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Actualité - 19.09.2022

Le marché du pari hippique face à une possible révolution

La première information avait été diffusée par le journal Les Échos en début de mois : la Française Des Jeux serait intéressée par l'achat de ZEturf. Le conditionnel était encore de mise. Depuis ce lundi soir, ce n'est plus le cas. La FDJ a diffusé un communiqué de presse dans lequel elle précise "entrer en négociation exclusive en vue de l'acquisition de ZEturf". Contacté, Emmanuel de Rohan-Chabot, PDG de ZEturf, n'a pas souhaité réagir pour le moment. Nous vous proposons ce soir plusieurs éléments de contexte pour mieux comprendre les enjeux d'une acquisition qui pourrait révolutionner le marché du pari hippique et donc le financement de la filière.

Il s'en sera passé des choses en l'espace d'à peine dix ans. Si cette information se confirme dans les semaines à venir, ZEturf sera passée du statut d'indésirable par la filière hippique à très désirée par le plus grand opérateur de jeux en France : la FDJ. Forte de résultats très positifs et d'une croissance permanente, l'entreprise ZEturf est devenue le deuxième acteur du pari hippique derrière le PMU avec 20% du marché en ligne. Pour la FDJ, désireuse selon son communiqué diffusé ce lundi en fin de journée de "renforcer sa présence sur le marché français des jeux en ligne ouverts à la concurrence, notamment dans les activités dans lesquelles il n’est pas aujourd’hui présent, les paris hippiques
et le poker", ZEturf apparait comme une opportunité évidente.
Depuis son retour en grâce dans les courses en obtenant sa licence via l'ARJEL (devenue depuis l'ANJ), ZEturf n'a cessé de grappiller du terrain sur le marché online pour représenter donc aujourd'hui 20% du chiffre d'affaires des paris hippiques sur le net. Entre temps, l'ancien opérateur banni était devenu le sponsor d'un Grand Steeple-Chase de Paris puis celui, pour trois ans, du Prix d'Amérique (fin en 2023). Son acquisition par la FDJ serait un épisode spectaculaire dans une histoire qui l'aura été depuis le début. La conclusion du communiqué rappelle également la nécessité de passer par la case "État", lequel devra bien donner son aval en cas de transaction. Précisons aussi que le processus devrait mettre plusieurs mois avant d'être effectif.

Les conséquences possibles
L’arrivée de l’opérateur du leader français des jeux d’argent, dans lequel l’État ne détient plus que 20 % du capital depuis l’automne 2019 et sa privatisation, sur les courses hippiques online peut être considérée comme un moteur de dynamisation du marché, lequel représente actuellement 15 % du chiffre d’affaires du PMU. De plus, on peut légitimement penser que la « visibilité » des courses hippiques n’en sera que très élargie auprès des joueurs que va chercher à convertir ou à recruter la FDJ, via l’acquisition de ZEturf avec la force de frappe qui est la sienne. Et donc in fine un retour à la filière plus important. En un mot : la concurrence a toujours du bon.
Mais il s'agira donc bien d'une concurrence et serait-on même tentés d'écrire de LA concurrence ultime. Sa puissance commerciale et son taux de pénétration font donc de la FDJ un concurrent redoutable. La taxe affectée demeure une sorte "d'assurance tous risques" pour la filière et celle-ci restera un totem à défendre à tout prix.
Par ailleurs et pour aller encore plus loin, et même si tout doit encore être décliné au conditionnel, une fois la Française des Jeux dans la place online des courses hippiques, faut-il s’attendre à ce qu’elle fasse la demande auprès de l’État de devenir un acteur du marché offline ? Pure spéculation en l'état actuel des choses. Pour rappel, la FDJ dispose elle-même de droits exclusifs sur les jeux de loterie et les paris sportifs en points de vente (30.000) pour vingt-cinq ans dans l’accord passé avec l’État. Un terrain qui pourrait ressembler à celui de futures négociations ? À suivre.












L'INTÉGRALE DU COMMUNIQUÉ DE LA FDJ
FDJ entre en négociation exclusive en vue de l’acquisition du groupe ZEturf, 2e opérateur du marché français des paris hippiques en ligne
Boulogne, le 19 septembre 2022 (18h00) – La Française des Jeux annonce être entrée en négociation exclusive en vue de l’acquisition du groupe ZEturf.
Ce projet d’acquisition s’inscrit dans la stratégie du groupe FDJ de renforcer sa présence sur le marché français des jeux en ligne ouverts à la concurrence, notamment dans les activités dans lesquelles il n’est pas aujourd’hui présent, les paris hippiques et le poker.
Fondé en 2001, le groupe ZEturf est présent sur les paris hippiques en ligne ainsi que sur les paris sportifs en ligne sous la marque ZEbet.
Avec une centaine de collaborateurs, ZEturf a enregistré en 2021 des mises de près de 800 millions d’euros, dont plus de 100 millions d’euros en B2B1. Les paris hippiques en ligne représentent plus de 50 % des mises B2C du Groupe, ce qui le positionne comme le 2e opérateur sur ce segment en France, avec une part de marché de l’ordre de 20 %. ZEturf est également présent sur les marchés néerlandais, belge et espagnol.
La finalisation de cette transaction sera soumise à l’autorisation des autorités compétentes.


À propos de la FDJ

La FDJ : une entreprise capitalisée à près de 6 milliards d’euros

À l’automne 2019, le Gouvernement d’Édouard Philippe annonce qu’il souhaite que l’État cède 52 % de sa participation au capital de la Française des Jeux, avec son monopole sur les jeux de Loterie et les paris sportifs dans les points de ventes, pour n’en garder qu’autour de 20 %. Pour cela, il annonce que l’entreprise, créée en 1933 et deuxième opérateur de loterie en Europe, quatrième au niveau mondial, fera son entrée en Bourse via une privatisation d’une partie de son capital (les autres actionnaires historiques que sont l’Union des blessés de la face et de la tête, la Fédération André-Maginot pour les anciens combattants et les salariés conservent leur part) via une souscription ouverte aux particuliers et aux investisseurs institutionnels, avec le slogan publicitaire suivant : « Entrez dans l’histoire, entrez dans le capital ». Le Gouvernement justifie notamment cette privatisation par la volonté de relancer l’actionnariat populaire et individuel. « Nous conservons ces 20 % car nous croyons à cette entreprise, à son développement et nous souhaitons contribuer à la stabilisation de son actionnariat dans le futur », assura alors Martin Vial de l’Agence des Participations de l’État. Un État qui, par ailleurs, doit conserver l’intégralité des recettes fiscales et sociales versées par la FDJ, soit 3,5 milliards d’euros par an a minima. Cette opération n’aura pas été sans susciter une opposition musclée au sein de l’Assemblée nationale notamment où des députés ont fait valoir dans leur refus des questions de santé publique liées principalement aux risques d’addiction aux jeux d’argent.

L’opération rencontre un vrai succès auprès des investisseurs particuliers puisque 500 000 Français participent à cette privatisation. Le montant brut de la cession du capital de l’État est de l’ordre de 1,9 milliards d’euros. L’action FDJ est introduite en Bourse le 21 novembre au prix de 19,90 euros. « La privatisation de la FDJ rapporte plus de 2 milliards d'euros à l’État », annonce le ministre Bruno Le Maire. Ce montant inclut le versement par la FDJ, avant le 30 juin 2020, de 380 millions d’euros en contrepartie de ses droits exclusifs sur les jeux de loterie et paris sportifs en points de vente physiques pour vingt-cinq ans.

À ce jour la valorisation de la FDJ est de 5,98 milliards d’euros, avec un cours de l’action à 31,29 euros en début de semaine. Un cours qui est monté jusqu’à 51 euros en juin 2021. Au premier semestre de cette année, l’opérateur historique de la loterie annonce un chiffre d’affaires (produit net des jeux et autres activités) en progression de 12,1 % toutes activités confondues. On peut lire sur le site capital.fr que « cette performance a été amplifiée par une base de comparaison affectée par la crise sanitaire au premier semestre 2021 ». Après un deuxième trimestre qui a confirmé la bonne tendance du début d’année, la présidente Stéphane Pallez annonce dans un communiqué que « le Groupe reste prudent mais confiant dans ses perspectives compte tenu de la dégradation de l’environnement économique global ». Toujours selon le site capital.fr, « l'opérateur de jeux table sur une marge d'Ebitda (marge brute d'exploitation) supérieure à 25 % (contre un taux de 20 % fixé à l'horizon 2025 lors de sa privatisation) et sur plus de 20 % de mises numériques parmi les mises totales à la même échéance - contre 10 % en 2020 ».
©FDJ
ZEturf, une incroyable histoire

Créée par Emmanuel de Rohan Chabot en 2001, ZEturf France Limited a donné naissance au Groupe ZEturf. La société a son siège social basé à Malte mais possède une activité commerciale déclarée en France depuis juillet 2010 dans le cadre de l’ouverture légal des paris en ligne. D’abord site de conseil et pronostics hippiques, le site zeturf.com propose des paris en 2004, devenant le premier concurrent du PMU. Agréée pour les paris hippiques par l’ARJEL (désormais l’ANJ – l’Autorité Nationale des Jeux) en 2010, via son site ZEturf.fr, la société développe la marque ZEbet.fr à partir de 2014, en amont de la Coupe de Monde de Football. L’activité des paris hippiques représente encore 50 % du total des enjeux collectés par ZEturf, de l’ordre de 800 M€ en 2021. Personnalité forte, et descendant d’une famille de la noblesse française avec le titre de comte, Emmanuel de Rohan-Chabot a fait entrer au capital de ZEturf des actionnaires extérieurs dont un associé Maltais. Il a toujours soutenu la pluralité des acteurs du pari hippique, prônant les vertus de la concurrence et de l’évolution des pratiques des joueurs. En 2017, il déclare ainsi à Jour de Galop : "Les acteurs de la filière ont raison de résister à un certain nombre de progrès techniques comme l’insémination, le clonage… Mais l’erreur, ce serait d’appliquer des raisonnements agricoles au pari. (…) Le pari est aujourd’hui quelque chose d’électronique et il va le devenir de plus en plus. Il doit aller de plus en plus vite. Si on n’accepte pas de livrer les produits adaptés à une génération qui a une consommation rapide et parcellaire, elle ira les trouver ailleurs. (…) ZEturf peut apporter plus pour la filière." Partisan d’une réforme du statut de son principal concurrent, le PMU, il déclare encore en 2017 à propos de la FDJ et du PMU : "Il ne faut pas se cramponner sinon il va arriver cette question de la privatisation du PMU ou d’un passage sous contrôle de la FDJ. L’État va dire : "J’en ai marre que l’on me fasse les poches et que l’on m’embête lorsque je peux gagner plus d’argent avec la FDJ. Les gens des courses nous embêtent. On va prendre le PMU, le confier à la FDJ et ils vont arrêter de nous embêter.""

En mai 2019, l’opérateur de paris devient pour la première fois partenaire d’une course en France avec le ZEturf Grand Steeple-Chase de Paris. Il continue ses démarches de partenariat et devient sponsor titre du Prix d’Amérique lors de l’édition 2021 et avec la création de la marque les Prix d'Amérique Races ZEturf en octobre 2020. Emmanuel de Rohan-Chabot nous avait alors déclaré en octobre 2020 : "À l’instar de ce que nous faisons depuis nos débuts, nous entendons proposer des expériences toujours plus riches aux joueurs et passionnés de courses et faire briller les courses françaises."

Repères sur ZEturf

Chiffres 2021
■ total des mises des clients : près de 800 M€
■ plus de 50 % des mises sont dans le secteur hippique
■ 20 % du marché online du pari hippique français (1,47 milliard € en 2020) – 2e opérateur derrière pmu.fr
■ 100 collaborateurs

Chiffres 2020 sur l’activité des paris hippiques
■ 250 000 comptes ayant joué aux courses (donnée 2020)
■ 80 000 comptes actifs depuis moins d'un an (donnée 2020)
■ Proportion trot/galop : 59% du CA au trot dont 81% sur les courses françaises (vs 19% courses étrangères)
■ + de 10M€ reversés au Trot en 2021
©Scoopdyga
ZEturf est le sponsor du Prix d'Amérique et de ses qualificatives depuis 2020.

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