... (© Gérard Nifort)
Actualité - 17.06.2022

Le Kymi Grand Prix et son fort accent français

Entre le Kymi Grand Prix, l’une des deux plus grandes courses finlandaises, et les trotteurs français, c’est une histoire à succès qui dure. Initiée par Dryade des Bois dès la création de ce Groupe 1 à la fin des années 1990, elle s’est régulièrement prolongée depuis, tant et si bien que les français sont les plus nombreux au palmarès avec onze titres. Samedi à Kouvola, les espoirs tricolores sont portés par Earl Simon, pour son retour en Scandinavie un peu plus de deux ans après un Elitloppet si éprouvant moralement et physiquement, et Ce Bello Romain, qui n'est autre que le tenant du titre. L’entraînement tricolore est aussi représenté par Philippe Daugeard avec le finlandais Whole Lotta Love.

Il y a des traditions qui ont du bon. Le clan tricolore verrait d’un très bon œil que celle qui fait retentir régulièrement la Marseillaise sur l’hippodrome de Kouvola se perpétue samedi à l’issue du Kymi Grand Prix. Depuis 1998, les trotteurs français ont en effet brillé plus souvent qu’à leur tour dans ce Groupe 1 disputé sur la distance 2 100 mètres avec départ à l’autostart (huit en première ligne). Depuis que Dryade des Bois (Off Gy), drivée par Jos Verbeeck, a donné l’exemple à suivre lors de la première édition en juin 1998, dix autres tricolores ont en effet rejoint la championne entraînée par Jean-Baptiste Bossuet au palmarès de cette épreuve finlandaise, placée trois semaines après l'Elitloppet.
De Défi d’Aunou (Armbro Goal) à Timoko (Imoko), de Exchequer (Takima) à Jag de Bellouet (Viking's Way), de Flambeau des Pins (Quiton du Coral) à Aubrion du Gers (Memphis du Rib), de Kart de Baudrarie (Bridge) à L’Amiral Mauzun (Bon Conseil), de Rapide Lebel (Ginger Somolli) à Ce Bello Romain (Jam Pridem), ils se sont tous couverts de laurier à Kouvola.

CE BELLO ROMAIN UN AN APRÈS
Samedi, le hongre de Sylvain Dupont est donc de retour sur la piste qui l'a vu accéder au statut de vainqueur de Groupe 1 à l'âge de 9 ans pour sa première participation à ce niveau de compétition. Ce jour-là, l'entraîneur angevin et Anthony Barrier avaient fondu en larmes sous l'effet de la pression et de l'émotion. Douze mois plus tard, ils reviennent avec la ferme intention de défendre leur titre, plus forts aussi de l'expérience de l'an dernier. "L’état d’esprit est différent car on est moins tendus, on connaît les lieux, on sait où l’on va, comment se passe le voyage, etc., confiait d'ailleurs à la veille du départ Sylvain Dupont. Et puis, on a le même numéro (3) que l’an dernier..." Comme un signe du destin qui permet de relativiser les aléas de la préparation. "Il a fallu gérer le contretemps lié à sa myosite après sa course d'Argentan même si elle était petite, poursuit l'entraîneur. Cela n’a pas été dramatique, simplement embêtant et contrariant. Cela nous a fait sauter quinze jours de travail. Tout est rentré dans l’ordre. Après, on avait du temps pour le re-préparer en vue de la course de samedi. Je pense que le cheval est au top. S’il fait sa valeur, je le vois à l’arrivée. Earl Simon est un cheval de très haut niveau, qui revient bien et qui retrouve l’autostart avec le n°1 sur un anneau qui n’est pas très grand. Après, quand ils sont bons, ils s’adaptent à tout. Le lot est largement courable. De toute façon, il faut courir et n’avoir peur de personne." Le dernier, et seul, trotteur à avoir gagné deux fois de suite le Kymi Grand Prix est l'espagnol Trebol (Hot Blues) en 2015 et 2016 entraîné par Gabriel Angel Pou Pou en France.
Au top, Anthony Barrier l'est aussi depuis son succès dans l'Elitloppet avec Etonnant (Timoko), son septième succès dans un Groupe 1, le troisième à l'étranger, ce qui lui a fait prendre une dimension nouvelle. "En tant que pilote, Anthony vit des choses exceptionnelles. Etonnant est bien meilleur que Ce Bello Romain mais avoir les deux dans les mêmes années, ça doit être agréable pour un pilote, confie Sylvain Dupond. Il prend de l'expérience à l'étranger et connaît son cheval par cœur."
Il y a un an, Ce Bello Romain était accompagné dans son périple par Délia du Pommereux (Niky), laquelle venait de remporter le Paralympiatravet (Groupe 1). La jument de Noël Lolic entraînée par Sylvain Roger avait d'ailleurs offert à la France un jumelé gagnant. Cette année, le deuxième Trotteur Français au départ est Earl Simon (Prodigious), pour qui ce voyage en Scandinavie sonne comme son retour sur la scène internationale.

Kymi Grand Prix 2022 (16h10 heure française)
Groupe 1 - 2 100m - 170 000 €
Partants – Driver (entraîneur)
1. Earl Simon – Franck Ouvrie (Jarmo Niskanen)
2. Oscar L.A. – Joakim Lövgren (Joakim Lövgren)
3. Ce Bello Romain – Anthony Barrier (Sylvain Dupont)
4. Calle Crown – Ken Ecce (Tomas Malmqvist)
5. Hotshot Luca – Pekka Korpi (Pekka Korpi)
6. Whole Lotta Love – Philippe Daugeard (Philippe Daugeard)
7. Inti Boko – Santtu Raitala (Timo Nurmos)
8. Night Brodde – Conrad Lugauer (Conrad Lugauer)
9. Jason’s Camden – Olli Koivunen (M. Salo)
10. Onas Prince – Per Nordström (Per Nordström)


Il faut courir et n’avoir peur de personne.
Sylvain Dupont

(© J.-C. Briens)

Philippe Daugeard : le troisième atout du clan français
Philippe Daugeard est le troisième driver au départ de l'édition 2022 du Kymi Grand Prix. Le professionnel normand présente en effet son pensionnaire Whole Lotta Love (Dream Vacation) qui partira avec le numéro 6. Ce hongre de 9 ans finlandais, qui reste sur une troisième place à Mons, a déjà pris part à ce Groupe 1 dont il a terminé à la 7ème place de l'édition 2020 remporté par Vitruvio (Adrian Chip). Philippe Daugeard a lié des liens serrés avec la Finlande depuis les exploits de son champion Univers de Pan dans ce pays où il a gagné la Finlandia Ajo (Groupe 1) en 2014 mais aussi terminé deuxième du Kymi Grand Prix en 2016 derrière Trebol et deuxième encore de la Saint-Michel Race la même année derrière Un Mec d'Héripré.
Autant l'Elitloppet peut être source des plus grands exploits sportifs et des plus grandes émotions, comme il nous a été donnés d'assister cette année avec le triomphe d'Etonnant, autant la plus grande course scandinave peut aussi se révéler dure et cruelle dans son épilogue voire même injuste par certains aspects. L'entourage d'Earl Simon en sait quelque chose plus que quiconque.
UN NOUVEAU DÉPART SOUS FORME DE RETOUR
Lors de l'édition 2020, non seulement Earl Simon (vainqueur de sa batterie) a été disqualifié de la troisième place dans la finale pour une gêne sur Cokstile (arrivé deuxième) mais il est rentré en France avec une lésion au tendon d'un antérieur. Les conséquences sont importantes : le cheval n'a pas couru entre mai 2020 et mars 2022. Après quatre parcours de remise en condition physique et mentale, enchaînant ainsi trois succès de rang sur la piste de Mons en Belgique, Earl Simon a frappé fort dans l'étape du GNT ParisTurf au Croisé-Laroche (le 25 mai) en rendant 50 mètres et sans donner l'impression de forcer tout en trottant sur le pied de 1'12'' !
Alors que Jarmo Niskanen voulait éviter à son cheval les grosses chaleurs de l'été - alors que les thermomètres s'affolent en France, il est prévu moins de 20° samedi à Kouvola -, sa performance nordiste a accéléré son retour au plus haut niveau, ce qui n'est évidemment pas pour déplaire à son entraîneur : "Ça fait plaisir de retourner au niveau international avec lui car c’est sa place. Après sa rentrée, on se disait que le chemin était encore long mais, finalement, il a progressé plus vite que je le pensais". Et ce retour sur la scène internationale se fait dans un esprit libéré des affres d'il y a deux ans. "L’Elitloppet est digéré et oublié, on regarde vers l’avenir", affirme l'entraîneur né en Finlande mais de nationalité suédoise.
Pour revenir au premier plan, il a fallu un travail de concertation et de confiance mutuelles entre Jarmo Niskanen et Thierry Duvaldestin, puisque Earl Simon effectue ses saisons de monte dans le haras normand du second cité alors que le premier a son établissement sur le domaine de Grosbois. "Une fois que les objectifs sont définis, ce dont on discute bien sûr avec le propriétaire, Franck (Ouvrie) et Thierry (Duvaldestin), je laisse la main à ce dernier qui n'a plus à faire ses preuves dans la préparation d'un cheval et qui sait forcément beaucoup mieux que moi doser le travail par rapport à ses pistes d’entraînement", explique Jarmo Niskanen. Une situation que l'on a connue à travers la victoire d'Etonnant dans l'Elitloppet puisque le champion de Richard Westerink est en saison de monte en Mayenne chez Franck Leblanc. De quoi aborder ce rendez-vous finlandais avec des ambitions légitimes quand bien même Earl Simon a tiré le numéro 1 derrière l'autostart. "Si on va là-bas, c’est pour lutter pour la victoire, annonce Jarmo Niskanen. Le numéro 1 peut être un piège mais je préfère qu’il soit piégé et qu'il n'ait pas une course dure plutôt qu’un numéro en dehors qui l’oblige à faire un effort trop violent." Et Franck Ouvrie de faire preuve de confiance : "Le numéro est bon pour lui car il sait tout faire. On va bien partir pour ne pas prendre les mauvais dos et on va aviser ensuite".
Heliade du Goutier avec Franck Ouvrie
Brillante lauréate à Solvalla, Heliade du Goutier (Prodigious) est aussi du voyage en Finlande : elle participe à une course pour juments. Elle a hérité d'un numéro 9 défavorable et devra évoluer sur 2100m. Par ailleurs Franck Ouvrie sera au sulky dans deux autres courses du programme.

ONÄS PRINCE MALGRÉ SON N°10
Deuxième du Derby suédois en 2021, Onäs Prince (Chocolatier), un 5 ans entraîné et drivé par Per Nordström, s'est qualifié pour la finale du dernier Elitloppet après avoir pris la troisième place de la première batterie devant Etonnant. Dans la finale, contraint de venir le nez au vent en face avant le pensionnaire de Richard Westerink, il a fini par se perdre dans ses allures à la sortie du tournant final. Samedi, il s'annonce comme le principal rival des tricolores à condition de pouvoir se sortir au mieux de son numéro 10 en seconde ligne derrière l'autostart. Fils de Ready Cash, Oscar L.A. est beaucoup mieux loti avec le numéro 2, associé à Joakim Lövgren, double vainqueur de l'épreuve avec Brioni (Timberland) et avec Racing Mange (Orlando Vici).

L’Elitloppet est digéré et oublié, on regarde vers l’avenir.
Jarmo Niskanen

(© J.-L.L./LeTROT)

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