... (© P. Maurein/LeTROT)
Actualité - 14.06.2022

Avec l'Amérique en toile de fond

Avec ses quatre Groupes 2, la réunion de samedi à Vincennes a été l’occasion d’une revue d’effectif assez large des forces actuelles en présence même s’il manquait à l’appel Etonnant, Davidson du Pont, Flamme du Goutier entre autres et les meilleurs éléments étrangers. Mais c’était le cas majoritairement des meilleurs jeunes du moment, avec trois épreuves réservées aux 4 et 5 ans. Parmi d’autres se pose une question qui a agité l’après-réunion de la rédaction de 24 Heures au Trot : combien de chevaux de Prix d’Amérique Legend Race étaient en piste au cours de cette réunion ? C’est à cet exercice entre réalité et projection que nous nous confrontons ici tout en le soumettant à nos lecteurs, qui pourront partager ou non notre évaluation.

Au cours de la réunion de samedi sur l’hippodrome de Vincennes, placée à deux semaines de la Journée des Champions (le 26 juin), combien de chevaux de Prix d’Amérique Legend Race ont-ils foulé le mâchefer ? Tenter de répondre à cette question nécessite un préalable : définir la notion même de ce que l’on entend par "cheval de Prix d’Amérique". Est-ce un trotteur susceptible d’être au départ, ce qui n’est déjà pas rien mais qui n’est peut-être pas suffisant en soi ? Ou entend-on plutôt dans cette appellation un concurrent capable si ce n’est de remporter l’épreuve reine du dernier dimanche de janvier, au moins de se classer dans les cinq premiers à l’arrivée ? C’est cette dernière définition qui nous a semblé la plus opportune dans notre approche, laquelle s’appuie à la fois sur des données, des faits et sur une projection qui peut comporter par définition une part de subjectivité quand on évalue la marge de progression d’un cheval au printemps de ses 4 ans par exemple. Pour cette revue d’effectif, on a ainsi retenu trois critères :
- la classe intrinsèque, celle contre laquelle on ne peut pas aller, étayée par des résultats en course.
- les chronos réalisés sur le parcours des 2700 mètres de la grande piste, le parcours du Prix d’Amérique dont les sept dernières éditions ont toutes été courues dans une réduction kilométrique inférieure à 1’12’’, du record de Face Time Bourbon (Ready Cash) en 1’10’’8 en 2021 aux 1’11’’7 de Belina Josselyn (Love You), le temps le moins élevé, deux ans plus tôt.
- la marge de progression estimée pour les plus jeunes éléments concernés, c’est-à-dire ceux âgés de 4 et 5 ans.
Nous avons ensuite passé par la moulinette de ces critères les quatre courses de Groupe 2 de samedi pour dresser une liste du nombre de chevaux de Prix d’Amérique en piste.


François-Pierre Bossuet à la tête de sa jument Idylle Speed. (© APRH)

Une "Idylle" charmeuse

Lauréate du Critérium des 3 Ans (Groupe 1), Idylle Speed (Carat Williams) a célébré de la meilleure des manières ses retrouvailles avec Jean-Michel Bazire, qui l’avait découverte lors de son sacre du mois de décembre et ne l’avait plus drivée depuis, en remportant samedi le Prix Guy Le Gonidec (Groupe 2) dans la réduction kilométrique de 1’13’’4. La jument entraînée par François-Pierre Bossuet continue à dominer ses contemporaines tout en étant l’une des trois seules ferrées au départ. Sa marge de progression est évidente même si l’entraîneur mayennais reste très circonspect quant au déferrage, refroidi par l’expérience Havanaise (Ricimer). Cette marge est d’autant plus appréciable que la jument se montre froide en course, une qualité qui lui permet de se préserver.
Avec déjà un record personnel de 1’12’’2 (ferrée donc) sur le parcours classique de la grande piste, soit le meilleur temps pour un 3 ans, Idylle Speed coche les cases d’une potentielle future jument capable de courir un Prix d’Amérique. Son avance sur ses contemporaines est telle qu’il ne nous semble pas qu’en l’état actuel une autre pouliche parmi les onze autres partantes de samedi ne soit en mesure de l’accompagner sur la route vers les plus hautes sphères.
Izoard Védaquais et Idao de Tillard se sont encore livrés une superbe lutte. (© APRH)

Les duettistes attendus

La génération des mâles de 2018 contient en son sein avec Izoard Védaquais (Bird Parker) et Idao de Tillard (Sévérino) deux éléments qui représentent au fur et à mesure de leurs duels la relève du trot tricolore. Et ce n’est pas leur cinquième confrontation, samedi, dans le Prix Jules Thibault (Groupe 2) qui va inverser la tendance ! Les pensionnaires respectifs de Philippe Allaire et Thierry Duvaldestin, déferré des postérieurs quand son adversaire était pieds nus pour la première fois, ont fait affiché un chrono de 1’11’’7 sur les 2700 mètres de la grande piste. Pour rappel, Face Time Bourbon (Ready Cash) détient le record du parcours pour un 4 ans en 1’11’’2 lors de sa victoire dans le Prix Marcel Laurent (Groupe 2) à la toute fin août 2019.
Alors, c’est bien sûr un oui et même un grand oui pour voir en eux deux chevaux de Prix d’Amérique. Mais en quelle année ? Dès 2023 ? À compter de 2024 ? Au cours du second semestre, les meilleurs 4 ans sont soumis à une séquence de rendez-vous majeurs, à savoir le Critérium des 4 Ans (début septembre), le Grand Prix de l’U.E.T. (mi-octobre), qui se dispute cette année à Vincennes, et le Critérium Continental (fin décembre). Si le lauréat de cet ultime Groupe 1 de la saison des 4 ans décroche son invitation pour le Prix d’Amérique Legend Race, une autre alternative s’offre le dernier dimanche de janvier à la génération avec la création depuis cette année de la Sulky World Cup 5 Ans (Groupe 1). L’an dernier, Hohneck (Royal Dream) avait pris l’option d’affronter ses aînés, laissant à Helgafell (Charly du Noyer) le soin de représenter l’entraînement Allaire dans le nouveau Groupe 1.
Comme il l’a fait à Enghien en avril, Invictus Madiba (Booster Winner) est celui qui a terminé le plus près des duettistes samedi. Ses qualités de super-pisteur sont-elles susceptibles à terme de pouvoir lui permettre un jour de prétendre à l’une des cinq premières places d’un Prix d’Amérique ? La question est posée.

Hohneck très net dominateur dans le Prix Jean Le Gonidec. (© APRH)

Hohneck poursuit son chemin

Cheval de Prix d’Amérique selon les critères définis, Hohneck (Royal Dream) l’est déjà ! Le vainqueur du dernier Critérium Continental l’a prouvé en terminant cinquième du Prix d’Amérique Legend Race 2022, tout en ayant dû s’exposer de bonne heure dans la montée pour contourner Bahia Quesnot (Scipion du Goutier), ce qui avait sûrement contribué à émousser sa pointe de vitesse. Samedi, il a remporté le Prix Jean Le Gonidec (Groupe 2) en étant le cheval le plus rapide de l’après-midi (1’10’’8 sur 2175 mètres, soit son nouveau record départ volté) et a pris sa revanche sur Hooker Berry (Booster Winner) qui l’avait devancé à l’occasion de leurs deux dernières oppositions.
Troisième derrière Hokkaïdo Jiel (Brillantissime), le pensionnaire de Jean-Michel Bazire, dont la pointe de vitesse a très souvent fait merveille dans un rôle de sniper, est à même parmi les autres 5 ans présents samedi à répondre aux critères définis pour prétendre un jour à une place dans un Prix d’Amérique.

Gu d'Héripré (© APRH)

Les "G" du Prix Chambon P

Gu d’Héripré (Coktail Jet) n’a plus à faire ses preuves quant à savoir s’il est un cheval de Prix d’Amérique selon la définition proposée. Sa troisième place de l’édition 2021 le justifie à elle seule même si depuis, on le sait, le cheval élevé par Eugénie Quintin a été longtemps absent des pistes et n’a pas réalisé le meeting d’hiver espéré. Mais le voilà de nouveau vainqueur dans une course extrêmement tactique. Qui plus est en étant resté ferré comme lors de toutes ses courses depuis son échec dans la dernière édition du Prix d’Amérique Legend Race.
Son contemporain Galius (Love You) est passé à un cheveu du Graal pour sa première participation en janvier dernier. Auteur d’une excellente rentrée avec ses fers après trois mois et demi sans courir tout en lui apprenant à venir de derrière, il s’impose déjà à 222 jours de l’échéance comme l’un des prétendants de l’édition 2023.
Ces deux-là intègrent donc bien sûr la liste des chevaux de Prix d’Amérique présents samedi. La réponse est plus nuancée concernant Ampia Mede Sm. Dotée d’une qualité intrinsèque évidente, la fille de Ganymède s’est pourtant de nouveau montrée fautive au même endroit que lors du Prix Ténor de Baune cet hiver quand elle était à la recherche de sa qualification pour le Prix d’Amérique après laquelle elle aura couru en vain. Un passage critique pour la jument italienne qui affiche par ailleurs à ce jour un record de 1’12’’9 sur le parcours classique de Vincennes. Elle doit profiter des prochains mois pour augmenter son capital gains et corriger définitivement quelques imperfections.
Délia du Pommereux (Niky) aura 10 ans l’an prochain pour ce qui serait potentiellement sa cinquième participation à la grande course où son meilleur classement est une quatrième place, en 2021. Depuis déjà plusieurs mois, la championne de Noël Lolic est plus compétitive sur les courtes distances où ses résultats sont un ton au-dessus. Rebella Matters (Explosive Matter) et Feydeau Seven (Redeo Josselyn) ont eux montré leurs limites dans l’édition 2022, alors que Gangster du Wallon (Let’s Go Along) est certes un cheval de grands rendez-vous mais il devra décrocher sa qualification au cours de l’hiver, faute de gains suffisants.

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