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Actualité - 21.05.2022

Richard Westerink inscrit Étonnant dans les traces de Timoko

Richard Westerink et l’Eliloppet, c’est une histoire de fascination. Celle d’un gamin hollandais pour la plus grande course scandinave, celle qui se rapprochait le plus de sa référence, le Prix des Géants, disputé dans son pays. Celle aussi d’un amateur de vitesse qui voue quasiment un culte aux épreuves de sprint. Installé en France où il est parti de rien et s’est forgé un palmarès exceptionnel, il a déjà réalisé deux fois son rêve, gagner l’Elitloppet, avec Timoko. Dans une semaine, il se verrait bien de nouveau partager avec le public suédois un moment d’exception. Pour cela, Etonnant doit suivre la voie tracée par Timoko, son père.

Évoquer l’Elitloppet et Richard Westerink, c’est d’abord une image ou plus exactement une vidéo. Nous sommes en 2014. On y voit le colosse batave chaviré par l’émotion en bord de piste (voir ici) alors que son Timoko (Imoko), le cheval qu’il a façonné de A à Z, file devant lui au poteau dans la finale après avoir gagné sa batterie. "Ce jour-là, je pensais que c’était le plus beau jour de ma vie, se rappelle le Landais d’adoption. J’ai toujours rêvé de courir l’Elitloppet depuis que je suis petit." Ce dimanche-là, Richard Westerink touche au Graal dont il s’est déjà approché sensiblement un an plus tôt.
Timoko terminait alors troisième de la finale remportée par Nahar (Love You). "Dans le dernier tournant, cela ne s’était pas bien passé, comme cela arrive aux courses. Verbeeck avait le choix de sortir avant Nahar et l’a finalement laissé passer. Je suis sûr que si Timoko sort avant Nahar, c’est lui qui gagne et pas Nahar car il finit plus vite tout en étant accroché dans la ligne droite. Mais j’étais déjà très content." Comment ne pouvait-il pas l’être, malgré les regrets encore perceptibles huit ans après, lui qui érige les épreuves de vitesse à son Panthéon des courses. "J’ai toujours trouvé ça beau, s’excuserait-il presque alors qu’il a fait sa carrière en France où les courses sur le mile représentent une exception. J’ai toujours eu une préférence pour le sprint, c’est un sport exceptionnel. Mon premier souvenir d’Elitloppet, c’est Mack Lobell dont j’étais un grand fan (N.D.L.R. : vainqueur en 1988 et 1990). En Suède aujourd’hui, ils en parlent encore. Ça m’a marqué."

Les partants de Richard Westerink dans l’Elitloppet
Timoko
2013 : 3ème batterie / 3ème finale
2014 : 1er batterie / 1er finale
2015 : 4ème batterie / non place finale
2016 : 1er batterie / 3ème finale
2017: 1er batterie / 1er finale
Dreammoko
2018 : 2ème batterie / 3ème finale
Etonnant en 2022

TIMOKO, UNE CONVICTON PROFONDE

Et si Timoko a été capable de grands numéros sur les plus longues distances de Vincennes dès son plus jeune âge, à commencer par ses victoires dans les Critériums des 3 et 4 Ans, Richard Westerink est persuadé de détenir avec lui le cheval pour réaliser son rêve. "Il aurait déjà dû courir en 2012 mais il s’était blessé, rappelle-t-il. J’y suis quand même aller en touriste, c’est l’année où Commander Crowe gagne. Beaucoup de monde disait que Timoko n’était pas le cheval pour courir l’Elitlioppet. Moi, je voulais y aller, c’était mon rêve de gosse. Je me disais que si je ne le faisais pas, je ne le gagnerais jamais." Le garçon n’est pas du genre à esquiver les défis mais bien plutôt à aller au-devant d’eux, à les provoquer même. Une conduite qui l’a amené quelques fois à s’approcher très près du mur voire carrément à le percuter. "Je ne suis pas meilleur que les autres mais j’ose un peu plus, avance-t-il. Si tu ne cours pas contre les meilleurs, tu ne trouves pas les meilleurs chevaux. Il faut tenter. À mon avis, c’est plus une question de gestion, car tout le monde a de bons chevaux de temps en temps dans ses boxes, il n’y a pas que moi. Mais il faut oser." Avec quelques convictions comme celle que courir en batterie serait fait pour Timoko. "Il a toujours été meilleur dans la finale que dans la batterie. Il était fort à ce sport. Timoko aurait été meilleur encore si cela s’était couru en trois courses !", lance-t-il dans un grand éclat de rire.


Timoko a toujours été meilleur dans la finale que dans la batterie. Il aurait été meilleur encore si cela s’était couru en trois courses !
Richard Westerink

(© J.-L. Lamaere/LeTROT)
OSER POUR FORCER LE DESTIN

Oser penser également que Timoko était capable à 10 ans de remporter une seconde fois l’Elitloppet, ce qui n’avait jamais été, qui plus est en établissant le nouveau record de la finale en 1’09’’ dont il a été détrôné l’an dernier par le 5 ans Don Fanucci Zet (Hard Livin). "La deuxième fois, cela a été encore autre chose. C’est difficile de comparer, la première reste toujours la première. La seconde fois, on ne l’attendait pas pour gagner. Mais ce sont deux émotions extraordinaires." Pas question de choisir mais plutôt de chercher à les revivre.
Timoko parti à la retraite, Richard Westerink n’a pas fait pour autant une croix sur "sa" course. Dès l’année suivante, Dreammoko, issu de la première année de production du champion, lui permet d’avoir un partant pour la sixième année consécutive ! Et là encore, la réussite est au rendez-vous avec, à la clé, une troisième place dans la finale. Et voilà qu’en 2022 c’est au tour d’Etonnant de partir à la quête du Graal suédois, lui le vainqueur du Prix de Paris Marathon Race et du Critérium de Vitesse de la Côte d’Azur, d’une extrême à l’autre. Oui mais voilà Etonnant est certes un fils de Timoko mais il n’est pas Timoko. Richard Westerink le sait mieux que quiconque !

TIMOKO-ETONNANT, UN CONTEXTE TOTALEMENT DIFFÉRENT

Au printemps de ses 8 ans, Etonnant n’a jamais couru en dehors de la France, pas plus qu’il n’a couru en batterie. "Le contexte est totalement différent, reconnaît leur entraîneur. Il a peut-être un moteur encore plus gros que son père mais il n’est pas aussi maniable. Forcément au départ, il va se retrouver plus loin que Timoko, ce qui veut dire qu’il faudra faire le tour des autres. Maintenant, cela va dépendre du numéro derrière l’autostart dans la batterie. Avec lui, je ne souhaite pas un tirage au sort avec le n°1 car l’affaire sera compliquée... Je souhaite un numéro en dehors, le 5 ou le 6 par exemple, ce qui ne vous condamne pas forcément. N’oubliez pas que Dijon (Ganymède) s’est qualifié avec le numéro 8 dans sa batterie et a gagné la finale avec le 5 !"
À sa décharge, si Etonnant n’a pas la même maniabilité que celle de son père, c’est en partie parce que physiquement ce ne sont pas non plus les mêmes. "Il mesure une dizaine de centimètres de plus que son père. Physiquement, il est fait en grand cheval et donc est logiquement moins maniable", remarque Richard Westerink en se faisant son avocat. Moins de maniabilité, moins à l’aise aussi corde à gauche même s’il a nettement progressé dans ce domaine, comment Etonnant peut-il réussir à s’adapter à la piste de Solvalla, un profil totalement nouveau pour lui ? "C’est sûr que je préférerai avec lui que l’Elitloppet se courre corde à droite", rigole son entraîneur. "Son adaptation à la piste est une question bien sûr, poursuit-il. Les virages relevés vont l’aider. De toutes façons, avec un cheval comme Etonnant, tu n’es pas serein. Tu es inquiet tout le temps. Pour partir, il n’est pas simple non plus. Je suis plus inquiet par son comportement que par son adaptation ou non à la piste. Chez moi, il tourne à gauche, il va tourner à Solvalla. Quant au fait de courir en batterie, il faut voir. Je ne peux rien dire mais, à la maison, il est un peu comme l’était son père : il est toujours meilleur au dernier intervalle."

La seconde victoire de Timoko et Bjön Goop dans l'Elitloppet en 2018. (© J.-L. Lamaere/LeTROT)
DES INTERROGATIONS QUI N’EMPÊCHENT PAS L’AMBITION

Si l’Elitloppet d’Etonnant se passe bien, c’est d’abord parce qu’il n’aura pas compromis ses chances au moment du départ derrière la voiture, à commencer bien sûr par la batterie. "Je n’ai pas été vraiment rassuré la dernière fois à Enghien car il a quand même fait la faute, ne cache pas Richard Westerink. Non, je ne peux pas dire que je suis rassuré. Il faudra qu’Anthony (Barrier) le garde entre les mains et on verra bien après le premier virage. Il ne pourra pas rester en retrait de l’autostart puisque le règlement oblige d’avoir la tête contre la grille cent mètres avant la validation du départ. Je suis plus inquiet par le départ que par sa capacité à s’adapter au profil de la piste."
Alors qu’il avait fait appel à Jos Verbeeck, puis à l’enfant du pays, Björn Goop, pour les Elitloppet de Timoko, l’entraîneur landais maintient sa confiance à Anthony Barrier qui n’a pas leur expérience de Solvalla ni de ce type de piste. Mais là encore l’avocat Westerink avance des éléments précis pour défendre sa position : "Un "Goop" pour Timoko à Solvalla, c’était un plus. Etonnant n’est pas un cheval avec lequel c’est un avantage d’avoir une position établie au sein du peloton, je veux dire par là que Björn est respecté et connu de ses adversaires. Avec Etonnant, je préfère avoir un driver qui le connaît parfaitement comme Anthony, c’est très important pour moi. C’est pour cela que je n’ai pas besoin d’un pilote suédois, en tout cas je ne le pense pas. C’est un cas particulier. Il faut d’abord qu’il reste au trot et après Anthony saura toujours prendre un dos".
Ces interrogations qu’il ne fuit pas ne freinent pourtant pas les ambitions de Richard Westerink. "On y va pour gagner, pas pour faire partie du décor, affirme-t-il toujours aussi cash. Je pense avoir le cheval pour. On a Vivid Wise As à battre et ceux qui se détacheront des batteries. Il faut rester vigilant et ne pas sous-estimer la concurrence mais je pense que c’est jouable. Comme l’avait Timoko, il a la classe pour le faire. Je suis aussi confiant. Si je ne l’étais pas confiant, je n’irais pas." Or, Richard Westerink sera bien à Solvalla dans une semaine. Ses adversaires sont prévenus.

Anthony Barrier : première !
Sous le coup de trois mises à pied de deux jours chacune à compter du mardi 24 mai et donc jusqu'au 31 inclus qui ne s'applique pas au Groupe 1, Anthony Barrier va pouvoir se projeter sur sa journée de dimanche où il va se produire pour la première fois sur l'hippodrome Solvalla et où Etonnant sera son seul partant. "Nous avons été contactés mais, en raison de la crainte des amendes démesurées et des mises à pied, on a refusé, explique son agent Éric Fournier. Le fait de ne pas courir les jours précédents paraît être un handicap mais pas dans le cas d'Anthony. En effet, il a souvent été mis à pied en effet et est revenu avec réussite que pour driver Etonnant ou Ce Bello Romain avec réussite."
"Dans ce métier, quand est gamin, tu veux gagner une course. Quand tu en as une, tu en veux dix. Quand tu en as cent, tu en veux mille ! Alors, quand tu as un cheval de Groupe 1 entre les mains, il faut y aller, nous disait Anthony Barrier samedi dernier après son succès dans le Prix des Ducs de Normandie. Même s'il a gagné en maniabilité, Etonnant n’est pas le plus pratique pour cet exercice mais on va prendre le risque. On est obligés même si les règlements, les amendes font très peur. Dans une carrière de driver, ce sont des moments exceptionnels."
Etonnant (6) et Vivid Wise As (8) dans le Critérium de Vitesse de la Côte d'Azur. Dimanche prochain, leurs routes devraient se croiser à Solvalla. (© APRH)

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