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Actualité - 14.08.2022

Des chouchous des écuries qui révèlent des histoires

À chaque cheval une histoire. Tous ne sont pas des champions et pourtant ils font le bonheur de leur entourage, qu’ils soient éleveur, propriétaire ou entraîneur. Ils rappellent chaque jour le lien fort qui unit l’homme (et la femme) et le cheval. Nous avons décidé de donner la parole à ces acteurs et de raconter comment ces compétiteurs sont devenus les chouchous de leur écurie suite à une consultation lancée sur les réseaux sociaux. Voici les portraits de ceux qui nous ont répondu aussitôt.

Doudou le chouchou
Le 27 juillet dernier, à Enghien, Doux Parfum remporte son premier Quinté+, associé à Yoann Lebourgeois. Un cheval populaire, bien connu des turfistes, qui a une aura particulière du côté de l’écurie de Guillaume Gillot et Barbara Guenet. « Depuis le départ de Black Jack From en Suisse, il est désormais le « papy » de l’effectif. Physiquement, il marque un peu les esprits car il est très imposant. A côté de cela, il est d’une gentillesse assez peu commune. Mais il est surtout très émotif et sensible », nous le décrit Barbara, qui le surnomme "Doudou Poisson". « Il a un tic et joue avec ses deux lèvres comme s’il imitait un poisson. A l’écurie, les chevaux ont tous un petit surnom et sont tous un peu nos chouchous ». S’il fallait trouver un exemple de relation homme/cheval, ce serait peut-être avec Doux Parfum. « Il est délicat est réceptif. Quand on s’occupe de lui, on sent que cela lui fait du bien. Il y a un
réel échange. Pour ma part, j’ai plutôt en charge la partie soins, et c’est Benjamin Pécharman qui est son lad. Ils forment un beau couple. Tout le monde l’apprécie vraiment. C’est aussi le cheval préféré de Quentin Bertrand (photographe chez APRH), qui vient l’atteler à la maison et à la plage. »
À 9 ans, « Doudou » est toujours sur le devant de la scène. « Je reste persuadée que les chevaux sont comme nous, ils aiment être chouchoutés tout simplement. Cela joue sur la performance, j’en suis intimement convaincue », poursuit Barbara. « S’il est aimé et choyé, il va vous le rendre et se livrera à fond. Désormais, Doudou a pas mal de gains et n’a cessé de s’illustrer. J’avais gagné la finale du GNA avec lui, en 2019, et maintenant il frôle les 400.000 euros de gains. Dans sa catégorie, il est toujours obligé de lutter mais ne nous déçoit jamais. »

Gaudepsou le miraculé a un club de supporters
Triple vainqueur depuis le mois de juin, Gaudepsou (Quio du Goutier) défraie aussi l’actualité. Sur sa lancée, il n’a trouvé que Critérion, jeudi à Enghien, pour lui barrer le chemin du succès. « A chacune de ses sorties, il nous remercie de l’avoir sauvé », lance Anaïs Michel. « C’est un cheval qui a eu une grosse crise de coliques au mois de décembre de ses 4 ans. On a pris la décision de le faire opérer. Il a passé trois mois au box durant sa convalescence et il a repris gentiment. Ensuite, mis à part une sortie dans un Quinté+ où il a été malheureux, il n’est jamais sorti de l’argent, c’est assez incroyable !

Je reste persuadée que les chevaux sont comme nous, ils aiment être chouchoutés tout simplement
Barbara Guenet

©Aprh

Il n’a cessé de progresser à chacune de ses sorties. C’est un cheval qui met son cœur sur la piste. On s’évertue à la préserver en le courant sagement. À 5 ans, il n’a pas été très chanceux. Il a fait un petit break cet hiver et a tout suite été performant. Il a renoué avec la victoire en amateurs au mois de juin, et a depuis enchaîné, donc un succès avec moi. C’était une belle victoire, mais particulière car acquise sur tapis vert. C’est pour toutes les fois où il a été malheureux. »
Exemplaire sur la piste, Gaudepsou se démarque aussi par son comportement. « C’est un cheval qui est très rigolo, avec du caractère. Il a ses manies et il est un même un peu « relou » comme on le dit affectueusement. Il est très impatient. A côté de ça, il est vraiment gentil et attachant, mais impatient. Son pécher mignon, c’est la gourmandise. Il a un peu d’embonpoint (rires). » Et ses exploits ne font pas que le bonheur d’Anaïs et son père Stéphane.
« Quand je suis rentrée d’Amérique il y a trois ans, je tenais une page Facebook sur l’écurie. Une personne m’a contactée en me disant qu’elle représentait une bande de cinq amis, tous de Beaupréau, parieurs depuis des années et qu’ils rêvaient d’avoir un cheval de course. Je les ai invités à l’écurie et on leur a proposé Gaudepsou. Après quelques bonnes courses à 3 ans, le cheval a couru à Vincennes. Lui, comme les propriétaires n’avaient jamais vu Vincennes et il a gagné d’emblée. C’était vraiment beau ! Ce sont des gens qui vivent la chose à fond. Ils font les déplacements et demandent régulièrement des nouvelles. Chaque année, ils organisent même une assemblée générale. Gaudepsou a derrière lui un vrai un club de supporters ! »

Jivago Flash : « Si on met un enfant devant lui, il va poser sa tête sur son épaule »
Si on aime un cheval, c’est aussi car il est parfois comme un enfant que l’on a vu grandir. L’élevage regorge d’histoires. Celle de Jivago Flash en est une, avec toute une famille, comme nous l’explique Valentin Henry : « Je suis éleveur depuis une quinzaine d’années, avec mon père (Michel) et j’ai une partie de certains chevaux. A cette époque, en 2007, il m’a inscrit co-éleveur d’une jument qui m’a ensuite donné goût à l’élevage. Grâce à elle, j’ai pu racheter Baraka Castelets (de la souche de Jalna IV, qui a donné la championne Roquépine) qu’avait fait naître ma grand-mère. Jivago est son troisième produit. On a beaucoup cherché, grâce à des statistiques, le croisement qu'on espère idéal. » Dans les prés, le rejeton de Very Nice Marceaux, à la très belle liste en tête, se démarque immédiatement. « Il y a une histoire sentimentale, qui fait l’on aurait aimé quoi qu’il arrive, mais c’est sûrement le poulain le plus attachant que l’on ait eu. C’est le premier qui venait nous voir et il trottait superbement. Il a beaucoup grandi yearling et son modèle correspondait moins aux standards des acheteurs. Mon père l’a alors entraîné seul et a réussi à le qualifier. Le poulain a ensuite été vendu pour arriver chez Pierre-Emmanuel Mary. C’est important pour nous que cela soit à des gens en qui nous avons confiance et dont on sait qu’ils prendront soin du cheval. Il nous donne beaucoup de nouvelles et Jivago est très prometteur. Ce sont quinze ans de patience, d’analyse pour choisir les bonnes poulinières, pour arriver à des croisements recherchés. Et Jivago en est l’exemple. A l’entraînement, il est très gentil et travailleur. Aux courses, on sent qu’il est content de voir d’autres chevaux quand il pointe les oreilles. C’est également un magnifique cheval. Quand on le regarde, il a des yeux très expressifs, avec une tête de « nounours ». Si on met un enfant devant lui, il va poser sa tête sur son épaule et lui faire un câlin. »

À chacune de ses sorties, il nous remercie de l'avoir sauvé
Anaïs Michel

©Scoopdyga
« Gigi Gaillard m’a redonné confiance »

Gigi Gaillard (Rocklyn) a lancé l’écurie d’Anthony Perrin, qui a obtenu sa licence au mois de mai de cette année et s'est installé en Mayenne, à Belgeard. « Après avoir été en location chez mon voisin, Adrien Mignon, en attendant d’avoir mes agréments, elle a été mon premier partant officiel. Montée par Thais Peltier, elle a terminé deuxième à La Roche-sur-Yon. Elle appartenait à une dame âgée qui ne pouvait plus aller aux courses. Je l’ai achetée 3.000 euros. Elle voulait faire plaisir à un jeune. La jument faisait des myosites à répétition. Pour moi qui fais beaucoup de soins, c’est le profil qui me correspondait. C’est une petite boule de nerfs qui n’apprécie pas d’être dans un box. Elle est toute petite, car elle toise 1m47 au garrot ! Et pourtant, je l’ai mise au monté et elle a trotté 1’15’’. On a de bons espoirs pour la suite. »
L’histoire avec cette jument de poche commence bien pour celui qui se décrit « comme un beau bébé d’1m85 », mais elle a aussi une autre source. Touchante au plus haut point. « C’est une jument de cœur, car elle m’a aussi redonné confiance dans mon travail. Suite à un accident, j’ai un handicap à un pouce. Pendant un an, je me suis retrouvé à ne rien pouvoir faire. Moralement, j’étais au plus bas. Je me suis installé avec des difficultés, à mon compte car on ne me fait pas confiance avec mon handicap. C’est la première jument que je referre depuis mon accident. Grâce à elle, j’ai remis la main sur un marteau et des fers. Elle a eu des résultats en course et un propriétaire m’a confié deux chevaux. Et récemment, j’ai gagné ma première course à Avranches (NDLR : avec Jabarosa - voir photo ci-dessous), avec une 3 ans menée par Louis Baudouin, un ancien « collègue » si je puis dire, car j’étais employé chez Jean-Michel son père. » Et comme la confiance engendre la confiance, Early Pactol, autre pensionnaire de l'écurie, a procuré à Anthony Perrin mercredi dernier à Pornichet les joies d’un premier succès Premium. Et dans ses pensées, on imagine bien que Gigi ne devait pas être très loin…

Elle m'a redonné confiance malgré mon handicap
Anthony Perrin

©DR
Gigi Gaillard avec son complice à l'écurie
©Freddy Grippeau
Anthony Perrin, au centre, heureux de voir Jabarosa lui offrir une première victoire en tant qu'entraîneur la semaine dernière à Avranches. Depuis, il a gagné PMU avec Early Petrol. Tout grâce à Gigi Gaillard.

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