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Actualité - 31.05.2022

Entre tradition et modernité Étonnant coche toutes les cases

On se croirait revenu dans les années 1970, au temps des exploits montés, puis attelés, du crack Bellino II, un grand gabarit, comme Etonnant, sachant tout faire, comme lui, à Vincennes et ailleurs, sur une grande ou sur une petite piste. « En dépit de sa morphologie, il aurait tourné dans une assiette », avait dit Jean-René Gougeon de son phénomène, à l’époque. Etonnant est sans doute moins à l’aise dans les tournants, du moins à main gauche, ainsi qu’on a encore pu le constater dimanche, en Suède, mais qu’importe, car il pallie ses propres défaillances, en toutes circonstances ! Trotteur à l’ancienne, en ce qu’il est dur, tenace et parfaitement polyvalent, en menant ou en venant de derrière, y compris en épaisseur, sur courte ou sur longue distance, il incarne, parallèlement, la modernité du trotteur français, véloce comme il ne l’a, sans doute, jamais autant été, en vertu d’aptitudes conciliées et conjuguées, de croisements complémentaires et dynamisants.

Physiquement, Etonnant tient davantage de sa mère, la française Migraine, que de son père, le franco-américain Timoko. Avec son mètre soixante-dix et ses dehors de trotteur monté, « franco-français », il rappelle, incontestablement, en effet, Migraine, au palmarès de l’édition 2004 du Prix du Président de la République (Groupe 1),
remportée brillamment, aux dépens de Miss Castelle, autre championne de la discipline, après quatre victoires préalables dans des semi-classiques, soit les Prix Louis Le Bourg (Groupe 2), René Palyart (Groupe 2), Henri Ballière (Groupe 2) et Lavater (Groupe 2). A ce moment-là, Migraine dominait sans partage sa promotion sous la selle. Mais son mentor, Bernard Desmontils, la savait douée à l’attelage, aussi, et il y avait des bruits selon lesquels il avait des vues, avec elle, sur le Prix d’Amérique… Las, les circonstances ne furent pas favorables à la jument, qui eut, bientôt, des problèmes de santé et dut jeter l’éponge avant l’heure.

Un éclectisme inscrit dans les gènes

Migraine est une fille d’Alligator, pur trotteur français, dans l’acception ancienne de l’expression, c’est-à-dire dont le pedigree ne véhicule aucun sang américain récent. Alligator, qui fut complètement oublié, à l’heure du choix, par les éleveurs, alliait, pourtant, bien des qualités, de précocité, de vélocité, de pluridisciplinarité. A 3 ans, il gagna, tout bonnement, trois Groupes 1, attelé et monté, à savoir les Prix d’Essai et Capucine, aujourd’hui Prix Albert Viel, ainsi que le Saint-Léger des Trotteurs. Il était, ainsi, d’un parfait éclectisme, préludant, en quelque sorte, à celui présentement manifesté par son petit-fils. Migraine est, en outre, une arrière-petite-fille du champion de Georges Moreau, Seddouk, compétiteur lui aussi « multicartes », vainqueur, monté, de quatre classiques, les Prix de Vincennes, du Président de la République, des Centaures et des Elites, et, attelé, de deux autres Groupes 1, le Critérium Continental et le Prix de Sélection. Voilà qui, sûrement, a génétiquement programmé Etonnant, au même titre que la densité et l’adaptabilité de sa famille maternelle, celle des « Atout », riche d’une dizaine de gagnants de Groupe 1, tant à l’attelage que sous la selle, en un équilibre quasi parfait, via, d’un côté, L’As d’Atout (Prix Capucine, devenu Prix Albert Viel), Noble Atout (Critérium des 3 Ans, Critérium des 5 Ans), Roc Meslois (Critérium des 5 Ans), Eridan (Critérium Continental), Etonnant (se référer à nos encadrés) et Gunilla d’Atout (Critérium des 3 Ans, Critérium des 4 Ans), et, de l’autre, Maître Atout (Prix de Normandie), Uno Atout (Prix de Cornulier, de Normandie et des Centaures), Idéal de l’Iton (Prix du Président de la République et des Centaures), Eiffel Tower (Saint-Léger des Trotteurs) et Migraine (« Président »).


Trotteur à l'ancienne, Étonnant représente parallèment la modernité du champion d'aujourd'hui



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La part « américaine » d’Etonnant : une complémentarité nécessaire à l’aspect traditionnel de son pedigree maternel

En regard, Etonnant a hérité également de Timoko, son père, de la vitesse de base de celui-ci et de sa vaillance devenue légendaire. Un Timoko dont il prolonge la réussite dans l’Elitloppet et lui permet de devenir le premier étalon vainqueur de la course à se muer en un père de vainqueur de la course. En tant que représentant du croisement de Viking’s Way avec And Arifant, Timoko incarne également la part « américaine » d’Etonnant, cette complémentarité nécessaire à l’aspect traditionnel de son pedigree maternel.

En prolongement des chevaux, les hommes comptent dans l’histoire. En l’espèce, deux en particulier, deux hommes du Sud-Ouest : l’éleveur Guy Vigier, à l’origine non seulement d’Etonnant, mais de sa mère, Migraine –et révélateur du père de celle-ci, Alligator–, et l’entraîneur Richard Westerink, aux soins de Timoko, avant d’être à ceux d’Etonnant. De la sorte, ce dernier semble, principalement, l’œuvre d’un double tandem, celui constitué de son éleveur et de son entraîneur et, en parallèle, de son père et de sa mère, aux profils si caractérisés.

Les bons comptes d’Etonnant
Né en 2014
Qualifié le 25 janvier 2017, sur l’hippodrome du Bouscat, à Bordeaux, en 1’17’’1.
Au 31 mai 2022, 77 courses, pour 18 victoires et 28 places dans les cinq premiers ; total des gains : 1.853.375 euros.
Attelé : 54 sorties, pour 13 victoires et 17 places dans les cinq premiers ; total des gains dans la spécialité : 1.387.875 euros.
Monté : 23 sorties, pour 5 victoires et 11 places dans les cinq premiers ; total des gains dans la spécialité : 465.500 euros.
Record attelé : 1’09’’3, lors de son succès dans la finale de l’Elitloppet (1.609 mètres, autostart), le 29 mai 2022, à Solvalla ; en France, 1’09’’7, lors de sa quatrième place dans le Prix René Ballière (2.100 mètres, autostart), le 27 juin 2021, à Vincennes.


Record monté : 1’10’’, lors de la première de ses deux places de deuxième dans le Prix de l’Ile-de-France (2.175 mètres), le 2 février 2020, à Vincennes, ce qui en fait, avec son vainqueur du jour, Bilibili, le codétenteur du record général de Vincennes dans la discipline.

Son palmarès
À ce jour, Etonnant a inscrit neuf courses de Groupe à son palmarès, dont trois sous la selle. En revanche, pour l’heure, il n’a vaincu au plus haut niveau qu’à l’attelage. Ci-après, à grands traits, ses plus hauts faits.

Ses victoires de Groupe
Groupes 1
Elitloppet (2022), Grand Critérium de Vitesse de la Côte d’Azur (2022) Prix de Paris (2021)
Groupes 2
Prix des Ducs de Normandie, deux fois (2022, 2021), Prix du Bourbonnais (2021), Prix Olry-Roederer (2018), Prix Legoux-Longpré (2018)
Groupe 3
Prix Auguste François (2020).

Ses accessits de Groupe 1 : 2ème du Prix de l’Atlantique, deux fois (2022, 2021), du Prix de Paris (2022) et du Prix de l’Ile-de-France, deux fois (2021, 2020)
4ème du Prix René Ballière (2021)
5ème du Prix de Cornulier (2021) et du Prix du Président de la République (2018).



Imoko 1'14''6 Viking's Way 1'15''6
Timoko 1'09''1 Sepia 1'15''6
Kiss Me Coulonces 1'18''6 And Arifant 1'16''5
ETONNANT Allez Coulonces
Alligator 1'17''5 le Ham 1'17''5
Migraine 1'13''9 Jaia du Chateau 1'23''3
Allez Sua Gazon
Pepite d'Atout
Les terrains de ses succès

A ce jour, Etonnant s’est imposé sur dix hippodromes différents, aux deux cordes –10 victoires corde à gauche et 8 victoires corde à droite–, dont une fois sur l’herbe. Voici le détail des terrains de ses exploits :

Vincennes, corde à gauche : 7 victoires
Bordeaux, corde à droite : 2 victoires
Caen, corde à droite : 2 victoires (en 2 tentatives, les deux dans le Prix des Ducs de Normandie)
Agen-la-Garenne, corde à droite : 1 victoire
Cagnes-sur-Mer, corde à gauche : 1 victoire
Laval, corde à gauche : 1 victoire
Salon-de-Provence, corde à droite : 1 victoire
Solvalla (Suède), corde à gauche : 1 victoire
Toulouse, corde à droite : 1 victoire
Villeréal, corde à droite : 1 victoire

Ses distances victorieuses

L’éventail est des plus larges, allant de 1.609 mètres à 4.150 mètres. En voici le déroulé, n’incluant pas, curieusement, de succès sur les 2.700 mètres de la grande piste, le parcours classique de Vincennes, celui du Prix d’Amérique, lequel, précisément, manque encore à son palmarès de champion et qui sera son prochain grand objectif. Histoire de balayer les regrets de l'édition 2022.

1.609-1640 mètres, autostart : 2 victoires
2.100 mètres, autostart : 1 victoire
2.175 mètres : 1 victoire
2.300 mètres, autostart : 1 victoire
2.450 mètres : 2 victoires
2.625 mètres : 1 victoire
2.650 mètres : 1 victoire
2.675 mètres : 1 victoire
2.850 mètres : 4 victoires
2.875 mètres : 1 victoire
2.950 mètres : 1 victoire
3.350 mètres : 1 victoire
4.150 mètres : 1 victoire

L’âge de ses victoires

Après des débuts victorieux, à la fin de l’hiver de ses 3 ans, à Bordeaux, Etonnant a enchaîné les succès sur plusieurs hippodromes régionaux, avant de connaître une première distinction à Vincennes au début de son année de 4 ans. Ci-dessous le nombre de victoires ayant ponctué ses différentes campagnes jusqu’à maintenant :

3 ans : 4 victoires
4 ans : 4 victoires
5 ans : 1 victoire
6 ans : 3 victoires
7 ans : 3 victoires
8 ans : 3 victoires dont 2 Groupes 1

Étonnant et Timoko se rejoignent au palmarès de l'Elitloppet : une première historique.

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