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Actualité - 22.10.2020

Le Grand Prix de la Loterie : une épopée française

C’est une course de légende à laquelle s’apprêtent à participer nos représentants Face Time Bourbon, Frisbee d’Am et Billie de Montfort, ce week-end, à Naples, sur l’hippodrome d’Agnano. Un vrai championnat sur le mile, s’opérant en deux temps –trois batteries qualificatives et une finale, complétée d’une consolante–, dans lequel les ambassadeurs français ont connu une grande notoriété, en particulier au cours des années 1960 et 1970. Rétrospective.

Créé peu après la guerre, le Grand Prix de la Loterie (Gran Premio Lotteria) a eu tôt fait d’acquérir un prestige international. Hier étape majeure du Grand Circuit Européen, aujourd’hui catégorisé Groupe I, il est très richement doté, à 785.000 euros, à comparer avec les 900.000 euros alloués au Prix d’Amérique et avec les quelque 600.000 euros de l’Elitloppet. Quant au mode de fonctionnement, il est simple, les trois premiers de chacune des batteries étant qualifiés pour la finale, avec à chaque fois, évidemment, un départ à l’autostart. Habituellement disputée au printemps, la course a été, cette année, pour les raisons que l’on sait, reportée à l’automne.

Gélinotte ouvre la voie
En 1956, Géliniotte a été le premier vainqueur français fameux de la compétition, enlevant sa batterie et la finale en un temps record. La phénoménale jument de Charley Mills faillit même rééditer l’année suivante, gagnant à nouveau son éliminatoire, mais devant s’incliner dans la finale face au crack italien Tornese, à l’issue d’un parcours malheureux. Il faut dire, en outre, que, tant dans la batterie que dans l’épreuve finale, Gélinotte, en vertu des conditions de l’époque, rendait vingt mètres à ses adversaires…
En 1961, la championne de Roger Vercruysse, Kracovie, vengera Gélinotte en dictant sa loi à Tornese, tandis que La Charmeuse, autre compétitrice française, s’octroyait la course de consolation. Kracovie était essentiellement une jument de vitesse et de piste plate. En France, ses titres furent obtenus à Enghien, dans les Prix de Washington, de Milan, de Stockholm. A l’étranger, outre la « Lotteria », elle gagna l’Elitloppet, le Grand Prix d’Aby et la Flèche d’Europe ; elle se classa aussi deuxième de l’International Trot, à Roosevelt Raceway, battue de justesse par l’épouvantail américain Su Mac Lad.

Le tandem Roquépine-Une de Mai
Kracovie avait remarquablement inauguré les années 1960 pour la France. Deux autres immenses ambassadrices allaient les poursuivre en Roquépine et Une de Mai.
Roquépine s’impose dans l’édition 1967, sur le pied de 1’16’’4, égalant, ce faisant, le record de l’américain Behave, le lauréat de 1963. En 1968, elle s’y fait battre par sa grande rivale, Eileen Eden. Pendant toute la campagne européenne, ces deux-là vont se livrer un duel sans merci, tournant à l’avantage de la française dans le Grand Prix de la Foire et le Grand Prix des Nations, à Milan, ainsi que dans le Prix du Lido et le Prix Roma, à Rome, tandis que l’américaine a le dessus dans la « Lotteria » et dans le Grand Prix de Bavière, à Munich. Incarnant, en raccourci, leur formidable rivalité, le dead-heat affiché dans le Grand Prix de la Côte d’Azur, à Turin, en début de saison, est resté ancré dans la mémoire des courses italiennes.
À partir de 1969, et pour trois ans, c’est le règne d’Une de Mai. Adulée en Italie, où elle remportera la bagatelle de douze Groupes I, Une de Mai a pris le relais de Roquépine face à Eileen Eden, qu’elle domine à l’arrivée du Grand Prix de la Loterie tant en 1969 qu’en 1970, Tidalium Pélo parvenant à s’insérer entre elles lors du premier de ses trois succès. Une troisième victoire qui intervient en 1971, aux dépens des « locaux » Barbablu et Murray Mir. Lors de ces trois éditions, la merveille de Pierre-Désiré Allaire et de Pierre de Montesson avait vaincu aussi bien dans son épreuve qualificative que dans celle finale. A partir de 1972, Une de Mai ne pourra plus prendre part au circuit italien, atteinte par la limite d’âge alors en vigueur par-delà les Alpes, à savoir 8 ans. On peut le regretter, tout autant que le public de l’époque.

En dépit de l’absence forcée d’Une de Mai, le succès reste dans le camp français en 1972, avec le sacre d’Amyot, le quatrième, consécutivement, pour notre élevage. Vainqueur de sa batterie et de la finale, Amyot –quintuple lauréat classique sur notre sol– était favorablement entouré, ce jour-là, de Vismie et de Belle Doris, lauréates des deux consolantes, aux mêmes couleurs de notre élevage.


Prise de paris et diffusion sur Equidia Racing

Après plusieurs saisons de mise à l'écart du programme, le Grand Prix de la Loterie retrouve sa place cette année dans le calendrier de prise de paris. Les cinq courses (3 batteries + consolante + Finale) seront proposées aux parieurs dimanche et les courses diffusées sur Equidia Racing (via le site internet donc de la chaîne).




En écho à Dimitria, Face Time Bourbon est-il génétiquement programmé pour la Lotteria ?
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©Scoopdyga
On laisse ensuite passer trois ans pour retrouver, sur la plus haute marche du podium, la protégée de Léopold Verroken, Dimitria, qui s’impose, en 1’16’’1 –le nouveau record de la course–, aux dépens de son aîné, Axius, soit un jumelé français. Or, Dimitria, qui remportera l’Elitloppet, la saison suivante, n’est autre que l’ancêtre maternelle de Face Time Bourbon, dans le pedigree duquel elle figure en position de cinquième mère. De là à penser que le crack de Sébastien Guarato est génétiquement programmé pour la « Lotteria »…

Bellino II et Hillion Brillouard : le rouleau compresseur et le bolide

1976 est la grande année de Bellino II, qui, durant l’hiver, réussit le coup de quatre « Cornulier-Amérique-France-Paris » –en rendant vingt-cinq mètres dans le Prix de France et soixante-quinze mètres dans le Prix de Paris !– et le prolonge de quatre autres succès consécutifs, dans un contexte radicalement différent, dans le Grand Critérium de Vitesse de la Côte d’Azur, à Cagnes-sur-Mer, le Grand Prix de la Côte d’Azur, à Turin, le Grand Prix de la Loterie, à Naples, et le Prix de l’Atlantique, à Enghien. Dans la « Loterie », Bellino II gagne, comme à la parade, tant sa batterie que la finale, dans laquelle il améliore le record de Dimitria, quatrième seulement, cette fois, de près d’une seconde, sur le pied de 1’15’’2.
Quatre ans plus tard, en 1980, Hillion Brillouard fera à nouveau retentir la Marseillaise sur l’hippodrome d’Agnano, réussissant le « chrono » exceptionnel, à l’époque, de 1’13’’8. C’est tout bonnement, alors, le record absolu en Italie ! Pour ce faire, drivé, sans complexe, par le tout jeune Philippe Allaire, le fils de Raskolnikov Z a pris de vitesse Idéal du Gazeau au début, menant un train d’enfer et écœurant son cadet, qui s’effaçait même dans la ligne droite, laissant passer Speed Expert, Gibson et The Last Hurrah –le double tenant du titre–, lesquels se classaient dans cet ordre, sans inquiéter l’intouchable animateur. Révélé par Pierre-Désiré Allaire, Hillion Brillouard possédait une exceptionnelle célérité, qui lui permit aussi de s’illustrer aux Etats-Unis, où il s’adjugea la Challenge Cup, et en Suède, où il s’octroya le Grand Prix d’Oslo.

Bel Avis : le briseur de glace

C’était là le chant du cygne de l’élevage et de l’entraînement français dans la « Lotteria », car il devait s’ensuivre une période de disette de près de quarante ans… Incroyable !
Alors qu’en un quart de siècle, nous avions signé jusqu’à dix victoires, il n’y en eut aucune pendant trente-neuf ans. Il fallut attendre « JMB » et Bel Avis, en effet, en 2019, pour briser la glace.
Dans l’intervalle, nous dûmes nous contenter des accessits d’Hêtre Vert (deuxième en 1982, sous bannière italienne), de Potin d’Amour (deuxième en 1988), d’Ultra Ducal (troisième de Peace Corps en 1991), de Fan Idole (troisième de Varenne en 2001), de Ludo de Castelle (troisième en 2006), d’Oiseau de Feux (troisième en 2009), de Voltigeur de Myrt (deuxième en 2016), d’Un Mec d’Héripré (deuxième en 2017) et de Dreammoko (deuxième en 2018).
Il est vrai qu’à partir des années 1980, nos meilleurs trotteurs se sont mis à moins voyager, étant retenus en France par des allocations en hausse sensible, eu égard au rééquilibrage Trot-Galop. Mais l’esprit de conquête est, peu à peu, revenu et, cette année, nous serons donc triplement représentés : Face Time Bourbon, Frisbee d'Am et Billie de Montfort.
Avec le ferme espoir, évidemment, de conserver notre titre et également, pourquoi pas, de faire tomber le record de Timone Ek (1’10’’5, en 2017).
©LaRepubblicaNapoli

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