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Actualité - 15.07.2022

Un Jaguar prêt à bondir plus haut

Jaguar Wit 1’11’’ a, comme l’on dit quelquefois aux courses, fait un "truc" dans le Prix de Rome (Groupe 3), le week-end dernier, effaçant au passage le record – même piste, même distance – d’Izoard Védaquais pour un 3 ans. C’est, à la fois, élogieux et prometteur, de la part d’un poulain aussi bien né du côté paternel que maternel, avec, à l’évidence, un fort potentiel.

En s’imposant dans le Prix de Rome (Gr.3), samedi dernier (9 juillet) à Enghien, Jaguar Wit (Eridan) met à l’honneur la production initiale de son père, Eridan 1’10’’, gagnant du Critérium Continental (Groupe 1), après avoir joué de malchance dans le Critérium des 3 Ans (Groupe 1), où il vint régler, à la fin, Erminig d’Oliverie et Ecu Pierji, mais, passé à l’amble aux abords du poteau, perdit le bénéfice de ses efforts. Fils de Ready Cash 1’10’’, Eridan fut, en quelque sorte, vengé par sa propre sœur cadette, Gunilla d’Atout, qui s’imposa, bel et bien, dans le Critérium des 3 Ans, avant de s’octroyer, aussi, le Critérium des 4 Ans (N.D.L.R. : après le distancement, pour contrôle positif, de Go On Boy). Jaguar Wit est le premier vainqueur de Groupe d’Eridan, lequel compte d’autres performers de classe, tels la semi-classique Jipsy du Noyer 1’14’’ m., deuxième du Prix Ali Hawas (Groupe 2), le placé de Groupe 3 Joker des Molles 1’12’’ et le quasi invaincu Just You and Me 1’14’’ (quatre succès, en cinq sorties). Des débuts d’étalon que l’on peut qualifier d’encourageants.

La belle réussite d’Antoine Wit
Antoine Wit, qui a fait naître Jaguar Wit, est basé dans les Landes. Il est éleveur sans sol, depuis peu d’années, et ses deux poulinières sont stationnées en Normandie, chez Carole Georgeault, non loin de Lisieux. Il est venu à l’élevage sur le tard, par passion. Il a vendu Jaguar Wit, à l’amiable, à Sébastien Dewulf, quand le poulain était âgé de 2 ans, ayant remporté ses deux premières courses en province, aux soins de Philippe Allaire. Dans la foulée, le fils d’Eridan a ouvert son palmarès parisien, à Enghien, pour le compte de son nouvel entourage – avec, cette fois, Sébastien Guarato dans la colonne des entraîneurs –, en un temps record pour un 2 ans (1’14’’6). Or, il vient, à nouveau, cet été, dans le Prix de Rome, de s’octroyer un top-chrono, celui des 2.150 mètres, autostart, dans les rangs des 3 ans (1’11’’8, soit six dixièmes de seconde de mieux qu’Izoard Védaquais dans le Prix de Berlin, l’an dernier). Antoine Wit est évidemment comblé par la réussite de son élève : "Je suis d’autant plus heureux que Vouaga, la mère de Jaguar, est suitée, cette année, d’un propre frère de celui-ci et qu’elle est pleine de Feeling Cash, le père de Kash Wit, son actuel 2 ans, qui vient de se qualifier, tranquillement, à Caen, chez Philippe Allaire, lequel l’estime au moins autant que son aîné. J’avais acheté Vouaga, réformée, pour 1.000 euros seulement, principalement parce qu’il s’agissait d’une fille de Jag de Bellouet. Hormis son premier produit, Filenet, un fils de Royal Dream mort d’une rupture d’anévrisme à 2 ans, alors qu’il s’apprêtait à se qualifier et s’annonçait bon, Vouaga ne m’a donné que des gagnants. Par ailleurs, mes couleurs sont en forme en ce moment, portées par les récents vainqueurs que sont Jamaïque Dairpet (N.D.L.R. : lauréate à Lisieux, peu après la mi-juin) et Gibus (N.D.L.R. : deux victoires au cours du printemps, y compris à Vincennes)."


L’empreinte de Gaston Roussel et des siens

Jaguar Wit est l’un des trois vainqueurs engendrés à ce jour par Vouaga 1’17’’ (Jag de Bellouet), sur quatre produits en âge de courir. Les deux autres, Généreux 1’17’’ (Boccador de Simm) et Invictus Wit 1’17’’ (Cristal Money), sont plus modestes, n’ayant pas encore brillé à Paris. Vouaga se cantonna elle-même à la province, sans parvenir à y vaincre. Elle est l’unique produit d’Hanyama 1’16’’, gagnante de huit tournois régionaux, pour un peu plus de 70.000 euros de gains. Cette fille de Quito de Talonay 1’13’’ prend place parmi une fratrie de qualité, dont émergent les millionnaires en francs, Voile du Buisson 1’15’’ (Jackson) et Salette 1’16’’ (N.D.L.R. : voir, ci-après, les propos d’Alain Roussel). A la génération précédente, on rencontre Bergère, qui a marqué de son empreinte l’élevage ornais de Gaston Roussel et de ses fils, avec, au premier chef, pour meilleur produit, le précoce et rapide Nans Le Berger 1’15’’ (Obéron).

Niquette B II : une descendance qui égrène les noms de Grâce Ducal, Frascati, Nans Le Berger…

Alain Roussel se souvient bien de Nans Le Berger et des autres chevaux de la souche, implantée au sein de l’élevage familial à la faveur de l’acquisition, par son père, de Niquette B II 1’22’’, cinquième mère de Jaguar Wit : "Niquette B II appartenait à une grande ascendance Olry-Roederer, mais elle était très américaine de modèle, ressemblant, en cela, à son père, Tamerlan, un fils de Sam Williams avec lequel nous avons été souvent heureux, sachant, par exemple, qu’il est le père de mère de l’une des championnes maison, Pimpante, gagnante du Prix de l’Ile-de-France ou encore deuxième du Prix de Vincennes, entre Pacha Grandchamp et Paléo. Niquette B II était petite, de modèle, et elle n’était pas porteuse. Il fallait la faire monter par des apprentis et faire en sorte qu’elle voyage léger. Dans cette configuration, elle a gagné beaucoup de courses. C’est d’ailleurs avec elle que j’ai débuté en compétition, à l’âge de 14 ans."

Ready Cash 1'10''3 Indy de Vive 1'11''9
Eridan 1'10''2 Kidea 1'18''2
Topaze d'Atout 1'12''7 Coktail Jet 1'11''2
JAGUAR WIT Gunilla 1'15''5
Jag de Bellouet 1'09''9 Viking's Way 1'15''6
Vouaga 1'17''1 Vaunoise 1'26''0
Hanyama 1'16''2 Quito de Talonay 1'13''5
Mistinguett
©Scoopdyga
Sur la carrière d’élevage de Niquette B II, Alain Roussel nous apprend : "Au haras, son meilleur produit a été Bergère, une fille de Ner d’Avril ayant signé un bon record, à l’époque, de 1’21’’, et qui était une jument de Vincennes. Poulinière, unie à Bellouet, Bergère a donné Mistinguett, qui ne s’est pas qualifiée, mais a fait souche par l’entremise de ses filles : Salette, une "Tabriz", qui nous a procuré Grâce Ducal, lauréate du Prix de Normandie et du Prix de l’Ile-de-France, plusieurs fois placée du Prix de Cornulier ; Rasquita, une "Happily" qui a engendré Frascati, lequel gagna les Prix de l’Ile-de-France et du Calvados, pour mon frère, Jean ; et Hanyama, une "Quito de Talonay" qui se trouve être, aujourd’hui, la grand-mère de Jaguar Wit."

"Nans Le Berger : un magnifique cheval, pétri de classe" - Alain Roussel

Nans Le Berger est né un an après Mistinguett et c’est en course, quant à lui, qu’il a exprimé son talent. À son sujet, Alain Roussel poursuit : "C’était un magnifique cheval, pétri de classe, précoce et vite, avec lequel j’ai tout gagné à 2 ans, ou quasiment, notamment les semi-classiques Prix Cavey Aîné et Maurice de Gheest. Nous étions grands favoris du Critérium des Jeunes, mais, malheureusement, mon pensionnaire a sorti un furoncle au mauvais endroit, au niveau du passage de sangle, quelques jours avant la course. Du coup, je ne l’avais pas bien et il m’a fait la faute dans la descente. Peu après, dans le Prix Kalmia, il a remis les pendules à l’heure en battant Notre Aiglon, le gagnant du Critérium. Par la suite, il a malheureusement connu des problèmes respiratoires et n’a plus été le même, ne se retrouvant que ponctuellement, comme lorsqu’il battit, confié à Ulf Nordin, Mickey Viking, à 5 ans, dans le Prix d’Ostende, à Enghien. Une performance qui situe bien sa valeur."






Le clin d’œil de Mickey Viking et de Viking’s Way

Mickey Viking (Bonefish), à l’instant mentionné, n’est autre, on le sait, que le père de l’étalon phare Viking’s Way, celui-ci se retrouvant, clin d’œil du destin, à trois reprises dans le pedigree de Jaguar Wit (4x4x3), tout comme l’on y pointe deux fois Quito de Talonay (5x3). Ce sont là les deux principaux inbreedings d’un papier qui remonte, en lignée maternelle, à la matrone des Rouges-Terres, Germaine 1’29’’ (1928-Phoenix), génitrice du remarquable Quinio 1’25’’ m. (Hernani III), vainqueur des Prix de Cornulier et du Président de la République, avant de devenir le père, entre autres, du chef de race Kerjacques et de l’exceptionnelle Masina. Or, Quinio est le propre frère de Tincella, la mère de Niquette B II. La boucle est bouclée.

Grâce Ducal, une des championnes de la famille de Jaguar Wit

©Scoopdyga
©Scoopdyga
Les deux Sébastien, Dewulf et Guarato, complices et associés. Ici après la victoire de Green Grass dans le Critérium des Jeunes. Ils sont aussi réunis autour de Jaguar Wit.

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