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Actualité - 24.05.2022

Matthieu Abrivard : Solvalla me revoilà !

Quand Matthieu Abrivard débarque à Solvalla pour mener le champion de l’écurie familiale Nimrod Boréalis dans l’édition 2009 de l’Elitloppet, c’est une grande première pour le pilote comme pour le cheval. Avec un peu plus de chance, cette découverte de la plus grande épreuves scandinave aurait pu virer au triomphe. À tel point que leur quatrième place de la finale laisse nombre de regrets. Treize ans plus tard, et après quelques autres expériences qui ne lui ont pas laissé un grand souvenir, l’Angevin est de retour ce week-end au sulky de l’un des favoris, l’italien Vivid Wise As, avec lequel il vient de gagner le Prix de France Speed Race et le Prix de l'Atlantique.

Printemps 2009. Matthieu Abrivard a fêté ses 24 ans quelques semaines avant le dernier dimanche de mai. Il incarne la relève des pilotes français mais le déjà triple vainqueur du Prix de Cornulier avec Jag de Bellouet n’a pas encore un palmarès de la même ampleur en tant que driver. L’année d’avant, il a ainsi gagné 65 succès dans la spécialité, ce qui lui a permis d’intégrer le top 15 national, alors qu’il a remporté la même année son premier Étrier d’Or qui sera suivi de deux autres, en 2009 et 2010. L’Angevin s’apprête à vivre une première grande expérience à l’étranger grâce au champion d’alors de l’écurie de son père, Loïc, Nimrod Boréalis (Arnaqueur).
Nimrod Boréalis est alors l’un des tout meilleurs hongres de l’époque. "C’est après sa course dans le Prix des Ducs de Normandie, course qu’il avait gagné l’année précédente, qu'il a été invité pour courir l’Elitloppet, se souvient-il. Il courait très bien ce jour-là. Une telle invitation ne refuse pas même s’il n’avait jamais couru sur le mile. On n’avait pas d’expérience, aussi bien lui que moi." Cela n’empêche pas alors un certain nombre d’observateurs de faire d’eux de potentiels lauréats en puissance.

NIMROD BORÉALIS ENTRE ESPOIRS ET REGRETS
Matthieu Abrivard s’envole pour la Suède avec l’idée qu’il n’a rien à perdre et probablement même peut-être tout à gagner même si le poids des responsabilités est encore un peu plus sur ses épaules en raison des circonstances. "Mon père s’était accidenté juste avant de monter dans l’avion, si bien qu’il n’avait pas pu faire le déplacement", raconte-t-il.
Dans la deuxième batterie, Nimrod Boréalis s’élance avec le numéro 3 derrière l’autostart et passe le poteau à la… troisième place d’une épreuve que remporte Jaded (Express Ride) devant Torlvad Palema (Al Palema). Nimrod Boréalis donne à la fois des regrets et de grands espoirs à son pilote. "Le cheval avait fait une petite faute mais j’avais réussi à le re-choper et à revenir finir pour me qualifier. Je les croisais pour finir ! Après la batterie, j’avais appelé mon père et je lui avais dit : "Je vais par-dessus les autres mais j’ai du mal à virer". Il faut dire que c’était un grand cheval qui se cassait un peu dans les tournants. Entre les deux courses, on fait quelques réglages pour essayer de réussir à ce qu’il soit mieux dans les tournants."
En raison de son classement dans la batterie, le meilleur choix qui s’impose à Matthieu Abrivard est d’opter pour le numéro 5 dans la finale où Offshore Dream (Rêve d’Udon), le second représentant tricolore, doit s’élancer avec le 7. "Je m’étais retrouvé assez vite dans le wagon de deux, tout se passait bien. En face, je ne bougeais pas car ça allait bien. Mais, dans le dernier tournant, je n’avais plus de cheval à mon intérieur et il s’était encore un peu cassé me faisant la faute à la sortie du virage. Là encore, je réussis à le remettre et il finit de manière impressionnante à la quatrième place. Impressionnant…" Douze ans après, les images défilent encore dans les yeux de Matthieu Abrivard.
Le gagnant cette année-là est le suédois de 8 ans Torvald Palema, le cheval d’Ake Svanstedt, qui précède Jaded et Offshore Dream.

Sur le mile, la moindre mauvaise décision se paye double, n'ayant pas le temps de te rattraper
Matthieu Abrivard

©Aprh
Vivid Wise As devant Étonnant dans le Prix de l'Atlantique 2022 à Enghien. Ils se retrouveront peut-être en finale dimanche.
UNE EXPÉRIENCE FORMATRICE
Matthieu Abrivard peut clairement avoir des regrets mais, avec le recul, il tire surtout des enseignements de cette première expérience dans l’Elitloppet. "C’était mon premier voyage à Solvalla, cela a été formateur. En fait, il faut vraiment à mon sens avoir le cheval qui s’adapte à cet exercice, revient-il. Je voyais des gagnants d’Elitloppet qui avaient du mal à gagner des internationaux au cours du meeting d’hiver. Je battais ainsi Brioni à Vincennes avec des chevaux qui ont terminé leurs carrières autour de 500-600 000 €." Dans son appréciation, il poursuit : "Ce n’est pas forcément le meilleur qui gagne mais il faut avoir le cheval pour. C’est clairement un autre sport. Courir deux fois dans la même journée, c’est déjà très particulier. En gros, tu es invité pour courir la "belle" mais tu n’es pas sûr de la courir ! C’est particulier. Et puis, sur le mile, la seule mauvaise décision compte double car tu n’as pas le temps de te rattraper, contrairement à un 2 700 mètres sur la grande piste de Vincennes."
Cette particularité, Matthieu Abrivard va la revivre à quelques reprises. Dès l’édition suivante, il revient avec Nimrod Boréalis. "Il avait de nouveau été invité mais il souffrait d’une jambe et ce n’était plus le même. J’étais foutu…" Le cheval de la famille Abrivard doit se contenter de la sixième place de sa batterie. L’aventure se termine prématurément. Ce sera aussi le cas avec Commander Crowe (Juliano Star) en 2013 ("il n’avait pas pu se qualifier pour la finale, souffrant d’une jambe"), la veille du terrible accident dont Matthieu Abrivard est victime sur l’hippodrome de Chartres, et Ustinof du Vivier (Look de Star) en 2015 qui "avait fait la faute dans le premier tournant".
SOLVALLA : LE TERRAIN DE JEU DE VIVID WISE AS
Cette année, Matthieu Abrivard s’apprête donc à faire son retour à Solvalla. "Depuis ma première expérience, j’ai pris de la maturité, je vois les choses différemment", dit-il. Mais surtout le portrait-robot du cheval capable de remporter l’Elitloppet ressemble à s’y méprendre à Vivid Wise As (Yankee Glide), le champion italien qu’Antonio Somma a décidé de lui confier depuis l’été dernier. "Je suis équipé différemment, avance-t-il. L’an dernier, Vivid Wise As a été battu du minimum dans la finale après une course d’anthologie. Il a été courir la Loterie parce que c’est aussi le vrai cheval pour cela, pareil à Milan ! Il est né pour partir derrière l’autostart." Il le faudra plus que jamais cette année puisque le cheval entraîné par Alessandro Gocciadoro va s'élancer avec le numéro 7 derrière l'autostart dans la deuxième batterie. Avant même de connaître le verdict du tirage au sort, Matthieu Abrivard insistait sur le fait "de ne pas brûler trop de kérosène dans la batterie". "Le numéro derrière la voiture dessine le parcours, nous disait-il encore. Avec le 1, tu fais attention, avec le 2 tu es extra, etc. et d’un coup tu as le 8 et il faut faire différemment. Ce sont des courses qui se ressemblent un peu toutes mais, quand tu connais ton numéro derrière l’autostart et l’adversité, chevaux comme pilotes, ça te donne déjà un peu une idée de la physionomie de la course."
Évidemment, ce numéro en dehors complique sérieusement les choses mais Matthieu Abrivard confiait que la pression venait aussi du fait de jouer à l'extérieur : "Ne pas avoir couru là-bas depuis un certain temps ne m’inquiète pas. Mais je ne suis pas chez moi, c'est une pression supplémentaire. Il ne faut pas péter un plomb. À partir du tirage au sort, tu commences à regarder les chevaux qui démarrent très vite, les drivers un peu chauds, pour ne pas se bagarrer avec un fantôme comme le dit Jean-Michel (Bazire). J’ai confiance en mon cheval. Quand tu sais que tu as le cheval qui se prête à l’exercice, tu vois les choses différemment. Quand Vivid Wise As court à un mois d'intervalle, il est bien car il aime avoir de la fraîcheur".

Un tandem à 55 % de victoires
Depuis le Prix de Washington 2021, Antonio Somma a décidé de faire de Matthieu Abrivard le pilote de Vivid Wise As. Depuis, le tandem a été systématiquement formé à l’exception du Prix de Bourgogne cet hiver en raison de l’indisponibilité du driver angevin à la suite de sa chute. Le bilan de cette association est le suivant : neuf courses, cinq victoires dont trois Groupes 1 (Gran Premio delle Nazioni à Milan, le Prix de France Speed Race à Vincennes et le Prix de l’Atlantique à Enghien) et deux Groupes 2, ainsi que trois places dont une quatrième dans le Prix d’Amérique Legend Race. Leur seul échec a eu lieu dans la finale de La Loterie à Naples où Vivid Wise As s’est vite retrouvé le nez au vent, emmenant dans son sillage son compagnon d’écurie Face Time Bourbon qui allait s’imposer.
©Scoopdyga
Nimrod Borealis et Matthieu Abrivard devant le public de Solvalla

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