Depuis ce lundi, Laurent Abrivard, comme entraîneur, a égalé son record annuel de victoires. Il en était à 125, comme en 2016. Il est déjà passé à 126 le lendemain (lire mardi). A plus de deux mois de la fin d’une saison amputée de deux mois de compétition, crise sanitaire oblige, c’est proprement exceptionnel. Notre dossier.
Rien ne semble pouvoir arrêter la marche en avant de Laurent Abrivard et des siens. La famille Abrivard installée dans la Sarthe, à Bouloire, enchaîne les victoires et les titres au sommet. Féerie Wood (Rockfeller Center) est devenue gagnante de Groupe 1 depuis son succès dans le Championnat Européen des 5 Ans, vendredi dernier à Vincennes. Le même jour, Hanna des Molles (Village Mystic) se classe deuxième dans le Groupe 1 équivalent pour 3 ans. Cette année, les "Abrivard" ont présenté 16 partants dans les Groupes pour un total de 39 participations. Ils se sont imposés 11 fois dont quatre dans des Groupes 1, incluant le Prix de Cornulier de Bilibili (Niky). Et quand la forme est insolente, tout devient possible. Ce mardi Gold River (Coktail Jet) apporte le 126 succès (très provisoire évidemment) au terme d’un improbable slalom final et avec le coup de pouce du destin quand le leader - encore en position de s'imposer - se met à la faute dans les dernières foulées.
Le système Abrivard
Il y a un système Abrivard, celui de la famille. Chacun est à un des postes de cette réussite : Valérie, la femme de Laurent Abrivard , à l’élevage, Laurent à la préparation, les fils Alexandre et Léo à la finition en courses. On peut même ajouter Justine, sœur de ces derniers, infirmière de son état, qui apporte sa pierre à l’édifice dans le rang des amateurs. À son sujet, lors de la dixième victoire de Domingo de Lou, ce lundi à Enghien, Alexandre explique ainsi : « C’est ma sœur Justine qui a « sauvé » Domingo de Lou chez les amateurs en début d’année (victoire à Nantes en janvier, ndlr). C’est à elle que revient le mérite. On profite de son boulot. »
Autre illustration du système Abrivard : lors de leurs 38 tentatives dans les Groupes cette année, 37 ont eu lieu avec un Abrivard au sulky ou sur la selle. Seul Free Man (Ready Cash) a été confié à Yoann Lebourgeois dans le Critérium des 5 Ans (Gr.1), sachant qu’Alexandre était aux commandes de sa représentante Féerie Wood dans la même épreuve. Tous travaillent dans le même sens et sont au service de la famille, avec les parents Laurent et Valérie dans la position des décideurs. Déjà, après son premier Etrier d’Or de 2017, Alexandre Abrivard avait dédié son titre à son père : « Mon Etrier d’Or est aussi celui de mon père ». Laurent Abrivard fédère et emmène tout le monde avec lui. C’est le « chef » suivant la formule consacrée dans les courses. Les premiers mots d’Alexandre Abrivard, vendredi soir après le triomphe de Féerie Wood sous ses propres couleurs, sont autant de marques de respect filial : « Cette victoire est celle du chef. C’est lui qui a déniché Féerie Wood sur le ring de Deauville et, cette année-là, il n’avait plus assez de budget à la fin des ventes pour l’acheter. Elle passait le dernier jour des ventes. Il lui fallait un associé et j’étais au bon endroit au bon moment. » Les établissements de ventes, aux courses, on le sait, ne sont nullement des drôles d'endroit pour une rencontre.
Le sens du détail à tous les niveaux
La réussite de la famille Abrivard, c’est aussi la complémentarité parfaite entre un metteur au point au summum de son art et un premier pilote également dans toute la plénitude de son art. Les Abrivard vivent leur métier à fond, sept jours sur sept. Ils ne sont pas les seuls évidemment, loin de là dans un univers de passion comme les courses. Mais leurs expériences respectives et leur sens du détail, leur goût de la compétition permanente font ensuite la différence. En début d’année 2019, Laurent Abrivard avait ainsi déclaré à Province Courses l’Hebdo : « On est obligés d’être à fond dans notre métier. C’est du lundi matin au dimanche soir. A part se retrouver quelquefois le samedi soir au restaurant tous ensemble, les sorties sont rares. Désormais, on n’a plus le temps de perdre du temps. Avec les courses tous les jours, le personnel qui se fait de plus en plus rare, il faut que tout soit fonctionnel et bien organisé. Aujourd’hui, j’ai de plus en plus de mal à quitter ma ferme. Je n’ai de toute façon jamais eu la passion de la casaque. Alexandre et Léo vont aux courses et moi je prépare. Et puis quand tu drives une fois par mois, tu es à la rue. Ce n’est pas nouveau. »
L’entraînement
Côté entraînement, c’est bien Laurent qui est à la manœuvre. Là encore, il avait levé le voile sur son approche de son métier à Province Courses l’Hebdo (n°2674) : « Pour moi, ma base reste le travail en fractionnés. Mais à partir de cela, je module beaucoup. Pendant quinze jours ou trois semaines ne faire que des lignes droites par exemple. Je n’aime pas me lever le matin pour répéter toujours les mêmes choses. Je pense que les chevaux, c’est pareil. Evidemment, pour les chevaux, la base, c’est la santé. Et ils sont plus fragiles qu’avant. Les saisons ont changé, il n’y a plus de vrai hiver, il y a toujours de l’humidité. Les foins et pailles ont plus de traitements qu’avant. La santé du cheval est plus que jamais le point essentiel pour réussir. »
L’élevage
Dans le versant de l’élevage, avec des résultats là encore en progrès permanents, Valérie Abrivard nous avait déclaré sur la conception de son investissement : « Pour moi l’élevage est un engagement total. Je ne le conçois qu’en le faisant à fond. Pendant la saison des poulinages, je n’accepte plus une invitation à l’extérieur. Quand une jument est prête à faire, je ne bouge plus de chez moi. Tant que le poulain n’est pas debout et n’a pas tété, je ne rentre pas me coucher. C’est aussi un domaine où il faut être très humble. On ne sait qu’une chose, c’est qu’il n’y a pas de règles. Il faut toujours se remettre en question et fonctionner aussi à l’instinct car c’est toujours la Nature qui reste la plus forte. » Il existe un renouvellement permanent dorénavant dans l’élevage Abrivard. Même l’absence d’Excellent, produit maison, pourrait être indolore avec l’émergence des Grazia, Haziella d’Amour et des 2 ans I Wanna Be Queen et Idylle Winner, tous estampillés élevage Abrivard.
Je n’aime pas me lever le matin pour répéter toujours les mêmes choses.
Laurent Abrivard
Je suis privilégié depuis le début de ma carrière, notamment grâce à ma famille, j’en ai conscience et j’ai envie que cela continue.
Alexandre Abrivard (ici avec son fils, sa compagne et sa mère)
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