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Actualité - 11.08.2022

Il était une fois Grosbois (2/2)

Suite et fin de notre rétrospective et de notre dossier sur Grosbois, à la faveur du soixantième anniversaire de son acquisition, par la Société du Cheval Français, le 26 juillet 1962. Grosbois n’est pas seulement un centre d’entraînement. Au fil des années, le domaine s’est enrichi d’un certain nombre de services inhérents à son activité hippique. Ceux-ci en renforcent l’efficience et les capacités de développement, ce que confirme Patrick David, administrateur de LeTROT, dans l’interview qu’il nous a accordée sur le sujet.





Une clinique vétérinaire de pointe
Dès 1969, le Domaine de Grosbois se dote d’une clinique vétérinaire qui va vite devenir l’un des fers de lance du centre, avec ses équipements de pointe et ses vétérinaires aux compétences avérées, plus spécifiquement dans le domaine de la chirurgie et des pathologies locomotrices. Salles de radiologie, d’anesthésie et de chirurgie, avec table d’opération hydraulique, tapis roulant, boxes de réveil… Tout est aménagé pour le meilleur des soins et de la convalescence. Au reste, les utilisateurs ne s’y trompent pas, venant de la France entière, voire de l’étranger, pour consulter à Grosbois. Dans un souci de constante amélioration, une nouvelle clinique, modernisée, devrait voir le jour en 2023. C’est là l’un des grands chantiers du Grosbois de demain.
Une importante structure sociale et de formation

La création du centre social de Grosbois remonte également aux premières années. Il est géré par l’Association pour la Formation et l’Action Sociale des Ecuries de Courses (AFASEC). Il met à la disposition des salariés une assistance sociale, des logements, un service de restauration, des espaces de réception et d’animation, une salle de projection, des terrains de sport, une piscine, etc. Particulièrement appréciée, la cafétéria de l’AFASEC est ouverte matin, midi et soir, toute l’année, et propose des menus traditionnels et de qualité, à base de produits en provenance directe de Rungis.

Ayant vu le jour en 1991, l’Ecole des Courses Hippiques de Grosbois est un service annexe de l’AFASEC. Elle est vouée à former les jeunes aux métiers du cheval, principalement à ceux de lad, driver, jockey, entraîneur. Elle répond parfaitement aux demandes de la filière en la matière, avec ses formations de niveau Bac Pro et Brevet.

Une sellerie et une maréchalerie complètent la panoplie. De la sorte, les résidents du site disposent, sur place, de tout le nécessaire pour leur propre équipement professionnel et pour celui de leurs chevaux ; ils peuvent parallèlement compter sur un service de maréchalerie « à domicile », assuré par une dizaine de maréchaux-ferrants.

Le musée du trot et le château

En 2005, selon le souhait du président Dominique de Bellaigue, fut entrepris l’aménagement, dans l’une des ailes du château, d’un musée consacré à l’histoire des courses au trot. Ce musée est, ni plus ni moins, le plus important d’Europe dédié à la discipline. Sur une superficie d’environ 600 m2, toute l’histoire de la spécialité est retracée, illustrations de toutes sortes à l’appui, mettant en avant les chevaux, sans oublier les hommes, les hippodromes, les haras… Alliant tradition et modernité, l’endroit a été équipé de bornes vidéo, qui permettent de visionner les principales courses françaises depuis la guerre. Alain Pagès, conservateur du musée, veille aussi sur un centre de documentation et d’archives du trot proposant plus de deux mille ouvrages et documents originaux, du XIXème siècle jusqu’à nos jours. Ce musée est un bijou, n’ayant d’égal que l’écrin où il a trouvé refuge, ce château somptueux et chargé d’histoire (N.D.L.R. : voir notre encadré d’hier), à l’architecture ciselée et équilibrée, de facture Louis XIII, et à la décoration intérieure frappée du sceau de tous les grands styles français. Il va de soi que le château et le domaine se visitent –des films y ont même été tournés– et que des réceptions et séminaires y sont organisés. L’avenir de Grosbois est d’ailleurs, sûrement, au-delà de son centre d’entraînement, dans la multiplicité des opportunités offertes par le site.

Un entretien permanent
Du fait de sa superficie –412 hectares– et de la diversité des éléments qui le constituent, le Domaine de Grosbois nécessite un important entretien, devant être assuré par un personnel à la fois nombreux et qualifié. Aussi une petite quarantaine de personnes œuvre-t-elle, à l’année, à celui-ci. En outre, cet ancien territoire de chasse (N.D.L.R. : voir notre historique d’hier) recèle encore beaucoup de gibier et des battues aux sangliers y sont, annuellement, organisées, de même que des prises de chevreuils, supervisées par l’Office National des Forêts, à des fins de repeuplement d’autres sites.

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INTERVIEW
Patrick David, Administrateur LeTROT

Alors qu’on vient de célébrer les soixante ans de l’acquisition du Domaine de Grosbois, pouvez-vous nous dire quelle est sa place dans l’organisation de LeTROT ?

On considère qu’on a, avec Grosbois, un véritable joyau, reconnu à travers le monde entier : les visiteurs découvrant le site sont toujours ébahis de la beauté et de la qualité des infrastructures de Grosbois. On ne peut que se féliciter que les dirigeants de la SECF aient eu la vision et l’idée, à l'époque, d’acquérir Grosbois et d’en faire ce qui en a été fait. En revanche, en interne, c’est-à-dire parmi les acteurs des courses eux-mêmes, je n’ai pas l’impression de la même conscience d’avoir un site d'exception. Autant Vincennes fait l’unanimité -on parle d'un « vaisseau amiral » extraordinaire et j’en passe-, autant Grosbois n’a pas la notoriété qu’il mérite. On entend parfois : « Est-ce bien normal de garder cette charge, alors que cela ne profite pas à tant de gens que cela ? ». Il faudrait passer par une réappropriation des professionnels du trot français d’un outil exceptionnel, dans l’air du temps -quant au bien-être du cheval c’est une référence- et contribuant à une meilleure empreinte écologique et économique pour ceux qui courent à Vincennes. Notre position est, par conséquent, la suivante : il faut conserver ce joyau et régler les problèmes qui peuvent exister.

Justement, quelle est la nature des problèmes rencontrés ?
Je pense qu’on peut parler au passé de certains sujets qui collaient à la peau de Grosbois et que nous avons traités dernièrement. Après une période d’autogestion, avec des règles à part, il a fallu remettre de la discipline à tous les niveaux. Notamment en termes de retards de paiement, auxquels nous avons mis fin, mais aussi en matière de manque de transparence sur les attributions de tels ou tels établissements ou logements. Nous nous sommes appuyés sur la commission, composée de socio-professionnels, et avons réglé, ensemble, les différents sujets. C’était une première étape : celle de la discipline et de la rigueur budgétaire. Un site comme celui de Grosbois ne peut pas vivre sans règle de fonctionnement précise. On sait aujourd’hui quels établissements sont disponibles, on a la liste d’attente des futurs résidents, la commission gère les priorités d’attribution. C’est donc beaucoup plus clair.

"Il faut conserver ce joyau, reconnu à travers le monde entier, et régler les problèmes qui peuvent exister."

Ensuite, il fallait réveiller Grosbois et l’ouvrir vers l’extérieur, d’où la candidature pour accueillir les Jeux Olympiques, sans succès, malheureusement, mais la création du dossier et sa présentation ont déjà été des démarches importantes, d'autant que le site est référencé comme "centre de préparation" pour les équipes qui le souhaiteraient. Et nous organisons d'ailleurs déjà des événements hippiques autres qu’au trot, le tout dans un climat apaisé, les professionnels résidents acceptant bien la cohabitation entre les différents secteurs.

Quel est le taux d’occupation actuel de Grosbois ?
Aujourd’hui, il doit y avoir un ou deux établissements libres, pas plus. Il y a trois ou quatre mois, la situation était différente, mais le domaine s’est à nouveau bien rempli ces dernières semaines. En prévision d’autres projets, on a organisé aussi la libération des boxes dans les cours du manège. Il n’y a pas de crise de candidature.
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Quel est le profil-type du résident de Grosbois en 2022 ?
S’il a été crée, à l’origine, pour accompagner le meeting d’hiver de Vincennes, Grosbois est occupé aujourd’hui à 30%, en taux d’occupation du nombre de boxes, par des maisons qui viennent faire le meeting d’hiver. Les 70% restants sont des résidents à l’année. Parmi eux, des pourvoyeurs de partants pour Vincennes, dans l’esprit originel du centre, et d’autres qui évoluent en région ou/et travaillent avec des jeunes chevaux. La situation est très hétérogène.

Quelle est l’urgence à régler ?
Le problème le plus sérieux de Grosbois est le bilan économique. Grosbois ne s’autofinance qu'à mois de 50%, ce qui représente entre 2,5 et 3 millions de perte d'exploitation par an. Et comme la revalorisation des loyers ne peut être considérée comme une solution unique, il convient de résoudre l'équation de façon globale.

Alors, comment abordez-vous le problème ?
Notre sujet, aujourd’hui, est de savoir comment mettre à profit les capacités d’accueil humain et équin pendant les périodes dites creuses, pour permettre à d’autres fédérations, principalement la FFE (N.D.L.R.: Fédération Française d'Equitation), d’accéder aux infrastructures et au site de Grosbois. C’est une piste de travail. En d’autres mots : comment attirer d’autres métiers ou activités du cheval vers un endroit offrant tous les avantages sur site, parmi lesquels la fameuse clinique, de renommée mondiale ? Le but est, bien sûr, d’avoir de nouveaux locataires dans les boxes libres, générant de nouveaux revenus. Notre objectif est bien d’aller à l’équilibre financier. Parmi les autres options, il y a l’accueil d’entraîneurs étrangers amenés à faire le meeting d’hiver, action expérimentée récemment. Il y a un potentiel. Pour devenir plus attractif, on doit également améliorer l’offre en paddocks. Enfin, notez bien que le domaine demande, logiquement, un entretien conséquent. Or, avec un déficit, on pourrait avoir la tentation d’une gestion très serrée qui déboucherait sur une dégradation plus rapide des bâtiments, engendrant elle-même une baisse d’attractivité. Donc, l’équation n’est pas simple à résoudre. Il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton !


L'urgence, c'est le bilan économique : Grosbois ne s'autofinance qu'à moins de 50 %, ce qui représente entre 2,5 et 3 millions de perte d'exploitation par an.
Patrick David

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En quoi la nouvelle clinique vétérinaire est-elle un sujet central ?
Le nouveau projet de la clinique est acté et devrait voir le jour en 2023. Il va générer plus d’activité et, notamment, la valorisation d’un manège qui ne trouvait plus guère d’utilité. Dans un schéma global, c’est un point positif en termes économiques, avec des revenus de loyers. Plus généralement, l’enjeu est de savoir comment mieux remplir et mieux utiliser Grosbois, d’où l’intérêt de se tourner vers l’extérieur et d’ouvrir le domaine à des "équitants" ou/et à des entraîneurs européens. Comment faire en sorte que ce domaine soit partagé ? La cohabitation est possible, comme le prouvent les concours organisés régulièrement. La capacité en logements est forte, notamment en été. Il y a donc plusieurs leviers à activer. D’autant que tout est prêt à l’emploi : il n’y a rien à construire, à créer, ce n’est que de l’aménagement.

Y-a-t-il d’autres pistes ?
L’autre approche est celle de la valorisation du patrimoine, processus lancé avant le Covid, mais que la pandémie a stoppé net. Ça redémarre. On peut imaginer une mise à disposition de surfaces autour du château, qui peuvent accueillir de l’hôtellerie et des séminaires. Ce serait dans le cadre d’un contrat d’exploitation. Avec Christophe Walazyc (N.D.L.R. : régisseur du domaine ; voir notre interview d'hier), nous avons beaucoup d’idées sur le sujet, mais seulement au stade de projet, d'ébauche.

Et faire des courses à Grosbois ?
On sait que c’est possible. On a bien su faire des courses à huis-clos pour générer des recettes, via les paris, et distribuer des allocations aux professionnels. Alors si, demain, il y a un gros incident quelque part et qu’il faut courir à Grosbois, on a tout ce qu’il faut, mais ce n’est pas d’actualité.

Location vs achat
Patrick David : « Parmi les freins, souvent exposés, à une potentielle installation à Grosbois est l’argument de la location, par opposition à l’acquisition. Un jeune entraîneur, s’installant, essaie de posséder un bien pour l’avenir, plutôt que de payer une location à fonds perdus. Alors peut-être faut-il réfléchir, aussi, à l’accession à la propriété ? Ce n’est qu’une réflexion, car les conséquences juridiques pourraient être importantes, mais, là encore, comme sur d’autres sujets, pourquoi pas ? Mettons cela sur la table. »


Clinique vétérinaire : objectif les JO de Paris 2024 !
Emilie Ouachee nous explique les grandes lignes du projet important pour l'avenir global de Grosbois, celui de la nouvelle clinique de Grosbois : "Le projet est en phase avancée de préparation de travaux pour une nouvelle clinique qui se situera sous le manège et dans l’enceinte de la piste couverte du domaine. Nous allons doubler la surface globalement, avec 2000 mètres carré de surface pour la clinique.
Cela nous permettra de disposer des derniers matériels d’imagerie (scanner), de trois salles de chirurgie et de soixante boxes notamment, puis d’un pole de rééducation. Cela nous permettra de répondre à l’augmentation d’activité grandissante et d’être reconnu centre hospitalier vétérinaire.
Nous espérons que la clinique soit construite fin d’année 2023 et soit totalement fonctionnelle pour les JO 2024
."

La nouvelle clinique de Grosbois va prendre place dans le manège et dans le cadre de la piste couverte

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