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Actualité - 13.09.2022

Jean-Paul Fichaux écrit la saga des "Somolli"

Jean-Paul Fichaux s’apprête à aligner Janka Somolli 1’11’’, dimanche, dans le Critérium des 3 Ans, où, si elle parvient à assurer son départ, la pouliche aura une belle carte à jouer. Si elle venait à disputer l’arrivée, voire, pourquoi pas, à s’imposer, la récompense serait belle pour le professionnel normand, dont la réussite, régulière et durable, ne se dément pas depuis quelque trois décennies.





L’homme qui se cache derrière la signature Somolli, Jean-Paul Fichaux, a été formé à l’école de Léopold Verroken, auprès duquel il a été stagiaire, puis de Jean-René Gougeon, qu’il a côtoyé une dizaine d’années durant, du temps où il dirigeait l’élevage et les écuries du comte Pierre de Montesson, au Haras des Coudraies : "J’y ai connu Une de Mai, Katinka, Malice Bleue et autres Malouin, se souvient-il. J’ai même fait naître le crack steeple-chaser Katko. J’ai évidemment beaucoup appris tout au long de cette période et en ai gardé un grand attachement pour les souches Montesson, qui sont à la base de ma réussite d’éleveur et d’entraîneur."

Janka Somolli : une question de départ
Tout va être une question de départ, dimanche, pour Janka Somolli, chacun le sait. Jean-Paul Fichaux résume, au sujet de son élève : "La pouliche a bien récupéré et est restée en bonne condition. Elle est même de mieux en mieux et va se présenter "fit" le jour J. Le départ a toujours été son point faible et il le demeure. Elle a pris l’habitude de partir au petit galop, mais elle a tôt fait de se remettre sur la bonne jambe si elle ne voit pas le jour ; sinon, c’est plus compliqué… Je dois dire que je voudrais bien qu’elle ne rende plus vingt-cinq mètres à tout le monde ! Dimanche, elle ne pourra pas se le permettre. J’espère qu’il n’y aura pas de faux départ et que l’ambiance ne sera pas trop électrique au moment de s’élancer. Disons que, si tout va bien, nous courons pour une petite place. Et plus si affinités !"

Tropic Jet : un coup de coeur
La griffe Montesson, Janka Somolli (Tropic Jet) en témoigne, avec pour troisième mère, Ophélia 1’18’’ (Valmont), laquelle n’est autre que la trois quarts sœur d’Idie 1’18’’, génitrice de l’étalon de tête Tarass Boulba 1’18’’, sur lequel veilla, du reste, Jean-Paul Fichaux, lorsqu’il avait des étalons. Parmi ceux-ci, il y eut, aussi, Tropic Jet 1’13’’, le père de Janka Somolli : "Le cheval est mort il y a deux ans, malheureusement. Je l’avais acheté à Jean-Etienne Dubois, avant son départ en Australie. J’avais eu un coup de cœur pour lui, pour son physique et, plus encore, pour sa personnalité, pour ce qu’il dégageait. Il avait été un bon cheval de course, mais sans performances de Groupe. Il avait un très beau papier, en tant que fils de Coktail Jet, petit-fils de Défi d’Aunou et arrière-petit-fils d’And Arifant, d’une belle souche Bellaigue, qui plus est. Il n’a pas beaucoup sailli – une vingtaine de juments par an –, mais a produit tout à fait utilement, me donnant également, par exemple, Falco Somolli, qui a plus de 100.000 euros de gains et qui aurait fait mieux encore s’il n’avait eu des problèmes de santé."

La "Montesson" Ophélia comme jument base
Lanka Somolli 1’15’’, la mère de Janka Somolli, est une fille de Sancho Pança 1’15’’. Elle a gagné quatre courses, notamment à Enghien, pour plus de 45.000 euros de gains. Elle est morte cette année et son dernier produit est Lindy Somolli, une pouliche yearling, propre sœur de la prétendante au Critérium des 3 Ans : "Lanka Somolli avait pas mal de qualité, souligne Jean-Paul Fichaux, mais elle a été stoppée dans son élan par une blessure au paddock, s’étant coupée un tendon. Avant Janka, elle nous a donné plusieurs chevaux qui trottent, dont Verveine Somolli ou encore Sunset Somolli. L’ensemble de sa progéniture a glané, à ce jour, plus de 700.000 euros. Lanka Somolli a pour grand-mère l’élève du comte de Montesson, Ophélia, qui, à mes débuts d’éleveur, m’a procuré, avant que je n’adopte le label "Somolli" (N.D.L.R. : voir notre encadré à ce sujet en page suivante), la bonne Valacirca, gagnante du semi-classique Prix Roederer et mère de Ginger Somolli, qui devint étalon. C’est la famille proche, chez moi, de Bourbon Somolli, Lewis Somolli ou encore Tango Somolli, tous chevaux de Groupe. Chez Thierry Duvaldestin, via Linda Somolli, cela a donné Tolérance, Uniclove, In The Money…"

Jean-Paul Fichaux avec Gabriele Gelormini, le pilote de Janka Somolli entre mai et juillet

© Aprh
Somolli, en hommage à "Speedy" et à "Tarass"
Jean-Paul Fichaux a choisi le label de son élevage en référence au grand trotteur américain Speedy Somolli, fameux fils de Speedy Crown ayant donné au comte de Montesson Tarass Boulba, lequel fut un géniteur de tout premier plan : "Tarass Boulba est né du temps où j’étais aux Coudraies et je l’ai eu, ensuite, comme étalon, à Urou. J’ai toujours été un adepte de l’alliance des sangs et des échanges avec l’étranger, y ayant d’ailleurs travaillé quand j’étais à l’U.N.I.C. (N.D.L.R. : Union Nationale Interprofessionnelle du Cheval), après mon passage chez M. de Montesson. L’évidence est que les sangs français et américain s’accordent parfaitement. D’ailleurs, nous ne sommes pas les seuls à le penser. J’ai eu la chance de rencontrer naguère M. Van Lennep, un éleveur américain de renom. Il préconisait lui-même le mélange des sangs, au point qu’il souhaita importer un célèbre trotteur français de l’époque, afin de redonner un peu de tenue et de robustesse aux lignées standardbreds. Mais la France ne répondit pas positivement à cet appel du pied. Je trouve cela regrettable, car c’était une façon de valoriser notre race en Amérique du Nord." En prolongement, on sent, aujourd’hui, un regain d’intérêt des éleveurs américains pour les chevaux français et il apparaît que nous y sommes beaucoup plus réceptifs.


"Je n’ai d’autre possibilité, pour ma part, que de rentabiliser, car c’est mon gagne-pain." Jean-Paul Fichaux

Jean-Paul Fichaux est, aujourd’hui, à la tête de deux sites. Au Haras d’Urou, aux portes d’Argentan, dans l’Orne, prend place son centre d’entraînement, sur environ trente-cinq hectares, tandis que, non loin de là, à Médavy, il loue une centaine d’hectares à destination de l’élevage. Celui-ci est de type extensif, puisque l’effectif actuel se limite à une douzaine de poulinières. A l’entraînement, ils sont une quinzaine de chevaux de tous âges, sous la houlette du maître des lieux et de son bras droit, Mathias Dudouit. Economiste de formation, Jean-Paul Fichaux a la culture de l’entreprise. L’Ecurie Somolli est donc, au premier chef et nécessairement, une entité commerciale, avec pour objectif efficacité et rentabilité. Aussi ses représentants sont-ils fréquemment à vendre, dès lors qu’ils ont été valorisés en compétition, ce qui n’exclut pas, bien sûr, de conserver des femelles pour l’élevage, afin de perpétuer la souche. Jean-Paul Fichaux explique son présent mode de fonctionnement : "L’élevage et l’entraînement sont, aujourd’hui, mes deux seules activités. Auparavant, il y avait aussi l’étalonnage. Par le passé, j’ai ainsi eu, à Urou, Tarass Boulba, Battling Joe, Ginger Somolli et autres. C’était alors le tiers des revenus de l’écurie. Mais les temps ont changé. Il est devenu compliqué d’avoir des étalons. Ce sont les entraîneurs, maintenant, qui officient comme étalonniers. Du coup, faute d’avoir des reproducteurs chez nous, nous investissons dans les parts d’étalons. Quant à moi, j’ai des participations dans Ready Cash, Booster Winner, Hohneck, Just A Gigolo… J’essaie de viser le haut de la gamme, d’être sélectif dans mes choix, dans mes croisements. Pour autant, je ne dédaigne pas un Tropic Jet. Le budget d’un éleveur doit s’équilibrer entre les différentes options qui s’offrent à lui. N’œuvrant pas en amateur, mais en professionnel, je n’ai d’autre possibilité, pour ma part, que de rentabiliser, car c’est mon gagne-pain." Dans ce contexte, il va de soi que l’avènement d’une Janka Somolli, outre la légitime satisfaction personnelle qu’il apporte, est éminemment valorisant pour l’entreprise, tant sur le plan financier que pour l’image de l’écurie et son étiquette commerciale.

"Avec Janka Somolli, dimanche, nous courons pour une petite place. Et plus si affinités !" Jean-Paul Fichaux

Janka Somolli, parfaitement allongée lors d'une victoire à Vincennes

© Aprh

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