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Actualité - 24.04.2022

Serge Tardy : "Les hippodromes marseillais gagnent en visibilité"

Depuis le mois de mars, la société hippique des hippodromes marseillais anime des animations souvent inédites pour redonner de la visibilité aux courses dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’opération est à multiples facettes et actionne de nombreux leviers : tout à la fois à destination des parieurs, des acteurs économiques locaux et des élus. En chef d’orchestre du projet, Serge Tardy, président des hippodromes marseillais depuis la fin d’année dernière. Pour lui, ce qui compte plus que tout, c’est voir les courses reconquérir leur place sportive et culturelle dans la cité phocéenne et faire en sorte qu’elles rayonnent plus fort. Le projet est exemplaire à plus d’un titre et pourrait servir, dès lors qu’on sera au temps de l’analyse de ses réussites et échecs, de modèle à l’ensemble de la filière hippique. Rencontre avec un président qui pense les courses dans leur globalité.


Elu en décembre dernier à la présidence de la société hippique des hippodromes de Marseille, qui chapeaute les sites de Borély et de Vivaux, succédant à Jacques Rossi démissionnaire, Serge Tardy est un homme de challenge. Cet Aixois a découvert les courses dans les pas de son père dès son plus jeune âge et est propriétaire de galopeurs. Depuis juin 2019, il est aussi président du Syndicat National des Propriétaires au Galop. Il connaît toutes les dimensions de la filière des courses et affectionne aussi le trot. Ce qui l’intéresse plus que tout, ce sont la reconnaissance et le développement des courses, de toutes les courses hippiques suivant sa formule : "Ce que j’aime, c’est faire rayonner les courses en général, quelles que soient leurs disciplines."
Il nous présente les enjeux et les contenus des opérations de communication réalisées à Marseille depuis mars, au lendemain d'une réunion, vendredi 22, particulièrement médiatisée.
24H au Trot.- Vous multipliez les actions de communication depuis quelques semaines à Marseille. Pouvez-vous nous déjà nous présenter le contexte de vos démarches ?
Serge Tardy. - Nous avons considéré qu’il fallait que nos hippodromes jouent leur rôle de recruteur de public qui est la base d’une formule en 4 "P", avec les parieurs, les professionnels, les propriétaires. C’est l’une des fonctions des hippodromes à mon sens et, par conséquent, nous avons donc décidé de nous mettre en ordre de bataille pour arriver à jouer ce rôle, à la fois de médiateur et de prescripteur. On est partis d’une page blanche considérant que les hippodromes sont à peu près déserts, du moins à Marseille. Le constat était simple : pas de communication, pas d’actions commerciales vis-à-vis du public, pas de lien avec le tissu économique local, ni avec les élus et les collectivités. Nous avons donc travaillé ces diverses thématiques dans un plan de communication qui va se dérouler jusqu’à cet été. Notre premier sujet a été les turfistes.

Concrètement, quelles actions avez-vous lancées à destination des turfistes ?
Nous avons fait le choix de valoriser la place de l’hippodrome en montrant qu’on peut y bénéficier de choses qu’on n’a pas ailleurs en tant que turfiste. Nous agissons par plusieurs actions : l’information et l’incitation au jeu avec la mise en place de bonus. Sur le thème de l’information, on propose donc des contenus exclusifs à nos parieurs recueillis auprès des professionnels en amont et que nous mettons à disposition de manière synthétique sur grand écran et sur un document que nous distribuons. Les entraîneurs déclarent leurs ambitions, par une brève formule, que nous associons à des pouces levés ou baissés. C’est un peu l’esprit des émojis développés par LeTROT. Tout le monde s’y retrouve puisque cela ne nécessite aucun niveau d’expertise. Cela permet aux néophytes de disposer d’un petit guide pour mieux comprendre les chances des concurrents. Tous les entraîneurs ne nous répondent pas mais beaucoup le font et cela apporte déjà un nombre de commentaires très intéressants.
Et nous avons aussi beaucoup travaillé pour les parieurs sur le thème de l’encouragement au jeu.

Quelles mécaniques d’incitation au jeu avez-vous développées ?
Nous proposons différents types de bonus. Le plus spectaculaire est le Ticket Gold. Nous en faisons gagner trois par réunion spéciale, les vendredis. C’est quoi ? C’est un ticket-pari qui est désigné de manière aléatoire et dont on multiplie par 100 fois la mise, dans la limite de 200 € (lire en page suivante plus d'infos sur les Tickets Gold). Nous faisons aussi gagner des tickets "deuxième chance" à partir d’un tirage au sort de contremarques. Les gagnants reçoivent des cadeaux, incluant des bons à parier sur les réunions à venir. Il y a une troisième façon de gagner plus en partenariat avec le Groupe Carrus dans le cadre de la promotion de Smarturf. Nous mettons en place des tables dédiées à la découverte du jeu avec des chefs de tables qui peuvent être des parieurs confirmés, des professionnels. Là, il s’agit d’aider à la découverte du jeu. On organise des challenges entre tables avec un budget de base identique proposé à chaque table. L’opération est couplée avec Carrus qui offre de son côté un bonus de 10 % pour toute ouverture d’un compte Smarturf. L’idée est de créer un plus en matière d’accueil. Notre slogan est : "Venez sur le champ de courses pour gagner plus et plus souvent."

Les actions vers le public et les parieurs
■ Grand écran à demeure à Pont-de-Vivaux puis à Borély
■ Information exclusive et synthétique (degré de confiance des professionnels) proposée aux parieurs
■ Entrée payante de 5 € avec boisson et bon à parier de 2 €
■ 3 Tickets Gold à gagner par réunion "Vendredis de la chance" (200 € de bon à parier à partir d’un pari à 2 €)
■ Espaces/tables découverte des jeux avec un guide/expert


Venez sur le champ de courses pour gagner plus et plus souvent.
Serge Tardy

© J.-M. Tempier
Exemplarité des projets et recherche d’un meilleur calendrier
De part l’importance du calendrier marseillais (66 réunions en 2022 sur 9 mois), le plan de communication et les différentes démarches grand-public et institutionnelles peuvent servir de laboratoire, selon Serge Tardy : "Je pense que l’on peut essayer de servir de laboratoire, de test pour lancer des opérations, voire leurs effets et mesurer leur écho. Avec une offre de plus d’une réunion par semaine en période d’activité et le fait d’être rattaché à une grosse agglomération – c’est la deuxième ville de France –, nos expériences valent le coup d’être étudiées à l’échelle nationale. Le challenge est bien de relancer les courses en général et la région de Marseille peut servir de pilote pour tester sur un périmètre suffisamment significatif des opérations. Notre démarche visent aussi en interne, au niveau des institutions des courses (N.D.L.R. : les sociétés mères) d’avoir, dans la deuxième ville de France, des rendez-vous mieux placés pour accueillir le grand-public. Et ce pendant deux périodes de deux mois dans l’année. Par exemple tous les vendredis soirs en avril/mai et en octobre/novembre. L’idée serait d’avoir huit ou neuf rendez-vous qui se suivent à chaque fois. Cela permettrait de travailler la communication en amont."


Comment financez-vous les Tickets Gold ?
On est un peu aidés par le PMU mais la société des courses abonde l’essentiel sur un budget spécifique. Que nous finançons partiellement par la création d’une entrée payante de 5 € avec boisson incluse et bon à parier de 2 €. C’est notre marge sur la boisson qui alimente notre budget. À ce tarif de 5 €, on reste dans l'enveloppe que les gens consacrent d'office à une réunion de courses. Lors de la réunion de vendredi (22 avril) que nous avions doublée d'une grande opération de partenariat à dimension caritative avec l'AP-HM (Assistance Publique - Hôpitaux de Marseille) et en particulier les services pédiatriques de l'Hôpital de la Timone, nous avons élargi le nombre de Tickets Gold. Il y en avait un par course (5 à 200 € et 3 à 50 € pour les 8 courses).

Quel bilan tirez-vous ? À combien de journées de la chance sommes-nous ?
Je reviens à ma formule "Sur le champ de courses, on doit gagner plus et plus souvent." Gagner plus, car on offre différents types de bonus. Plus souvent, car vous trouvez des infos exclusives que nous n'avez pas ailleurs. Notre succès passera maintenant par la pérennisation de cette offre. Nous en sommes à cinq vendredis de la chance depuis mars (3 en mars et 2 en avril). Comme le calendrier nous est favorable avec quasiment que des vendredis en mai et des samedis en juin, on parle en termes de communication des vendredis et samedis de la chance. Ce sera valable sur les deux hippodromes de Marseille, Vivaux ou Borély, dans les deux disciplines au trot et galop.

Les belles histoires des Tickets Gold
Depuis mars, trois Tickets Gold au minimum ont été remportés lors de chacune des cinq réunions. Ce vendredi, une nouvelle belle histoire s’écrit et nous est racontée par Serge Tardy : "Deux jeunes étudiants étrangers qui viennent d’arriver à Marseille pour apprendre le français entrent pour la première fois sur un hippodrome. L’un d’eux joue 2 € et gagne le Ticket Gold qui transforme son pari en 200 €. Il joue 100 € et 100 € sur un cheval qui gagne et repart avec 700 € ! Tout le monde le sait sur l’hippodrome, l’information circule. Chacun attend un Ticket Gold. C’est un produit qui marche." Retrouvez par ce lien la réaction du gagnant Manuel, étudiant arrivé de Berlin. Serge Tardy ajoute encore : "Les paris engagés avec les Tickets God sont majoritairement gagnants car les joueurs se concentrent sur des favoris avec une forte probabilité de gains."





Vous organisez parallèlement des campagnes de communication en collaboration avec les Hôpitaux de Marseille. Vendredi, il s’agissait d’une opération caritative en faveur des services pédiatriques de l’Hôpital de la Timone. Que pouvez-vous nous en dire ?
Il y a plusieurs objectifs dans ces opérations. Le premier est concrètement de jouer un rôle sur le plan caritatif. Si on est en capacité de réunir plusieurs centaines voire milliers de personne et que cela peut permettre de contribuer à des actions ciblées pour l’AP-HM, il faut le faire. Après l’opération pour la Timone, il y en aura une autre en mai (le 20) au profit des soignants. Les fonds que nous recueillons proviennent des montants des entrées (fixées à 3 € le 22 avril) mais aussi par exemple du dîner caritatif que nous avons organisé. Vendredi (22 avril), il y a eu 1.700 personnes en roulement sur le champ de courses. L’ensemble des collectes sera reversé à Phocéo, le fonds de dotation officiel de l’AP-HM qui a été créé lors de la crise du Covid pour centraliser tous les dons destinés aux hôpitaux marseillais.

En consultant des médias locaux, comme La Provence ou BFM TV Marseille, on a l’impression que ces opérations ont aussi fait sortir les courses de leur zone d’audience habituelle ?
Effectivement, c’est aussi un des objectifs de cette opération. Cela nous permet d’avoir une notoriété, une mise en images et une couverture médiatique très importante. Mon intervention sur BFM TV Marseille est passée dans la séquence matinale le vendredi matin et en boucle par la suite. Nous avons reçu aussi France 3, Radio Star et France Bleu Provence. En fait, une telle couverture d’un événement lié aux courses n’était jamais arrivée sur Marseille.
Cela permet de marquer les esprits en espérant que les prochains événements que l’on va mettre en place profitent de cette dynamique. Cela montre aussi vis-à-vis des collectivités et des élus que les hippodromes jouent un rôle économique et social. De cette façon, les hippodromes prennent aussi un sens dans les projets et réflexions des élus. On travaille en quelque sorte en amont et en prévention face au risque d’écarter les hippodromes pour faire du béton en leur place.


Serge Tardy sur BFM TV Marseille le 22 avril

Les spécificités du trot marseillais
Serge Tardy : "La piste de trot de Borély d’un avis général est dans le top-5 en France, voire le top-3. On a des professionnels réputés, de niveau national. Ce sont des points forts sur lesquels on peut s’appuyer. La difficulté avec les gens du trot, c’est qu’ils sont très investis sportivement (en cumulant souvent les casquettes de propriétaire, entraîneur et driver) et ont moins de temps à donner. Ils n’ont pas la même disponibilité qu’un propriétaire de galop qui a souvent sa vie professionnelle organisée à l’extérieur des courses et peut donner plus de temps lors d’une réunion de courses. Il faut savoir utiliser les atouts de chacun et on est tous complémentaires. Le challenge est bien de relancer les courses en général."

C’est vrai que lors de la dernière campagne municipale, le projet de la candidate LR (battue) était de réaménager Borély en forêt urbaine en supprimant l’hippodrome. Où en est-on ?
La nouvelle équipe municipale a un grand projet d’aménagement sur Borély sur une bande de deux kilomètres de long sur un de large, depuis le bord de mer vers la clinique Vélodrome. Tous les acteurs de la zone ont reçu une échéance à trois ans, l’hippodrome compris. L’idée est de s’inclure dans le projet avec la municipalité. Ce qu’on vient de faire, vendredi dernier, sert cette démarche. Il s’agit de dire aux élus d’inclure l’hippodrome dans les projets d’avenir. Cette opération nous permet aussi de mettre en lumière nos infrastructures dans le cadre d’activités complémentaires que nous pouvons recevoir comme des séminaires ou des rendez-vous commerciaux.

Quel bilan tirez-vous de cette journée du 22 avril ?
Une très grande satisfaction. Le maire et ses équipes de notre arrondissement étaient présents. Les directeurs des services pédiatriques de la Timone, la cheffe du service urgences pédiatriques, tous étaient enchantés. L’ensemble des associations, qui interviennent au sein de l’AP-HM et étaient mises en lumière, m’ont fait de très bons retours. Certains m’ont dit qu’ils voulaient encore plus mobiliser autour d’eux pour le prochain rendez-vous (le 20 mai). Je pense que cela va donner plus d’ampleur à la prochaine. Ce sera au Parc Borély lors d’une réunion au trot.

La place des hippodromes, selon Serge Tardy
Serge Tardy vient de confier dans un point de vue au Conseil Indépendant pour la Filière des Courses Hippiques (CIFCH) la place centrale des hippodromes dans l’ensemble de la filière. En voici un large extrait.
"Le modèle économique des courses françaises est un modèle d’excellence reconnu partout dans le monde, car il est fondamentalement ancré sur tout le territoire à travers ses 235 hippodromes. Nos champs de courses sont véritablement la vitrine de notre sport. Une vitrine invite à découvrir, inspire et fait ensuite vivre des émotions. Vous fermez un hippodrome, une vitrine, et c’est tout un public que vous risquez de voir se détourner des courses, de passer à la "boutique" d’à côté.
L’étendue de notre maillage territorial fait notre force, car elle est primordiale dans la réussite commune. Grâce à nos 235 hippodromes installés partout en France, les courses font réellement partie du patrimoine culturel de tout un pays. Grâce à nos hippodromes, les courses c’est la France.
Paris sans les régions ne serait pas Paris. Et inversement. Chaque hippodrome a besoin de l’autre (...) et sert donc une cause commune, des valeurs communes. C’est un tout. Ensemble, ils engendrent d'énormes retombées économiques directes et indirectes, ainsi que des répercussions positives sur les aspects humains et sociaux. Les 235 hippodromes français constituent un réseau. Et c’est en nous appuyant sur eux que nous pouvons, collectivement (institution des courses, élus de la république et des territoires) renforcer et dynamiser un modèle unique, à la fois sportif, agricole et économique. Des milliers de salariés permanents ou vacataires, des dizaines de milliers de sociétaires et de nombreux emplois indirects dans les entreprises locales générés par les courses hippiques sont intimement liés à l'essor économique et au développement rural du territoire.
De plus, chaque hippodrome répond aux enjeux de la filière tant sur la qualité environnementale que sur le respect du bien-être équin au sein de ses infrastructures. En cela, ils sont aussi le relais permanent de nos valeurs."



© J.-M. Tempier
de d. à g. : Serge Tardy entouré de représentantes d'une association de l'AP-HM et du fonds Phoceo, et le maire du secteur Vivaux (avec cravate)

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