Eugénie Quintin, une première avec les yearlings
S’ils sont des habitués des hippodromes et des podiums, les "Héripré" ne le sont pas des rings de ventes, a fortiori dans les rangs des yearlings. Une dizaine d’entre eux – et non des moindres – sont pourtant attendus, en milieu de semaine, à Deauville, aux vacations d’Arqana Trot. Eugénie Quintin, qui préside à leurs destinées, répond à nos questions à ce sujet.
Les "Héripré", de Rolling d'Héripré à Gu d'Héripré, en passant par Un Mec d'Héripré, pour ne mentionner que le trio phare de ce bel élevage ornais, nous viennent du Haras de la Futelaie, initié par le regretté René Quintin et par sa fille, Eugénie, qui poursuit fidèlement l’œuvre. Pour la première fois, celle-ci met l’ensemble de ses yearlings sur le marché cette année, amorçant, à terme, un possible changement de cap. Interview.
24H au Trot.- Vous présentez un lot de dix yearlings, cette semaine, aux ventes de sélection d’Arqana Trot. Ce n’est pas habituel de votre part, sachant qu’en règle générale, vous faites plutôt courir ; aussi voudrions-nous en savoir plus…
Eugénie Quintin.- J’ai déjà eu des yearlings, à Deauville, voilà une quinzaine d’années. C’était à mes débuts dans l’élevage. Après quoi, j’en ai présenté quelques-uns pour le compte de clients. Mais il est vrai que, cet été, c’est différent, car j’amène à la vente l’intégralité de mes yearlings, soit neuf lots, sachant que celui qui fait le dixième appartient à un client. Le but est de générer de la trésorerie. On ne peut tout garder, ni tout mettre à l’entraînement. Il faut savoir rentabiliser à plus court terme. En l’espèce, c’est ma perspective. On va voir comment cela va se passer, lors de cette première, et, par la suite, on avisera.
"Je présente l’intégralité de ma production de yearlings. C’était tout ou rien. Je tiens à jouer le jeu de la transparence." - Eugénie Quintin
Pourquoi tous les vendre ?
Je tiens à jouer le jeu de la transparence. C’était tout ou rien. Je ne veux pas qu’on puisse s’imaginer que je garde les bons et que je vends les mauvais ! J’ai neuf yearlings cette année et je vends les neuf, un point c’est tout. Mais je ne les braderai pas. J’en veux un prix raisonnable, sans les dévaloriser. Je pense avoir un beau lot, avec deux fils de
Face Time Bourbon, dont le frère de
Gu d’Héripré, quatre produits de
Gu d’Héripré, précisément, dont ce sont les premiers yearlings, trois mâles d’
Un Mec d’Héripré et un autre de
Fabulous Wood.
Une majorité de produits d’étalons maison, donc, assortis de deux jeunes géniteurs parmi les plus en vue du parc actuel…
Oui. Nous avons pour principe de soutenir nos étalons, qu’ils fassent la monte sur place, à l’image d’
Un Mec d’Héripré et
Rolling d’Héripré, ou au Haras de Ginai, chez les Souloy, tel Gu d’Héripré. Et puis, quand on investit dans des parts ou dans des saillies du niveau de celles d’un
Face Time Bourbon ou d’un
Fabulous Wood, il faut opérer, en regard, un rééquilibrage financier en se tournant vers des étalons qui coûtent moins cher et, en l’espèce, dont nous ne payons pas les services, puisqu’ils nous appartiennent.
Le choix des saillies ? "Un risque comme un autre, faisant partie du quotidien de l’éleveur."
À détailler la liste de vos yearlings, les géniteurs débutants, ou quasiment, semblent avoir votre préférence ?
Oui, c’est vrai. J’aime bien les jeunes étalons. On les a vus récemment en piste, on continue de les voir, même. On peut apprécier leurs performances à leur juste valeur et les choisir en vraie connaissance de cause. En outre, ils représentent, tout simplement, l’avenir. En prolongement, ils s’avèrent attractifs commercialement, leurs produits étant recherchés sur le marché. J’ajouterai que, le plus souvent, leur prix de saillie est un peu moins élevé que celui des reproducteurs confirmés. Bien sûr, on peut se tromper, car ils ne sont pas éprouvés, mais c’est un risque à prendre. Un risque comme un autre, faisant partie du quotidien de l’éleveur.
Gu d'Héripré, un nom qui revient de nombreuses fois dans le lot de yearlings d'Eugénie Quintin
© Aprh Les 10 yearlings deauvillais du Haras de la Futelaie
■ Numéro 245, Larson d’Héripré, m. (Un Mec d’Héripré et Angie d’Héripré, par Love You).
■ Numéro 268, Le Gal d’Héripré, m. (Un Mec d’Héripré et Fabiola d’Héripré, par Rolling d’Héripré).
■ Numéro 289, Lerêveur d’Héripré, m. (Un Mec d’Héripré et Dream Aventure, par Royal Dream).
■ Numéro 359, Longtime d’Héripré, m. (Face Time Bourbon et Classical Song, par Goetmals Wood).
■ Numéro 360, Longwood d’Héripré, m. (Face Time Bourbon et Vedetta d’Héripré, par Orlando Vici).
■ Numéro 373, Loro d’Héripré, m. (Gu d’Héripré et A Gold Lady, par Love You).
■ Numéro 381, Louvois d’Héripré, m. (Gu d’Héripré et Dynastie d’Héripré, par Rolling d’Héripré).
■ Numéro 487, Léna d’Héripré, f. (Gu d’Héripré et Galaxy d’Ecajeul, par Ready Cash).
■ Numéro 522, Linguist d’Héripré, m. (Fabulous Wood et Etoile d’Urzy, par Coktail Jet).
■ Numéro 530, Little Eva, f. (Gu d’Héripré et Sirène de Feugères, par Infant du Bossis).
Votre top-price devrait être, naturellement, le frère de Gu d’Héripré, par Face Time Bourbon ?
Oui, je pense, sans vous livrer un scoop ! C’est un très beau poulain, qui dégage quelque chose de spécial. Il a été visité, à la maison, par des courtiers et acheteurs potentiels. Il leur a plu et l’estimation que j’en ai faite, avec eux, ne les a pas déroutés. C’est plutôt bon signe ! Mon autre fils de
Face Time Bourbon est plaisant également, mais complètement différent dans sa conformation ; c’est un plus petit modèle, sans doute davantage précoce. J’aime beaucoup aussi mon "
Fabulous Wood" : il est très bien fait et d’un caractère vraiment agréable. Les quatre produits de
Gu d’Héripré ne se ressemblent pas forcément, au premier coup d’œil, mais ils ont pour trait commun d’être "dans le sang", comme lui. Les trois mâles d’
Un Mec d’Héripré ont également des choses pour eux, en particulier celui qui est apparenté à
Bold Eagle et autres (N.D.L.R. : le numéro 268), qui est au programme du deuxième jour, mais qui aurait pu être à celui du premier, car il est irréprochable physiquement.