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Actualité - 05.06.2022

Le bénévolat, grande cause des courses en 2022

Les bénévoles sont des acteurs essentiels au bon fonctionnement des courses. Ils sont 6.000 à être considérés comme actifs en France. La Fédération Nationale des Courses Hippiques vient de lancer une grande action pour la promotion du bénévolat dans les courses, le propulsant au rang de priorité absolue pour la filière hippique. Il s’agit de faire découvrir la multiplicité des rôles des bénévoles dans le contexte associatif, trop souvent méconnu, des courses. Parallèlement à ces actions prospectives, les bénévoles en place auront leur grande journée le 26 juin prochain à Vincennes. Pierre Préaud, secrétaire national de la fédération nationale, nous présente les tenants et aboutissants du premier plan d’actions à destination des (futurs) bénévoles.

Drôle d’idée que de faire la promotion du bénévolat au sein des courses. Les bénévoles qui consacrent leur temps aux courses doivent y être heureux pour le faire. Et le font savoir à leur entourage, assurant ainsi un renouvellement par leur réseau. Un renouvellement par capillarité sociale, pourrait-on écrire. Quant aux non bénévoles, pourquoi s’investiraient-ils dans un secteur que la plupart ne connaît pas ? Oui mais ça, c’était avant. Le mouvement bénévole hippique s’essoufle. Pierre Préaud nous en explique les raisons et développe les moyens et méthodes pour sortir de "l’entre-soi" hippique : "Comme dans tous les secteurs associatifs, les courses doivent s'ouvrir et communiquer car on a besoin de nouveaux membres."

Les chiffres clés du bénévolat hippique en France
■ 235 hippodromes / 222 sociétés de courses
■ Environ 15.000 sociétaires
■ Entre 5.000 et 6.000 bénévoles actifs (30 % des sociétaires)
■ 2.300 réunions / 18.000 épreuves

La Fédération Nationale des Courses Hippiques (FNCH) vient de "lancer un plan d’action en faveur du bénévolat" commence Pierre Préaud, secrétaire général de la FNCH. Depuis le 23 mai et jusqu’à la fin de l’été, les actions de communication vont s’enchaîner sur ce sujet. A ce plan et ces actions, il y a d’abord des raisons structurelles (avec un renouvellement du bénévolat en berne) et de calendrier (avec les sociétés de courses qui doivent organiser leurs élections au premier semestre 2023). Mais il y a aussi une approche nouvelle de la filière hippique avec une prise de conscience de son caractère associatif.

Une grande opération "bénévolat" née des difficultés de recrutement de nouveaux bénévoles
Les différentes actions coordonnées par la FNCH sont d’abord une réponse aux difficultés de terrain des sociétés de courses de recruter de nouveaux bénévoles. Le plan proposé est aussi une première en son genre. Pierre Préaud justifie : "Ce plan de communication s’adresse surtout à ceux qui ne sont pas (encore) bénévoles. L’idée est de leur dire et de leur apprendre que les sociétés de courses sont des associations. Si vous avez du temps, quelle que soit votre connaissance du secteur cheval, il y a une place possible pour vous dans les courses. On parle d’un rôle important et utile au sein d’une équipe. Ce message n’a jamais été passé avec un plan d’actions globales qui l’accompagne. On va dire que jusqu’à ces dernières années, les sociétés de courses arrivaient par elles-mêmes, tant bien que mal, à recruter, à coopter de nouveaux bénévoles. Mais là, on sent bien que certaines sociétés sont confrontées à des difficultés de recrutement et s’inquiètent pour leur avenir en se demandant s’il va y avoir quelqu’un pour prendre la relève."

Une pénurie qui affecte plus les hippodromes de petite catégorie
Si la pénurie de bénévoles n’est pas vraiment documentée en nombre de personnes retirées des courses ou en baisse du volume d’activité par exemple, les représentants des courses s’accordent sur le risque potentiel de pénurie du nombre de bénévoles dans le secteur hippique. Pierre Préaud nous apprend : "Les sociétés de courses les plus exposées sont les petites. Dans ce cas, il n’y a pas ou peu de salariés et les bénévoles font absolument tout. Les tâches y sont les plus nombreuses, importantes et lourdes. C’est là que le manque de bénévoles génère le plus d’inquiétude. Dans les grandes sociétés urbaines et/ou Premium, il y a des salariés. Le rôle des bénévoles est important mais différent. Il apparaît plus au niveau du conseil d’administration pour la gestion ou dans le domaine de la relation publique et politique. Les bénévoles sont aussi investis dans la recherche de sponsors mais je dirais que leur rôle est moins opérationnel. Souvent ils ne vont pas tailler les haies, installer la buvette, peindre les lices comme peuvent le faire ceux des petites sociétés de courses. Ce ne sont pas les mêmes profils. Pour autant, certaines grandes sociétés Premium ont du mal à renouveler leurs sociétaires et administrateurs."

Entre un quart et un tiers des sociétés de courses en tension sur le bénévolat
Pierre Préaud : "Les situations sont disparates et en fait on n’a pas de compteur du nombre de sociétés de courses en difficulté sur le bénévolat. On estime ce nombre entre un tiers et un quart (soit entre 60 et 70) des sociétés. Le plan d’actions que nous mettons en œuvre va permettre à des sociétés de s’exprimer et de dire qu’elles sont en difficulté. Il faut aussi dire que certaines sociétés gardent cela dans l’ombre, sans vouloir vraiment reconnaître qu’il y a des difficultés de renouvellement de leurs bénévoles. Dans la perspective des élections 2023, on devrait avoir un suivi plus précis, une meilleure évaluation de la tension du bénévolat."

Le doyen des bénévoles des courses a 102 ans
Sociétaire depuis l'âge de 18 ans de Durtal. Louis Chouteau a 102 ans ! Il vit en Ephad et est présent à chaque journée de courses.


Les sociétés de courses ont plein d’atouts à faire valoir pour attirer les bénévoles.
Pierre Préaud

Réinvestir et capitaliser sur le secteur associatif
Pierre Préaud : "Les sociétés de courses sont des associations. Peu de gens le savent. Quand vous allez aux courses à Lyon ou Marseille, je suis sûr que 80 % des turfistes et spectateurs sont convaincus que les hippodromes sont gérés par des sociétés commerciales privées. Ils sont persuadés qu’il y a un ou des propriétaires avec des capitaux derrière. Même s’ils ont du temps, ils ne peuvent pas aller frapper à la porte en disant, je veux bien être bénévole. Le premier message est de rappeler que nous sommes un secteur associatif, de le faire savoir dans notre environnement et auprès de nos partenaires. Par exemple auprès de la collectivité locale où la société de courses doit être identifiée comme une association, ce qui est loin d’être le cas actuellement. Il y a toujours une maison des associations qui informe ceux qui sont intéressés par le bénévolat et les sociétés de courses n’y sont pas référencées. Je dirais que souvent la plupart des villes ne le savent pas."

Un plan d’actions terrain et communication
La FNCH joue au chef d’orchestre par ses actions à l’endroit des bénévoles. Avec, d’abord, la réalisation et la mise à disposition d’outils de communication comme les spots vidéos à destination de tous (Equidia, Fédérations régionales, sociétés de courses) [lire l’encadré]. La fédération tient aussi un rôle de mise en relation complète Pierre Préaud : "On met tous les outils à disposition des sociétés de courses, et on diffuse le benchmarking entre les sociétés car ce sont elles qui détiennent le savoir et la clé du bénévolat. On va aider aux rencontres entre celles qui ont des difficultés et celles qui ont su réussi l’accueil et le renouvellement des bénévoles." Dans l’esprit "boîte à outil bénévole", la FNCH va aussi fournir des guides aux sociétés de courses. "On est en train également de travailler sur un livret d’accueil destiné à chaque bénévole que nous voulons personnalisable pour chaque société de courses. Le livret d’accueil de Castéra-Verduzan ne peut être le même que celui du Croisé-Laroche par exemple. En fait on va proposer une trame commune à chaque société de courses qui sera personnalisable en fonction de ses spécificités. Il s’agira plus d’un partage de méthodes. Nulle idée de fournir une recette théorique venue de Paris mais de partager les choses qui marchent bien au niveau du terrain."

Des bénévoles de tout profil qui n'ont pas besoin de connaître les courses
Faut-il connaître les courses pour être bénévole dans une société de courses ? Non. Les témoignages recueillies par la FNCH sont éloquents sur le sujet. Un sujet sur lequel Pierre Préaud ajoute : "Il faut aussi faire savoir que les courses ne recherchent pas des bénévoles spécialistes. On n’a pas besoin d’être un ancien socioprofessionnel des courses pour être un bénévole. Beaucoup de missions sont ouvertes à tous et toutes et réclament avant tout du bons sens comme faire l’accueil au parking, s’occuper de la compta ou des contrôles anti-covid. C’est du savoir-être et savoir-faire en équipe."
Claudie Chabriac, présidente de la Société des Courses de Biarritz, a confié les raisons de son engagement pour les courses : "Fille d’un turfiste passionné, j’ai très tôt fréquenté les hippodromes et je ne me voyais aucun avenir sans les courses au trot. Plus tard, alors que je devenais Docteur en Mathématiques, je suis entrée à la Société de Biarritz et ma passion a évolué d’une vision personnelle à une participation associative où la réussite vient de la mise en commun des compétences et des dévouements autour d’une cause qui rassemble. L’organisation des courses a une portée immense sur le monde professionnel et les turfistes et ce sont les structures associatives locales qui en constituent les fondations."


Des clips videos
La FNCH a réalisé deux clips de format 30’’ et 1 mn qui passent désormais sur Equidia, les hippodromes et les réseaux sociaux de l’institution des courses. "On a fait des portraits de bénévoles destinés au grand-public pour diffuser les motivations du bénévolat hippique" décrit Pierre Préaud.
On y entend les mots d’équipe, de famille, d’amitié, de belle aventure. On y parle de sourire, groupe et action collective. Ces clips vont être diffusés en juin sur Equidia et sur les sites internet et réseaux sociaux des hippodromes. "On les passera aussi les jours de courses sur les réseaux des hippodromes pour toucher le public présent. On a 2,2 millions de spectateurs par an sur les champs de courses et on a potentiellement parmi eux des personnes qui ne savent pas que les sociétés de courses sont des associations. Des gens qui pourraient devenir bénévoles."
Des premiers retours se font jour. La société des courses de Saint-Aubin-lès-Elbeuf a reçu trois candidatures pour devenir bénévole à la suite à la diffusion du clip vidéo sur sa page Facebook.

Un clip sur le bénévolat (à lancer par le lien intégré)

Une action qui s’inscrit dans le calendrier électoral des sociétés de courses
Le plan d'actions lancé par la FNCH s'inscrit aussi dans le calendrier électoral des sociétés de courses. Il est important au regard des échéances qui vont toucher l’ensemble des associations hippiques, soumises aux élections de leur Conseil d'Administration et présidence l’an prochain, entre mars et juin 2023. Pierre Préaud développe ici : "Les prochaines élections des sociétés de courses auront lieu au moment de l’Assemblée Générale du printemps qui arrête les comptes, entre mars et juin 2023. 100 % des sociétés de courses vont renouveler leur conseil d’administration et leur présidence. Nous agissons donc en amont pour aider au renouvellement et faire prendre conscience que cette question des fonctions et réserves des bénévoles est un enjeu très important qui se prépare en amont. Celles qui ont des inquiétudes ou des difficultés sur le bénévolat ne doivent pas attendre janvier 2023 pour s’y intéresser. Il faut agir dès maintenant et commencer à rassembler tout le monde pour lancer la recherche de renfort. Souvent des équipes de conseils d’administration ne préparent pas la succession en restant trop dans l’entre-soi. Cette question du repli sur soi-même concerne en fait beaucoup de secteurs et d’entreprises."

La grande journée des bénévoles du 26 juin à Vincennes
On attend 1.500 bénévoles dimanche 6 juin à Vincennes dans le cadre la journée prodigieuse. L’accueil et l’organisation, assurées en alternance par LeTROT et France Galop, est cette fois à l’initiative du service communication et marketing de LeTROT. La précédente manifestation du genre avait eu lieu à ParisLongchamp en 2018. Pierre Préaud nous parle de ce rassemblement : "La journée du 26 juin est vraiment sous le thème du remerciement. L’idée est de dire, on se retrouve tous ensemble alternativement au trot et au galop – cette année, c’est au trot – pour remercier l’ensemble des bénévoles de leur action. Et là, cela prend encore plus de force après ces deux années très, très compliquées avec la crise sanitaire. Tous les protocoles et cahiers de charges qui ont été élaborés ont été complexes à mettre en œuvre, à appliquer. Les bénévoles ont dépensé beaucoup d’énergie, ont pris des risques. Il faut se rappeler que, lorsque les courses ont repris en mai 2020, le Covid était partout. Tout le monde était masqué. Le thème du remerciement et de la congratulation sera plus que jamais au cœur de la journée. On mettra à l’honneur un bénévole particulièrement méritant par fédération régionale. On propose à toutes les sociétés de courses de venir, avec jusqu’à dix bénévoles pour chacune d’entre elles. Elles ne sont jamais toutes présentes, ne serait-ce pour celles qui organisent des courses ce jour-là."

Un hippodrome ferme par an depuis trente ans
Depuis 1990, trente hippodromes ont arrêté leur activité. Depuis 2000, c’est une vingtaine. On est à un hippodrome en moyenne par an. Les raisons peuvent être diverses (problème de non reconduction du bail, dégradations répétées de sites éphémères) mais une est prime sur toutes les autres : l’hémorragie excessive des bénévoles dans certaines sociétés. Pierre Préaud explique sur le sujet : "Dans les sociétés de courses qui ont fermé ou se sont regroupées ces dernières années, la question de renouvellement de l’effectif de bénévoles est très souvent avancée. La gestion et l’exploitation deviennent trop compliquées pour ceux qui restent avec l’absence de jeunes. Cela a été le cas à Lesparre par exemple. Ou à Richelieu, un hippodrome éphémère qui se montait dans le parc du château tous les ans. L’opération était compliquée et l’équipe de bénévoles a décidé d’arrêter et de fusionner avec la société des courses de Chinon."

La fusion des sociétés de courses pour sauver des hippodromes
Des solutions pour la conservation des hippodromes sont aussi mises en œuvre via la fusion de sociétés de courses. "C’est le cas de Châlons-en-Champagne et de Reims. À Châlons, il fallait faire des travaux avec une équipe qui se décourageait. La solution a été de fusionner avec Reims dans le cadre de l’Association des Courses Hippiques de Reims–Châlons qui exploitent les deux hippodromes. Et le terme d’association n’a pas été pris par hasard. C’était le souhait de son président Frédéric Ferraz de revendiquer son caractère associatif. Le même processus a été mis en œuvre avec la Société des Courses de Mauquenchy–Gournay qui exploite l’hippodrome Premium de Mauquenchy et l’hippodrome PMH de Gournay-en-Bray."

Le spectacle, la convivialité, le cheval : beaucoup d'atouts pour attirer les bénévoles
Grande cause des courses 2022, le bénévolat trouve dans l'univers hippique de nombreuses raisons d'investissement selon Pierre Préaud : "Les sociétés de courses, de par leur sujet, ont plein d’atouts à faire valoir. On est dans l’accueil du public, le spectacle, la passion du cheval. On voit en permanence cet esprit d’équipe qui fonctionne. Il y a plein de ressources. Et c’est un atout pour convaincre de nouveaux bénévoles de nous rejoindre." Encore une fois, bravo et merci aux bénévoles.

Des bénévoles de Cluny derrière la cause RaceAndCare

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