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Actualité - 06.07.2022

Speed Cup, le grand désenchantement

C'est la douche froide du côté de Vichy. La Speed Cup, lancée l'an dernier avec tambour et trompette, dans le rôle d'innovation du programme français à destination à la fois des professionnels, des parieurs et des opérateurs de paris, connaît dès sa deuxième édition un premier désaveu. Avec 11 partants déclarés, elle devient une course comme une autre, perdant ses spécificités, celle de la configuration batteries et finale, qui en faisaient justement un objet d'étude dans le paysage hippique français. L'échec de ne pas réussir, une fois par an, de proposer une offre différente pose évidemment bien des questions que nous balayons ici.



Lancée sur la base des propositions des Assises du Trot du 1er juillet 2020, la Speed Cup s'intègre bien dans un ensemble d'actions nouvelles visant à proposer un nouveau spectacle et à offrir du grain à moudre aux opérateurs pour en faire un objet attractif de paris. Dans les points positifs relevés alors, Province Courses l'Hebdo (n°2.739 du 3 juillet 2020) qualifiait l'idée :
■ de nouvelle offre dans le paysage hippique tricolore,
■ permettant de monter une dramaturgie particulière liée à l’enchaînement batteries + finale.
Avec 18 partants en deux batteries, l'édition inaugurale de 2021 avait répondu au minimum syndical. Cette fois, c'est la déception qui l'emporte à la société des courses de Vichy, missionée de facto pour tester l'initiative.

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Philippe Bouchara : "la Speed Cup doit évoluer"

Encore confiant lundi, à la veille de la déclaration de partants, Philippe Bouchara, le président de la Société des courses de Vichy, n'a pu que constater la fonte comme neige au soleil du nombre de partants de la Speed Cup mardi. Avec 11 concurrents, l'épreuve se disputera de manière classique, en un seul round. "C'est d'abord la déception qui m'a habité", reconnaît l'élu. Mais vingt-heures plus tard, il parle dorénavant d'avenir : "On va réfléchir à une méthode qui nous permette de ne plus avoir ce genre de problème. Je constate qu’on avait 54 engagés, puis 19 restants avant de tomber à 11 partants. On est là pour servir des courses et il faut que les professionnels jouent le jeu. Ce sont eux qui font les partants. À une époque où on se plaint d’un manque d’allocations, là, il va y avoir 60.000 € qui ne vont pas être distribués (les 96.000 € d’allocations dans la configuration batteries et finale passent à 36.000 €). Je trouve dommage qu’il n’y ait pas eu plus de gens qui disent : "On va en faire un objectif et jouer le jeu". Certains professionnels ont réagi après coup en disant que si on les avait appelés, ils auraient pu avoir un partant. On ne peut pas appeler la terre entière. Je ne rejette pas la faute aux professionnels mais pointe certaines déclarations. Tout cela montre en tout cas qu’il faut retravailler le produit Speed Cup auquel je tiens car il s’appuie sur une bonne idée. Tout sera mis sur la table pour retravailler les conditions de course. Mettre la course sur invitation ? L’organiser sur un peu plus long ? Est-ce qu’il ne faudrait pas organiser un mini-circuit de quatre épreuves, une à Cagnes, une chez nous, une à Enghien ou Caen et une à La Capelle pour rendre cette épreuve plus visible et donner la possibilité d’avoir un programme associé ? Et il faut aussi analyser la concurrence. Est-ce que c’est une bonne idée d’organiser une étape du TGV à La Capelle dimanche pouvant s’adresser à une même catégorie de chevaux ? Il faut que ce que je qualifierai de "petit incident" ne se reproduise pas."

Un programme pléthorique qui noie la Speed Cup

Parmi les facteurs qui portent atteinte à l'organisation d'une Speed Cup généreusement fournie en partants (24 candidats étant l'optimal), vient la question du programme pour une catégorie de chevaux (des 7 à 10 ans n'ayant pas gagné 210.000 €) qui multiplie les propositions. Du 1er au 10 juillet, on compte par exemple 14 courses fermées entre 170.000 et 210.000 € pour les chevaux d'âge. La période et la multiplication des réunions estivales (le socle de la variété française) deviennent des arguments contre productifs pour garantir une Speed Cup fournie. Déplacer l'opération à une période plus creuse (printemps, automne ?) serait une solution mais dépouillerait Vichy pendant son Festival du Trot d'une initiative originale. La question du programme reste bien, comme souvent, à réétudier.

Les propositions des Assises du Trot à la peine

Présenté comme un incubateur d'idées, doublé d'un catalogue d'annonces, les premières Assisses du Trot (1er juillet 2020) sont la matrice de la Speed Cup. La situation d'échec de cette initiative incite à faire un bilan plus large des dix principales annonces des Assises et de leur développement... ou non.
1. Ouvrir le Prix d'Amérique au meilleur hongre : non
2. Création d'une Commission d'Appel : non (travail en cours)
3. Eclairage de la Grande Piste de Vincennes : oui (mais peu d'innovation dans la mise en lumière des épreuves)
4. Révision globale des textes réglementaires (adapter les textes pour introduire le client (le parieur, les médias, le passionné) dans l’écriture du règlement) : sans opinion
5. Déplacement des meilleures épreuves sur les réunions de fin de semaine : oui (notamment dans le cadre de la réforme du programme de sélection)
6. Augmentation du recours à l'autostart : à valider en 2022 (avec 1.978 épreuves comme référence en 2021)
7. Déclaration d'un niveau de confiance associé à chaque participant : oui (émojis)
8. Diffuser les qualifications avec des chevaux déclarés en vente : non
9. Création d'une zone blanche au départ : abandon rapide
10. Création de courses en batteries : oui mais projet en situation d'échec

© Vichy

Le mile, un étranger dans le programme français

L'exercice du mile est-il le facteur originel du faible nombre de partants de la Speed Cup ? Le mile est souvent considéré comme une affaire de spécialistes, associée aussi aux programmes étrangers. Les succès des performers français sur le mile ne manquent pourtant pas, y compris au plus haut niveau (cf. les succès d'Etonnant, de Florida Sport et d'Héliade du Goutier lors du dernier grand weed-end de Solvalla). En France, on n'a compté que 15 épreuves sur le mile en 2021 (dont les trois opus de la Speed Cup), 16 en 2020 et 18 en 2019. L'argument de certains professionnels sur une speed cup trop "radicale" sur le mile, dans un exercice difficile à préparer compte tenu du faible nombre d'épreuves qui le proposent, mérite en tout cas d'être entendu. Une distance plus consensuelle, de 2.100 mètres autostart, par exemple ne gommerait-elle pas les critiques soulevées par le mile ? Les difficultés de notoriété rencontrées par le TGV (Trot à Grande Vitesse), un circuit également disputé sur le mile, font écho à ce constat.
Il faut encore évoquer le cas de l'autostart qui "répugne" de nombreux professionnels pour qui une place en seconde ligne est totalement rédhibitoire. Tellement rédhibitoire qu'elle incline certains à ne pas déclarer partant. Voilà une autre piste à intégrer dans l'idée de coller aux besoins des premiers clients (les professionnels) de courses en batteries et finale à la française. Et si l'innovation adaptée au contexte national consistait à créer une épreuve (en batteries et finale) sur une distance classique, avec mode de départ volté ? Et de remastériser la Speed Cup (qui devrait dès lors changer de nom) plus sur sa forme (batteries et finale) que sur son type (la vitesse). Voilà peut-être une autre piste à explorer.

Un Grand Prix du Conseil Municipal (presque) tout en vert

La configuration est suffisamment rare pour être soulignée. Le Grand Prix du Conseil Municipal (Gr.2), qui se disputera samedi à Vichy, compte neuf de ses dix partants nantis d'un émoji vert. Seul Jerry Mom (Ready Cash) qui effectue une grande rentrée pour le compte de son nouvel entraîneur Matthieu Abrivard a un émoji rouge.
Jean-Michel Bazire a confirmé quatre partants, tous déferrés des quatre pieds et assortis du vert : Elie de Beaufour (Royal Dream), Rebella Matters (Explosive Matter), au deuxième échelon de départ, Victor Ferm (Nal Al Sheba) et Tjacko Zaz (Crazed) en tête. Au premier poteau toujours, Eddy du Vivier (Rolling d'Héripré), Copsi (L'Océan d'Urfist), Echo de Chanlecy (Quinoa du Gers), Diablo du Caponet (Korean) et Freyja du Pont (Quinoa du Gers) sont tous en vert.

© DR

Anders Malmrot à la découverte de Vichy

Anders Malmrot, le directeur sportif de l’hippodrome de Solvalla, notamment en charge des invitations de l'Elitloppet, sera à Vichy cette semaine. Il a été invité par les organisateurs et restera trois jours, de jeudi à samedi, et assistera donc à la Speed Cup et au Grand Prix du Conseil Municipal. L’idée de départ était de lui montrer une course en batteries et finale à la française. Cela ne se réalisera pas mais le Suédois découvrira avec ce séjour un nouvel hippodrome français.

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