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Actualité - 12.09.2022

Pierre Belloche : "L’été, on axe tout sur la sélection et l’élevage"

Il est un élu très engagé de l’actuelle mandature. Pierre Belloche, éleveur, entraîneur et propriétaire, fait partie des contributeurs qui ont œuvré à la création de la journée des Critériums, également journée des Eleveurs, dimanche prochain à Vincennes. Sous ses différentes casquettes, d’élu et de socioprofessionnel, il nous présente les enjeux d’une telle nouveauté mais parle aussi de sa propre entreprise.




24H au Trot.- On aura affaire dimanche prochain à une grande et nouvelle affiche avec trois Critériums réunis le même jour. Pouvez-vous revenir sur les objectifs d’une telle démarche ?
Pierre Belloche. Il s’agit pour nous d’un événement important et fort. L’idée est de créer une journée phare qui doit nous permettre de voir les champions de demain et ceux qui peuvent devenir les grands étalons du futur. Ce sont des têtes d’affiche importantes qui vont permettre à la fois de générer des enjeux et de faire venir du monde sur l’hippodrome.
Aujourd’hui, on se rend bien compte qu’il faut créer des journées événementielles pour séduire les spectateurs. Elles créent du spectacle et encouragent la participation du public. Si on prend aussi en compte les conditions difficiles de déplacement sur Paris, on comprend bien qu’il faut plus qu’une course événementielle pour faire venir les gens en nombre aux courses. Une grande affiche avec plusieurs temps comme nous proposons dimanche prochain permet en revanche de mobiliser plus de spectateurs.

La création de cette journée a bousculé et modifié des programmes de manière importante. Le Critérium des 4 Ans est désormais reculé de façon définitive de quatre mois par rapport à sa position historique du printemps. Quant au Critérium des 3 Ans, il est avancé de trois mois au minimum, passant de décembre à septembre. Quels arguments plaident pour ces changements d'un point de vue sportif ?
Il faut remettre ces changements dans l’ensemble du programme qui a été vraiment remis à plat. On peut notamment rappeler que nous avons créé des Groupes 1 internationaux durant l’hiver pour les générations dont vous parlez, ceux qui disputeront dimanche prochain les Critériums des 3 Ans et des 4 Ans. En janvier, il y aura la Sulky World Cup des 4 Ans qui s’adresse aux 3 ans du début de meeting. Soit un Groupe 1 disputé un mois après l’ancien positionnement du Critérium des 3 Ans dont on sait que le changement de date et son avancée dans le calendrier font débat. Ce Groupe 1, la Sulky World Cup des 4 Ans, doit permettre à ceux qui ne sont pas prêts durant l’été – actuellement – ou qui sont tardifs de disposer d’une grande épreuve au bon moment durant l’hiver. On est partis du constat que le Critérium des 3 Ans organisé en décembre s’adressait à des chevaux qui n’avaient plus vraiment 3 ans et étaient en fait plus proches des 4 ans.

La révision des programmes en amont des Critériums, notamment en juillet, passe désormais par Enghien. Quelles réactions avez-vous reçues comme élu à ces bouleversements ?
On ne m’a pas vraiment interpellé sur ce sujet pour le moment. Ce que j’entends et ce qui m’est remonté, c’est plutôt une satisfaction sur la création de la journée des Critériums qui, pour les puristes, est un grand événement. Il faut aussi dire que nous sommes en année 1 et il faudra en tirer ensuite un bilan. Concernant Enghien, il faut souligner qu’on a augmenté le nombre de partants lors du meeting d’été d’Enghien cette année grâce au travail effectué par les équipes en charge de la piste animée par Julius Le Tutour. La piste était plus du goût des professionnels. Quant à la phase amont aux Critériums, les entraîneurs disposaient de deux épreuves qualificatives à Vincennes plus rapprochées et revues en termes de distance. Certains vont arriver sur les Critériums sans être passés à Enghien mais en ayant fait les seules Qualifs de Vincennes. À la commission des programmes, on a travaillé pour tout s’enchaîne bien et je pense qu’on a construit quelque chose de cohérent.




L’avis positif de Sébastien Guarato sur la réunion des trois Critériums
Avec Sébastien Guarato, c'est un homme aux dix Critériums des 3 Ans (4), 4 Ans (2) et 5 Ans (4) qui s'exprime. Le professionnel aura encore plusieurs représentants en lice dimanche prochain. Consulté sur la réforme du programme de sélection qui a conduit à la création de la grande journée des Critériums, il lui reconnaît de nombreux avantages.
"Je trouve que cet aménagement du programme est plutôt positif. Le déplacement du Critérium des 4 Ans de mai à septembre permet d'offrir aux participants un vrai break après le meeting d’hiver alors qu’avant il fallait enchaîner. Pour ceux qui font en plus la monte, c’est également bien de profiter du break. Pour le Critérium des 3 Ans, c’est aussi mieux comme cela. Pour ceux qui ont commencé tôt et été leaders de la génération rapidement, ils pouvaient caler en fin d’année au moment du Critérium. Avancer de trois mois le Critérium des 3 Ans peut juste désavantager ceux qui sont nés tard et qui auront eu besoin de plus de temps pour s’exprimer. Quant au fait de faire aussi une partie de la préparation à Enghien, sur piste plate, je trouve que cela n’est pas plus mal. Changer de piste est toujours bien pour les chevaux. Dans mon cas, courir le Critérium des 4 Ans en septembre est un avantage avec mes partants comme Idéal du Pommeau et Instrumentaliste. Je les ai attendus, ils arrivent maintenant dans la "bonne foulée" et ont les gains qu’il faut. En mai, ils n'auraient pas pu se présenter au départ."


Cet aménagement du programme est plutôt positif.
Sébastien Guarato

© JLL-LeTROT
Le service de communication de LeTROT en première ligne
La Journée des Critériums mobilise de nombreuses énergies au sein de la société mère. Au-delà de sa conception programmatique, et de la refonte du programme de sélection qu’elle a générée, elle s’est doublée d’un plan de communication à plusieurs étages. Il y a d’abord eu les actions liées à la visibilité des Jours de Qualifs, en amont du 18 septembre. Et désormais, c’est le "Jour de Sacres" qui est mis en lumière. La communication fait la part belle à l’événement sous toutes ses facettes : sportive avec une affiche exceptionnelle portée par trois Critériums, festive, divertissante et gourmande. Dans le clip produit à cet effet, on parle d’un rendez-vous sacrément divertissant et sacrément gourmand.

Quel bilan tirez-vous justement de la phase des Qualifs ?
La notion de Qualifs est plus liée à une dimension marketing et communication pour parler au plus tôt de l’évènement aux parieurs. L’idée est de capter le plus longtemps possible l’attention comme cela peut se faire par exemple en Formule 1. Je dirais que ce système de Qualifs est plus destiné au grand-public qu’aux socioprofessionnels. C’est important de marquer auprès des gens la hiérarchie et l’enchaînement entre les courses. Cela amène plus de visibilité autour des champions pour une population peu experte des courses.

La Journée des Critériums est doublée de la Journée des Eleveurs. Pour quelle raison ?
C’est la suite logique de ce qui a été fait au préalable dans cette mandature. On a parlé aux bénévoles en début d’été. Tout le programme de l’été et de l’automne a ensuite été axé sur la sélection et l’élevage avec tous les Critériums. C’est un trait d’union direct avec les éleveurs qui sont la base de notre pyramide. Les inviter le jour des Critériums paraissait couler de source. L’envie est qu’ils soient présents et qu’ils puissent aussi observer les futurs étalons. C’est intéressant de les faire venir sur l’hippodrome, qu’ils ne soient pas tous devant leur télé. Et c’est aussi un moyen de les encourager et de nourrir de nouvelles vocations. On sait que c’est quand même une population vieillissante et que l’éleveur français type est un "petit" éleveur avec une ou deux juments.

Comment jugez-vous la santé économique du secteur de l’élevage et des courses ?
La conjoncture est difficile de manière générale, avec un monde qui est devenu un monde d’optimisation et de finances dans tous les domaines. Il faut ajouter à cela les événements qu’on a connus comme la crise sanitaire. Je constate néanmoins que nous avons des indicateurs à l’élevage qui sont positifs. Le marché du yearling dans ce qu’il se fait de bien reste en forme. Les marchés des chevaux de courses à l’entraînement et des réclamers ont rarement été aussi élevés. On a beaucoup d’investisseurs nouveaux dans les réclamers. On peut dire qu’il n’y a pas que des messages négatifs actuellement.

Sébastien Guarato, l'éleveur
Moins connu dans son costume d'éleveur, Sébastien Guarato a néanmoins un titre classique avec son élève Hastronaute (Booster Winner). Il apprécie que les éleveurs aient été invités le 18 septembre et mis à l'honneur : "C’est bien de mettre en avant les éleveurs car ils sont à la base de tout. Sans eux, il n’y a pas de propriétaires, d’entraîneurs, de courses tout simplement. Ils font travail difficile au quotidien, qu’il fasse beau, qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il vente. C’est vraiment bien de les mettre en valeur ce 18 septembre."


L’été, on axe tout sur le Trotteur Français, avec les Critériums et l’élevage ; l’hiver est plus international pour faire aussi des événements.
Pierre Belloche

© JLL - LeTROT
La vente qui clôturera la journée est un autre élément nouveau de cette grande journée.
Pierre Belloche : "C’est pour nous un moyen d’essayer d’intéresser tout le monde au Trotteur Français. Cette vente propose des poulinières avec de grands papiers provenant pour certaines de grands élevages comme ceux de Jean-Pierre Dubois, des Atout de la famille Barbé. Elles sont souvent pleines d’étalons de premier plan. Ce qui peut paraître fou, c’est que des Américains vont traverser l’Atlantique pour venir voir nos Critériums, nos champions. Ils pourraient être intéressés par des juments françaises. Ce qu’on cherche, c’est internationaliser le Trotteur Français. On regarde le galop et on voit qu’il y a en France beaucoup d’investisseurs étrangers. De notre côté, on essaie de parler aux investisseurs étrangers. Mais on pourrait aussi imaginer que des éleveurs français s’associent pour acheter une poulinière très bien née à l’image de la mutualisation qui existe déjà entre investisseurs pour l’achat de yearlings. C’est une pratique qui se développe de plus en plus au trot."

Et Pierre Belloche, comme professionnel cette fois. Serez-vous représenté sur la piste dimanche prochain ?
Normalement, j’aurai Horsy Dream chez les 5 ans s’il passe aux gains. Normalement, il devrait trouver sa place. Il vient de montrer qu’il avait le droit de disputer son Critérium. En courant ferré dans la Q2 (Prix Jockey), il vient de finir tout près d’Hohneck [N.D.L.R. : Horsy Dream s'est classé 5e]. Cela nous donne confiance pour la suite.

Que dire de votre année ?
L’année est partie sur de très bonnes bases avec des résultats constants par la suite. Tout se passe bien grâce à toute mon équipe.

Vous avez des boxes à Grosbois depuis un an. Quel bilan en tirez-vous ? Allez-vous pérenniser ce deuxième site ?
Pendant l’hiver, Grosbois me permet d’éviter des déplacements pour le meeting d’hiver. Le reste de l’année, c’est une base pour mes partants d’Enghien ou ceux qui peuvent courir dans le Nord et l’Est de la France. J’avais aussi fait le choix de Grosbois car j’étais un peu à l’étroit chez moi (au Bois Douffray dans l’Orne) sans possibilité de s’agrandir tout de suite. Le choix de Grosbois était la solution la moins risquée avec un outil de travail performant. Grosbois me permet aussi d’y préparer les poulains avant les qualifications et de mieux valoriser mon élevage.






Comment faîtes-vous pour organiser votre agenda, entre la gestion de votre élevage, de vos deux sites d’entraînement, de votre mandat d’élu de LeTROT ?
C’est beaucoup de temps et d’investissement. Je dois aussi m’organiser au mieux pour tout anticiper. On revient d’ailleurs au sujet de Grosbois. J’y ai actuellement 13 boxes mais je pourrais peut-être en prendre un peu plus. La condition est que je trouve un nouveau collaborateur pour cette antenne parisienne : je suis en pleine recherche. La question des équipiers, chez moi comme pour d’autres, va être une question centrale pour que je puisse continuer à m’investir dans mon mandat d’élu sans mettre en péril mon entreprise. Je ne me représenterai que si j’ai une équipe solide autour de moi.

Votre situation personnelle illustre bien un enjeu pour le futur, celui du recrutement et de l’évolution nécessaire du management. Un sujet pointé par les spécialistes de ces questions comme Guillaume Herrnberger à l’Afasec.
Effectivement et c’est un sujet auquel je suis sensible depuis plusieurs années. Tous mes échanges avec Guillaume Herrnberger vont dans ce même sens. Pour moi, dans ma recherche d’un collaborateur à Grosbois, j’inclus la responsabilité de m’accompagner sur un meeting d’hiver avec des responsabilités sur des bons chevaux. Il s’agit de courir des courses Premium ou PMH dans les régions Nord ou Est, de gérer les poulains avant les qualifications. Il y a une vraie dimension managériale. C’est comme cela qu’une entreprise comme la mienne pourra se développer et se projeter vers l’avenir le plus sereinement possible.

Pierre Belloche avec Horsy Dream en juin à Enghien

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