Journée des éleveurs : les socles de l'édifice

Venus de toutes les régions, 1400 éleveurs ont participé dimanche à Vincennes à la Journée des Critériums et des Éleveurs où ils ont été accueillis dès la fin de matinée comme des VIP dans une ambiance conviviale, avec la volonté de les associer à cette réunion exceptionnelle pour "saluer (votre) travail exceptionnel pour l'excellence de la race du Trotteur Français", comme l'a souligné en introduction de son discours de bienvenue Jean-Pierre Barjon. Et le président d'insister leur rôle au sein de la filière : "Comme pour tout secteur industriel, vous avez la responsabilité de fabriquer les produits valorisés ensuite par les propriétaires, les entraîneurs, les drivers, ce qui permet à la société-mère d'organiser des courses, de collecter des paris sur ces courses et de reverser des encouragements à l'ensemble des acteurs socio-professionnels". En cette journée de fête, il ne s'agissait pas non plus de passer sous silence les difficultés des éleveurs, ce que montrent les chiffres de la saison de monte 2022 avec une baisse 3,5 % du nombre de juments saillies. "C'est en effet un souci car si la base diminue, l'édifice se fragile, ne cache pas Hughes Levesque, le président de la Commission de l'Élevage. Il faut que notre Stud-Book continue à contribuer à faire naître les meilleurs chevaux possibles pour conserver le leadership du Trotteur Français. C'est aussi pour cela que nous avons organisé les Assises de l'Élevage pour échanger sur ces sujets." Des interventions qu'ont suivies les éleveurs à l'image Jean Aubrée. "J'élève depuis le milieu des années 1980. Chaque année, il y a plus de dix mille naissances parmi lesquels quatre mille se qualifient et deux mille seulement sont rentables. Vous voyez avec ces chiffres que c'est un métier de rêveur", sourit l'éleveur manchois de 77 ans.
Dans la foule, les rencontres se font naturellement. "Vous êtes d’où ?", sera l’un des succès du cocktail d’accueil. On échange, on parle chevaux. De souvenirs souvent pour ne pas dire toujours. Des visages connus, d’autres moins. On entend à côté de nous : "J’ai la chance d’élever une très bonne jument." Et donc, "vous êtes ?" : "Charles Gobard, l’éleveur des "Oliverie". Je suis installé près de Rennes. J’ai huit poulinières et, parmi elles, ma championne Erminig d’Oliverie."Voilà comment on apprend que cette lauréate du Critérium des 3 Ans, en 2017, "a un premier poulain mâle de Ready Cash, qu’elle est pleine de Ready Cash et y retournera encore l’an prochain. Son poulain s’appelle Millésime d’Oliverie et ira à l’entraînement évidemment chez Franck Leblanc."

Et comme éleveur, comme le Breton juge cette journée ? "Il fallait absolument être là aujourd’hui. C’est the place to be. Je trouve que l’idée de regrouper les trois Critériums est une belle initiative. C’est top, surtout pour nous, les éleveurs. Si je n’avais pas été invité, je serais venu de toute façon."
Geneviève Garrigues et Michel Lobut ont eux fait le déplacement depuis la région de Romorantin. "Une telle journée est une reconnaissance, s’accorde le couple d’éleveur. Nous sommes sensibles à la démarche. Ce n’est pas tant le fait de se sentir oubliés mais on a parfois le sentiment qu’on oublie parfois que les éleveurs constituent le premier maillon de la chaîne." Et ces éleveurs du Centre qui ont connu de grands moments avec la réussite d’Un Nuage d’Osmoz, qui a lui-même participé à un Critérium des 4 Ans, de continuer à s'émerveiller à chaque naissance. "C'est toujours le moment le plus formidable pour les éleveurs que nous sommes", confient d'une même voix des étoiles dans les yeux.