterious Valley s’est muée en une remarquable génitrice, mère de douze vainqueurs sur quinze produits en âge de courir, parmi lesquels un classique et quatre semi-classiques. Le classique se nomme Tag Wood 1’13’’ (Jag de Bellouet) ; il a gagné neuf courses et presque 385.000 euros, ses deux performances de pointe se situant à la troisième place du Prix de Normandie (Groupe 1) et à la quatrième du Critérium des 5 ans (Groupe 1). Tag Wood est étalon, à l’image de son propre frère aîné, Rockfeller Center 1’13’’ m., semi-classique quant à lui, gagnant de onze courses, dans les deux spécialités, pour 338.000 euros de gains, et à l’arrivée de quatre Groupes 2 sous la selle ; Rockfeller Center est le père des excellentes Féerie Wood (Championnat Européen des 5 Ans, Prix Ténor de Baune ; plus de 500.000 euros de gains) et Favorite Fligny (deuxième du Critérium des 3 Ans).
Les autres performers semi-classiques engendrés par Mysterious Valley sont, en plus d’Happy Valley, les précoces A Mysterious Love 1’14’’ (Love You), gagnant du Prix Maurice de Gheest (Groupe 2), puis deuxième du Prix Paul Viel (Groupe 2), avant de voir sa carrière écourtée, et Brooklyn Bridge 1’13’’ m. (Quatre Juillet), deuxième des Groupes 2 Prix Edouard Marcillac et Félicien Gauvreau. Les deux derniers produits de Mysterious Valley sont Jazzman, un propre frère d’Happy Valley qui reste à qualifier, et Kings Canyon, un 2 ans par Fabulous Wood.


En phase ascendante après des débuts tardifs
Il y a un an, Happy Valley venait tout juste de débuter, ouvrant d’emblée son palmarès sur la piste en herbe d’Ecommoy. Elle s’était qualifiée moins de trois semaines plus tôt, en 1’16’’9, sur l’hippodrome du Mans, faisant impression et recueillant deux étoiles dans Province Courses L’Hebdo. Jean-Philippe Dubois expliquait alors qu’elle s’était fait mal au dos, au paddock, à 3 ans, d’où cette qualification tardive en début d’année de 4 ans. Douze mois plus tard, Happy Valley, qui a gravi progressivement les échelons, selon une habitude chère à son mentor, en est à onze victoires et quatre places, en dix-huit sorties, dépassant les 200.000 euros de gains et venant, samedi, d’abaisser son record de sept dixièmes de seconde en trottant le kilomètre sur le pied de 1’12’’8 (2.700 mètres, grande piste). C’est bien, très bien même, mais il est légitime de penser que le meilleur est encore à venir.
Love You 1'10''2 Coktail Jet 1'11''2
Royal Dream 1'10''7 Guilty Of Love 1'17''1
Ida Bourbon Buvetier d'Aunou (US) 1'14''4
HAPPY VALLEY Ocre Et Verte 1'17''1
Goetmals Wood 1'11''9 And Arifant 1'16''5
Mysterious Valley 1'14''6 Tahitienne
Queen d'Aunou 1'17''6 Bellino Ii
Fenaison
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