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Actualité - 17.09.2022

Quelle radioscopie de l'élevage français en 2022 ?

C'est le grand jour. La journée des Critériums fera l'événement ce dimanche. Également baptisée Jour de Sacres, la réunion se double encore d'une autre dimension, celle de l'élevage. Le plus grand rassemblement d'éleveurs et d'éleveuses organisé par LeTROT sera l'autre grand fait dominical. Ceux que tout le monde salue comme la base de la pyramide des courses ont souvent aussi été par le passé les oubliés des honneurs. Mais qui sont les éleveuses et les éleveurs d'aujourd'hui ? Combien sont-ils ? Quel est l'effectif de poulinières en activité ?

Nous vous proposons une photographie ou radioscopie de l'élevage, avec les dernières données à notre disposition, celles de 2021.

Tenter de représenter avec quelques indicateurs à l'appui un secteur d'activité comme l'élevage de Trotteurs Français est toujours risqué. Un chiffre ou un nombre peut tromper, seul et hors contexte. Dans notre étude, il s'agit donc de bien tout regarder, pour avoir une vision aussi complète que possible de "l'éléphant dans son ensemble, de sa trompe à sa queue en passant par ses oreilles".

Un nombre d'étalons en baisse
Avec 404 étalons Trotteurs Français (TF) déclarés actifs en 2021, on obtient le parc de reproducteurs mâles le plus réduit des dernières décennies. La population des étalons s'évaluait à plus de 800 individus au début des années 1990 (832 en 1991, 849 en 1992, 855 en 1993, etc.) avant de passer sous la barre de 600 en 1998 et pour la première fois sous celle de 500 en 2008 (avec 493 étalons déclarés actifs). Après avoir remonté à plus de 500 unités de 2013 à 2015, la population est désormais de façon durable quantifiée à moins de 500. Il est même logique, compte tenu de la tendance actuelle et du nombre de 2021 (404), de la voir passer sous le seuil de 400 très vite. Les données du printemps 2022 pourraient apporter une réponse positive à cette assertion.

Une baisse du cheptel de poulinières
Avec 13.221 juments Trotteuses Françaises (TF) saillies en 2021, le cheptel actif est le plus faible de l'histoire récente. Il est en léger recul sur 2020 - l'année 1 du Covid - (13.272, soit -0,38 %) laquelle avait décroché - Covid aidant - par rapport à 2019 (14.163 juments saillies).
Ceux qui spéculaient sur une relance du nombre de juments en activité en 2021 après les extrêmes incertitudes générées par l'année Covid 1 de 2020 étaient trop optimistes. 2021 est plutôt la répétition de 2020 avec un effectif engagé très proche.
Tout ceci est en très nette baisse si l'on se réfère aux décennies précédentes :
- 2010 : 16.681 poulinières saillies,
- 2000 : 16.639 poulinières saillies.

Un nombre de produits immatriculés corrélé à la baisse
Avec 9.205 produits immatriculés en 2021 (conçus lors de l'année Covid 1 de 2020), on obtient simultanément le plus faible nombre de jeunes trotteurs enregistrés des dernières décennies. Ce nombre est en recul de 6,78 % sur 2020 (9.874 produits immatriculés et conçus en 2019) et est logiquement particulièrement impacté par la crise sanitaire du Covid. 2020 et 2021 sont les seules années à afficher moins de 10.000 produits immatriculés. Pour repère, on comptait 11.010 immatriculés en 2010 et 11.451 en 2000, à une époque où le constat était un surplus de production.

Un cheptel de poulinières de plus en plus qualitatif
Dans les données qui passent au vert, il y a les indicateurs sur la population des juments saillies. Sur les 13.221 de 2021, 11.041 étaient qualifiées et représentaient 84 % de l'ensemble. Jamais, cet indicateur n'était monté aussi haut, le record précédent étant à l'actif de 2020 avec 82 % de qualifiées. Au début des années 2000, nous étions à un peu plus de 70 % de poulinières actives qualifiées.
■ 2021 : 13.221 juments saillies dont 11.041 qualifiées (84%)
■ 2020 : 13.272 juments saillies dont 10.892 qualifiées (82%)
■ 2010 : 16.681 juments saillies dont 12.626 qualifiées (76%)
■ 2001 : 16.718 juments saillies dont 12.028 qualifiées (72%)

Un léger renforcement des meilleures catégories lors des dix dernières années
En 2010, les poulinières de première catégorie représentaient 32 % du cheptel. L'an dernier, elles étaient 35 %. Sur les deux premières catégories, on obtient 51 % en 2010 et 54 % en 2021. Par effet de vases communicants, les juments en cinquième et sixième catégories passent de 28 % en 2010 à 25 % en 2021.

Un rebond du nombre de juments qui entrent en production
Avec 1.723 juments saillies pour la première fois en 2021, la très nette baisse de 2020 (l'année Covid par excellence), qui n'avait affiché que 1.588 nouvelles entrantes sur le parc, est endiguée. La partie des nouvelles reproductrices représente en 2021 13,03 % des juments saillies. C'est proche de 2019 (les entrantes représentaient 13,21 %) et même de 2001 (13,52 %).

Un nombre moyen de juments saillies stable par étalon
Le rapprochement des 13.221 poulinières saillies en 2021 avec les 404 étalons en service aboutit à une activité moyenne de 32,7 jument par étalon. Un indicateur stable dans la décennie 2010 qui commençait avec un ratio de 33,8 en 2010 pour afficher 34,2 en 2011, 30,5 en 2015 et 32,6 en 2018 par exemple.


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Les Associations d'éleveurs recencées et actuellement actives
■ AETCE / Association des Eleveurs de Trotteurs du Centre-Est / Président : Jean-Louis Berger
■ GETSO / Groupement des Eleveurs de Trotteurs du Sud-Ouest / Président : Jean-Emmanuel Castagnet
■ Qualitrot / Association pour le Développement de l'élevage de Trotteurs de qualité en Picardie / Président : Alain Bloquet
■ SNECTF / Le Syndicat National des Eleveurs de Chevaux Trotteurs Français / Président : Thierry Andrieu
■ UPECT / Union des Propriétaires Eleveurs de Chevaux Trotteurs / Président : James Carpentier
■ GAET / Groupement pour l'Amélioration de l'Elevage du Trotteur Français / Président Albéric Valais
■ ATAM / Association des Trotteurs de l’Anjou-Maine / Président : Bernard Plaire
■ SEPT / Syndicat des Etalonniers Particuliers de Trotteurs / Président : Jean-Yves Lhérété
■ Société du Cheval Anglo-Normand / Président : Jean-Pierre Viel

UN NOMBRE D'ÉLEVEURS QUI DIMINUE

Si l'indicateur du nombre d'éleveurs est en hausse en 2021, il s'agit d'un rebond après l'année Covid de 2020 mais la tendance de fond est bien une baisse du nombre d'intervenants. En 2021 donc, le nombre total d'éleveurs déclarés (avec la définition de l'IFCE : propriétaires ou copropriétaires de juments saillies pour produire en race TF quel que soit leur % de propriété) est de 7.077. C'est plus que 2020 (6.928), l'année atypique par excellence, mais moins qu'en 2019 (7.476), 2018 (7.781) et 2017 (7.980). Le portrait-type de cet éleveur très général est de 1,9 jument saillie dans l'année.

Le nombre de naisseurs principaux en baisse également
C'est sans doute l'indicateur le plus significatif. En 2021, on a dénombré 3.824 éleveurs déclarés en "naisseur principal". Il s'agissait de la production conçue en 2020 impactée par le Covid. Ce nombre est en baisse significative sur les précédents exercices, eux-mêmes générateurs d'une tendance baissière :
■ 2018 : 4.357 naisseurs principaux ■ 2019 : 4.273
■ 2020 : 4.138 ■ 2021 : 3.824

Une distribution de la taille des élevages au détriment des "petits"
Entre 2018 et 2021, la distribution des effectifs des éleveurs évolue peu tout en signalant une baisse de la représentation des "petits" éleveurs. Le nombre d'éleveurs avec une seule naissance baisse (2.466 en 2018 contre 2.137 en 2021) et diminue aussi en proportion (56,6 % de l'ensemble des éleveurs en 2018 contre 55,9 % en 2021). A contrario, le nombre d'éleveurs avec 10 poulains immatriculés et plus est stable (110) et passe donc de 2,5 % en 2018 à 2,9 % en 2021.

Les effectifs les plus impactés dans l'Ouest et le Sud
Quelle région d'élevage est la plus impactée par la baisse de 6,78 % des naissances entre 2021 et 2020 ?
Trois fédérations régionales du trot affichent des indicateurs en baisse plus forte que les autres : l'Ouest (-15,2 % de produits immatriculés), le Sud-Est (-13,0 %) et le Sud-Ouest (-11,2 %). Les bassins d'élevage les plus importants résistent mieux mais sont aussi en baisse. La Basse-Normandie affiche -7,7 % (4.361 produits en 2021 contre 4.726 en 2020) et l'Anjou-Maine / Centre-Ouest -4,0 % (2.262 contre 2.367).
La région Île-de-France / Haute-Normandie fait partie des singularités (+2,8 % avec 479 contre 466) tout comme l'Est (+4,4 % avec 71 contre 68).

LA QUESTION DE LA REPRÉSENTATION DES ÉLEVEURS DU TROT

Avec environ 4.000 naisseurs leaders et 7.000 éleveurs actifs (lire les chiffres en amont dans cette page), la population des éleveurs de TF est importante. Pourtant, elle ne dispose d'aucune instance nationale réellement représentative. À notre pointage (lire encadré en début de page), on dénombre actuellement neuf associations ou syndicats d'éleveurs régionaux ou nationaux mais aucun ne peut endosser le rôle de représentant des acteurs de l'élevage. Tel n'est pas le cas au galop avec la Fédération des Éleveurs du Galop. Son directeur Luc Kronus nous apprend ainsi : "Nous avons 2.000 adhérents sachant qu'il y a eu environ 5.000 éleveurs votants. On intègre tous les profils, avec 70 % qui sont des petits éleveurs avec une ou deux juments. Tous les grands élevages sont par ailleurs adhérents. Nos adhérents représentent toutes les disciplines du galop, du plat comme de l'obstacle, des pur-sang anglais aux AQPS et Anglo-Arabes par exemple."
Avec trois salariés permanents et un réseaux de consultants extérieurs sollicités en fonction des besoins (vétérinaires, juristes, fiscalistes notamment), la Fédération des Éleveurs propose un service de conseil à ses adhérents. "Tout ceci est possible grâce à un financement assuré par les cotisations mais aussi par un prélèvement sur les primes à l'éleveur touchés par nos adhérents. Ce prélèvement est un pourcentage dégressif. Sur une première tranche de primes à l'éleveur, le pourcentage qui nous revient est de 4 %. Pour les éleveurs qui touchent des primes importantes, le % est dégressif et passe à 1 % sur la tranche la plus élevée." La Fédération des Éleveurs participe à de nombreux échanges internationaux, représentant la voix française dans le concert mondial des éleveurs du galop. Elle est aussi force de proposition auprès de France Galop. La Fédération des Éleveurs s'appuie également sur des associations régionales et sectorielles (comme l'AFAC - Association Française du Cheval Arable de Course).

Voilà peut-être un modèle à étudier et inspirant pour assurer une véritable représentation des éleveurs du trot.

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